Bilan du Vietnam

Après toutes ces aventures dans cet immense et fascinant pays, en compagnie de nos amis et des parents à Fabien, il est temps de vous livrer notre traditionnel bilan.

En chiffres

Durée du séjour

71 jours, presque deux mois et demi

Budget

Difficile d’établir un budget précis car nous avons des amis et des proches très généreux. Encore un IMMENSE MERCI à eux! En mode backpack, ça donne environ 35,20 CHF (33,10€) par jour, visa compris. Le prix du visa dépend du pays dans lequel il est émis.

Distance parcourue

6724 kilomètres. De Ha Tien (frontière cambodgienne tout au sud) – Rach Gia – SaigonMui NeDalatNha Trang – Saigon – Can Tho – Saigon – Nha Trang – Saigon – Vung Tau – Saigon – HanoiBaie d’HalongHuêHoi An – Saigon – Can Tho – Rach Gia – Phu Quoc en bus, train, avion et ferry. L’itinéraire n’est pas du tout logique mais nous avons du concilier avec les rendez-vous que nous avions.

Extrêmes d’altitude

Le niveau de la mer sur les côtes et à Phu Quoc, 1500 mètres à Dalat.

Extrêmes de températures

14 petits degrés à Hanoi sous un crachin désagréable, 35 degrés sous le soleil à Saigon.

Mots de vietnamien appris

Presque tous concernant la nourriture (sans blague!), mais la prononciation, ce n’est pas vraiment ça. Au moins, nous avons souvent faire rire la population locale. Ce qui ne nous aide pas vraiment puisque, hors sites touristiques, il est assez difficile de se faire comprendre en anglais.

Pourtant, l’accentuation est primordiale! Par exemple, un « Cam On » mal prononcé ou mal accentué peut transformer un sympathique « merci » en un « tais-toi! » pas très poli.

Coups de gueule / Coups de cœur

Nous n’allons pas déroger à la règle et allons vous livrer tout ce qui nous a plu, ou pas, au Vietnam. Comme d’habitude, nous commençons par le moins cool histoire de finir sur une note positive.

Pas top

Le stress des grandes villes

Nous sommes arrivés au Vietnam par le Cambodge, un pays qui est particulièrement relax, c’est vrai. Nous nous sommes donc pris une baffe en pleine tronche avec le stress de la population. La zénitude typiquement asiatique n’est pas passée par ici! Les gens empruntent les trottoirs à scooter pour gagner quelques précieuses secondes et si tu ne démarres pas au quart de tour lors du passage du feu au vert, tu as droit à un concert frénétique de klaxons! Devoir attendre quelques minutes est le summum du supplice pour un Vietnamien. Même à Singapour, grand centre financier dynamique ou la population est accro à son job, l’ambiance est bien plus zen.

Les villes

C’est moche, c’est bruyant, c’est pollué et la circulation est vraiment infernale. Seule Hoi An sort du lot grâce (ou à cause) de son potentiel touristique et de son centre-ville rendu aux piétons. C’est dommage car une ville comme Hanoi ne met pas en valeur son riche patrimoine culturelle à cause de son trafic et de son développement anarchique.

Les petites magouilles

Nous parlons ici de petites magouilles pas bien méchantes pour essayer de nous soutirer quelques milliers de dongs supplémentaires par-ci, par-là, pas de grosses arnaques. Ce n’est pas bien grave mais à la longue c’est usant de toujours devoir être sur ses gardes pour déjouer ces petits plans un peu mafieux.

Trop bien!!

La gastronomie

Eh non, ce n’est pas dans ce bilan que nous ferons l’impasse sur la bouffe! Et pour cause! Le Vietnam a sûrement une des meilleures gastronomie d’Asie, voire du monde! C’est très savoureux grâce à des ingrédients comme l’ail, la coriandre, la citronnelle, le poivre ou encore le basilic-menthe, mais ce n’est jamais trop épicé. Mention spéciale pour les légumes et, dans les endroits appropriés, les fruits de mer.

Le café

Il est tellement bon que nous lui accordons un paragraphe entier et ce n’est pas Angela, la maman de Fab et grande caféinomane, qui va nous contredire! Et pourtant, nous sommes très exigeants en matière de café! Ce sont les Français qui ont apporté la coutume de boire du café mais, sur ce coup là, l’élève a dépassé le maître! Les Vietnamiens, qui cultivent le café dans leurs montagnes, ont totalement assimilé le concept de s’installer dans un troquet sympa pour boire un excellent café. D’ailleurs, c’est la seule activité pour laquelle ils prennent le temps et ne sont pas stressés.

Les paysages

Montagnes verdoyantes, longues plages de sables, rizières, petits canaux dans le delta du Mékong, roches karstiques dans la sublime baie d’Halong,… Le Vietnam possède une variété de paysages incroyable! Dommage que la protection de l’environnement ne soit pas une priorité.

Les transports

Principalement les bus. C’est fiable, confortable, facile à utiliser et relativement bon marché.

Les sites culturels

Le Vietnam a une histoire incroyablement riche dont on peut en visiter certains vestiges un peu partout. Les 54 différentes ethnies du pays participent également à la richesse culturelle du Vietnam. Nous qui aimons bien creuser un peu pour comprendre l’endroit où nous nous trouvons, avons été servis.

Le Têt

Beaucoup vous déconseilleront de vous rendre au Vietnam pendant le Têt. Pas nous! Certes, beaucoup d’endroits comme des restos sont fermés mais se promener dans le centre de Saigon sans trafic, ça n’a pas de prix. Les rues sont décorées avec des fleurs et certaines sont même rendues aux piétons pendant la fête. Les gens sortent leurs plus beaux habits pour déambuler au milieu des décorations et ils sont même particulièrement zen et souriants durant cette période. Le Têt fait tellement partie de la culture vietnamienne, toutes ethnies et religions confondues, qu’il serait presque dommage de ne pas y assister une fois dans sa vie.

Bizarreries made in Vietnam

La communication

Au Vietnam, il est très difficile de se faire comprendre en anglais. Mais ce n’est pas un problème! Les gens débordent d’ingéniosité pour se faire comprendre (signes, mimes, sourires,…) et c’est souvent hilarant. Grâce à l’alphabet latin, nous avons assimilé quelques mots en vietnamien mais pour la prononciation, y a encore du boulot. Nous avons souvent déclenché, malgré nous, quelques fous-rires!

Nous avons globalement adoré notre séjour au Vietnam malgré quelques petits points négatifs qui, finalement, sont assez anecdotiques.  Nous sommes conscients de n’avoir survolé qu’une petite partie de ce fascinant pays mais nous avons déjà découvert des coins et des plats extraordinaires. Ce séjour restera émotionnellement à part puisque nous avons pu revoir nos amis et famille qui ont fait le déplacement rien que pour nous. Encore un grand MERCI à eux!

Phu Quoc, le Vietnam côté île paradisiaque

Après un circuit éprouvant depuis le nord du Vietnam, après les célébrations du Têt et après avoir baladé Raymond et Angela dans Saigon et à Can Tho, nous avons décrété à l’unanimité que nous méritions tous des petites vacances balnéaires. Notre choix s’est porté sur Phu Quoc, au sud des côtes cambodgiennes car c’est un endroit que nous ne connaissions pas du tout et car la position de l’île dans le golfe de Thaïlande nous garantissait des baignades dans une mer chaude et , en général, calme.

Nous nous sommes donc rendus à Rach Gia, la petite ville du sud où nous nous étions déjà arrêtés à notre arrivée depuis le Cambodge et nous y avons passé une nuit. Le lendemain matin nous étions sur le pied de guerre pour prendre le ferry aux aurores afin d’arriver pas trop tard à notre destination : l’île de Phu Quoc.

Duong Dong

Duong Dong est le village principal de l’île de Phu Quoc et c’est ici que vit la population locale loin des resorts et des autres infrastructures pour touristes qui se trouvent à un petit kilomètre plus au sud. Nous avons été étonnés de trouver un vrai village vietnamien sur cette île touristique qui vit au rythme de la pêche et du marché. C’est aussi ici qu’on trouve la meilleure cuisine locale de toute l’île dans des petits troquets sans prétention loin des restaurants internationaux touristiques du front de mer.

Dinh Cau

Au bout de la minuscule plage urbaine de Duong Dong, se trouve un petit promontoire rocheux avec un phare et le temple Dinh Cau, un petit temple bouddhiste construit en 1947.  Au « sommet », il y a une jolie vue sur la mer et ses rochers, sur le village et, plus au nord, au large, sur le massif de Bokor qui domine la ville de Kampot, au Cambodge.

Long Beach

C’est la plage principale de l’île et aussi la plus touristique. Elle se situe à un bon kilomètre au sud de Duong Dong.  Elle est bordée de bars, de restaurants et de resorts mais il faut reconnaître qu’elle en jette quand même et l’ambiance n’a rien à voir avec les stations horribles de Thaïlande comme Patong ou Pattaya. L’eau est claire et chaude. Le sable est un peu grossier mais c’est idéal pur un gommage de peau naturel. Il y a évidemment d’autres plages un peu plus sauvages, moins accessibles et également très belles. Elle se situent au nord de Duong Dong mais nous avons préféré y emmener nos maillots plutôt que notre appareil photo.

Coconut prison

Nous nous sommes difficilement bougés de notre transat pour aller nous cultiver un peu. Car Phu Quoc a quand même une histoire même si elle est plutôt horrible. Avant d’être un paradis balnéaire, Phu Quoc était un lieu de bagne. Le site pénitentiaire a été construit par les Français, pendant la colonisation, pour y emprisonner les indépendantistes. En 1967, le régime de Saigon l’a remise en état pour y enfermer les prisonniers de guerre communistes. Aujourd’hui, le site se visite et les scènes de torture ont été reconstituées avec des mannequins et c’est bien glauque. La cruauté dont peut parfois faire preuve l’être humain nous hallucinera toujours. Encore une visite très intéressante sur la Guerre du Vietnam mais aussi bouleversante. A l’instar du musée de la guerre à Saigon et de la prison S21 à Phnom Penh, n’y emmenez pas vos enfants!

Merci Raymond et Angela!

C’est à Phu Quoc que ce sont terminées notre voyage en famille avec Angela et Raymond, les parents de Fab, après un long périple commencé à Hanoi. Merci à vous d’être venus partager une partie de notre aventure! Merci d’avoir voulu découvrir notre mode de vie qui a bien changé en deux ans! Bravo d’avoir osé manger salé pour le petit déjeuner et avec les baguettes! Merci surtout pour votre bonne humeur et votre humour! Revenez quand vous voulez!

En ce qui nous concerne, l’année 2019 et ce début 2020 ont été très riches et très intenses. Nous avons visité une partie de Sabah, sur Bornéo, découvert une partie du Sri Lanka, du Moyen-Orient, nous avons reçu une très grosse baffe en Inde, nous sommes retournés en Malaisie afin de travailler dans un bar pendant tout l’été et finalement nous avons repris la route à travers le nord de l’Asie du Sud-Est via la Birmanie pour finir au Vietnam et y rencontrer famille et amis. Il est temps pour nous de mettre notre voyage sur PAUSE quelques temps et de rentrer « à la maison » (en Malaisie donc) pour nous poser et travailler sur différents projets qui ne sont pas tous en lien avec le voyage. Il est vrai que la dernière fois que nous vous avons annoncé une trêve, nous avons tenu une dizaine de jours avant de repartir sur les chapeaux de roues. Ferons-nous mieux cette fois-ci? Affaire à suivre.

Hô Chi Minh Ville / Saigon entre vestiges coloniaux, Chinatown et la fête du Têt

Si elle n’est pas la capitale du Vietnam, Hô Chi Minh Ville en est la plus grande ville ainsi que son poumon économique avec tous les désagréments que cela engendre : trafic infernal, surpopulation, pollution, urbanisation anarchique, etc… Et dire qu’à la base, ce n’était qu’un petit village de pêcheurs khmer!  La première chose qui nous vient à l’esprit en débarquant en ville, c’est de fuir à tout prix. Mais Hô Chi Minh n’est pas dépourvue d’intérêt et possède quelques trésors qui valent le détour. Nous allons essayer de vous les faire découvrir dans cet article.

Petite mise au point sur le patronyme

Vous avez sûrement remarqué dans nos précédents articles vietnamiens que nous utilisons parfois le nom Hô Chi Minh Ville et parfois le nom Saigon lorsque nous évoquons cette ville. Mais qu’en est-il exactement?

Depuis 1975, lors de la victoire du nord à la fin de la guerre, les communistes débaptisèrent Saigon au profit d’Hô Chi Minh Ville, Hô Chi Minh étant leur leader décédé cinq ans plus tôt. C’est lui qui a son horrible mausolée à Hanoi  en forme de lotus qui n’est pas un lotus. C’est donc officiellement le nom de la ville. Mais ce n’est pas si simple….

  • Le centre historique s’appelle encore officiellement Saigon
  • La gare s’appelle officiellement Saigon
  • La ville est traversée par la Saigon River
  • La bière locale s’appelle Saigon
  • Le code de l’aéroport est SGN
  • Au sud du pays, plutôt anticommuniste, la population parle de Saigon pour ne pas prononcer le nom d’un leader communiste.

Pour résumer, au nord, il faut parler d’Hô Chi Minh Ville et au sud il faut plutôt utiliser le nom Saigon.

Saigon, capitale de l’Indochine française

C’est à Saigon que les Français établirent la capitale de l’Indochine alors composée des actuels Vietnam, Cambodge et Laos. Il reste quelques bâtiments coloniaux dans le centre historique mais la guerre a passé par là et tout n’est pas en parfait état de conservation. Nous sommes bien loin de la « Perle de l’Orient » de l’époque.

Notre-Dame de Saigon

Evidemment, les Français ne pouvait pas envisager une capitale sans cathédrale digne de ce nom! Il entreprirent donc sa construction, dans un style néo roman, en 1887 pour l’achever trois ans plus tard. Son emplacement a été nommé « Place de la commune de Paris » en hommage à la capitale française. Malheureusement, nous n’avons pas pu y jeter un œil car Madame s’offre une grande cure de jouvence et l’accès y est interdit pendant les travaux.

L’Hôtel de ville

C’est sûrement un des plus beaux édifices coloniaux que nous n’ayons jamais vus! Dommage qu’il se trouve devant une rue très circulante. Ce palais, d’architecture française typique de l’époque, date de 1908. Aujourd’hui, il abrite quelques bureaux municipaux officiels.

L’ancienne poste

Juste à côté de Notre-Dame, se trouve le bâtiment qui abritait la grande poste centrale de Saigon. Sa construction qui date de 1891 a été commanditée par l’Administration des Postes Françaises. La structure métallique a été réalisée par Gustave Eiffel himself! Oui, celui de la Tour Eiffel! A l’intérieur, on ne trouve plus que quelques agences touristiques et des boutiques de souvenirs mais la décoration d’époque y est encore bien observable.

Marché de Ben Thanh

C’est le cœur névralgique de la ville et le marché s’y déroule encore tous les jours dans ce bâtiment colonial. Mais ce marché a, à nos yeux, vendu son âme au tourisme, il est beaucoup trop aseptisé et se contente de vendre du café vietnamien hors de prix et des souvenirs made in China.

Musée de la Guerre

Le Vietnam est tristement connu pour sa guerre sanglante qui a décimé le pays entre 1955 et 1975. Un musée très intéressant lui est dédié dans le centre de Saigon. Attention! Ames sensibles s’abstenir! Ce n’est pas très glamour et les images sont d’une violence inouïe mais elles représentent bien les horreurs subies par la population durant ce cruel conflit. C’est une visite très instructive et hyper intéressante sur la guerre du Vietnam mais évitez d’y emmener vos enfants.

Palais de la Réunification

Après la défaite des Français lors de la guerre d’Indochine et les accords de Genève de 1954 prévoyant deux états séparés provisoirement par le dix-septième parallèle, la présidence sud-vietnamienne prit ses quartiers dans un superbe palais colonial appelé pour l’occasion, palais de l’Indépendance. Mais, en 1962, le bâtiment fut bombardé lors d’un coup d’état manqué contre le président Ngô Dinh Diem. Ce dernier donna l’ordre de reconstruire un palais digne de la grandeur du Vietnam du Sud. Mais nous sommes dans les années soixante, décennie architecturalement très déprimante, et c’est cet affreux bloc de béton qui sortit de terre. Ngô Dinh Diem ne vit jamais la fin des travaux puisqu’il fut assassiné en 1963 lors d’un coup d’état, réussi cette fois. La palais a été inauguré en 1966 sous le président Nguyen Van Thiêu. C’est ici qu’a eu lieu la capitulation sud-vietnamienne au profit des Viet Congs et du Vietnam du Nord.

Le président recevait ses alliés américains et divers ambassadeurs dans plusieurs bureaux décorés avec goût et selon la tradition vietnamienne. Il organisait également des banquets d’une centaine de convives dans un luxe vraiment indécent, sachant que la guerre faisait rage à l’extérieur.

Les appartements privés

Il faut avouer que, par rapport au reste du palais, le président et sa famille vivaient dans des appartements relativement modestes. Mais, la part dédiée au loisirs était importante : cinéma, salle de jeu, bar, salon privé de la Première Dame, bibliothèque privée, etc…

Terrasse et héliport

Sur le toit-terrasse du palais, a été aménagé un héliport où il y avait toujours un hélicoptère prêt à décoller. L’architecte a également prévu, sur la terrasse, une pièce de méditation afin que le président pût réfléchir à ses stratégies de défense du pays. Mais Nguyen Vân Thiêu préféra y  faire construire une piste de danse et y organisa de nombreux bals. Peut-être que s’il avait passé plus de temps à peaufiner sa tactique militaire plutôt qu’à jouer à Fred Astaire, ses successeurs, qui ont dirigé le pays durant une semaine, respectivement trois jours, n’auraient pas dû mener le pays à la capitulation.

Les bunkers

Ce n’est pas ce qui saute aux yeux en premier en visitant les étages, mais le palais a été construit en temps de guerre. Tout un labyrinthe de bunker a donc été conçu au sous-sol sous des murs capables de résister à des bombes de 2000 kilos. On y trouve surtout des bureaux et des salles de télécommunications

Et le plus important…

Inviter tous ces gens c’est bien joli, mais il faut les nourrir! Heureusement, tout est prévu avec cette gigantesque cuisine qui possède un équipement très moderne pour l’époque.

Cholon

Hô Chi Minh Ville possède également son Chinatown dans le district de Cholon. Pour le découvrir, il faut parcourir onze kilomètres depuis le centre ville mais c’est facilement accessible en bus urbain, le réseau de transport étant assez bon, pas très compliqué à comprendre une fois qu’on a pris le pli et très bon marché.

Cholon est aussi moche, anarchique, pollué et infernal que le reste de la ville mais l’ambiance est totalement différente. C’est ici que s’est implantée la communauté chinoise de la ville au XVIIIe siècle après avoir été chassée de Bien Hoa, à 32 kilomètres de là, pour son soutien à la dynastie Nguyen. Comme nous ne sommes qu’à quelques semaines du Têt, le nouvel an vietnamien, et également du Nouvel An Chinois, tout le quartier s’est paré de fleurs et de couleurs rouge et or.

Cholon et Saigon étaient deux villes distinctes jusqu’en 1931 quand elle fusionnèrent pour devenir Saigon-Cholon, puis tout simplement Saigon en 1956. Les Français sont également passés par là.  On peut d’ailleurs apercevoir quelques vestiges de l’époque coloniale mais depuis la guerre du Vietnam, ils se font rares et n’ont pas fait l’objet d’une restauration comme dans le centre ville. Aujourd’hui, Cholon est le cinquième arrondissement d’Hô Chi Minh Ville et est toujours habitée principalement par la communauté chinoise.

Le marché de Cholon

C’est un marché comme on en trouve beaucoup en Asie avec ses aliments en vrac, ses fruits séchés, ses contrefaçons, ses babioles improbables, etc Il est intéressant pour son architecture. Ce sont les Français qui construisirent le bâtiment entre 1928 et 1930 avec les techniques bien de chez eux mais en respectant les traditions architecturales orientales. Un petit temple chinois se trouve dans sa cour intérieure. Aujourd’hui, le marché fait la liaison entre le delta du Mékong et les autres arrondissements d’Hô Chi Minh Ville.

Les pagodes

Dès leur installation, les Chinois entreprirent la construction de leurs lieux de cultes. Encore aujourd’hui, le quartier regorge de temples et de pagodes. En ce mois de Têt, beaucoup de vietnamiens viennent en costumes traditionnels prendre la pose. Les photos serviront de support pour des cartes de vœux qui seront envoyées pour l’occasion.

Bà Thiên Hau Temple

C’est un temple taoïste construit au XIXe siècle et dédiée à la déesse de la mer Thiên Hau.

Nghia An Pagoda

Cette pagode a également été construite au XIXe siècle mais est dédiée à la philosophie bouddhiste. Le bouddhisme chinois est très proche du bouddhisme vietnamien. Les deux branches dépendent directement du courant de pensée mahayana, né au nord de l’Inde mais très vite répandu en Chine. C’est la plus grande pagode du quartier.

Quynh Phu Temple

Ce temple taoïste a été construit en 1824 par les Chinois originaires de Hainan, une île au sud de la Chine dans le golfe du Tonkin. D’ailleurs Quynh Phu est un ancien patronyme de Hainan. Il est également dédié à la déesse de la mer.

Eglise Saint-François-Xavier

Comme Cholon était distincte de Saigon au début de l’époque coloniale, il est logique d’y trouver sa propre cathédrale. Elle a été construite entre 1900 et 1902 dans le plus pur style néo-baroque de l’époque. Depuis, les Chinois l’ont customisée avec des ornements traditionnels. Le complexe abrite également une école catholique. D’ailleurs un des élèves a insisté pour pouvoir poser, tout fier et tout sérieux dans son uniforme scolaire. Pour la petite anecdote historique, c’est sur le parvis de cette église, en sortant de la messe, que Ngo Dinh Diem, président du Vietnam du Sud, se fit assassiner en 1963, lors d’un coup d’état accélérant l’escalade qui conduira à la Guerre du Vietnam.

L’intérieur est assez épuré pour une cathédrale de cette importance. Nous avons débarqué en plein milieu d’une messe donc nous sommes restés en retrait pour ne pas jouer aux touristes trouble-fêtes.

Cholon est un quartier vivant et vraiment sympa! Nous sommes juste étonnés, pour un Chinatown, de n’avoir vu que très peu d’inscriptions en mandarin. Ce coin est la preuve qu’il vaut la peine de faire abstraction du trafic et de la pollution pour aller découvrir quelques trésors d’Hô Chi Minh Ville même si le premier réflexe en arrivant dans cette mégapole est « Courage, fuyons! ».

Le Têt

Le Têt est l’évènement de l’année au Vietnam. C’est le Nouvel An lunaire et est très similaire au Nouvel An chinois. Le fêter à Saigon est très étrange car la ville se vide d’une bonne partie de ses habitants, le trafic est très fluide et la majorité des commerces est fermée. La rue Nguyen Huê, la rue principale qu’on pourrait comparer avec les Champs Elysées de Paris, est fermée au trafic et a été superbement décorée de fleurs. Les habitants s’y baladent en tenues traditionnelles qui sont très élégantes. Le 25 janvier 2020, nous avons pris congé de l’année du cochon pour entrer dans celle du rat.

Saigon ne détient pas la palme de la ville la plus pittoresque du Vietnam mais sûrement celle de la plus sympa. Une fois passé le choc du trafic infernal,  nous avons découvert une ville jeune, dynamique, souriante et ouverte d’esprit. C’est un endroit qui a une âme, comme nous les aimons!

Certes, avec tous les trésors que le Vietnam regorge, il ne faut pas se focaliser sur Hô Chi Minh Ville mais si vous avez du temps, passez-y quelques jours juste pour y tâter le pouls et surtout profiter de la multitude de restos proposant une gastronomie vietnamienne de qualité à petits prix.

Hoi An, ses vestiges coloniaux et son pont japonais

Depuis Huê, nous prenons la route en direction du sud et nous traversons un paysage extraordinaire de lagunes surplombées par des montagnes verdoyantes. Nous sommes à chaque fois subjugués par les paysages incroyables que nous offre le Vietnam.

Nous empruntons ensuite la route du fameux col des Nuages, dont le point culminant se situe à 496 mètres d’altitude, au milieu d’une jungle luxuriante. C’est une forêt tropicale qui a tout juste une quarantaine d’années puisque tout a été rasé pendant la guerre suite à l’utilisation du napalm et autres produits chimiques tout aussi chelous. C’est impressionnant de voir à quel point la nature reprend ses droits en si peu de temps! Nous ne nous sommes pas arrêtés au sommet car c’était blindé de monde et, comme son nom l’indique, nous étions sous les nuages. Par contre, un peu plus bas, juste sur le bord de la route, il y a une vue époustouflante sur la baie de Da Nang.

Hoi An

Après ce superbe trajet, et la traversée de la ville super moche et très chinoise de Da Nang, nous arrivons dans la petite ville de Hoi An dont le centre historique est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Hoi An était un port important sur les routes maritimes du commerce de la soie, ce qui attira les Chinois, les Japonais puis, plus tard, les Français qui rebaptisèrent la ville Faifo. Mais le port s’est ensablé au XIXe siècle et la ville perdit son statut privilégié au profit de Da Nang située à trente kilomètres plus au nord, au bord de la mer de Chine Méridionale.  Grâce à sa situation en retrait des points stratégiques, la ville fut épargnée par la guerre et garde, encore aujourd’hui, la totalité de son patrimoine pratiquement intact. Fab et Van partent, dès leur arrivée, à la découverte de ces trésors pendant qu’Angela et Raymond profitent de ce premier petit temps de repos de leur voyage pour se faire chouchouter dans un spa.

Côté chinois

Ce sont les marchands chinois et japonais qui se sont installés à Hoi An et qui ont mis sur pied un comptoir en découvrant le potentiel maritime du lieu. Chaque ethnie avait son propre quartier. Le quartier japonais a, petit à petit, été envahi par les Chinois qui y ont laissé leur style architectural. Ce sont des petites maisons en bois de fer, bois résistant aux crues annuelles, construites pour respecter l’harmonie entre le yin et le yang. Aujourd’hui, elles servent principalement de boutiques de souvenirs mais n’ont pas totalement perdu de leur charme.

Côté France

Les Français ont débarqué pendant l’âge d’or de Hoi An, avant l’ensablement du port et, évidemment, ils s’y sont installés rebaptisant la ville Faifo. Ils y bâtirent leurs propres bâtiments coloniaux avec leur couleur jaune moutarde caractéristique. La peinture des façades n’était pas seulement là pour montrer la suprématie des Français mais aussi car cette couleur était réputée résistante à l’humidité lors des inondations dues aux crues. Aujourd’hui, cette couleur jaune donne un aspect très lumineux au centre historique, surtout par temps très ensoleillé et rappellent quelques façades, tout aussi jolies, des villes coloniales sud-américaines.

Le pont japonais

C’est le seul édifice qui est encore entièrement de style japonais à Hoi An et c’est devenu l’emblème de la ville. Il a été construit en 1593 pour relier les quartiers japonais et chinois et reste un des seuls ponts couverts d’Asie du Sud-Est. C’est un coin super prisé par les touristes car c’est LA carte postale de Hoi An mais le coin est tellement joli qu’il vaut quand même la peine de jouer des coudes pour y accéder. Nous qui n’avons pas encore eu l’occasion d’aller au Japon, ce pont nous fait un peu rêver et nous donne encore plus envie d’aller découvrir le pays du soleil levant.

Kim Bong

Il suffit de traverser le fleuve Thu Bôn pour changer totalement d’ambiance! Pour le faire, nous avons choisi le vélo, un moyen de transport facile à pratiquer au Vietnam hors grandes villes et écolo. Nous sommes ici à Kim Bong dans un petit village de campagne très calme, bien que Hoi An, juste en face, ne soit pas si frénétique que ça malgré l’affluence touristique. On y trouve surtout des ateliers de menuiserie et de sculpteurs sur bois qui fournissent les boutiques d’artisanat de la vieille ville de Hoi An. On y vit également au rythme de la pêche au carrelet chinois, technique que nous avons découvert à Kochi, dans le sud-ouest de l’Inde.

Les lampions

A la nuit tombée, c’est à dire assez tôt sous ces latitude (18h30 environ), la ville s’illumine avec des centaines de lampions de toutes les formes, de toutes les couleurs et tous plus beaux les uns que les autres. Si les lampions extérieurs sont en coton synthétique pour supporter l’humidité et les aléas météorologiques, les lampions traditionnels sont, quant à eux, fabriqués en soie. Cette dernière est produite intégralement à Hoi An. Il y a des élevages de vers à soie ainsi que des ateliers de transformation de la soie et de confection de tissus, vêtements, broderies et bien sûr des fameux lampions dans l’enceinte de la ville. Donc, tout le processus de fabrication ne sort pas des murs de la ville.

Malgré son côté très touristique, Hoi An est une ville pleine de charme et un incontournable à nos yeux. Le fait que le centre-ville ait été rendu aux piétons nous a beaucoup plu. Les paysages du centre du Vietnam nous ont également scotchés! Un véritable coup de cœur!

Voilà, le circuit découverte est terminé.  Nous avons visité des endroits incroyables, nous avons appris énormément sur la culture vietnamienne mais nous avons trouvé le rythme beaucoup trop rapide, nous qui aimons prendre le temps de nous imprégner d’un lieu et de le découvrir en profondeur. Nous sommes un peu frustrés de n’avoir que survolé cette région qui paraît incroyable. Nous serons obligés de revenir dans ce coin une prochaine fois!

Maintenant, nous allons changer de style. Ainsi, Raymond et Angela vont découvrir le mode de voyage backpack et beaucoup moins organisé à la Van&Fab!

Tam Coc & baie d’Halong, les joyaux naturels du nord du Vietnam

Nous quittons sans trop de regrets l’enfer urbain de Hanoi pour nous retrouver, après presque trois heures de route pas trop pénibles, dans un endroit bien plus naturel, à Ninh Binh.

Ninh Binh n’a absolument rien d’intéressant mais c’est la porte d’entrée pour le site de Tam Coc, plus connu sous l’appellation de baie d’Halong terrestre. Ce surnom est dû a ses pics karstiques sortant comme des champignons de la terre. La météo se montrant capricieuse, nous devons composer avec la brume mais cette dernière donne au lieu un côté mystique et enchanteur qui nous fascine. Par contre, il fait assez frais en ce mois de janvier et une bonne veste est de rigueur, même pour Raymond et Angela, pourtant plus habitués au froid que nous.

Rivière Ngo Dong

Le meilleur moyen de visiter la baie d’Halong terrestre c’est… sur l’eau! (Logique non?) Pour cela, il nous faut une barque pour naviguer sur la rivière Ngo Dong! Mais heureusement, ce n’est pas ce qui manque ici et nous avons des rameurs de choc!

Pendant toute la navigation, nous sommes complètement éblouis par le paysage qui défile sous nos yeux. Les pics de granite sont vraiment impressionnants et les rizières à leurs pieds sont très belles. L’eau de la rivière, a, par contre, une couleur douteuse. Mais vu la fraîcheur ambiante, nous n’avons de toute façon pas prévu de nous y baigner! Nous sommes ravis d’enfin nous retrouver en pleine nature sans aucun trafic avec seulement le chant des oiseaux comme bruit. Autre chose très appréciable, il n’y a pas de bateau à moteur, tout se fait à la rame. Malgré le monde, il y règne un silence appréciable qui est amplifié par la brume.

Les grottes

Il nous faut traverser plusieurs grottes durant le parcours. D’ailleurs, Tam Coc signifie en vietnamien « les trois grottes ». C’est en passant sous ces monstres de pierres que nous prenons conscience de l’ampleur du travail de la nature sur des années au gré des phénomènes météorologiques. Traverser ces cavernes a vraiment été sympa car la température y est bien plus douce qu’à l’extérieur! Ces grottes sont assez ouvertes sur l’extérieur et ne devraient pas être trop étouffantes pour les claustrophobes. Van, qui n’aime pas les lieux clos, ne s’y est pas trouvée trop oppressée.

Baie d’Halong terrestre

Puisque nous sommes dans la baie d’Halong terrestre,  il est logique de la découvrir… par la terre! Ah quand même! Pour cela, rien de tel que le vélo! Même si Angela n’est pas trop de cet avis. Mais la beauté des paysages traversés finit par mettre tout le monde d’accord!

Dèn Cùa Quan

Notre balade à vélo nous emmène à ce magnifique temple taoïste du XVe siècle.  Le Têt approchant, nous assistons aux préparatifs des offrandes. Quelle n’est pas notre surprise de constater que ces dernières se composent, entre autres, de canettes de bière! Nous ne savions pas que les dieux étaient du genre à se pochtronner pour le Nouvel An!

Baie d’Halong

Qui n’a jamais rêvé à l’évocation de la baie d’Halong? Cette baie naturelle du golfe du Tonkin composée de près de deux mille îles karstiques composées de calcaire et s’étendant sur 43’000 hectares? Nous, nous en rêvions depuis longtemps. Nous en rêvions tellement que nous appréhendions d’y aller de peur d’être déçus, surtout que ces dernières années, les visiteurs ont été virulents dans leurs critiques. (montagnes de déchets, hordes de touristes, trop de bateaux, etc…). Nous ne sommes donc pas totalement sereins et réjouis quand nous embarquons sur le bateau qui nous fera découvrir cette beauté naturelle pendant deux jours et une nuit.

Première bonne surprise : avant d’embarquer on nous annonce tout de suite que tous les objets en plastique jetable sont totalement interdits dans la baie. Dans un Vietnam pas du tout porté sur l’écologie, c’est une mesure qui mérite d’être saluée. Apparemment, le coin a dû subir un gros nettoyage en règle car la baie est propre et il n’y a pas un déchet qui traîne. Nous sommes également agréablement surpris par la fréquentation touristique. Certes, nous ne sommes pas seuls mais il n’y a pas trop monde. Tout vient démentir ce que nous avions pu lire sur le net à ce sujet. Nous sommes en basse saison donc ça aide et nous avons peut-être eu de la chance d’avoir passé après un ramassage de déchets en règle. Quoi qu’il en soit, nous profitons du paysage époustouflant qui défile sous nos yeux malgré une météo peu clémente même si la brume de Tam Coc s’est un petit peu dissipée.

Les grottes

Nous mettons un pied à terre sur un de ces fameux pics karstiques afin d’aller visiter les grottes. Avec l’érosion, les roches karstiques regorgent de grottes et de cavernes naturelles. Nous avons justement grimpé sur un de ces rochers d’où nous avons pu observer une partie de la baie depuis en haut.

A l’intérieur, c’est une succession de stalactites et de stalagmites formées par des années d’érosion. Ce qui nous a vraiment plu, c’est la température, bien pus agréable qu’à l’extérieur! Par contre, les grottes sont assez fermées et c’est beaucoup plus oppressant qu’à Tam Coc.

La playa

Certains îlots possèdent même une petite plage de sable. Vu la saison, la baignade est inenvisageable mais en été, avec le sable fin, l’eau turquoise et le paysage de rêve, il y a bien pire comme endroit pour aller faire trempette. N’est-ce pas?

Fishing village

Une des particularités de la baie d’Halong, ce sont ses villages flottants parsemés dans divers endroits de la baie. La vie s’y organise autour de la pêche et de la culture des huitres perlières.

Le village que nous avons traversé en barque se trouve dans une baie presque totalement fermée. Partout où nous regardions,  nos yeux se posaient sur d’immenses parois de calcaires. Nous avons également eu l’occasion d’apercevoir quelques rapaces et échassiers profitant de la quiétude du lieu.

Waw! Nous n’avons pas de mots pour décrire ces paysages tellement ils sont splendides! Nous ne regrettons pas une seconde d’avoir succombé à ces noms enchanteurs de Tam Coc et de la baie d’Halong, nous n’avons pas été déçus, au contraire! La météo n’était pas top, mais pour le reste, nous avons eu beaucoup de chance. Il n’y avait pas trop d’affluence et la baie était d’une propreté irréprochable. Nous savons que ce n’est pas toujours le cas.

Après ces lieux magiques, il est temps de descendre un peu plus au sud afin de retrouver des températures un peu plus agréables.

Hanoi, la capitale trépidante à l’histoire complexe

Voilà, nous sommes partis pour de nouvelles aventures au nord du Vietnam, accompagnés de Raymond et Angela, les parents de Fab que nous avons récupérés à l’aéroport après deux heures d’attente dues aux vacances du Têt. Vu qu’ils sont là pour une courte période, c’est un programme chargé qui nous attend ces deux prochaines semaines. Ce n’est pas du tout notre façon de voyager en général mais, puisque nous avons de la visite, nous allons nous adapter et surtout profiter du temps en famille.

Sans réelle surprise, Hanoi est encore plus désordonnée, plus anarchique, plus polluée et plus infernale qu’Hô Chi Minh Ville. En plus, nous avons atterri dans un brouillard à couper au couteau digne d’un hiver londonien (ou du Nord Vaudois pour ceux qui connaissent). Difficile dans ces conditions d’avoir une bonne première impression du lieu. Par contre, elle a plus à offrir culturellement. La ville a moins souffert de la guerre que sa rivale du sud, elle a donc pu mieux conserver son patrimoine historique.

French touch

Hanoi a été la capitale de l’Indochine française entre 1902 et 1945. Elle conserve un riche patrimoine colonial dans un bon état de conservation. Malheureusement, entre les rues hyper circulantes, les fils électriques et les enseignes de mauvais goût, ce trésor historique n’est vraiment pas mis en valeur.

L’opéra

Construit en 1910 dans un style purement néoclassique, le bâtiment est fortement inspiré de l’opéra Garnier à Paris. Sa grande salle peut accueillir jusqu’à 600 personnes. C’est clairement le plus beau bâtiment de Hanoi. Il est juste dommage que le rond-point lui faisant face soit en permanence congestionné par le trafic.

Têt market

En ce mois de Têt, les ruelles du centre-ville se sont transformées en un gigantesque marché dédié aux festivités du nouvel an vietnamien. Les rues se sont parées de fleurs, de rouge et d’or et la frénésie n’a rien à envier à la période du shopping de Noël en Occident.

Lac Hoan Kiem

Enfin un havre de paix où les scooters ne peuvent pas accéder! On y trouve le pont du soleil levant, symbole de la ville et un îlot sur lequel repose un stupa appelé tour de la Tortue qui rend hommage à l’animal sacré du même nom. Elle fut construite en 1886, pendant l’époque coloniale, et mélange l’architecture européenne et chinoise. Le lac regorge de légendes concernant un roi, une épée et des tortues géantes. Au fond du lac, repose un Bombardier américain depuis la guerre du Vietnam. A ce jour, Américains et Vietnamiens ne sont toujours pas parvenus à se mettre d’accord sur la récupération de l’épave.

Marché Dong Xuan

Ce marché a également été construit pendant l’époque coloniale, en 1889. C’est le plus grand et le plus ancien marché de Hanoi. Il est constitué principalement de stand de grossistes qui revendent leurs produits, majoritairement du « made in China » à des petits marchands. Nous qui allons au marché juste pour admirer les beaux étals de fruits et légumes, nous sommes restés sur notre faim sur ce coup là car, hormis quelques épices et confiseries, il n’y a que des babioles sans intérêt.

Pagode Trân Quoc

C’est une vieille pagode construite au VIe siècle située sur une île du lac de l’Ouest, qui est le plus grand lac de Hanoi. C’est un grand centre du bouddhisme au Vietnam. Le point le plus marquant du temple est son immense stupa de onze étages et haut de quinze mètres érigé à la mémoire de Bouddha. La situation au milieu du lac en fait un lieu très paisible.

Mausolée de Hô Chi Minh

Mais qui est donc ce mec qui a donné son nom à la plus grande ville du pays et qui repose dans un mausolée digne de Lénine? Déjà, Hô Chi Minh n’est même pas son vrai nom, il s’appelait Nguyen comme presque n’importe quel vietnamien. Mais ce n’est pas pour son surnom qu’il est connu. Pour faire bref, il a fondé le parti communiste vietnamien sur le modèle marxiste-léniniste, il a proclamé l’indépendance du Vietnam face aux Français et il a été président de la République Démocratique du Vietnam c’est à dire le Vietnam du Nord de l’époque. Rien que ça! Voilà pourquoi on lui a construit un mausolée en forme de lotus, la fleur nationale du Vietnam. Euh… de lotus?? Apparemment, pour les communistes, un lotus c’est gris, moche et carré digne de l’URSS.

A proximité du mausolée se trouve le parlement vietnamien dans un bâtiment tout aussi stalinien qui réussit l’exploit d’être encore plus moche!

En face de ces horreurs architecturales se dresse le palais présidentiel qui se trouve, lui, dans une superbe bâtisse coloniale. C’était le palais du gouverneur d’Indochine. Hô Chi Minh a refusé d’y séjourner pendant son mandat présidentiel en préférant une maison plus modeste.

Une demeure plus modeste signifie pour Hô Chi Minh un superbe parc résidentiel d’architecture coloniale, un garage pour ses trois voitures et un centre médical personnalisé. Nous qui pensions naïvement que le communisme prônait le fait d’être tous égaux…

La pagode au pilier unique

Comme son nom l’indique, c’est une pagode qui repose sur un seul pilier. Elle date du XIe siècle mais les Français la détruisirent complètement. Le gouvernement vietnamien décida de la reconstruire en remplaçant en pilier qui à l’origine était en teck, par du béton.

Temple de la littérature

Cette fois, nous changeons du bouddhisme, du catholicisme et du taoïsme pour découvrir le confucianisme, la troisième philosophie chinoise. A l’origine, ce complexe n’avait rien de religieux, il a été construit en 1070 dans le but de fonder une académie confucéenne. Le temple de la Littérature est donc la plus ancienne université du Vietnam. Aujourd’hui, c’est un des temples dédiés à Confucius les plus importants du pays.

Hanoi est une ville qui regorge de trésors historiques et culturels. Malheureusement, le trafic infernal et la pollution rendent les visites pénibles. Nous avons également souffert du froid : il n’a fait que quatorze petits degrés sous un vent rempli d’humidité. Sachant que le record de froid de notre périple est de treize degrés, nous sommes dans des limites basses.  Angela et Raymond, qui ont quitté la Suisse avec cinq petits degrés, se sont beaucoup mieux adaptés au climat et ont bien rigolé quand ils nous ont vus débarquer avec un équipement digne d’une expédition au Pôle Nord.

La suite devrait se passer loin de l’enfer urbain dans un endroit plus naturel…

Vung Tau, la station balnéaire des Saïgonnais et son Christ-Roi

Après avoir passé les fêtes de Noël du côté d’Hô Chi Minh Ville et du delta de Mékong, nous étions censés prendre la route pour le nord plutôt que nous prélasser à la playa.  Rassurez-vous, il n’y a pas eu de changement de programme, nous avons toujours rendez-vous à Hanoi avec les parents de Fabien. Ils ont pourtant suivi de près nos premières aventures vietnamiennes en tant que lecteurs assidus de ce blog. Malgré tout, ils sont toujours plus motivés que jamais à effectuer ce voyage même s’il faut manger du Pho ou autre chose de salé pour le petit déjeuner.

Donc oui, évidemment que nous allons les rejoindre au nord! Mais voilà, nous avons passé des heures à étudier de fond en comble les possibilités de transports, la durée des trajets, les prix, etc…, nous en sommes venus à la douloureuse et frustrante conclusion que l’avion sera beaucoup plus pratique pour un prix identique. Du coup, nous avons un peu de temps pour profiter de la douceur météorologique et humaine du sud.

Vung Tau n’est pas l’endroit le plus pittoresque du Vietnam mais il y règne une vraie douceur de vivre où les gens ont le sourire et n’hésitent pas à nous lancer des « Hello » à chaque coin de rue. C’est une petite station balnéaire prisée des habitants de Hô Chi Minh Ville car elle y est relativement proche et facilement accessible en bus. Nous avons mis à peine deux heures pour y arriver.

La Playa

Franchement, la plage de Vung Tau n’a pas grand chose à envier à certaines de ses consœurs plus au nord comme Nha Trang et Mui Ne. C’est une longue plage de sable de plus de trois kilomètres. Le sable n’est pas super fin mais la mer est belle, assez chaude pour la baignade et les courants sont parfaits pour la pratique du kite surf. Ce qui nous a particulièrement plu, c’est que la plage est fréquentée principalement par les locaux et que le coin n’est pas gangréné par le tourisme de masse.

Dinh Thâng Tam

Nous délaissons un peu la plage pour essayer d’aller nous cultiver un peu, même si ce n’est pas le but premier de notre séjour ici. Nous ferons le plein de culture un peu plus tard. Dinh Thâng Tam est un petit temple chinois qui a le rang de palais divin et qui a été construite dans les années 1840 pour protéger le port qui était très important à l’époque et qui subissait les assauts des pirates. Il n’a pas l’air comme ça mais ce temple organise chaque année. du quinzième au dix-huitième jour du huitième calendrier lunaire (en gros, à la mi-automne) un festival des pêcheurs qui compte parmi les plus grands festivals du pays.

Miếu Bà Ngũ Hành

C’est un temple bouddhiste construit en 1832. En 1850, il a été agrandi et cette nouvelle partie a été consacrée à la déesse Thuy Long. Comme beaucoup de pagodes au Vietnam, les éléments bouddhistes sont agrémentés de quelques symboles hindouistes comme la svastika (la croix gammée hindoue) ou les parasols. On doit ce mélange aux Chams, un peuple d’origine indonésienne qui s’est installé au centre et au sud du Vietnam dès les XIIIe siècle et qui ont apporté la doctrine Theravada inspirée de l’hindouisme mais utilisée dans le bouddhisme au Vietnam. 

Le Christ-Roi

Elle se mérite cette statue du Christ-Roi! Il faut gravir pas moins de 811 marches pour y accéder à une altitude de 167 mètres! Non, nous n’avons pas eu le courage de compter les marches mais il y a une jolie petite plaque de marbre sur chacune d’entre elle avec son numéro qui nous permet pour voir où nous en sommes dans notre progression. Ce qui ne nous aide pas beaucoup puisque nous savons le nombre final de marches montées qu’une fois arrivés au sommet! Avec la végétation sèche, il y a très peu d’ombre et la montée est un peu pénible en plein cagnard. Nous sommes d’ailleurs assez étonnés par toute cette sécheresse plus digne du pourtour méditerranéen en été que de l’Asie du Sud-Est mais Vung Tau se situe, comme sa sœur plus au nord, Mui Ne, sur un cap, ceci explique sûrement cela. Mais le chemin d’accès est sympa, entre bougainvilliers en fleurs et frangipaniers. Il est agrémenté de statues racontant plusieurs passages de la Bible, comme un vrai chemin de croix que nous pouvons trouver dans tous les pays catholiques. Nous y avons même trouvé les Rois Mages, qui, avec leurs chameaux, font moins tache dans la chaleur vietnamienne que dans les pays du nord en hiver!

La statue du Christ mesure trente-deux mètres pour une envergure de dix-huit mètres. Elle est posée sur un socle en béton haut de quatre mètres orné d’une fresque dorée représentant la Cène, le dernier repas de Jésus. La construction a commencé en 1972 mais avec la guerre, la chute de Saigon et la prise de pouvoir par le parti communiste, tout a été suspendu pour une durée de vingt ans. Les travaux ont repris au début des années 1990 pour être achevés en 1994. C’est un peu kitch à l’asiatique, surtout le panneau doré représentant la Cène, mais il vaut quand même la peine de grimper la colline pour voir ça.

Depuis le sommet, la vue est obstruée par les arbres, mais ça vaut quand même le coup d’œil. Heureusement que le climat est très sec sinon nous ne verrions que des feuilles! Mais nous aurions eu de l’ombre pour effectuer notre grimpette! On ne peut malheureusement pas tout avoir.

Vung Tau n’est pas vraiment pittoresque mais c’est une petite ville sympa, près d’Hô Chi Minh Ville et pourtant si loin de sa frénésie et de sa circulation. En étant totalement en dehors des circuits habituels, elle n’a pas (encore) vendu son âme au tourisme mais possède une plage de rêve et des bistrots sympas à prix doux.

C’était un joli petit lieu de villégiature avant d’entamer nos prochaines aventures qui se poursuivront bien plus au nord.

Nha Trang, la petite Rio vietnamienne

Encore une fois, la route depuis Dalat nous a enchantés. Nous avons d’abord traversé des forêts de pins et des plantations de café. D’ailleurs, pour les accros au café, le Vietnam est un véritable paradis. Ensuite, en perdant de l’altitude, l’humidité se fait plus présente et nous avons même droit à du brouillard. Mais grâce à ce climat, nous avons traversé une superbe forêt luxuriante ponctuée de cascades et avec, parfois, une superbe vue sur des vallées verdoyantes. L’arrivée sur Nha Trang dans une jungle de béton nous refroidit un peu et nous commençons vraiment à nous demander si nous avons eu une bonne idée de venir dans le coin.

Nha Trang est la station balnéaire typique mais a le mérite d’être assez moderne. Il n’y a pas d’horreurs architecturales des années 1960-1970. Le coin touristique se concentre vraiment sur le front de mer, le reste de la ville est laissé aux locaux. Avec sa longue plage, ses tours et sa baie montagneuse, Nha Trang a un petit air de Rio de Janeiro. Apparemment, le coin est moins pire qu’il en a l’air au premier abord. Mais nous allons quand même y faire un tour pour nous en assurer!

La playa

Longue de sept kilomètres, la plage de Nha Trang en jette vraiment avec sa superbe baie au relief escarpé. Le sable est un peu grossier mais l’eau est vraiment claire bien qu’un peu froide à notre goût. Grâce aux courants, c’est une destination de choix pour les surfeurs. Le petit vent qui souffle constamment rend l’humidité de l’air beaucoup plus supportable.

Le marché

Il suffit de s’éloigner du front de mer juste de deux rues pour se retrouver dans un Vietnam un peu plus authentique. Le marché est le cœur névralgique de la ville. Il faut une grande force mentale pour s’abstenir de tout acheter tant les produits sont beaux et appétissants. Il faut dire qu’avec son ouverture sur la mer de Chine Méridionale aux eaux poissonneuses, sa plaine du Mékong très fertile et ses montagnes tempérées et verdoyantes, le Vietnam est un peu béni des dieux pour produire et cultiver de beaux aliments. Le matin, le marché se tient dans un couvert prévu à cet effet. L’après-midi, les étals envahissent la rue d’une manière totalement anarchique afin que les locaux puissent faire leurs emplettes sans descendre de leur scooter.

Cathédrale du Christ-Roi

On doit, évidemment, la construction de cette cathédrale aux Français. C’est d’ailleurs un des seuls témoins de l’époque coloniale à Nha Trang. De style néogothique, elle a été construite entre 1928 et 1930 sur un promontoire haut de dix mètres dominant la ville. La messe y est encore donnée tous les jours et les cloches sonnent toutes les heures. C’est toujours amusant de retrouver un peu de notre culture dans des contrées lointaines et exotiques mais le plus drôle, c’est de voir des touristes asiatiques en extase devant quelque-chose d’assez commun pour nous.

Alexandre Yersin

Une fois n’est pas coutume, nous allons jouer la carte de la fierté nationale en vous parlant d’un de nos compatriotes : le docteur Alexandre Yersin. (Non, le fait qu’il ait été naturalisé français ne compte pas, il est né Suisse, point final!) Si nous vous en parlons, c’est qu’il a évidemment un lien avec Nha Trang où il a vécu plusieurs années. Nous avons d’ailleurs été visiter le petit musée qui lui est consacré. On lui doit notamment la découverte du bacille de la peste, la préparation du premier sérum anti pesteux et l’étude de la toxine diphtérique, rien que ça! Il a également fondé la faculté de médecine de Hanoi. Le musée expose une partie de ses notes ainsi que les instruments utilisés pour ses différentes études. On y trouve également bon nombre de ses objets personnels qui sont très hétéroclites car il touchait, en dehors de la médecine, un peu à tout comme l’astronomie, l’aviation, l’alpinisme, la photographie ou encore la météorologie. Mais si vous prenez le temps d’observer la bibliothèque, vous découvrirez qu’entre tous ses livres de sciences se trouvent,… des romans d’Agatha Christie! Comme chez Van, les livres de science en plus!

Nous avons trouvé la visite du musée très instructive autant pour le personnage que pour la vie en Indochine française au début du XXe siècle.

Nha Trang River

Nous changeons encore une fois d’ambiance. A l’embouchure de la rivière qui a donné son nom à la ville, c’est le quartier des pêcheurs aux maisons basses et aux bateaux colorés. C’est assez calme comparé à la folie touristique du front de mer et à la frénésie du centre-ville.

Po Nagar

Sur une petite colline surplombant la Nha Trang River, le mont Cu Lao, se trouve le Po Nagar, un temple cham. Les Chams étaient un peuple originaire des îles indonésiennes venu s’établir dans l’actuel Vietnam central à partir du IIe siècle créant le royaume de Champa. Leur religion était un mélange d’hindouisme et de bouddhisme Mahayana. Le temple, construit entre le Xe et le XIIIe siècle, rappelle d’ailleurs l’architecture hindouiste de cette époque. L’ensemble eut droit à une petite cure de jouvence en 1906 et reste plutôt bien conservé. C’est un minuscule Angkor (l’époque est d’ailleurs la même) en beaucoup plus urbain et en autant touristique mais il a le mérite d’être facile d’accès. Une petite visite culturelle bien sympa pour changer de la playa.

Nui San

C’est une petite colline haute environ de deux cents mètres. On accède au chemin par un temple bouddhiste possédant de belles pagodes chinoises et un bouddha couché. Ensuite, le chemin se fait plus naturel et très peu fréquenté. Nous sommes les seuls humains parmi de magnifiques papillons bleus, les lézards et les écureuils avec de superbes rayes noires sur le dos.

Et évidemment, la récompense de notre effort au sommet, avec la vue sur Nha Trang, les montagnes et l’île de Hon Tre. Dommage que ce soit si urbanisé.

Décidément, le Vietnam a le don de nous surprendre où nous ne l’attendons pas du tout! Nha Trang est vraiment sympa et a beaucoup plus à offrir que sa plage, même s’il faut reconnaître que c’est un de ses plus beaux atouts. Certes, ce n’est pas le premier endroit que nous recommanderions du Vietnam mais ça peut être un bon point de chute s’il faut se reposer à la playa quelques jours.

Nous reviendrons pour le Nouvel An dans la région avec nos amis Seb, Delphine, Eloane et petit Fabien mais nous serons un peu plus au sud du côté de Cam Ranh.

D’ailleurs, il est temps pour nous de penser à redescendre sur Hô Chi Minh Ville si nous voulons les accueillir comme il se doit à leur descente d’avion.

Dalat, la vigneronne

Nous délaissons Mui Ne ,ses dunes et son climat sec mais nous restons tout de même pendant encore quelques kilomètres dans un paysage semi-désertique plus typique des côtes marocaines que vietnamiennes. Ensuite, plus nous nous éloignons de la mer, plus la végétation se fait dense et luxuriante et le relief se fait plus montagneux. Nous n’avons pas vu passer les quatre heures de bus dans ces paysages sublimes.

L’arrivée à Dalat, à la tombée de la nuit, a été un peu plus brutale. Comme la ville se situe sur un plateau perché à 1500 mètres d’altitude, les températures dégringolent, il ne fait plus que dix-sept petits degrés, une vraie douche froide et un bon choc thermique pour nous qui sommes habitués au climat tropical. Espérons que le soleil réchauffe un peu l’atmosphère en journée. Spoiler : à peine!

Lac Xuan Huong

La ville de Dalat est construite autour de ce petit lac qui porte le nom d’une femme de lettre vietnamienne du XIXe siècle. C’est joli comme tout mais il est situé dans une cuvette qui laisse passer le vent qui est assez tempétueux et surtout glacial par ici. Ceux qui ont l’énorme chance de connaître la bise noire sur les bords du Léman savent de quoi nous parlons en terme de vent froid pas très agréable.

French touch

Pourquoi les Français ont-ils eu l’idée d’établir un lieu de villégiature au Pôle Nord dans cet écrin de verdure situé entre les montagnes et dont le climat est tempéré? Parce que, contrairement à nous, ils avaient trop chaud à Saigon, tout simplement! Dalat est donc devenue une station de montagne très prisée de l’élite coloniale qui suffoquait en plaine et qui venait chercher un peu de fraîcheur qui leur rappelait leur douce France. A cette époque, au milieu du XIXe siècle, on ne connaissait pas le réchauffement climatique et les vagues de chaleur en découlant! Le climat était bien plus frais en Europe! De cette époque bénie, et fraîche, il reste à Dalat plusieurs vestiges dont quelques superbes maisons de maître ainsi que l’ancienne gare, construite sur le modèle de celle de Deauville. Côté gastronomie, il reste les fraises et les tomates qui se sont super bien adaptées à la région et qui sont encore cultivées à Dalat.

Cathédrale Saint-Nicolas

De style néoroman, on doit évidemment la construction de cette cathédrale catholique aux Français. Dans les années 1930, c’était un haut lieu de pèlerinage pour les tuberculeux qui venaient chercher le bon air frais et pur de la montagne. L’institut Pasteur y a d’ailleurs établi ses quartiers en 1935. L’église est encore en activité car le Vietnam compte environ huit pour cent de catholiques. C’est un chiffre qui peut paraître dérisoire mais avec la diversité religieuse dans le pays, un bon nombre d’irréligieux ainsi qu’un parti communiste très réticent aux diverses pratiques spirituelles, huit pour cent représente une honorable minorité. Malheureusement, nous n’avons pas pu approcher de la cathédrale car Madame s’offre une cure de jouvence pour les cent ans qu’elle fêtera en 2020. A cet âge là, on ne se refuse rien!

Cong Vien Hoa

Contrairement à ce à quoi nous nous attendions, il n’est pas si facile de trouver de la verdure à Dalat qui est beaucoup trop bétonnée. Heureusement qu’il existe ce petit parc à proximité du lac. Une grande diversité de fleurs a l’air de se plaire dans ce climat tempéré, plus que nous! C’est un patchwork de couleurs magnifiques qui nous fait oublier quelques instants le brouhaha de la ville.

Le véritable attrait de Dalat!

La première idée qui est venue à l’esprit des Français dès leur arrivée en Indochine, c’est de produire du vin! Evidemment! En tant qu’amateurs de pinard, nous ne pouvons pas les blâmer, bien au contraire!  D’ailleurs c’est aussi un produit que nous recherchons en voyage, à condition qu’il soit produit sur place, comme c’est le cas ici.

Cultiver du vin au Vietnam fut plus difficile que prévu! Les Français ont vite dû se rendre à l’évidence que la mousson allait rendre toute viticulture impossible à cause de l’air trop humide. Mais comme un Français qui se respecte ne peut pas vivre sans son verre de vin, il fallait bien trouver une solution. Lors de la fondation de Dalat, les colons ont essayé de planter quelques ceps mais le climat est trop frais pour la maturation du raisin. (Vous voyez qu’il fait vraiment froid, même le raisin ne pousse pas!) Le miracle se produisit à une petite centaine de kilomètres de là, dans la région de Ninh Tuan, plus proche du littoral, où la vigne se plait bien. L’appellation  Dalat est néanmoins utilisée, car plus connue et à l’époque, beaucoup plus chic. Pour le vin rouge, les cépages sélectionnés sont le Cardinal et la Syrah, pour le vin blanc, le Sauvignon blanc. Nous nous sommes bien sûr sacrifiés pour tester ces nectars, juste dans le but de vous informer, évidemment! Le vin rouge est, à notre goût trop léger, mais il n’en est pas mauvais pour autant. Le vin blanc a notre préférence car il est bien fruité. Sur tous les vins tropicaux que nous avons goûtés jusqu’à présent, en Birmanie et à Bali notamment, le vin vietnamien est, à notre avis, celui qui se défend le mieux.

Dalat ne nous a pas vraiment enchantés. C’est une grande ville polluée au trafic infernal et qui est très bruyante. Ce n’est pas vraiment ce que nous attendons d’un séjour à la montagne. Nous pensions que Mui Ne allait nous décevoir, finalement c’est Dalat qui l’a fait. Mais nous commençons gentiment à comprendre que le Vietnam n’est pas là où on l’attend et qu’il aime bien brouiller les cartes. C’est en tout cas notre impression!

Nous aurions pu prendre un scooter pour explorer les beaux paysages des environs mais nous n’avions pas envie de nous les geler et encore moins d’affronter les autres automobilistes et scootéristes de Dalat. Et nous sommes encore un peu refroidis par notre chute à Hpa An.

Nous allons donc redescendre sur le littoral où la température sera, à nos yeux, bien plus clémente et nous profiterons encore un peu de la playa avant de retourner affronter l’enfer de la ville à Hô Chi Minh Ville.