Nous vous l’annoncions depuis des mois! Cette fois, ça y est! Nous sommes enfin arrivés en terre hispanique! Pour y arriver, nous avons choisi le train par conviction écologique, mais aussi parce-que nous étions bien chargés vu que nous avons pris toutes nos affaires restées en Suisse. Il nous reste encore quelques petites tracasseries administratives mais dans l’ensemble, nous sommes bien installés.
Nous avons également profité de jouer les touristes pour vous présenter le lieu où nous avons posé nos sacs le temps que la situation due à la Covid-19 se décante.
Mais, c’est où Sagunto?
En Espagne! (Sans blague!) Sagunto est une petite bourgade à 25 km au nord de la ville de Valence sur la côte méditerranéenne. Plus de 60’000 habitants quand même la petite bourgade, mais à l’échelle espagnole, c’est un village. A l’échelle suisse, c’est une mégapole! C’est le fief familial de Fabien où sa maman et ses tantes possèdent un appartement près de la plage. (Un grand MERCI à elles de nous laisser l’occuper!) A première vue, ça ressemble à une station balnéaire sans intérêt mais, en y regardant de plus près et en s’éloignant de la plage, il y a quelques sites dignes d’intérêt.

Sagunto

Sagunto se divise en deux centre urbains distincts : Sagunto, à flanc de colline où se trouvent la gare, le centre historique et le château et Puerto de Sagunto, sur le littoral, où se trouvent le port, les grands centres commerciaux, la zone industrielle et la station balnéaire.
Le centre historique

Il faut s’éloigner du quartier peu reluisant de la gare en direction des collines pour trouver ce petit bijou. On y retrouve la torpeur espagnole d’un après-midi ensoleillé durant l’heure de la sieste. C’est un vrai labyrinthe de petites ruelles dont le tracé n’a pas du tout changé depuis le Moyen-Age. Au cœur du quartier, se trouve la Juderia, le quartier juif dont les habitants avaient une grande influence sur la prospérité commerciale de Sagunto, qui s’appelait à l’époque médiévale Morvedre. Au centre, se dresse, tel un géant, la cathédrale Santa Maria, un monstre de style gothique valencien bâti au XIVe siècle sur le site d’une ancienne mosquée. Ces changements d’affectation de lieux sacrés ne sont pas rares, la très catholique Espagne a un passé religieux très multiculturel.









Le théâtre romain

Sagunto n’a pas attendu l’arrivée des juifs pour être un grand centre névralgique de la côte méditerranéenne. C’était déjà le cas à l’époque romaine quand « Saguntum » était une grande capitale régionale. En témoigne le théâtre romain, construit sous Tibère au Ier siècle de notre ère. Dans les années 1990, une grande campagne de restauration a été lancée afin de redonner vie au lieu en y créant une scène où sont joués des concerts ou des pièces de théâtre. (hors Covid, bien sûr!) dans un style très XXIe siècle. La restauration n’a pas été au goût de tout le monde et a créé de vives polémiques, l’affaire a même été portée devant les tribunaux. Tandis que certains ont applaudi l’audace architecturale, d’autres, plus puristes, ont crié au scandale….





Le château

Le château de Sagunto est en fait une immense forteresse qui s’étend sur deux collines surplombant la ville et toute la plaine aux alentours. Il a été bâti au Xe siècle sur le site du forum romain et sur l’ancien village du peuple ibère. Les murs extérieurs encore debout datent de l’époque musulmane. A l’intérieur, ce ne sont plus que des ruines mais on peut y découvrir le passage des différents peuples (Ibères, Romains, Arabes, Wisigoths,…) qui ont habité le coin à travers les siècles. La ville a été prise dans tous les conflits qui ont ravagé la péninsule ibérique à l’époque médiévale et le château a pas mal morflé à chacun d’eux, d’où un état de conservation assez mauvais.
La nécropole juive

Au pied des remparts, on peut apercevoir des petites cavernes creusées dans la roche. Ce sont tout simplement les caveaux d’un ancien cimetière juif. Pendant la guerre civile espagnole, ces petites grottes ont servi d’abris aux réfugiés.


Et la vue qui en jette!

Si construire des châteaux sur les collines était, à l’époque, une stratégie de défense, nous profitons aujourd’hui, en temps de paix, de la superbe vue que nous offre le site. Le panorama s’étend de la mer méditerranée, à la Huerta (la plaine fertile qui entoure Valence) jusqu’aux magnifiques montagnes de la Sierra Calderona. Nous ne regrettons aucunement le petit effort qu’il faut faire pour grimper jusqu’à la forteresse.






Puerto de Sagunto

Pour être honnête, c’est beaucoup moins glamour que le vieux village à flanc de montagne. C’est une station balnéaire qui a été montée de toutes pièces lors de la démocratisation du tourisme de masse. Malheureusement, l’Espagne a aussi connu le massacre architectural des décennies 1960-1970, surtout sur le littoral. Mais en fouinant un peu, nous avons réussi à trouver une histoire et quelques pépites (très!) bien cachées.
Passé industriel

En 1917, une compagnie minière s’installa dans les parages afin d’y extraire divers métaux, principalement du fer. Elle y construisit un port ainsi que divers ateliers de réparation de bateaux. Avec le nombre d’emplois crées, une petite communauté prit ses quartiers dans les environs et fonda le village de Puerto de Sagunto qui connut son apogée dans les années 1920 avec l’industrie sidérurgique. Apogée qui se poursuivit durant la Guerre Civile Espagnole puis la Seconde Guerre Mondiale grâce au transport maritime des oranges. Cet âge d’or continua jusque dans les années 1980. Aujourd’hui, il reste quelques vestiges architecturaux de cette époque comme des anciens bâtiments industriels, un quartier ouvrier et des villas.






Eglise Nuestra Senora de Begonia

C’est sûrement le plus bel exemple de l’âge d’or de Puerto de Sagunto. Cette petite église baroque a été construite en 1929 sur le modèle de celle de Bilbao, une partie des nouveaux venus pour travailler dans les usines sidérurgiques venait du Pays Basque. L’architecture classique n’est pas sans rappeler les années glorieuses de la conquête espagnole en Amérique latine.



La playa

L’attrait principal de Puerto de Sagunto au XXIe siècle reste quand même la plage. Cette année, nous avons une chance incroyable car la mer est turquoise et le sable, même s’il n’est pas blanc, est vraiment fin. Fab, qui est venu pratiquement chaque année depuis son enfance, ne se souvient pas d’y avoir vu une mer aussi belle.
Finalement, notre lieu de villégiature s’avère être une vraie perle culturelle dans un environnement assez sympa!
Pour conclure, nous avons une bonne et une mauvaise nouvelle. La mauvaise est que le Coronavirus est toujours là, principalement dans les régions de la Catalogne et d’Aragon et que, suite à ça, nous n’allons pas trop crapahuter à travers toute l’Espagne. La bonne nouvelle est qu’apparemment, la Communauté Valencienne où on recense relativement peu de cas de Covid, regorge de ce genre de petits trésors et que nous sommes très motivés à aller les découvrir.
15 réflexions sur « Sagunto, sa juderia, son château et sa playa »