Bodrum

Nous avons souvent entendu dire que Bodrum c’est un peu l’Ibiza ou le Mykonos turc, c’est à dire le paradis de la nightlife avec ses bars, clubs et discothèques en tout genre. Nous n’allons pas faire durer le suspense plus longtemps, Bodrum est bien la reine de la fête! Ce n’est pas vraiment notre kif mais heureusement, nous sommes vraiment hors saison et l’ambiance clubbing ne se fait pas trop sentir. Actuellement, ce sont plutôt les locaux qui profitent de l’absence des touristes et de la douceur de la baie de Cos pour flâner dans la ville et boire un verre en terrasse surtout que le printemps a enfin décider à s’installer durablement quand il n’y a pas trop de vent.

la marina de Bodrum

Bodrum a été fondée par les Grecs et ça se remarque tout de suite à ses petites maisons blanches et bleues. La Grèce n’est d’ailleurs pas très loin : l’île de Cos se trouve juste à l’entrée de la baie! Aujourd’hui, c’est une station balnéaire et, au centre-ville, on n’y trouve pratiquement que des hôtels, des bars, des restaurants ou des discothèques. Mais vous commencez à nous connaître et vous vous doutez bien que nous ne nous sommes pas contenté de ce que nous avons vu au premier abord et que nous sommes aller gratter le vernis pour voir ce qui se cache vraiment sous l’apparence bling-bling.

Le front de mer

Pour une station balnéaire, la plage est vraiment pourrie! Elle est jonchée de galets et n’est pas du tout agréable pour y rester faire bronzette. C’est vrai que si les touristes passent leurs nuits en discothèque et leur journée à récupérer leurs folles nuits, ils s’en foutent un peu de la beauté de la plage! Ce sont les restaurants qui sont contents, ils peuvent utiliser les lieux pour installer leur terrasse! Par contre, le paysage de la baie avec ses petites montagnes est vraiment chou!

Le truc le plus intéressant du front de mer est le château Saint-Pierre, situé sur un petit promontoire rocheux s’avançant dans la mer Egée. Il a été construit au XVe siècle par les Hospitaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jerusalem, un ordre catholique militaire. Aujourd’hui, il abrite le musée archéologique marin.

Mausolée d’Halicarnasse

Nous avons quand même trouvé un peu de culture au milieu des lieux de débauche! En plein centre de Bodrum se trouve le mausolée d’Halicarnasse ou plutôt ce qu’il en reste. Halicarnasse est en fait le nom de la ville de Bodrum dans l’Antiquité. C’est un peu difficile à imaginer aujourd’hui mais l’édifice, achevé en 350 avant J-C faisait 45 mètres de haut! Il possédait également un système de drainage super sophistiqué pour l’époque! Sa mauvaise conservation est due aux différents tremblements de terre dont a été victime la région à travers les siècles. La Turquie étant au milieu des plaques tectoniques eurasiennes et africaines. Nous avons d’ailleurs senti plusieurs fois la terre légèrement trembler lors de nos deux séjours turcs.

Le mausolée fait partie des sept merveilles du monde antique. C’est assez fou car c’est la troisième merveille que nous voyons depuis le début de l’année après la pyramide de Khéops à Gizeh et le temple d’Artémis à Ephèse. Et ce n’était même pas calculé! Nous avons bien envie d’aller découvrir les endroits où se trouvent les quatre autres du coup!

Voilà à quoi ressemblait le mausolée au temps de sa splendeur!

Les moulins de Bodrum

Cette fois, notre grimpette du jour ne nous a pas emmenés voir un énième château, ni des tombes dans la roche comme à Fethiye mais des moulins, ou plutôt ce qu’il en reste! Ils étaient utilisés dès le XVIIIe siècle pour moudre le grain afin de fabriquer de la farine. Vu l’énorme consommation de pain en Turquie, nous pensons bien que ces moulins devaient tourner à plein régime! Ils sont situés sur une petite péninsule et sont orientés nord-est afin de bénéficier du vent de la côte. Nous confirmons, ça souffle pas mal sur ce petit promontoire rocheux.

Le clou du spectacle reste quand même la vue à 360 degrés sur Bodrum, Gumbet qui apparemment possède une plage digne de ce nom, la baie de Cos et les premières îles grecques. Avec le ciel un peu voilé, les côtes découpées et les moutons qui paissent tranquillement sur le cap, l’ambiance est digne d’un paysage écossais!

Un peu de nature!
Vue de Bodrum depuis les hauteurs

Notre grimpette aux moulins ne nous ayant pas suffi, nous avons chaussé nos baskets pour découvrir les hauts de Bodrum. Normalement, nous aurions dû voir quelques ruines au sommet mais les derniers mètres du chemin ont été obstrués par une chute de pierres et est donc devenu impraticable. Ce n’est pas très grave, notre but premier était de marcher un peu en nature et d’observer les fleurs qui s’épanouissent dans la douceur du printemps méditerranéen.

Nous sommes quand même montés assez haut pour profiter de la vue sur la baie de Kos. Il manquait juste le soleil mais avec la brume, la vue sur cette baie très découpée et ses îles nous fait penser à celle d’Hong Kong, même si les bâtiments sont beaucoup plus bas et la température beaucoup moins étouffante.

Heureusement que nous sommes venus à Bodrum hors saison car c’est sûrement infernal en été avec les hordes de touristes! Nous n’avons pas trop aimé la ville, très jolie mais trop dédiée au tourisme de masse. Par contre l’environnement de la baie et les paysages aux alentours sont juste incroyables.

Nous sommes venus à Bodrum dans un but bien précis, celui d’essayer de prendre un ferry pour l’île de Cos puis de rejoindre la Grèce continentale car nous n’avions pas trouvé des infos fiables sur internet. Si apparemment les frontières maritimes ont rouvert, malgré un contentieux territorial entre les deux pays, les liaisons par ferry restent, quant à elles, toujours suspendues pour le moment. On nous a laissé entendre que ce serait pour la première semaine de mai mais sans pouvoir nous donner une date précise. C’est un peu frustrant car nous pouvons parfaitement voir l’île de Cos depuis Bodrum et la traversée se fait en à peine vingt minutes! L’idée de soudoyer un bateau de pêcheur nous a effleurée mais comme nous voulons retourner en Turquie une prochaine fois, nous avons meilleur temps de passer la douane et faire tamponner notre passeport comme il se doit.

Comme nous ne pouvons pas attendre jusqu’en mai pour des raisons de visa et d’autres obligations qui nous attendent en Espagne, nous allons gentiment remonter vers le nord. Mais tout n’est pas perdu pour tout le monde! Ce contretemps fait le beurre de la famille de Van qui a décidé de nous rejoindre pour quelques jours à Istanbul en avril. Nous nous réjouissons de passer un peu de temps en famille avant notre retour! En attendant, nous avons déjà trouvé quelques étapes qui ont l’air sympa et que nous avons hâte de découvrir.

Şirince et Kuşadası

Lors de nos recherches sur internet pour rédiger notre précédent article, nous sommes tombés sur des liens concernant des lieux à visiter dans le coin qui nous semblaient particulièrement intéressants, comme presque partout en Turquie. Comme nos trouvailles étaient faciles d’accès depuis Selçuk où nous séjournions, nous avons décidé de prolonger un peu le plaisir et de partir à la découverte des alentours.

Paysage en dessus de Şirince, un petit air des Appenins.

Şirince

Şirince ne se situe qu’à 8 kilomètres de Selçuk, mais est déjà perché à flanc de montagne. Nous ne sommes qu’à 350 mètres d’altitude, à peine l’altitude de Genève, mais en Turquie le relief est tellement abrupt depuis le littoral qu’on a tout de suite l’impression d’être en pleine montagne. D’ailleurs, la mer Egée ne se trouve qu’à une petite quinzaine de kilomètres en contrebas, pourtant l’ambiance est tout sauf maritime! Şirince est facilement accessible en dolmus depuis Selçuk sur une route de montagne bien en lacets qui nous refile vite la gerbe, exactement comme les guaguas de Tenerife!

Pas très maritime comme ambiance!

Şirince était un village grec orthodoxe durant la période ottomane. Les Grecs peuplaient une bonne partie des côtes turques égéennes à l’époque tout comme les Turcs peuplaient une partie des îles grecques. Toute la région faisait partie de l’empire ottoman. A la chute de celui-ci à la fin de la Première Guerre Mondiale et à la signature du traité de Lausanne de 1923 définissant les frontières de la nouvelle république de Turquie ainsi que de la Grèce indépendante, chaque population a dû « rentrer chez elle » provoquant un exode massif et un véritable échange de populations.

Aujourd’hui, il ne subsiste qu’une seule église orthodoxe de cette époque. L’ambiance est véritablement turque mais le village a gardé tout son cachet d’antan avec ses vieilles maisons, joliment restaurées, accrochées au flanc de la montagne. Les deux premières ruelles en bas du village à l’arrivée du dolmus sont remplies de magasins de souvenirs mais il vaut la peine de les traverser et de monter sur les hauts où le coin est un peu plus authentique.

Il vaut la peine de grimper un petit peu et de sortir du village pour admirer la vue depuis en haut. Outre, la vue sur le village qui est incroyable, le paysage de montagne aux alentours n’est pas mal non plus et nous fait un peu penser aux Appenins dans le centre de l’Italie.

Santé!

Une des raisons, et pas des moindres, qui nous a poussé à subir le mal des transports pour grimper jusqu’à Sirince est le pinard! Non, ça ne combat pas le mal mais ça fait plaisir! La région est réputée pour sa culture du vin,. Il fallait absolument que nous allions tester ça! Le principal cépage est l’Öküzgüzü (à vos souhaits!). Ce serait un des plus anciens cépages existant sur Terre et il est exclusivement cultivé en Anatolie où il se plait particulièrement en altitude sur les coteaux méditerranéens. Heureusement, parce-que la Turquie c’est vraiment mal plat en Méditérannée! C’est un bon rouge comme on en connaît dans le sud de l’Europe du même acabit que le Merlot ou le Cabernet, deux cépages avec lequel il est souvent assemblé. Même si ce n’est pas toujours mis en avant pour des raisons religieuses, sachez que la Turquie est un grand pays viticole et qu’on y trouve de l’excellent vin qui n’a pas beaucoup à envier à ceux des autres pays méditerranéens.

Une des nombreuses caves de Şirince

Kuşadası

Le caravansérail

Cette petite incursion dans les montagnes d’Ephèse c’était bien joli mais la mer commence à nous manquer! Ben oui, ça fait quand même 4 jours que nous ne l’avons pas vue! Et encore, à Izmir ça ne ressemble pas vraiment à la mer! Nous nous arrêtons dans la petite bourgade de Kuşadası à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Selçuk. A première vue, ce n’est pas le top car c’est ici que débarquent tous les croisiéristes pour la visite du site d’Ephèse. Mais nous ne sommes pas en saison des croisières et la ville à quand même quelques petites choses à offrir autres que des boutiques de souvenirs, des restos à touristes, des centre commerciaux ou des agences à tours.

Le caravansérail

Un caravansérail était un lieu d’étape pour les caravanes de chameaux au Moyen-Orient. On y ravitaillait les voyageurs et les bêtes et on y faisait du commerce. La forteresse extérieure semble de style vénitien avec ses créneaux en « V » pourtant elle a été construite en pleine période ottomane en 1618 et servait à protéger les biens qu’on y vendait ou qu’on s’y échangeait à l’intérieur. Kuşadası était un port de commerce important où s’y retrouvaient des marchands ottomans, arabes et même génois.

Aujourd’hui, ce caravansérail très oriental paraît presque incongru dans un Kuşadası très occidentalisé, presque grec. Il a été transformé en hôtel de charme.

Güvercinada

Güvercinada signifie littéralement « île aux pigeons » car le coin est envahi d’oiseaux dont des pigeons pendant la période de migration. Ce petit îlot est facilement accessible à pied grâce à une petite jetée qui le relie au continent. Il y trône, en son centre, un petit château datant du XVe siècle entouré d’une forteresse ajoutée au XVIIIe siècle afin de se protéger des révoltes grecques sévissant à l’époque. C’est super sympa de s’y promener, l’endroit est très boisé avec des essences typiquement méditerranéenne comme des pins ou des oliviers.

Attention : nous avons rencontrés un rabatteur peu scrupuleux qui essayait de faire croire aux touristes que l’accès à l’île est payant. C’est FAUX! L’entrée est gratuite! Sachez également que ce genre de pratique n’est PAS courante en Turquie. Les gens sont en général serviables et honnêtes, même dans les coins touristiques. Donc, c’est exemple n’est en AUCUN CAS représentatif du pays.

Nous avons également été impressionnés par la clarté de l’eau! Promis, juré (mais pas craché, la pandémie n’est pas encore totalement finie!), ce sont bien des photos de la mer Egée. Nous n’avons pas recyclé nos photos de Zanzibar ou de la mer Rouge!

Le problème en Turquie, c’est qu’il y a des coins intéressants absolument partout et Şirince et Kuşadası n’ont pas échappé à la règle. C’est un peu frustrant car nous ne pourrons pas nous arrêter partout et nous devrons faire des choix et ceux-ci s’annoncent vraiment cornéliens!

Izmir

Nous avons finalement renoncé à parcourir toute la côte turque et avons privilégié le train qui passe par Konya. L’itinéraire n’est pas aussi illogique qu’il en a l’air. La Turquie est un pays vraiment mal plat surtout sur la côte qui est bordée par la chaîne des Monts Taurus. La ligne de chemin de fer passe à l’intérieur du pays sur des plateaux aux reliefs plus ou moins plats et il est plus commode et rapide de rejoindre la côte ouest par ce moyen. Le début du trajet était magnifique longeant des gorges de calcaire vraiment impressionnantes mais ça s’est assez vite gâté! Les plateaux centraux ne sont pas extraordinaires et nous avons essuyé une tempête de neige monstrueuse alors que n’étions qu’à 800 mètres d’altitude. La Turquie connaît cette année un hiver tardif et inhabituellement froid. Il fait même meilleur en Europe centrale ces jours-ci!

NB : Toutes les vidéos des paysages prises depuis le train se trouvent encore dans nos stories instagram

Nous devons changer de train à Konya au centre-sud du pays. Là, un froid glacial nous attend, il fait moins un degré! Heureusement, nous trouvons de quoi nous réchauffer et nous restaurer. On nous laisse même squatter la salle d’attente chauffée de la gare normalement réservée aux voyageurs du train à grande vitesse pour Istanbul ou Ankara. Les trains sont également très bien chauffés, voire presque trop et ils sont modernes et confortables. Après 24 heures de voyage, finalement pas trop désagréables, nous voilà arrivés à Izmir, située sur la mer Egée.

Ancienne agora de Smyrne, datant du IIIe siècle

Izmir est la troisième ville du pays et ça se ressent assez vite. Nous passons la dernière heure de notre trajet à traverser des faubourgs interminables et très moches. La douceur de vivre est moins présente qu’au sud, nous sommes plus proches de la frénésie d’Istanbul que de la dolce vita d’Antalya ou Adana. Par contre, l’anglais est beaucoup plus parlé par la population locale et il est beaucoup plus facile de communiquer avec les gens, pour notre plus grand bonheur! Il y a quelques détails qui nous rappellent fortement la Grèce qui n’est plus très loin, l’île grecque de Chios se trouve juste au large du Golfe d’Izmir.

Une partie d’Izmir au pied des monts Yamanlar
Centre historique

Durant la période ottomane, Izmir était un important port d’escale. Il reste de cette époque un petit centre historique avec quelques maisons typiques de cette époque. Les ruelles correspondent à l’ancien bazar reconverti en boutiques de souvenirs et en petits cafés. C’est d’ailleurs la toute première fois en Turquie que nous avons affaire à des rabatteurs! Certes, ils ne sont vraiment pas insistants mais c’est un pays qui ne nous avait pas du tout habitué à ça! Même dans le Grand Bazar d’Istanbul, pourtant fréquenté presque uniquement que par des touristes, on nous a foutu une paix royale!

Alsancak

S’il y a un endroit cool à Izmir pour manger, boire un café, une bière ou un verre de vin, c’est bien Alsancak! Il est difficile de faire un choix entre tous les restos, bars ou cafés qui nous sont proposés! En été, il doit être bien agréable de flâner dans les rues piétonnes bordées par quelques maisons ottomanes et leur balcon-galerie avant de se poser sur une des nombreuses terrasses du quartier, toutes plus sympas les unes que les autres. Il y en a pour tous les goûts : cuisine locale, resto de poissons, végan, pub irlandais, cuisine étrangère, bar à cocktails, œnothèque, etc… C’est le quartier que nous avons préféré à Izmir!

Le front de mer

La ville d’Izmir se trouve au bord de la mer Egée, même si elle donne l’impression d’être au bord d’un lac qu’on pourrait trouver dans nos Alpes. D’ailleurs, l’environnement nous rappelle fortement la ville de Montreux au bord du lac Léman! En fait, la ville se trouve au fond du golfe qui porte son nom. C’est un vrai fjord de 75 kilomètres de long bordé par différentes chaînes de montagnes. Donc ça ne sert à rien d’essayer d’apercevoir la ligne d’horizon, vous ne la verrez pas depuis Izmir. Votre regard se posera forcément sur le relief, qui est magnifique soit-dit en passant! Dommage que le coin connaisse une urbanisation galopante et que les coteaux soient littéralement étouffés par une jungle de béton.

Il y a une jolie promenade pour piétons et cyclistes qui longe le rivage. Nous y avons été accueillis par un fort vent du nord bien glacial mais nous sommes sûr qu’en été, il y est bien plus agréable de s’y balader!

Izmir n’est pas un incontournable en Turquie et nous aura laissé un peu sur notre faim. Une première dans ce pays que nous adorons! Nous avons bien aimé son côté cosmopolite mais moins son côté grosse ville étouffante. Pourtant, malgré notre statut de backpackers, nous avons un côté citadin très développé et avons apprécié des villes qui paraissent bien plus horribles comme Saigon. Même Istanbul avec ses 17 millions d’habitants nous a paru beaucoup moins oppressante!

Malgré cette découverte d’Izmir en demi-teinte, nous n’allons pas nous laisser abattre et allons tout de même partir explorer la région de la mer Egée qui semble avoir quelques petits trésors à nous proposer!

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