San Agustín, ses trésors précolombiens et sa nature luxuriante

Pour partir de Popayán, il y a une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne c’est qu’il y a la possibilité de changer de vallée, ce qui nous dispense de repasser par Cali. La mauvaise, c’est que c’est une petite route de montagne, en partie non asphaltée, qui passe par un col à plus de 3200 mètres d’altitude et qui n’est desservie que par des minibus. Là, notre oreille interne se réveille et se met en mode « Même pas en rêve! » Mais nous décidons de ne pas l’écouter, de n’en faire qu’à notre tête et nous tentons quand même le coup.

Au terminal des bus, c’est un minibus flambant neuf et super confortable qui nous attend. De quoi nous rassurer jusqu’à ce que nous lisions la notice nous priant de demander des sacs à vomi en cas de mal des transports. Là, notre oreille interne se fâche en mode « Je vous l’avais bien dit bande d’inconscients! » puis se met à bouder nous laissant finalement tranquilles pendant tout le trajet. Il faut dire que nous avons tellement été subjugués par le paysage défilant sous nos yeux que nous n’avons pas eu le temps de nous sentir mal.

NB : Si vous voulez voir à quoi ressemble le paysage le long de la route, nous avons monté un petit réel sur notre page Instagram qui vous en donne un petit aperçu.

La destination finale de notre minibus est Pitalito. La nôtre, c’est San Agustín, un petit village perché plus haut dans la vallée. Mais pas de problème, à la bifurcation des deux routes, un système de taxi est organisé pour les passagers se rendant à San Agustín et c’est compris dans le billet de bus qui coûte 55’000 COP par personne (11,80€ ou 11,05 CHF) Du coup, nous avons été déposés directement devant notre logement et c’est super appréciable!

San Agustín

San Agustín est une petite ville de montagne perchée à 1730 mètres d’altitude entre les sommets verdoyants de la cordillère centrale des Andes. Malgré l’attrait un peu touristique, elle a gardé son âme montagnarde et paysanne. Elle vit principalement des cultures du café et de la canne à sucre. Touristiquement, elle est connue pour ses sites archéologiques datant de 3300 avant notre ère appartenant à la civilisation dite de San Agustín. Avec un nom pareil, très chrétien et hispanique, vous vous doutez bien que ce sont les conquistadors espagnols qui l’ont affublée de ce sobriquet. Mais comme les archéologues n’ont encore aucune idée de son « vrai nom », on continue à l’appeler civilisation de San Agustín.

Après une très blanche Popayán, nous sommes conquis par toutes les couleurs qu’on peut trouver sur les façades des maisons au centre-ville.

Comme toute ville latino-américaine qui se respecte, San Agustín possède son « Parque Central » et sa cathédrale. Mention spéciale pour la maison du curé qui jouxte l’église et qui, avec ses balcons en bois, est juste superbe! Il y a, évidemment, les fameuses lettres où les touristes viennent se prendre en photo. En plus, le nom est trop long! Toutes les lettres ne rentrent pas sur une seule photo! Par contre, elle ont été dessinées sur le modèle précolombien de la région et c’est plutôt original et joli.

Mais San Agustín est surtout très intéressante pour tout ce qui se trouve en dehors de la ville. Elle possède des trésors naturels et archéologiques assez exceptionnels.

NB : Toutes les activités que nous avons effectuées, nous les avons faites en autonomie en partant à pied depuis le centre ville. Si vous ne voulez ou ne pouvez pas marcher, il y a la possibilité de prendre un taxi, une moto-taxi, d’effectuer des balades à cheval ou carrément de contracter des tours. L’office du tourisme ou même votre logement peuvent vous organiser tout ça.

Sentier Masaya

Pour y accéder, il faut prendre la route qui grimpe au nord de San Agustín et après un bon kilomètre, il y a la bifurcation pour le sentier. Tout est super bien indiqué! Attention, ça descend à pic et c’est à flanc de côteau! Mieux vaut s’abstenir si vous avez le vertige! Le sentier descend jusqu’aux rives du Rio Magdalena tout en bas dans la vallée. Nous n’avons pas été jusqu’au bout à cause d’une météo incertaine mais nous avons quand même profité d’une petite balade en forêt et de la superbe vue sur les montagnes verdoyantes des Andes.

Nous avons quand même eu droit à une vue époustouflante sur le canyon du Rio Magdalena qui, avec ses 1540 kilomètres, est le fleuve le plus long du pays. Ici, à San Agustín, nous sommes presque à sa source et il va se jeter dans la mer des Caraïbes. Nous aurons donc sûrement l’occasion de le recroiser durant notre périple colombien.

La Chaquira

Pour y accéder, c’est la même route que pour Masaya sauf que le sentier commence quelques centaines de mètres plus loin. Tout y est également super bien indiqué et, en cas de doute, la population locale vous indiquera le chemin même si vous n’avez rien demandé! Mais c’est fait avec tellement de gentillesse et de bienveillance qu’on veut bien se faire guider même si nous savons parfaitement où nous diriger. Le chemin est assez facile mais il alterne de grosses montées avec des descentes bien raides, de quoi bien nous casser les jambes.

Après quatre kilomètres, nous arrivons enfin au site de la Chaquira. Mais nous ne sommes pas au bout de nos peines, il faut encore descendre 162 marches pour arriver à notre but final. Ce qui nous attend c’est un amas de pierres gravées avec de magnifiques pétroglyphes datant de l’ère précolombienne. Le lieu servait probablement d’observatoire astronomique dans le but d’observer le soleil afin d’établir un calendrier agricole.

Par contre, nous avons dû, par inadvertance, faire un geste ou dire quelque-chose qu’il ne fallait pas car, pile au moment ou nous posions le pied sur la dernière marche, il a commencé à pleuvoir. Nous avons sûrement dû invoquer la colère des dieux qui se sont vengés en nous arrosant copieusement! Heureusement, nous étions équipés et n’avons pas trop été trempés, la pluie ne durant jamais trop longtemps sous ces latitudes.

En bas des marches, il y a une petite plateforme avec une superbe vue sur le canyon du Rio Madgalena et sur les différentes cascades qui découpent les flancs des montagnes au milieu de la végétation tropicale bien verte et luxuriante.

NB : l’entrée au site est gratuite. Si vous voulez quand même laisser quelque-chose à la communauté indigène qui s’occupe du lieu, vous pouvez acheter des boissons ou de l’artisanat à l’entrée. Les prix ne sont pas surfaits.

Cascade El Cinco

A la base, nous étions partis pour une petite promenade de santé pour nous « reposer » de nos deux marches du jour précédent. Au départ, c’était le cas! Nous sommes partis, cette fois-ci, dans le bas du village en direction du sud-ouest sur une route non asphaltée mais carrossable. Facile, n’est-ce pas? Oui mais ça c’était avant de voir les panneaux qui nous ont indiqué la direction d’une cascade que notre curiosité naturelle nous a poussé à aller voir! Après cinq kilomètres de balade tranquille, nous sommes arrivés à l’entrée du site de la cascade. Nous nous enfonçons donc dans la forêt et, là, ça se corse! Le chemin est un peu scabreux, un peu glissant à cause des pluies de la veille et il faut traverser les cours d’eau sur des ponts de fortune! De bonnes chaussures de marches sont indispensables pour accéder à la cascade!

L’entrée du site coûte 5000 COP par personne (1,05€ ou 1 CHF). Cet argent va directement à la petite communauté indigène qui s’occupe du site. Ils sont plutôt sympas les gars, ils vous encaissent le prix d’entrée au pied de la cascade, une fois que vous avez passé la partie la plus difficile du chemin. Comme ça, si vous changez d’avis pour cause de vertige ou autre, vous n’avez pas payé d’entrée pour rien! Malgré sa difficulté, le sentier vaut la peine pour toute la faune et la flore qu’on peut y découvrir.

La rencontre trop mignonne du jour

Depuis que nous sommes arrivée en Colombie (et même au Panama!), nous croisons une faune exceptionnelle, principalement des papillons et des oiseaux. La Colombie peut se targuer d’avoir la plus grande biodiversité au monde en ce qui concerne les oiseaux! C’est vrai que nous en avons déjà aperçus des centaines de plusieurs espèces différentes, tous plus beaux les uns que les autres. Malheureusement, ce sont des animaux qui ont la bougeotte et qui se ne se laissent pas trop prendre dans notre objectif.

Mais parfois, il arrive que certains spécimens se laissent quand même prendre en photo, même si c’est de loin. C’est le cas de ce magnifique « gallo de roca » (coq de roche en français) mâle qui est un oiseau assez courant dans toutes les Andes tropicales.

NB : la photo ci-dessous a été recadrée d’où une qualité un peu douteuse. Sorry!

Après toutes ces (belles!) péripéties, nous arrivons enfin au pied de la cascade El Cinco. Certes, ce n’est pas Iguazu, Chiflon ou encore le Rio Celeste mais nous étions seuls au monde dans cet environnement extraordinaire et ça, ça n’a pas de prix. Par seuls au monde nous sous-entendons bien évidemment sans humains, car nous étions loin d’être les seuls êtres vivants dans cette forêt. Il est possible de se baigner au pied de la cascade mais nous n’avions pas nos affaires de bain puisque, rappelez-vous, nous étions censés juste nous balader un peu à la base.

La cascade se dresse sur trois niveaux et il est possible de l’observer sous toutes les coutures grâce à un sentier latéral qui la longe de bas en haut.

Nous continuons notre balade qui n’en est plus trop une par le haut, en passant par les cultures où nous avons une vue sur un autre versant de la cordillère centrale des Andes. Attention, la grimpette est assez conséquente est ça peut être en plein cagnard en cas de beau temps! Une casquette n’est pas de trop! Nous terminons à l’entrée du parque arqueológico où nous avons l’espoir d’attraper le collectivo (sorte de minibus) qui nous ramènera au centre. Manque de bol, nous l’avons loupé pour quelques petites minutes! Nous avons donc dû finir les trois derniers kilomètres à pied. Une petite promenade de santé qu’on disait!

Et devinez ce qu’on y cultive?

Parque arqueológico San Agustín

C’est le gros highlight de San Agustín! Le parc archéologique est en fait une énorme nécropole, une des plus grande de l’Amérique précolombienne, datant de l’époque archaïque (3000 à 1000 avant notre ère) jusqu’à l’époque dite récente (du IXe siècle à la conquête espagnole). Il se trouve à trois kilomètres à l’ouest du centre de San Agustín. Il est possible d’y aller à pied, c’est facile, au bord de la route et ça ne grimpe pas trop. Si vous avez de la chance, comme ce fut notre cas, vous pouvez choper le collectivo qui vous mènera à l’entrée du site pour la modique somme de 2000 COP (0,45€ ou 0,40 CHF).

Mode super timing on : Une fois n’est pas coutume, nous étions dans un timing pratiquement parfait puisque nous étions sur place le dernier vendredi du mois, jour où l’entrée au parc est gratuite! En vrai, nous avons un peu forcé la chance et prolongé notre séjour d’un jour pour que ça marche mais c’est sûrement quelque-chose que nous aurions de toute façon fait en temps normal tellement le coin est incroyable. Sinon, l’entrée du parc coûte 65’000 COP pour les étrangers soit 13, 90 euros ou 13 francs suisses. Nous ne savons pas si ça les vaut mais ça reste le prix moyen d’un site archéologique. Enfin, sachez que le site est fermé le mardi, ce qui signifie que beaucoup de restaurants, de cafés ou de boutiques en villes sont également fermés.

Bosque de las Estatuas

Il y a un petit musée à l’entrée qui expose quelques pièces trouvées sur le site comme des amphores ressemblant fortement à celles que fabriquaient les Romains en Europe à la même époque. Mais les photos étaient interdites à l’intérieur. Commençons donc par le vif du sujet en empruntant le chemin de la forêt des statues. Comme son nom l’indique, c’est une forêt! Mais pas de panique le chemin est super facile. Il est bordé de trente-cinq statues funéraires datant des différentes époques de la culture de San Agustín. Toutes ne sont pas dans le même état de conservation : certains stèles sont bien érodées par le temps tandis que d’autres conservent superbement leurs gravures. Nous trouvons leur design assez rigolo, on dirait des dessins d’enfants.

Les mesitas

Une mesita c’est une clairière. Il y en a trois dans le parc. Seuls les puissants et les nobles avaient le droit d’être enterrés dans ces mesitas. Là, on se rend bien plus compte du caractère funéraire du lieu avec des dizaines de tombes qui ont été excavées. Certaines possèdent encore leurs statues qui sont beaucoup plus grandes que dans le bosque. On voit qu’on avait affaire à de gens importants par ici!

Fuente de Lavapatas

Cette fontaine est un système de canaux sur des pierres gravées avec des figures humaines ou animales. On ne voit plus trop les gravures à cause de l’érosion de la pierre par l’eau. Elle date de l’époque classique (Ier au IXe siècle) et servait de lieu de rituel pour les funérailles. Ce que nous voyons aujourd’hui n’est qu’environ un tiers de toute la fontaine, le reste est resté enfoui sous la végétation.

Alto de Lavapatas

Littéralement, ça signifie le « haut de Lavapatas » et ce n’est pas un mensonge. Depuis la fontaine, il y a une bonne grimpette pour y arriver, et c’est à découvert, donc il n’y a pas beaucoup d’ombre! C’est la nécropole la plus importante du site puisque c’est ici que reposaient les rois et autres figures importantes de la région. Les statues sont y sont également les plus grandes et sont même plutôt de forme phallique.

La récompense de notre grimpette reste quand même la vue sur la cordillère centrale des Andes. Et nous avons eu du bol avec la météo avec une splendide journée ensoleillée!

Nous avons eu un véritable coup de cœur (encore un!) pour San Agustín. Nous avons particulièrement apprécié l’accès facile à la nature pour y faire quelques randonnées. Les Andes nous impressionnent toujours par leur végétation qui recouvrent les montagnes jusqu’à leur sommet même à très haute altitude. Comme nos Alpes nous paraissent grises à côté!

Nous avons quitté la ville avec pas mal de courbatures dans les jambes mais nous avons été ravis et impressionnés par tout ce que nous avons vu, que ce soit au niveau culturel, naturel et surtout aviaire. Le sud de la Colombie nous aura enchantés avec ses paysages, sa culture et sa douceur de vivre. Espérons que la suite sera aussi prometteuse!

Anamur et ses sites archéologiques

Comme nous vous l’avions annoncé dans notre précédent article, notre retour en Europe commence par un crochet par la Turquie car c’était un énorme coup de cœur et parce que nous avions envie d’y repasser encore un peu de temps. Retourner au sud à été motivé par les conditions météorologiques et par la logique de l’itinéraire pour rentrer en Espagne par voie terrestre. C’est pour ça que nous avons atterri à Antalya. Mais notre curiosité maladive nous a motivés à aller voir d’abord un peu plus à l’est avant de prendre la route du retour en Occident.

Gazipaşa

Nous faisons un premier petit arrêt à Gazipaşa située à environ cinquante kilomètres à l’est d’Alanya. La ville en elle-même n’a pas grand chose à offrir et elle n’est même pas tournée vers la mer! Elle est entourée d’un horrible océan de plastique constitué de serres en tout genre. Construite sur une étroite bande côtière au pied des Monts Taurus, elle ressemble à une ville de la plaine du Rhône, impression renforcée en cette saison avec la neige qui recouvre le sommet des montagnes.

Selinus

Si nous nous sommes arrêtés à Gazipaşa, c’est pour une première mise en jambe sur le site de l’ancienne Selinus. C’était une cité grecque fondée par les Phéniciens au VIe siècle avant Jésus-Christ dont il reste quelques ruines aujourd’hui notamment la forteresse sur une colline dominant la ville. Certes, les remparts ne sont pas aussi impressionnants qu’à Alanya, qui est vraiment un site de ouf, mais la petite montée est assez sympa. Selinus est connu pour être le lieu où est mort l’empereur romain Trajan qui, pour la petite histoire, est né à Italica, l’actuelle Santiponce près de Séville dans notre belle Andalousie. Nous avons donc visité son lieu de naissance ainsi que son lieu de décès.

Evidemment, au sommet il y a une superbe vue sur la plage, sur les monts Taurus et sur la mer Méditerranée qui ressemble toujours autant à un lac paisible.

Anamur

Nous continuons toujours notre périple vers l’est via une route vraiment pittoresque à flanc de coteau surplombant la mer Méditerranée et les plantations de bananes. (Ces paysages sont sur nos stories instagram) Malheureusement, la région a connu un épisode de gel il y a quelques semaines et les bananiers ont bien morflé et ont perdu leurs superbes feuilles vertes. Malgré cela, le paysage nous laisse bouche-bée même si notre oreille interne n’apprécie que moyennement tous ces virages. Nous comprenons mieux maintenant pourquoi la route principale Adana – Antalya passe par Konya.

Anamur se situe dans une cuvette au pied des monts Taurus. C’est le seul endroit plus ou moins plat à cent kilomètres à la ronde! La ville en elle-même n’est pas terrible mais elle possède quand même une petite plage, un peu tristounette en hiver, mais sûrement sympa en saison. Il y a un petit parc qui longe la plage en l’honneur de l’amitié entre la Turquie et la République Turque de Chypre du Nord. Non, ne cherchez pas, ce pays n’existe pas! Il n’est reconnu que par la Turquie. C’est la partie nord de l’île de Chypre, distante de seulement 64 kilomètres d’Anamur, qui a été envahie par la Turquie en 1974 et qui l’occupe encore actuellement militairement et qui crée un monstre bordel politique autant à Chypre que dans l’Union Européenne.

Anemurium

Ce site archéologique se situe à douze kilomètres à l’ouest d’Anamur dans la petite localité d’Ören. Il y a un dolmuş (un minibus qui assure le transport urbain) qui s’arrête à un petit kilomètre du site mais quand le chauffeur a su que nous allions à Anemurium, il a fait le détour pour nous déposer à l’entrée du site. Encore une fois, la gentillesse turque n’est plus à démontrer.

Anemurium était une ville fondée par les Grecs au Ier siècle avant Jésus-Christ pour devenir ensuite une ville importante de la province romaine de Cilicie située au sud-est de l’Anatolie. Le site archéologique est énorme, ce qui démontre bien la grandeur de la ville à l’époque. Nous sommes assez étonnés par le nombre de murs qui sont restés debout. Toutes ces ruines ne sont pas sans nous rappeler Kayaköy, le village fantôme de la voie lycienne en dessus d’Öludeniz même si ça ne date pas du tout de la même époque!

Il y a tout ce dont avait besoin d’une ville de cette envergure : un aqueduc, des églises, un théâtre, les petits bains, les grands bains, les bains centraux et les bains publics. Il n’y avait vraisemblablement pas de problème d’hygiène à Anemurium!

Le site est surplombé par une acropole qui signifie ville haute en grec (acro = haut et polis = ville) entourée de remparts. La forteresse est inaccessible sinon nous aurions évidemment effectué la petite grimpette!

Fun fact : le promontoire sur lequel se situe l’acropole est le point le plus au sud de l’Anatolie, appelée Asie Mineure du temps des Romains. Pas de Turquie, car la province d’Hatay, en Méditerranée Orientale, est plus méridionale mais d’Anatolie qui est la péninsule entre le Bosphore, la mer Méditerranée, la mer Egée, la mer de Marmara et la mer Noire. Pour nous, qui sommes passionnés de géographie, cette info a toute son importance et nous sommes contents d’avoir pu voir encore un point géographique intéressant.

La nécropole

Le truc impressionnant d’Amenurium, c’est que la nécropole s’étend sur presque la moitié de la superficie du site! Elle possède sa propre église dont les arcades sont superbement conservées. On peut y deviner différentes époques et différentes cultures car on y trouve des tombes directement creusées dans la roche ou des tombeaux dont certains sont très similaires à ceux que nous avons vu le long de la voie lycienne.

Côté mer

Anemurum était également un port important et la ville était donc tournée sur la mer. Malgré une météo un peu capricieuse et une mer complètement déchaînée, l’eau a une couleur incroyable et fait du site un vrai Tulum sur Méditerranée!

Mamure Kalesi

La forteresse se situe à six petits kilomètres à l’est du centre d’Anamur, elle est donc facilement accessible à pied. On y accède tout simplement par une superbe plage sauvage qui, en cette saison, s’apparente plus à la mer du Nord qu’à la Méditerranée.

L’emplacement idéal sur un petit promontoire rocheux avait déjà séduit les Romains puisqu’ils y construisirent un petit château au IVe siècle afin de se protéger des pirates. La forteresse actuelle a été construite au IXe siècle par les souverains du Royaume Arménien de Cilicie appelé ainsi car composé de réfugiés arméniens. Il a été agrandi au XIIIe siècle par les Seldjoukides puis par les Karamanides (en gros, des montagnards turkmènes). En 1469, les Ottomans annexèrent la région à leur vaste empire et modifièrent plusieurs fois le château pendant leur règne. Durant toute son histoire, le site avait un usage, bien sûr, défensif mais servait également de caravansérail.

Aujourd’hui, le château occupe un espace de 23500 mètres carrés et possède encore 39 tours et bastions reliés entre eux par d’immenses remparts. Nous en avons vu des châteaux mais celui-là restera un des plus impressionnants. Même notre magnifique château de Chillon sur le lac Léman n’est pas aussi pittoresque que celui-là!

Manque de bol, l’intérieur de la forteresse était fermée lors de notre passage. C’est vrai, rien que l’extérieur justifie amplement une visite. Nous avons quand même réussi à jeter un petit coup d’œil à la cour intérieure depuis les grillages.

La météo n’a pas été vraiment de la partie pour notre visite à Anamur, et encore, nous avons eu du bol, nous étions bien à l’abri quand un violent orage de grêle s’est abattu sur nous, mais nous avons quand même bien kiffé notre passage dans ce coin somme toute assez méconnu du sud de la Turquie.

Randonnées et découvertes sur la voie lycienne : de Fethiye à Demre

Pour une raison qui nous échappe, parcourir la côte lycienne en transports publics se fait plus facilement dans le sens ouest-est. Pas de bol, nous sommes du côté est. Depuis Antalya, nous prenons donc un bus qui nous emmène directement à Fethiye, du côté ouest donc. Par directement, nous entendons un bus qui passe « tout droit » dans les terres au lieu de suivre la côte qui s’avance sur plusieurs kilomètres en mer Méditerranée. Mais ce n’est pas si direct que ça, l’arrière-pays est très montagneux, nous roulons sur de petites routes de montagne et il nous faut franchir un col à plus de 1500 mètres d’altitude. Mais le paysage est pittoresque et nous ne voyons presque pas passer les quatre heures de trajet que nous avons mis pour parcourir les 192 kilomètres qui séparent les deux villes.

La côte lycienne, c’est quoi au juste?

C’est une côte de près de cinq cents kilomètres située en mer Méditerranée et en mer Egée. On doit son nom à la Lycie, une région antique de l’Anatolie. Les Lyciens étaient des pirates originaires de Crète qui se sont installés dans la région et se sont rarement assimilés aux grands empires qui dominaient le bassin méditerranéen dans l’Antiquité. Elle a ensuite été une province romaine de la Grèce Antique, puis byzantine avant de passer sous domination ottomane. Malgré les différentes dominations de l’histoire, les villages côtiers sont restés grecs orthodoxes jusqu’en 1923, date du Traité de Lausanne qui définit les frontières de la Turquie actuelle après la chute de l’empire ottoman suite à la Première Guerre Mondiale. Aujourd’hui, il reste pas mal de sites archéologiques de la Lycie et surtout, la voie lycienne, qui est un chemin de grande randonnée de plus de quatre cents kilomètres entre Antalya et Fethiye. Nous n’allons pas parcourir toute la voie à pied, nous ne sommes pas équipés pour de si grandes randonnées, mais nous allons quand même en découvrir quelques tronçons.

Fethiye

Fethiye sera donc notre point de départ de la côte lycienne. Elle se situe au bord de la mer Egée mais dans une baie bien profonde et montagneuse fermée par une île, nous avons plus l’impression d’être au bord d’un lac car nous n’apercevons pas du tout la ligne d’horizon typique des bords de mer. Le paysage nous rappelle d’ailleurs le Bouveret à l’extrémité est du lac Léman. La ville en elle-même n’est pas ouf, le bord de mer est rempli de yachts comme à St-Tropez. C’est la première fois depuis notre arrivée en Turquie qu’un lieu nous laisse un peu sur notre faim. Mais nous avons tellement vu des choses extraordinaires que quand c’est un peu moins bien, ça se remarque tout de suite.

Les tombeaux

Une fois n’est pas coutume, notre grimpette du jour ne nous emmène pas à un château mais à des tombeaux. Ces tombes lyciennes creusées dans la roche datent du IVe siècle et il y aurait même quelques lieutenants d’Alexandre le Grand qui y reposent.

Au sommet, il y a quand même une forteresse ou ce qu’il en reste. Elle date de l’époque des croisades et appartenait à l’Ordre des Chevaliers de Saint-Jean. Le site n’est pas sécurisé et il est strictement interdit de grimper sur le promontoire rocheux pour aller voir ça de plus près.

Ölüdeniz

Ölüdeniz se divise en deux parties : mer et montagne. Côté montagne, c’est un petit village perché à trois cents mètres d’altitude. Venant des Alpes, perché et trois cents mètres ça ne veut absolument rien dire mais dans le sud de la Turquie, ces trois cents petits mètres font la différence par rapport au littoral surtout que le relief est très escarpé. Le village en lui-même n’est pas fou et il est complètement dédié aux touristes anglais. Les prix sont affichés en pounds, les pubs anglais sont disséminés un peu partout dans la localité et, le pire du pire, la plupart des restaurants proposent de la gastronomie anglaise! WTF? C’est un énorme gâchis surtout que la cuisine turque est vraiment excellente! Malgré tout ses défauts, Ölüdeniz village est un point de départ idéal pour randonner sur la voie lycienne.

Côté mer, c’est tout autant touristique mais il y a le lagon bleu, appelé ainsi pour ses eaux calmes et cristallines, qui vaut le coup d’œil.

Nous avons préféré chausser nos baskets et parcourir une partie de la voie lycienne en dessus d’Ölüdeniz. Nous traversons une superbe forêt de pins dans une réserve naturelle à laquelle appartient également le lagon bleu. Nous avons vu une quantité incroyable d’oiseaux dont la plupart des espèces nous est inconnue. Ce sont sûrement des espèces endémiques de l’est méditerranéen. Le clou du spectacle est la vue incroyable depuis le chemin sur la mer Egée et ses côtes très découpées.

Kayaköy

La voie lycienne est plus qu’un chemin de grande randonnée. C’est une région chargée d’histoire de l’Antiquité à nos jours. Kayaköy en est un bel exemple. C’était un village grec appelé Livissi jusqu’à la chute de l’empire ottoman quand tous les grecs chrétiens furent expulsés d’Anatolie dans les années 1920. Le village a été ensuite partiellement repeuplé par les Turcs jusqu’en 1957 quand un séisme en détruisit une bonne partie impliquant l’abandon complet du village. Nous pensions juste trouver quelques ruines disséminées mais c’est un grand village qui s’offre à nous occupant deux flancs de montagnes. Il possédait même un petit château et une jolie église orthodoxe datant du XIXe siècle mais dont l’accès est interdit pour des raisons de sécurité. C’est un peu surréaliste de déambuler dans les anciennes ruelles de cette ville fantôme, nous avons un peu l’impression de débarquer après l’apocalypse.

Kaş

Nous continuons notre exploration de la côte par une superbe route surplombant la Méditerranée et ses îles pour enfin arriver à la petite ville de Kaş (à prononcer comme Cash). Le coin est dédié au tourisme mais à petite échelle, ce n’est pas trop gênant. A cause du relief très escarpé, il n’y a pas de longue plage de sable, ça élimine déjà le tourisme de masse balnéaire. Ici, les visiteurs viennent principalement pour la plongée et pour la randonnée. Il faut dire que le paysage de cette côte très montagneuse et très découpée est juste superbe. Cerise sur le gâteau, toute la zone autour de Kaş est classée réserve marine : la pêche y est interdite, les gros bateaux y sont interdits et la plongée y est autorisée mais à des conditions très strictes.

Théâtre Antiphellos

Il est même possible de trouver un peu de culture à Kaş, à juste cinq cents mètres en dehors de la ville. Cet amphithéâtre daterait du Ier siècle avant Jésus-Christ en pleine période grecque. Il a été restauré afin de pouvoir accueillir diverses représentations théâtrales. Le plus impressionnant est sa situation entre forêt de pins et une des baies de Kaş.

Big Pebble Beach

Il faut creuser un peu pour trouver cette petite merveille car elle se situe à un bon kilomètre du centre-ville de Kaş. Ce n’est pas la plage en elle-même qui est impressionnante car ce sont des galets, comme souvent dans la région, mais les falaises de calcaires qui se jettent dans une eau cristalline que ne renierait pas la mer des Caraïbes. Grâce à sa situation bien protégée dans la baie, la mer est très calme ce qui en fait un lieu idéal pour la pratique du paddle.

Nous profitons de notre passage à Kaş pour tester un autre tronçon de la voie lycienne. Le chemin est un peu scabreux par endroits, il faut escalader des rochers ou s’agripper à une corde. Nous, on adore ça mais nous comprenons aisément que ce n’est pas donné à tout le monde. L’environnement est assez sympa entre baies découpée, falaises de calcaires et forêts de pins. En chemin, nous pouvons observer quelques tombeaux lyciens dont certains sont creusés dans la roche.

Pour changer, nous sommes toujours autant fascinés par la vue qui s’offre à nous! Ce qui rend le chemin encore plus dangereux car comment se concentrer sur nos pas avec un panorama pareil!

Bilal’s Beach

Notre randonnée nous mène à Bilal’s Beach, perdue au fond d’une baie accessible seulement à pied ou par bateau. Une vraie ambiance paisible de bout du monde nous y attend même s’il y a quelques bungalows aménagés pour touristes en quête de calme. L’eau y est tellement claire que nous avons pu distinguer une riche faune marine juste en observant l’eau depuis un des pontons.

Demre

La ville de Demre est beaucoup moins pittoresque que Kaş et elle n’est pas du tout tournée sur la mer, pourtant toute proche. Elle est entourée d’un véritable océan de plastique, l’agriculture sous serre étant la principale ressource économique du coin. Et ça se ressent, la ville est un peu figée dans le temps, un peu conservatrice et il y a très peu de jeunes qui préfèrent émigrer dans la dynamique Antalya. Demre vaut quand même le détour pour ses sites aux alentours.

Demre Kuş Cenneti

Lors de notre arrivée sur Demre par la route, nous avons surplombé une belle zone humide typique de Méditerranée. Il nous fallait absolument aller voir ça de plus près. Le Kuş Cenneti (paradis des oiseaux en turc) se trouve à trois petits kilomètres du centre de Demre et y accéder est très facile, c’est tout plat (pour une fois!) et sur des routes peu fréquentées.

Dans cet Albufera turc, on y compte jusqu’à 149 espèces d’oiseaux. Nous en avons aperçus plusieurs dont des flamands roses, des ibis, des grues et des martins-pêcheurs. Le paysage côtier est complètement différent du reste de la côte lycienne. Le relief y est tout autant découpé mais les montagnes ne se jettent pas directement dans la mer. Il y a une belle zone de lagunes et d’étangs entre les deux.

Andriake

Dans cette superbe zone humide se trouvent les ruines de la cité d’Andriake qui était le port de la ville antique de Myra (Demre à l’époque de la civilisation lycienne) On peut y reconnaître l’agora (l’équivalent grec du forum romain), deux églises et des bains thermaux. Le site n’est pas d’une conservation remarquable mais l’environnement compense totalement cet état de fait.

Myra

Un peu en dehors au nord de Demre, se trouve le site de l’ancienne cité de Myra dont il reste principalement le théâtre et la nécropole. C’était une ville importante autant à l’ère lycienne qu’à l’époque romaine. Le théâtre a été construit par les Grecs, il reste d’ailleurs encore des inscriptions en grec ainsi que des masques de tragédie grecque gravés dans le marbre, mais il a été détruit par un tremblement de terre en l’an 141. Les Romains en construisirent un plus grand sur les ruines de l’ancien. Lors de notre visite, deux femmes ont entamé des chants lyriques afin de tester l’acoustique du lieu et nous avons été impressionnés par la qualité du son qui se répand dans chaque coin de l’édifice.

La nécropole

On date cette magnifique nécropole au Ve siècle avant Jésus-Christ. La plupart des tombes sont directement creusées dans la roche, une vraie prouesse pour l’époque! Les tombeaux étaient décorés par une représentation du défunt, de ses parents et de ses amis. Avec le relief méga accidenté, nous sommes assez scotché par la beauté et la finesse de cette architecture datant de plusieurs millénaires!

C’est avec Demre que se termine notre superbe boucle sur la côte lycienne qui nous a vraiment impressionnés par son paysage et son histoire. Notre coup de cœur a été pour la région de Kaş mais toute la côte mérite une visite. Et nous n’en avons vu qu’une petite partie!

Notre séjour en Turquie touchant gentiment à sa fin, nous retournerons ensuite sur Antalya puis sur Istanbul d’où nous nous envolerons vers de nouvelles aventures. Si tout se déroule comme prévu, ce sera le 3 novembre. Nous profiterons des quelques jours qui nous restent pour préparer la suite et notamment nous soumettre à un test PCR dont le résultat décidera si nous pourrons vraiment nous envoler vers d’autres cieux. Et évidemment, nous vous préparerons notre traditionnel bilan sur notre séjour dans ce magnifique pays.

Alanya, sa citadelle, ses environs et le site archéologique de Sidé

Nos aventures ferroviaires sont déjà terminées mais les trajets en bus sont tout autant confortables et le paysage depuis Konya est, encore une fois, pittoresque! Après cinq heures de voyage, une traversée des montagnes et un gain de plus de dix degrés, nous voici enfin sur la côte méditerranéenne pour notre plus grand bonheur!

Kleopatra Beach

Au premier abord, Alanya n’est qu’une quelconque station balnéaire avec ses alignées d’hôtels, de bars, de restaurants, de chaises longues et ses hordes de touristes russes. Mais elle se situe dans une baie protégée et pittoresque au pied des Monts Taurus

Il paraîtrait que la reine Cléopâtre herself est venue se baigner dans le coin d’où le nom de la plage. Elle a sûrement dû en profiter de se faire un gommage car le sable est vraiment grossier. En plus, le rivage est en pente, ce n’est pas vraiment idéal pour les longues promenades sur le sable que nous affectionnons tant. Par contre, l’eau est vraiment claire et la température est encore bien agréable pour la baignade, et c’est Van la Frileuse qui le dit! Et pour marcher, la municipalité a pensé à tout puisqu’elle a aménagé un long chemin piéton ainsi que des jardins en bord de mer, loin de la grande route et de son trafic.

La citadelle

Evidemment, nous ne nous sommes pas arrêtés à Alanya uniquement pour la playa, mais également pour sa culture. Et puis, ce n’est pas parce-que nous ne sommes plus en Espagne que nous devons renoncer à notre petite grimpette du jour! Mais pour ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas grimper la colline, pas de panique, il y a un télécabine qui vous emmène au sommet! Nous, nous préférons y monter à pied, pas pour des raisons de budget car le prix est encore relativement raisonnable pour ce genre d’attraction (20 TL la montée soit 1,90€ ou 2,05 CHF et 39 TL l’aller-retour soit 3,75€ ou 4 CHF), mais pour le plaisir de faire travailler nos gambettes. La citadelle culmine à 250 mètres et le chemin d’accès est assez facile. Nous marchons à l’ombre des maisons du quartier à flanc de côteau d’Alanya et ensuite dans une magnifique forêt de pins, ce n’est donc jamais en plein cagnard. Déjà, la vue sur la ville et sur Kleopatra Beach est époustouflante

Si nous faisons abstraction des boutiques de souvenirs, la forteresse au sommet vaut amplement l’effort fourni! La muraille date du XIIIe mesure près de sept kilomètres de long en épousant le relief très escarpé de la colline. Ils ont dû rigoler pour construire tout ça à l’époque! Alanya appartenait au sultanat de Roum, le même que celui des mausolées de Konya, dont la ville était un avant-poste sur la Méditerranée. A l’intérieur de la citadelle il y a, outre les fameuses boutiques, un petit musée, une mosquée, quelques cafés et surtout, une vue à couper le souffle! Avec le temps ensoleillé et splendide que nous avons, la Grande Bleue est vraiment super calme et ressemble à un vrai lac sans la moindre petite vaguelette!

Le port et la Tour Rouge

Nous décidons de descendre la colline par l’autre versant, c’est-à-dire à l’est et nous avons trop raison car ce côté-ci est encore plus pittoresque qu’à l’ouest! Nous nous rendons mieux compte de la longueur des fortifications et la vue sur le port et sur les Monts Taurus est vraiment incroyable. La tour au pied de la citadelle fait partie de l’ensemble défensif, elle est juste plus emblématique à cause de sa couleur rouge. Dans le port, nous apercevons de magnifiques galions reconstitués. Ils sont utilisés comme discothèques flottantes pour touristes en mal de divertissements mais nous les trouvons tout de même assez majestueux.

Dim çayi

Nous profitons d’une météo superbe pour nous éloigner un petit peu de la mer (mais pas trop, hein! Juste huit petits kilomètres!) afin de découvrir l’arrière pays et de faire quelques pas. Le Dim çayi est un barrage (oui, en anglais ça fait Dim Dam!) de 134 mètres de haut construit en 2008 sur la rivière Dim afin de fournir de l’électricité à toute la région d’Alanya. Le lac de retenue au sommet du barrage nous offre un paysage magnifique au milieu de montagnes verdoyantes. Malheureusement, toute l’étendue d’eau est entourée par un grillage pour éviter tout accident et les piétons doivent rester sur la route. Au pied du barrage, dans la rivière, se trouvent ce qu’on appellent des « Piknik restaurants » avec des tables basses et des petits fauteuils qui rappellent l’ambiance d’un pique-nique tout en se faisant servir comme dans un restaurant. Nous trouvons le concept un peu kitch mais pas totalement dénué d’intérêt.

Pour y accéder depuis le centre-ville, il suffit de prendre un dolmuz, ce qui signifie minibus en turc même si à Alanya, ça s’apparente plus à un bus urbain.

Sidé

Le système de transports public étant vraiment top et bien organisé en Turquie, nous parcourons les 64 kilomètres qui séparent Alanya de Sidé en dolmuz. Il faut juste effectuer un changement dans la petite ville de Manavgat.

Old town

Side possède un mini-centre historique même s’il a été bien « Disneylandisé » pour l’industrie touristique. Il est quand même tout mignon avec ses petites maisons ottomanes en bois même si les constructions nous rappelle un peu des chalets de montagnes. C’est fou, après des années à parcourir le monde et à prôner la tolérance et l’ouverture d’esprit, notre cerveau reste parfois tellement formaté pour certaines choses même si, ici, il ne s’agit que d’architecture. Elles ont bien le droit de profiter de la douceur méditerranéenne ces maisons-chalets, non mais! Une des particularité c’est que le sol d’une bonne partie du quartier est en verre afin de pouvoir observer les ruines de l’antique Sidé sous nos pieds.

Le site archéologique

Le site antique se situe sur un promontoire rocheux qui s’avance dans la mer Méditerranée. Ce ne sont pas les vestiges les mieux conservés que nous ayons vus mais le décor entre mer et champs d’oliviers vaut le coup d’œil. Se promener entre nature et vieilles pierres est bien agréable surtout que l’espace est grand, nous ne subissons jamais la foule. Quelques bas-reliefs sont encore visibles et nous pouvons en déduire qu’à Sidé, il y avait des sculpteurs hors pair!

On en sait très peu sur la fondation de la ville. On sait qu’elle prit de l’importance pendant l’empire achéménide, un empire perse qui couvrait tout le Golfe Persique ainsi que la Méditerranée orientale avant de se soumettre à Alexandre le Grand, donc à la Grèce antique en 333 avant Jésus-Christ. Elle déclina pendant l’Empire Romain avant de connaître un petit redressement à l’époque byzantine (V-VIe siècles). On y voit d’ailleurs les ruines des toutes premières basiliques chrétiennes. La cité a complètement été abandonnée pendant les raids arabes du VIIe siècle. Voilà pourquoi la conservation du site n’est pas optimale. Cependant, il y a encore des fouilles archéologiques en cours ainsi que des travaux de restauration sponsorisés par un gros complexe hôtelier du coin.

Temple d’Apollon

Le clou de la visite est le temple d’Apollon dont les vestiges dominent la mer Méditerranée. Il doit dater du règne d’Alexandre le Grand puisque, rappelons-le, Apollon faisait partie de la mythologie grecque. C’était le dieu des arts, du chant, de la musique, de la beauté masculine, de la poésie et de la lumière. Les habitants de Side devaient particulièrement aimer les arts s’ils lui ont dédié un temple dans le plus bel endroit de la ville! Athena (la déesse grecque de la guerre) devait également être appréciée puisque son temple y était construit à proximité mais il n’en reste presque plus rien aujourd’hui.

Autant Alanya que Sidé possèdent un musée archéologique. Ils ont l’air intéressant mais nous sommes tellement contents d’avoir du soleil et des températures estivales que nous n’avons pas vraiment envie de nous enfermer dans un musée!

Manavgat waterfalls

Vu que nous sommes dans le coin, nous profitons d’aller jeter un coup d’œil au cascades de Manavgat sur la rivière du même nom. Franchement, nous aurions pu nous en passer! Le coin a été aménagé rien que pour les touristes avec cafés et chaînes de fast-food à gogo et la cascade en elle-même n’est pas très impressionnante. Bon, il est vrai qu’après avoir vu Iguazu, il y a de quoi être blasé! C’est plutôt la clarté et la couleur de l’eau qui nous a fascinés.

Comme il n’y a que trois kilomètres jusqu’au centre ville de Manavgat, nous décidons de rentrer à pied plutôt que de reprendre le dolmuz. Nous longeons la rivière dans un endroit beaucoup plus sauvage. Nous sommes d’ailleurs seuls au monde. Si l’eau est vraiment belle, il est fortement déconseillé d’y nager, les courants sont vraiment forts et dangereux et accessoirement, l’eau est froide (Oui, Van a testé pour vous en y trempant sa main!) Nous marchons également à travers les champs d’oliviers et de grenadiers. Ces derniers regorgent de belle grenades mûrissant au soleil en cette saison.

Ce petit coin de Turquie nous aura donné de la nature, de la culture, de l’histoire, la mer, des températures estivales, des rencontres incroyables et des plats savoureux. Que demander de plus? Nous avons vraiment été enchantés par tout ce que nous avons vu, appris, ressenti ou goûté! Espérons que la suite nous donnera également quelques bonnes surprises….

Pour finir encore plus en beauté, voici un magnifique coucher de soleil sur la Méditerranée vu depuis Alanya!

Trujillo, Huanchaco et le site archéologique de Chan Chan

Rejoindre Trujillo depuis Lima c’est facile, c’est une nuit de bus sur la Panaméricaine. Pas de routes de montagnes avec des virages qui mettent notre oreille interne et notre estomac à rude épreuve à supporter!. Mais tout ne se passe pas sans heurts! Notre bus est tombé en panne en plein désert au milieu de la nuit. Pour Van, ce n’était pas si mal finalement. Qui dit bus en panne dit air conditionné en panne et avec la chaleur, Van la Frileuse est restée endormie du sommeil du juste pendant que le personnel s’affairait à nous trouver un bus de remplacement et que les autres passagers commençaient à s’agiter. Elle n’a juste pas tout compris quand Fab l’a réveillée à trois heures du matin pour prendre ses affaires et changer de véhicule. Le seul hic c’est que nous n’avons pas pu avertir notre hôte à Trujillo de nos quatre heures de retard et qu’il n’a pas pu nous attendre. Mais il avait tout prévu avec la voisine qui est venu nous ouvrir à notre arrivée. Ouf, tout est bien qui finit bien!

Trujillo

Fondée au XVIe siècle par l’Espagnol Diego de Almagro, Trujillo a été nommée en l’honneur de son compatriote, le grand conquistador Francisco Pizarro natif de la ville du même nom en Estrémadure, région occidentale d’Espagne. Elle a été plusieurs fois capitale du Pérou avant de définitivement céder sa place à Lima.

Aujourd’hui, il en reste un magnifique centre historique qui s’étend sur plus de 133 hectares avec ses ruelles en damiers chères aux conquistadors espagnols. Bien qu’elle porte le nom d’une ville du nord de l’Estrémadure, Trujillo possède plutôt une architecture coloniale d’inspiration andalouse. Ses petites maisonnettes basses aux façades très colorées nous rappellent plutôt certains centre historique mexicains, notamment Campeche.

Trujillo est surnommée la ville du printemps éternel. Il est vrai qu’avec un climat désertique, très ensoleillé mais atténué par le courant de Humboldt de l’océan Pacifique situé à quelques kilomètres, l’ambiance est très printanière!

Plaza de Armas

Nous sommes toujours au Pérou donc la place centrale s’appelle toujours Plaza de Armas. C’est l’endroit le plus ancien de la ville coloniale et date de 1534. A part au Mexique, c’est la place la plus colorée que nous n’ayons jamais vue. La cathédrale qui domine la place date, elle, du XVIIIe siècle et sa façade arbore une superbe couleur jaune qu’on trouve dans plusieurs villes d’origine espagnole dont le centre historique de Lima ou le pueblo magico d’Izamal. Elle est trop mignonne avec ses petites coupoles arrondies sur ses deux clochers!

C’est sur cette place qu’en 1820 eut lieu la proclamation d’indépendance de Trujillo vis à vis de la couronne castillane. Proclamation qui s’en est suivi d’autres dans diverses villes du pays. Le Pérou obtint finalement, par la force, son indépendance en 1821.

Aujourd’hui, c’est le lieu de diverses manifestations dont les plus importantes sont le Corpus Christi (la Fête-Dieu) en mai ou juin, la commémoration de la proclamation d’indépendance le 29 juillet ou encore le concours de sapins de Noël en décembre.

Chan Chan

Chan Chan est un site archéologique du royaume de Chimor qui date d’avant le royaume Inca. (VIIe et VIIIe siècles environ) Il est situé à quelques kilomètres de Trujillo sur la route en direction de l’océan Pacifique. Il suffit de prendre le petit bus urbain qui va à Huanchaco et demander au chauffeur : il vous arrêtera directement à l’entrée du site.

Chan Chan est une ancienne cité construite en adobe, la plus grande d’Amérique latine, une des plus grandes du monde (plus de vingt hectares et jusqu’à 30’000 habitants au temps de sa splendeur!) et une des rares aussi près de l’océan. D’ailleurs il y a de gros problèmes d’érosion dû au phénomène el Niño et aux pluies en découlant. Donc le site est en partie couvert de tôle pour essayer de le protéger au mieux. Les alentours désertiques et les constructions en brique sèche typique des climats arides nous donnent plus l’impression d’être en Egypte qu’au Pérou!

Le site n’est pas en super état. Outre l’aspect météorologique que nous avons cité plus haut, la ville a été entièrement pillée et mise à sac par les conquistadors espagnols à la recherche d’un trésor. Mais ils ne trouvèrent rien d’intéressant, ce qui ne les a pas empêcher de décimer la population locale. Le site a été inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO pour le protéger le mieux possible des aléas climatiques.

Huanchaco

Huanchaco est la station balnéaire rattachée à la municipalité de Trujillo. On y accède d’ailleurs avec le bus urbain. C’était une cité portuaire très importante durant les époques Chimu et Moche, des civilisations pré-Incas. Aujourd’hui, c’est une réserve mondiale du surf et elle accueille, à ce titre diverses compétitions mondiales renommées. C’est d’ailleurs la première ville latino américaine à avoir obtenu cette distinction! C’est le courant de Humboldt (encore lui!) qui apporte de belles vagues et qui permet la pratique de ce sport dans la région. Par contre, pour la baignade tranquille, ce n’est pas trop l’endroit idéal.

Une des particularité de Huanchaco, c’est le caballito : une embarcation de quatre ou cinq mètres de long avec une grande pointe à l’avant, fabriquée avec des feuilles de totora, une sorte de roseau local. Les Moches l’utilisaient pour la pêche il y a plus de trois mille ans déjà! Certains pêcheurs locaux perpétuent la tradition en utlisant ces caballitos. D’autres ont essayé de taquiner la vague avec, exactement comme avec une planche de surf, et, paraît-il, le résultat est assez concluant.

Après la trépidante Lima, il est agréable de goûter au calme d’une petite ville de province. Même si Trujillo reste la troisième ville du Pérou et compte plus d’un million d’habitants! Mais ça ne se ressent pas trop. Nous sommes également contents d’avoir retrouver un budget correct , les prix de la capitale étant plus élevés que la moyenne péruvienne. Nous continuons gentiment notre route en direction du Nord et sommes quand même étonnés de cette immense côte désertique qui semble ne pas vouloir finir. Certes, les paysages sont superbes mais la végétation luxuriante tropicale, voire même la végétation tout court, commence à nous manquer et il nous tarde gentiment de retrouver des climats tropicaux plus humides.