Nous ne pensions pas sortir de notre retraite malaisienne aussi rapidement mais, pour une petite tracasserie administrative (Juste une petite broutille, rassurez-vous!), nous avions besoin d’une ambassade suisse avec un service consulaire, ce qui ne se trouve ni à Kuala Lumpur, ni à Singapour. Il a donc fallu nous motiver à bouger un peu. Nous avions le choix entre Séoul, Bangkok ou Jakarta. Nous avons choisi cette dernière pour des raisons de coûts, de météo et de sauce satay. Ce que nous avions moins prévu, c’est que le candidat malheureux aux dernières présidentielles crie à la fraude en entraînant avec lui ses partisans dans des manifestations qui ont viré à l’émeute! Nous n’avons rien vu des émeutes et n’avons jamais été en danger mais nous avons subi le bouclage complet du centre-ville par les forces de l’ordre et la censure internet. Nous n’avons jamais pu accéder à la place centrale et au National Monument, emblème de Jakarta et de l’Indonésie. Mais nous promener sur des grandes artères vides de véhicules avec des centaines de policiers armés jusqu’aux dents qui nous lancent des « Hello » tout contents de voir des Blancs restera une anecdote amusante de notre week-end dans la capitale indonésienne.




Jakarta est la plus grande ville d’Indonésie et sa capitale… pour l’instant! Cette mégapole de près de douze millions d’habitants est très exposée à la montée des eaux due au changement climatique et risque de s’effondrer dans les prochaines décennies. Vu la menace sérieuse, les autorités ont décidé de construire une nouvelle ville sur la côte orientale de l’île de Bornéo qui sera la nouvelle capitale de l’Indonésie. Elle s’appellera Nusantara et devrait être prête d’ici la fin de 2024. Mais ce transfert de capitale est très controversé car, pour sa construction, il a fallu déforester des kilomètres carré de forêt primaire. Donc essayer d’échapper au réchauffement climatique par d’autres mesures responsables du changement climatique, c’est un peu contre productif non?
Mosquée Istiqlal

On ne pense pas forcément en premier à l’Indonésie quand on pense à l’islam et pourtant, c’est le plus grand pays musulman au monde avec 228’625’000 fidèles soit 87,2% de toute la population indonésienne, ce qui représente plus de douze pour cent de tous les musulmans dans le monde. C’est donc logique de trouver à Jakarta la plus grande mosquée d’Asie du Sud-Est qui peut accueillir plus de 110’000 personnes. Les travaux de construction ont commencé en 1964 et l’architecture représente bien le style, vraiment affreux, de l’époque. Nous ne sommes pas du tout dans la jolie ambiance des « Mille et Une Nuits » du Moyen-Orient! Heureusement qu’il y a une haie de palmiers pour dissimuler un peu cette horrible façade!



Cathédrale Ste-Marie de l’Assomption

Just en face de la mosquée Istiqlal, se trouve la plus grande cathédrale catholique du pays. De style néogothique, elle a été achevée en 1901 à l’époque des Indes néerlandaises. L’intérieur est vraiment beau mais, en bons rois du mauvais timing que nous sommes, nous avons surpris une cérémonie de mariage et avons préféré nous faire discrets afin de ne pas déranger l’assemblée et nous contenter de l’extérieur. Décidément, Jakarta nous porte un peu la poisse!
L’emplacement de la mosquée en face de la cathédrale n’est pas un hasard. L’Indonésie se veut un état laïque et permet la liberté de culte. En vrai, c’est juste de la théorie, en pratique, ce n’est pas si tolérant même si dans la capitale, plus ouverte, c’est moins pire qu’ailleurs. Les chrétiens constituent d’ailleurs la plus grande minorité religieuse avec plus de dix pour cent de la population. Pour la petite anecdote, le jour de notre visite, le parking de la mosquée était utilisé principalement par les invités du mariage qui se déroulait dans la cathédrale.





Batavia

Entre 1800 et 1945, l’Indonésie était une colonie néerlandaise appelée Indes Orientales Néerlandaises et la capitale était Batavia, aujourd’hui Jakarta. Il en subsiste aujourd’hui tout un quartier avec des bâtiments coloniaux joliment conservés dont la maison du gouverneur. Le quartier est majoritairement piéton, une rareté en Indonésie, et il y a un un canal pour nous rappeler Amsterdam et les autres villes à canaux des Pays-Bas. Il y a même des vélos pour faire encore plus hollandais! Heureusement, quand ils sont partis, les Hollandais n’ont pas laissé leur gastronomie, ou alors, les Indonésiens ont préféré garder leur propre cuisine, bien meilleure! Ce que nous comprenons aisément!
Si la ville s’appelle Jakarta aujourd’hui, c’est à cause des Japonais! En 1942, en pleine Seconde Guerre Mondiale, l’armée japonaise battit à plate couture celle de l’armée royale des Indes néerlandaises et s’empara de Batavia qu’ils renommèrent Jakarta, du nom de la bourgade préexistante avant la colonisation hollandaise.






Bonne surprise!
Il y a douze ans, Van avait déjà passé par Jakarta et y avait trouvé un véritable enfer sur terre : ville anarchique couverte par le smog, infrastructures inexistantes, trafic infernal, etc! C’était déjà une bonne surprise de voir que des aménagements ont été crées comme des trottoirs, un métro flambant neuf, des quartiers agréables et des passages piétons! Mais quand nous avons découvert que le dimanche matin le centre-ville est interdit aux véhicules, nous n’en avons pas cru nos yeux! Nous avons enfilé nos baskets pour aller voir ça de plus près et effectivement, les habitants se réapproprient la ville à pied, en vélo, en roller ou à trottinette et certains marchands en profitent pour monter leur stand au milieu de la route. Vers dix heures, quand la chaleur commence vraiment à devenir insupportable, les gens se cachent à l’ombre laissant d’immenses avenues complètement vides et une ambiance surréaliste! Sachant que l’Indonésie est un des pires pays en matière d’écologie, ça redonne foi en l’être humain de voir des actions telles que celles-ci.




Finalement Jakarta fut une bonne surprise malgré les petits tracas de l’élection présidentielle. Par contre, nous ne resterons pas en Indonésie. Nous ne craignons absolument pas pour notre sécurité mais, avec la censure gouvernementale d’internet, nous ne pouvons avoir aucune information sur les manifestations à venir et nous n’avons pas envie d’être bloqués par des barrages de police. Nous allons attendre que ça se tasse un peu et peut-être reviendrons nous ultérieurement en Indonésie. De plus, Fabien a émis le souhait d’être en Malaisie pour son anniversaire, donc nous allons rentrer « à la maison » où il nous reste encore beaucoup de choses à découvrir…




























































































































































































