Assilah entre histoire millénaire et Street Art contemporain

En vivant en Andalousie, nous avons déjà un pied en Afrique. Ça tombe bien, c’est un continent qui nous fascine et dont le peu que nous avons découvert nous donne envie d’en voir encore plus! Evidemment, c’est énorme, pas toujours facile d’accès et plutôt calibré pour les voyages au long cours. Mais, il y a aussi des endroits idéaux pour des mini-trips et juste à côté de chez nous! Nous parlons bien évidemment de notre voisin le Maroc!

Nous avons déjà effectué un petit trip il y a deux ans, dans les mêmes conditions et nous avons découvert Tanger, les régions de Fès et de Rabat. Cette année, nous allons descendre plus au sud car nous allons rejoindre Stéphanie, la sœur de Van et son chéri Samuel pour une petite aventure en famille à Marrakech.

Comme à chaque fois que nous venons dans la région, nous privilégions les transports terrestres et dominons notre mal de mer en traversant le détroit de Gibraltar avec le ferry depuis Tarifa.

Une fois n’est pas coutume, nous traversons le détroit une fois la nuit tombée, ce qui risque d’augmenter les perceptions foireuses de notre oreille interne. Heureusement, nous avons pu faire tamponner notre passeport par l’immigration marocaine dont les bureaux se trouvent directement à bord, avant le départ du ferry, donc tranquillement, à l’arrêt sans les vagues. En plus, la mer était relativement calme. La traversée s’est donc bien passée et notre mal de mer est resté en sourdine. Nous passons notre première nuit à Tanger afin de déjà nous mettre dans l’ambiance marocaine.

Assilah

Quand nous avons parlé autour de nous à Séville de notre trip au Maroc à venir, on nous a dit à l’unanimité et avec une « alegria » toute andalouse qu’il fallait absolument faire un détour par la petite ville d’Assilah. Même si notre but cette fois-ci se trouvait beaucoup plus au sud, nous avons quand même décidé d’y faire un petit détour. Nous ne pouvions pas ignorer toute l’énergie qui a été mise dans tous ces conseils bienveillants. A voir si nous avons bien fait de les suivre…

La ville d’Assilah se trouve à une quarantaine de kilomètres au sud-ouest de Tanger au bord de l’océan Atlantique. Il y a une ligne de train qui relie les deux villes mais la gare de Tanger-Ville est assez excentrée. Nous avons donc décidé de prendre les bus urbains. Ils partent de la place Castilla, ils sont bleus, c’est la ligne I2 et ça coûte 8 dirhams (0,74€ ou 0,69 CHF). En vrai, c’est un peu le bordel et ce n’est pas très bien indiqué mais il ne faut pas hésiter à demander les infos aux locaux, ils vous aideront avec plaisir et gentillesse. Le trajet dure environ une heure et longe l’océan Atlantique. D’ailleurs, nous nous sommes pris à imaginer que si nous continuons à suivre la route de la côte jusqu’au bout, nous finirons par arriver au Cap de Bonne Espérance. (Oui, ce genre de trip est un de nos nombreux rêves de voyage!)

La médina

La médina d’Assilah est ceinte d’une superbe muraille admirablement conservée. Il est vrai qu’avec sa situation privilégiée au bord de l’océan Atlantique, elle a attiré les convoitises au fil des siècles. Comme sa voisine Tanger et beaucoup d’autres villes du pourtour méditerranéen, elle a été fondée par les Phéniciens au IIe millénaire avant notre ère. Durant l’Antiquité, elle fut une colonie carthaginoise avant d’être conquise par les Arabes en 712. En 1471, elle fut conquise par les Portugais qui en firent un de leurs nombreux comptoirs sur la route de l’or saharien. C’est de cette époque que datent les fortifications qui entourent la médina. L’architecture n’est d’ailleurs pas sans rappeler les villes d’Essaouira et d’El Jadida, plus au sud mais toujours sur la côte Atlantique et qui ont aussi subi les conquêtes portugaises.

Les siècles suivants virent passer toutes sortes de conflits et Assilah fut dans les mains des différents califats ou sultanats locaux, des Espagnols, des pirates, des Autrichiens, de nouveau des Portugais, etc…

Entre 1912 et 1956, Assilah faisait partie du protectorat espagnol sur le Maroc, comme tout le nord du pays. Mais cette époque n’a quasiment pas laissé de traces visibles dans la ville et nous en sommes un peu surpris. Malgré cette histoire récente et de nombreux touristes espagnols qui viennent en villégiature, Assilah est plutôt restée architecturalement portugaise et linguistiquement francophone.

L’intérieur de la médina possède une ambiance plus arabisante avec ses maisons blanches et bleues et ses portes en forme de serrure qu’on retrouve dans beaucoup de villes côtières marocaines. Après la dynamique Tanger, Assilah paraît presque endormie en comparaison et l’heure de la sieste semble encore plus sacrée qu’au sud de l’Espagne! Même les nombreux chats somnolent paresseusement sous le soleil d’automne en attendant le retour des pêcheurs afin d’aller essayer de choper un ou deux poissons pour leur festin du soir. Ceci s’explique en partie parce que nous sommes en novembre et que c’est la basse saison. Il paraît qu’en été, Assilah se transforme en station balnéaire assez animée.

En parlant de chat, il y en a un qui s’est glissé sans vergogne dans notre séance photo de la médina! (première image ci-dessous)

Street Art

Nous ne le savions pas avant de venir, mais Assilah est la capitale artistique du Maroc. La médina regorge de galeries d’art et surtout, pour notre plus grand bonheur, de Street Art. Il est vrai que les façades blanches sont un support idéal pour ce genre d’exercice. Il y a même un festival de Street Art qui a lieu chaque année depuis 1978! Les peintures sont renouvelées assez régulièrement donc, on peut revenir plusieurs fois à Assilah et découvrir à chaque fois quelque chose de nouveau. Nous avons passé des heures à nous arrêter devant chaque œuvre d’art et nous les avons toutes adorées!

Côté playa

C’est un peu moins le cas en novembre mais un des gros atouts d’Assilah, ce sont ses longues plages de sable au bord de l’océan de l’Atlantique. Elles s’étendent sur des kilomètres au nord et au sud de la ville. Le temps nous a un peu manqué pour les longues balades côtières, nous nous sommes contentés de ce qu’il y avait en ville et c’est déjà pas mal pour les grands amoureux de la mer que nous sommes!

Nous avons bien fait de suivre les conseils de nos amis sévillans! Assilah n’est pas dans les grands circuits touristiques marocains comme Fès ou Marrakech et n’a pas le pittoresque d’Essaouira ou de Rabat (quoique!) mais elle vaut largement le détour depuis Tanger. Nous avons adoré sa douceur de vivre et son côté contemplatif et artistique.

Ça pourrait être un coin idéal pour se ressourcer quelques jours mais pas cette fois, nous sommes attendus de pied ferme beaucoup plus au sud et il faudrait penser à se mettre en route pour d’autres aventures!

Rabat, entre dynamisme moderne et traditions séculaires

Nous quittons Fès et la montagne sans trop de regrets avec notre moyen de transport préféré : le train. Cette fois, le trajet n’est pas trop long et le train relativement confortable. Nous sommes par contre hallucinés par le paysage : avec ses collines recouvertes d’oliviers, la région ressemble à s’y méprendre à notre Andalousie de tous les jours! Nous ne sommes pas encore assez au sud pour voir les magnifiques paysages désertiques qui font la renommée du Maroc.

Petite info pratique pour le train : si vous voulez visiter la ville demandez un billet pour la gare de Rabat-Ville qui est assez bien centrée, sinon on aura tendance à vous vendre un titre de transport pour Rabat-Agdal qui est la gare TGV et qui est un peu excentrée. Ça ne change pas vraiment le prix du ticket mais ça pourrait vous induire en erreur.

Arrivés à Rabat, l’ambiance change complètement! La douceur de l’océan Atlantique nous fait déjà gagner quelques degrés et c’est bien agréable en ce mois de novembre. Nous sommes ici dans la capitale du royaume et ça se voit. Même le quartier de la gare est beau, propre, agréable et tout neuf. Des deniers que perçoit le royaume chérifien, c’est Rabat qui se sert en premier!

La médina et le souk

Toute la partie historique de Rabat est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Contrairement à notre attente, le quartier du souk n’est pas trop touristique et il ne s’y vend pas des babioles pour touristes mais plutôt des affaires de tous les jours pour les locaux. Les stands de bouffe ont également la part belle par ici. La médina date du Xe siècle et a été fondée par les Almoravides, les mêmes qui occupaient l’Andalousie à l’époque musulmane, mais elle ne prit son essor qu’au XIIIe siècle. Malgré la fraîcheur du mois de novembre, le rythme de vie dans la médina ressemble beaucoup à nos étés andalous. C’est très calme pendant la journée, voire même fermé à certains endroits pour mieux se réveiller entre les deux appels à la prière du coucher du soleil. Le seul hic est qu’il est difficile de se repérer dans les ruelles bordées de façades blanchies à la chaux, nous avons l’impression qu’elles se ressemblent toutes!

La kasbah des Oudayas

Cette splendide forteresse qui surplombe l’océan Atlantique nous vient également des Almoravides et date du XIIe siècle. Mais ce sont les Almohades, une tribu berbère à qui on doit notamment nos alcazars de Séville et de Jerez de la Frontera, qui en firent une place militaire forte et qui envoyèrent des soldats continuer la conquête de la péninsule ibérique. Au XVIIe siècle, le roi Philippe III expulsa tous les musulmans d’Espagne dont une bonne partie vint se réfugier à l’intérieur de la kasbah. Les nouveaux venus en firent un état indépendant : la république de Bouregreg du nom du fleuve au pied des remparts qui, aujourd’hui, sépare la ville de Rabat à celle de Salé. Cette république était un repaire de corsaires et de pirates qui venaient vendre des prisonniers chrétiens. Les remparts sont d’une conservation incroyable et l’architecture almohade, bien que familière pour nous, est juste magnifique.

Borj es-Squala

Adossé à la kasbah des Oudayas, ce bâtiment militaire pourrait nous faire penser à certaines de nos forteresses espagnoles comme à Cádiz. Il y a un peu de cette influence puisque une bonne partie des musulmans ayant fui l’Andalousie après la Reconquista sont venus se réfugier à Rabat. Mais en vrai, ce fortin est typiquement arabe, en témoignent la forme de ses créneaux . Il date du XVIIe siècle et fut érigé par la dynastie Alaouite, la famille qui règne encore sur le Maroc de nos jours.

L’intérieur de la kasbah

L’intérieur de la kasbah est un peu plus aseptisée pour les touristes et possède quelques magasins de souvenirs. Mais franchement, ce n’est pas du tout exagéré et les vendeurs nous laissent tranquilles. Avec l’air de l’océan tout proche, se promener dans les petites ruelles est beaucoup moins oppressant qu’à Fès et nous sommes autant émerveillés par tous les détails architecturaux, notamment les nombreuses portes qui ont cette forme de serrure typiquement islamique.

Le clou du spectacle

Se promener sur les remparts permet aussi d’avoir une superbe vue sur l’océan Atlantique, sur l’embouchure du fleuve Bouregreg et sur l’autre rive, la ville de Salé, qui sert un peu de station balnéaire de Rabat. Nous sommes en novembre donc les ombres sont très allongées et l’océan est un peu tourmenté mais ça n’enlève rien à la beauté de la vue.

Le jardin d’essais botaniques

Vous commencez à nous connaître : dès que nous découvrons une tâche verte sur une carte, nous allons voir ça de plus près! Ce jardin a été fondé en 1991 par l’institut agronomique et vétérinaire du Maroc dans le but de conserver des espèces rares ou menacées du pays. Il y a plus de 700 espèces endémiques, sur plus de 3000 au total, réparties dans les diverses zones du jardin. Même si Rabat n’est pas du tout étouffante, ça fait quand même un bien fou de se promener au milieu des arbres sans aucun véhicule à proximité.

La tour Hassan

C’est LE symbole de la ville de Rabat! A la fin du XIIe siècle, le sultan Yacoub El Mansour, un peu mégalo sur les bords, projetait de construire la plus grande mosquée du monde. Mais il mourut en 1199 et son projet resta inachevé. En plus, le grand tremblement de terre de Lisbonne de 1755 détruisit une bonne partie de ce qui avait été construit. Aujourd’hui, il nous reste l’esplanade avec les ruines des colonnes qui devaient soutenir la mosquée ainsi que la tour inachevée qui se dresse quand même à quarante-quatre mètres de hauteur. Si ce minaret vous semble familier, c’est normal! Ses modèles ont été la mosquée Koutoubia de Marrakech ainsi que notre seule et unique Giralda de Séville! Il paraît même qu’il y a exactement les mêmes rampes d’accès à l’intérieur afin de permettre au muezzin de se rendre au sommet à cheval afin de faire ses appels à la prière.

Malgré l’inachèvement de la mosquée et les ruines, le lieu est encore utilisé comme lieu de culte aujourd’hui. Nous sommes d’ailleurs arrivés un vendredi juste après la grande prière et nous avons vu des centaines de fidèles sortir de l’esplanade par les deux petites portes que compte le complexe. Oui, nous avons toujours le don des timings chelous!

Au nord de l’esplanade se dresse un magnifique bâtiment d’architecture islamique. C’est le mausolée royal ou reposent les dépouilles du roi Mohammed V (le grand-père du roi actuel), le prince Moulay Abdallah (l’oncle du roi actuel) ainsi que le roi Hassan II (le père du roi actuel).

Rabat a été notre gros coup de cœur du Maroc. Nous avons été séduits par la richesse du patrimoine historique mais aussi par le dynamisme de la ville moderne. Rabat est une petite capitale, ce n’est que la deuxième ville du pays après Casablanca, et il y règne une douceur de vivre assez agréable. La ville est ouverte sur l’océan, elle n’est ni étouffante, ni congestionnée par le trafic. Il est très facile d’y être piéton. Pourtant, la ville est également moderne, dynamique avec une offre culturelle intéressante et les habitants sont vraiment adorables. A notre avis, Rabat est une étape incontournable de tout voyage dans le royaume chérifien.

Sanlúcar de Barrameda , le point de départ des grands navigateurs

Pour être honnêtes, la première fois que nous nous sommes déplacés jusqu’à Sanlúcar, c’était juste pour la playa. En effet, c’est l’endroit le plus pratique et le plus court depuis notre quartier à Jerez pour nous rendre sur le littoral. Mais après plusieurs journées passés là-bas à lézarder sur la plage, à parler avec les locaux et à nous rendre au centre-ville pour manger des tapas, il a bien fallu nous rendre à l’évidence que nous devions troquer nos tongs contre une paire de baskets pour aller découvrir Sanlúcar autrement que par ses chiringuitos. (le petit nom des bars de plages en Espagne)

Sanlúcar de Barrameda est située sur la côte Atlantique à l’embouchure du Guadalquivir, le fleuve le plus important d’Andalousie. Son histoire est similaire au reste de l’Andalousie et elle connut également l’occupation musulmane jusqu’au XIIIe siècle. Mais ça devient vraiment intéressant depuis le XVe siècle avec les grands explorateurs et la découverte du Nouveau Monde. C’est d’ici qu’est parti Christophe Colomb en 1498 pour son troisième voyage à destination des Amériques, même s’il était toujours persuadé d’arriver aux Indes. Plus tard, en 1504, c’est au tour d’Hernan Cortés, celui qui a découvert le Mexique, d’embarquer à Sanlúcar. En 1519, c’est au tour de Fernand de Magellan himself de hisser les voiles pour effectuer ce qui sera le tout premier tour du monde de l’histoire! Malheureusement, il n’achèvera pas son périple puisqu’il fut tué aux Philippines mais une partie de sa flotte reviendra trois ans plus tard en ayant bien effectué le tour de la Terre.

Des dizaines d’autres navigateurs de France, d’Espagne, d’Italie ou du Portugal ont également choisi Sanlúcar comme point de départ pour leurs périples.

Oui c’est vrai, ces périples ont débouché sur la conquête du continent américain et ensuite sur la colonisation et le trafic d’esclaves et c’est vraiment une histoire horrible dont l’Espagne n’a pas à être fière mais il faut avouer que ces voyages à la découverte de territoires totalement inconnus à l’époque ont de quoi fasciner notre âme de voyageurs!

La ville se développa donc au XVIe siècle en devenant une plateforme portuaire d’importance pour les traversées de l’Atlantique. Le centre historique est typique de cette époque avec ses ruelles bordées de maisons andalouses blanchies à la chaux.

Plaza del Cabildo

C’est le cœur névralgique de la ville. Elle date du XVe siècle mais a été plusieurs fois remaniée au cours des siècles. La preuve avec les bâtiments qui la bordent qui sont tous de style architectural différent! Aujourd’hui, ses belles terrasses attirent les touristes venant faire une pause de leurs activités de la plage. Pourtant, une fois n’est pas coutume, nous ne vous déconseillons pas de vous y rendre! Bien au contraire! Les restos sont vraiment sympas, pas surfaits du tout et il n’est, bien entendu, pas interdit d’y venir hors saison. C’est ici, avec Chipiona à quelques kilomètres de là, que vous dégusterez le meilleur choco (la seiche) d’Espagne. Ceux qui maitrisent la langue de Cervantes savent que « seiche » se dit « sepia » en castillan. C’est vrai, mais pas dans la province de Cádiz où on utilise le terme typiquement gaditano ( petit terme désignant les habitants de Cádiz et de sa province) de « choco ».

Castillo de Santiago

Il est rare de voir des châteaux typiquement médiévaux en Espagne du Sud à cause de l’occupation musulmane qui a laissé de beaux vestiges de palais arabes dans la région. Sanlúcar est donc une exception avec sa forteresse de style gothique tardif construit entre 1477 et 1478. Son emplacement correspond bien à l’ancienne citadelle mudéjare mais il n’en reste absolument rien aujourd’hui. C’est depuis ce château que la reine Isabelle la catholique, la reine d’Espagne au XVe siècle aussi connue et emblématique que la reine Victoria au Royaume-Uni, a vu la mer pour la première fois.

Palacio de Orleans y Borbon

Ah nous avons fini par le trouver notre palais mudéjar! Même si c’est un faux car construit au XIXe siècle seulement! C’était courant à l’époque de reconstituer le style mudéjar en Andalousie. La région ayant perdu de sa superbe avec la décolonisation, il fallait bien mettre un peu de faste pour se rappeler des temps un peu meilleurs. Il appartenait à la famille Orleans y Borbon (logique!), une famille noble franco-espagnole dont la partie « Borbon » est la branche de la famille royale encore sur le trône d’Espagne actuellement. Aujourd’hui il appartient à la ville de Sanlúcar et abrite la mairie ainsi qu’une cave. Ce palais est grandiose et vraiment superbe mais aurait bien besoin d’une bonne rénovation!

Il vaut la peine de faire le tour du palais car à l’arrière on y trouve un joli jardin tropical même s’il souffre lui aussi d’un manque de restauration. Le climat doux du sud de l’Andalousie et la proximité de l’océan offrent un climat propice pour y faire pousser des espèces de plantes tropicales. C’est un bon compromis pour nous car, parfois, la végétation luxuriante des Tropiques nous manque énormément. Il y a également les fameux dragons des Canaries qui ont l’air de bien s’y plaire dans la région. D’ailleurs, il nous semble en avoir vu plus dans la baie de Cádiz qu’à Tenerife!

Vous prendrez bien une camomille?

Mais non on rigole! Nous n’allons pas vous parler d’une infusion même si « manzanilla » signifie vraiment « camomille » en espagnol. Dans les provinces de Séville et de Cádiz, la manzanilla est un vin et plus particulièrement à Sanlúcar où il a droit à une appellation d’origine contrôlée. C’est un vin blanc assez sec et très oxydé qui se boit surtout pour l’apéritif et dont les caves font partie du paysage de la ville. Il y a d’ailleurs une bonne odeur de raisin fermenté dans l’air lors des fortes chaleurs estivales.

Si vous êtes dans le sud de l’Andalousie et que vous voulez vraiment un thé à la camomille, précisez bien que vous aimeriez une infusion sinon on vous servira un verre de vin! SAUF à Jerez, où la manzanilla se dit « Tio Pepe » du nom de la cave la plus importante de la ville et où on vous fera remarquer avec une mauvaise foi typiquement espagnole que la « manzanilla » c’est du thé!

La playa!!

Nous avons quand même découvert Sanlucar grâce à sa playa! Avec les vagues de chaleurs successives que nous avons connu en ce début d’été, nous avons été super contents de nous baigner dans l’océan Atlantique pour nous rafraîchir. Oui même Van la frileuse! Bon d’accord, nous sommes dans l’estuaire du Guadalquivir et pas en plein océan, l’eau y est un peu plus tempérée, c’est vrai.

Pour être honnêtes, ce n’est pas la plage la plus pittoresque de la côte Atlantique andalouse mais nous, nous l’aimons bien car elle est proche et elle est sujette à de fortes marées et ce phénomène nous fascine au plus haut point.

C’est quand même la classe d’avoir un coin comme Sanlúcar à une vingtaine de minutes de bus de notre maison! En plus, en pleine canicule, on y perd facilement cinq ou six degrés par rapport à Jerez et ce n’est pas négligeable.

Et ce n’est pas tout! Il y a encore un coin encore bien plus fou en face du Guadalquivir que nous n’allons découvrir qu’à l’automne à cause de la migration des oiseaux! On l’aperçoit bien depuis la plage de Sanlúcar et nous donne chaque fois envie de traverser l’estuaire. C’est le parc national de la Doñana et nous n’allons bien sûr pas quitter la région avant d’aller visiter cette merveille de la nature!

Puerto de la Cruz, la perle du nord de Tenerife

Nous vous l’avions annoncé en grande pompe dans notre dernier article et sur les réseaux sociaux et, voilà, c’est fait, nous nous sommes enfin installés au nord de Tenerife. Ce déménagement était un souhait de notre part car nous voulions découvrir quelque-chose de nouveau et surtout de moins désertique que le sud. Après quatre mois au même endroit, nous avions envie de changement et le fait de savoir qu’il nous reste beaucoup de choses à découvrir dans ce nouveau coin nous motive à fond et nous fait un peu oublier notre sédentarisme forcé.

Puerto de la Cruz est située au nord-ouest de Tenerife et, de ce fait, reçoit beaucoup plus les influences de l’océan Atlantique que du Sahara! C’est beaucoup plus verdoyant que le sud et surtout, il y a un taux d’humidité acceptable! Quel bonheur! Nous avons appris par hasard grâce à un jeu télévisé de la télé locale canarienne que c’est la plus petite commune de tout l’archipel, ce qui risque d’être bien embêtant en cas de confinement périmétral. A la base, c’était juste le port de la ville d’Orotava, située plus haut dans les montagnes. Le port le plus important de la côte nord-ouest se trouvait à Garachico. Mais ce dernier a été enseveli sous une coulée de lave en 1706 et Puerto de la Cruz dut prendre le relais des activités portuaires et, par conséquent, prit de l’importance. Le tourisme se développa à partir du XIXe siècle avec l’arrivée des Anglais. Aujourd’hui, c’est une petite ville qui mixe joliment histoire, culture, playa, nature et, malheureusement, usines à touristes.

Casco historico

Nous n’avions plus déambulé dans les rues d’un vrai centre historique depuis bien longtemps et ça nous avait manqué. Celui de Puerto de la Cruz n’est pas très grand mais vaut le détour. Si les couleurs et quelques détails architecturaux vous rappellent les villes coloniales d’Amérique latine, c’est normal car tout date de la même époque. (XVIe – XVIIe siècles) Les iles Canaries étaient une étape importante sur la route maritime atlantique qu’empruntaient les conquistadors espagnols pour se rendre au Nouveau Monde, donc ils y construisirent des villes et des ports. Par contre, les persiennes en bois, les balcons-galeries en bois également et les angles en briques de basalte (la pierre noire d’origine volcanique) sont typiquement canariens. Mais il y a, ici, un grand avantage par rapport à l’autre côté de l’océan, les rues du centre sont presque toutes entièrement piétonnes!

Parroquia Matriz de Nuestra Señora de la Peña de Francia

Quel nom grandiloquent pour une cathédrale qui ne l’est pas! Surtout que c’est un nom qui nous vient tout droit de la région de Salamanca (nord-ouest de l’Espagne) et nous ne savons pas trop pourquoi il a atterri à Tenerife. L’église a été construite en 1697 avec du basalte, d’où sa couleur sombre. Elle a subi une rénovation au XIXe siècle où une bonne partie des détails architecturaux comme des balcons ont été enlevés et c’est bien dommage car ça lui aurait donné un certain charme qui lui manque actuellement. Après avoir vu des dizaines d’édifices religieux en Espagne, nous trouvons cette église bien quelconque. Par contre, nous trouvons le petit parc avec les palmiers et les dragons à l’entrée bien sympa mais, comme nous avons été cruellement en manque d’arbres dans le sud, nous ne sommes sûrement pas objectif.

Ermita de San Telmo

Cette petite chapelle, qui date de 1870, fait office d’OVNI dans le quartier de San Telmo car le coin s’est converti en véritable usine touristique avec des grands hôtels, des bars et des restaurants internationaux avec des menus écrits en allemand et… en finnois! Oui, Puerto de la Cruz est un vrai fief pour les Finlandais mais nous ne pouvons pas les blâmer de préférer le climat tempéré de Tenerife à celui, moins agréable, de leur pays. Heureusement, l’Ermita de San Telmo a résisté aux promoteurs immobiliers et se dresse fièrement, entouré de bananiers (oui, nous faisons une petite fixette sur les arbres tellement nous sommes ravis d’en revoir!) sur un promontoire rocheux dominant l’océan Atlantique.

Castillo de San Felipe

Vivre sur un archipel qui appartient au royaume européen le plus puissant du moment et qui a conquis une bonne partie de l’Amérique c’est super cool! Mais il y a un revers de médaille : ça attire les convoitises et les attaques de pirates! Les Espagnols étant doués pour la construction de châteaux et autres fortifications y bâtirent ce fort au XVIIe siècle dans un style, cette fois, purement colonial afin de défendre la ville. Outre son usage défensif, le fort fit également office d’infirmerie, de lieu de quarantaine, de dépôt, et de bureau pour différentes sociétés locales. Aujourd’hui, c’est un centre culturel avec une petite salle de concert. Evidemment, avec la situation sanitaire actuelle, tout est fermé. Si l’édifice a été rénové de fond en comble durant le XXe siècle, le canon qui se trouve devant l’entrée est d’origine.

Le front de mer

Si les touristes accourent à Puerto de la Cruz c’est en partie grâce à son front de mer incroyable! Il y en a pour tous les goûts. Il y a une belle plage, Playa Jardin, de sable volcanique bien noir qui nous provient directement du Teide himself! Elle est abritée des courants et propice à la baignade à condition de bien aimer l’eau froide. Les surfeurs peuvent s’en donner à cœur joie à la Playa de Martianez, au nord-ouest de la ville, où les vagues sont au rendez-vous. Quant aux plus téméraires, ils peuvent se baigner dans les piscines naturelles entre les rochers du côté de la Punta Brava. C’est magnifique et l’eau y est super claire mais il faut tout de même être un nageur aguerri et ne pas avoir peur des énormes crabes qui peuplent les lieux. Sinon, pour une baignade tranquille, il y a les piscines de Manrique sur le front de mer du centre mais tout est actuellement fermé pour cause de crise sanitaire.

Punta Brava

C’est l’ancien quartier de pêcheurs de Puerto de la Cruz et le temps s’y est presque arrêté. Il est situé sur un promontoire rocheux qui forme une petite péninsule s’avançant dangereusement dans l’océan Atlantique. On y trouve enfin une petite ambiance africaine avec des petites maisons colorées un peu défraîchies et une vrai douceur de vivre. Car, même si administrativement les Canaries appartiennent à l’Espagne, donc à l’Europe, elle sont situées en Afrique au large des côtes marocaines et du Sahara Occidental. C’est dans ce quartier que nous avons posé nos sacs à dos pour quelques temps et il faut bien reconnaître que nous ne sommes absolument pas à plaindre.

Los Roques

Cet endroit, situé juste au sud de la Punta Brava, porte bien son nom puisqu’il signifie « les rochers ». Les pics rocheux qui émergent de l’océan faisaient auparavant partie intégrante de l’île de Tenerife mais l’érosion a tellement bien fait son travail qu’elle a tout grignoté sur son passage. On peut accéder à la plage par un joli sentier à flanc de côteau mais il est actuellement fermé pour cause de chute de pierres.

Bon puisque le sentier n’est pas praticable, il faut bien en trouver un autre au prix d’une bonne grimpette. Mais la vue une fois en haut vaut amplement l’effort.

Rambla de Castro

C’est un sentier qui traverse une réserve naturelle de 46 hectares. A certains endroits, il surplombe l’océan et à d’autres, il traverse une magnifique végétation luxuriante composée notamment d’espèces endémiques comme le dragon ou le palmier des Canaries. Le chemin est souvent bordé par de la lavande sauvage et ça sent super bon! Après des mois passés dans le sud désertique, nous sommes super contents de revoir du vert et des arbres!

Elevador de Aguas de Gordejuela

En chemin, nous pouvons apercevoir ce bâtiment en ruines qui surplombe l’océan. C’est une ancienne station de pompage qui a été construite en 1903. Elle abritait la toute première machine à vapeur de Tenerife. Mais l’usine a été assez vite abandonnée car impossible à entretenir à cause de la difficulté d’accès dû au terrain escarpé.

La Casona

C’est le but de la promenade par la Rambla de Castro. C’est la maison de la famille à qui appartenait une grande plantation de bananes et de canne à sucre au XVI siècle. Aujourd’hui, les champs ont été rendu à la nature, et il reste juste la maison, superbement restaurée, se dressant fièrement au milieu des palmiers.

Madre de Agua

Il fallait bien arroser toutes les plantations de la Casona! Pour cela, on utilisait l’eau qui provenait des sommets et qui ressortait par la roche poreuse. L’eau était ensuite amenée dans les champs grâce à un système d’irrigation qui ressemble fortement à nos bisses valaisans.

La balade est vraiment sympa et très belle mais le clou du spectacle reste la vue incroyable sur les falaises qui se jettent dans l’océan Atlantique.

Ce n’est qu’une première impression mais il nous semble que nous avons touché le gros lot en choisissant Puerto de la Cruz comme lieu de villégiature. Surtout que toute la région à l’air de regorger de coins idylliques à découvrir! Nous avons hâte d’aller explorer tout ça!

Randonnée côtière à Tenerife : Montaña Guaza et Mesas de Guaza

Ce qui nous a attiré à Tenerife, ce sont les paysages de ouf ainsi que les volcans et toutes les possibilités de randonnées qu’ils offrent. Mais l’île a un atout encore plus irrésistible : l’océan Atlantique, même s’il est souvent déchaîné dans le coin. Et, cerise sur le gâteau, il y a la possibilité de profiter de ses trois facettes en même temps grâce à de superbes sentiers côtiers. En voilà déjà un premier que nous allons essayer de vous faire découvrir dans cet article.

Los Cristianos

Ce n’est clairement pas notre endroit préféré de Tenerife mais c’est très bien desservi par les guaguas et c’est un bon point de départ pour randonner au sud de l’île. C’est une station balnéaire créée de toutes pièces lors du boom touristique des années 1960-1970 avec de gros immeubles en béton, des alignées d’hôtels, des bars, des fast-foods américains et tout y est écrit en allemand. Et encore, nous sommes en pleine période de Covid, il n’y a pas beaucoup de touristes. Nous n’osons pas imaginer comment c’est blindé de monde en temps normal! C’est dommage car l’environnement entre océan Atlantique et pics volcaniques est vraiment sympa.

Evidemment, nous ne nous attardons pas à Los Cristianos et sortons vite de la ville en direction de l’est pour entamer notre balade côtière. Mais ce ne sera pas si simple car le littoral ressemble à ça :

La Montaña Guaza

Vous l’aurez compris, si nous voulons profiter de rester près du bord de mer, il va falloir grimper. Cette falaise, la Montaña Guaza, est un dôme volcanique exogène, c’est-à-dire que les roches ont été formées en surface après une éruption. Elle fait partie d’une zone protégée de 725 hectares et contraste bien avec l’urbanisation galopante de Los Cristianos. C’est un sanctuaire à oiseaux et il est vrai que nous en avons aperçus beaucoup mais la seule espèce que nous avons réussi à reconnaître est la mouette.

La montée n’est pas très difficile car le sentier est bien sinueux à flanc de côteau et la pente est très douce.

Dans notre précédent article, nous vous faisions découvrir les barrancos, ces fameuses failles formées par les mouvements des plaques tectoniques. La Montaña Guaza en possède également quelques-uns (cinq ou six, nous ne les avons pas comptés) qu’il faut évidemment traverser. Mais ils ne sont pas très profonds et les sentiers sont très faciles.

Notre chemin passe à proximité de cratères de trachytes. Mais qu’est-ce le trachyte? C’est un type de roche volcanique un peu grise et très visqueuse. En général, on trouve ce type de roche vers un volcan dit explosif, c’est à dire que, pendant l’éruption, le volcan explose littéralement projetant des cendres, des scories et beaucoup de gaz. Grâce à notre séjour à Tenerife, (et surtout grâce à Wikipédia!) nous allons bientôt être experts en vulcanologie!

Evidemment, durant notre petite grimpette, nous ne sommes pas restés constamment la tête dans les cailloux! Nous en avons également profité pour admirer la vue sur Los Cristianos qui est bien plus sympa vu d’en haut.

Mesas de Guaza

Une fois notre grimpette terminée, nous arrivons sur un vaste plateau nommé Mesas de Guaza, littéralement « tables de Guaza ». C’est l’éruption du volcan situé un peu plus au nord qui a formé ce plateau, ainsi que les falaises en contrebas, en crachant une lave visqueuse en direction de l’océan. Avec la terre très fertile et l’humidité venant directement de la mer, la végétation est un peu plus fournie qu’ailleurs dans la région. Mais elle est tout de même constituée principalement de cactus car les précipitations sont rares et ne dépassent pas cent millimètres par an.

De l’autre côté de la falaise se trouve le petit village de Palm-Mar mais y descendre est un peu plus scabreux que le reste du chemin. La descente est à pic, sur de la caillasse et vraiment à flanc de falaise. Pas idéal si vous avez le vertige.

La balade pourrait s’arrêter là mais nous utilisons les transports publics et notre guagua de retour part depuis l’entrée de la petite localité voisine d’El Fraile. Pour nous y rendre, nous passons par une partie de la réserve naturelle de la Montaña Grande. C’est vraiment tranquille pour une fin de randonnée et, une fois n’est pas coutume à Tenerife, c’est tout plat!

En pratique

  • Trajet : Los Cristianos – Palm-Mar – El Fraile. Nous vous conseillons de le faire dans l’autre sens, la descente sur Los Cristianos est beaucoup plus douce. Nous ne le savions pas et nous nous sommes fait avoir. Depuis Los Cristianos, le sentier part juste après la Playa de los Tarajales, depuis Palm-Mar, il part à l’extrémité de la plage de la Arenita. Le chemin n’est pas balisé mais il est bien marqué et bien reconnaissable et il n’y en a qu’un, impossible de se tromper!
  • Distance : 8,5 kilomètres
  • Dénivelé : du niveau de la mer à 140 mètres d’altitude, plus quelques barrancos à traverser. Environ 250 mètres et, en général, en pente douce.
  • Temps de parcours : environ deux heures et quarante-cinq minutes
  • Niveau : moyen, c’est un sentier de caillasse. Difficile si vous faites la descente Mesas de Guaza à Palm-Mar. Vraiment facile de Palm-Mar à El Fraile. Si vous avez le vertige, faites la rando dans le sens Palm-Mar – Los Cristianos pour éviter la grande descente sinon le sentier est assez loin du bord des falaises, ça ne devrait pas poser de problème.

Ce n’était pas vraiment une grande randonnée mais c’était une petite balade bien sympa qui nous a permis de rester près de l’océan, un rêve pour nous qui sommes de grands amoureux de la mer!

Nous allons évidemment poursuivre nos aventures au gré des restrictions Covid et surtout de la météo car, bien qu’il y ait un climat généralement doux et clément, Tenerife connaît une multitude de microclimats et le temps change à peu près toutes les heures!