Notre remontée de l’Amérique Centrale du Panama au Chiapas.

Nous vous avions laissés au Panama et nous vous retrouvons près de 2800 kilomètres plus au nord au Mexique. Vous vous doutez bien que toute cette distance ne s’est pas faite en un claquement de doigts! Même si nous devons avouer que nous avons honteusement triché sur une bonne moitié du parcours. Nous nous sommes décidés à prendre l’avion entre San José et Guatemala City, surtout pour des raisons de coûts. Nous ne sommes pas super fiers mais nous avons un quand même un budget à tenir et rien que les frais de douane du Nicaragua nous ont payé une bonne partie de notre vol. L’autre raison de notre choix est notre manque de motivation à retraverser tout le Nicaragua, le Honduras, le Salvador et le Guatemala dans des Chicken bus hors d’âge, pas confortables pour un sou et également super polluants! Il y a même une troisième raison à ce choix, moins rationnelle que les deux autres, c’est notre envie de passer quelques temps au Mexique avant notre retour en Espagne. C’est un pays que nous adorons et qui a été un véritable coup de cœur à chacun de nos séjour.

Cahuita

Pour couper un peu le trajet depuis le Panama, nous nous sommes arrêtés à Cahuita sur la côte caribéenne sud du Costa Rica, à quelques encablures au nord de l’archipel de Bocas del Toro. C’est un petite station balnéaire à l’ambiance tranquille mais plus pour le surf que pour la baignade car les courants sont hyper forts. Mais le truc le plus fou c’est que Cahuita possède le seul parc national du pays où il n’y a pas besoin de vendre un rein pour pouvoir y accéder. Il suffit de faire une petite donation du montant de votre choix.

Nous avons eu de la chance de croiser des dizaines d’animaux que nous n’avons pas tous pu identifier mais parmi ceux que nous avons reconnus, il y avait des singes capucins, des bernard-l’hermite, une multitude d’oiseaux, des papillons, des crabes, des ratons-laveurs ainsi que divers poissons dans la mer.

Nous avons passé quelques jours bien sympas à Cahuita mais ça n’a pas vraiment changé notre avis très mitigé sur le Costa Rica. Nous n’y avons pas trouvé une âme à l’instar du reste du pays. Nous avons même préféré l’ambiance et la plage à Tamarindo, sur la côte Pacifique, malgré la présence bien plus importante de Gringos.

A notre arrivée au Guatemala, nous ne voulons pas vraiment rester dans la capitale et nous nous bougeons assez rapidement sur Antigua qui a été un de nos gros coups de cœur et une de nos villes coloniales préférées. Nous descendons ensuite sur Monterrico, une station balnéaire de la côte Pacifique. La plage n’est pas ouf, elle est en pente et les courants sont méga forts, même pour les surfeurs les plus aguerris. Mais le sable volcanique est noir comme du charbon et les vagues sont tellement impressionnantes et ça lui donne un certain charme finalement.

Monterrico est encore plus sympa quand on s’éloigne de la plage. Les habitants sont vraiment adorables, super tranquilles, il n’y a pas une cacophonie de reggaeton contrairement au bord de mer et il y a une super mangrove qui abrite une jolie colonie de loris.

Notre but pour rejoindre le Mexique était de prendre la route de la côte Pacifique jusqu’à la frontière. Mais une fois arrivés à Escuintla, la ville « carrefour » entre Antigua, la côte Pacifique, le Salvador et la route en direction du nord, on nous déconseille de l’emprunter car trop dangereuse. C’est la route principale pour le narcotrafic et c’est également celle empruntée par les migrants essayant de rejoindre les Etats-Unis. Tout ça génère pas mal de tensions dans la région qui parfois mènent à des règlements de comptes et des homicides. Nous décidons d’écouter les conseils sûrement avisés des locaux et jouons la prudence en empruntant la Panaméricaine. Le seul hic, c’est qu’elle passe en plein dans la cordillère et que nous devons faire une étape à Xela à plus de 2200 mètres d’altitude. Nous y arrivons sous un monstre orage avec nos tenues d’été que nous avions pour partir de la playa le matin même. Nous arrivons à notre logement complètement trempés et complètement gelés. Heureusement, il y a de l’eau chaude et nous pouvons profiter d’une bonne douche chaude bien méritée!

Le lendemain, un peu revigorés et par un temps bien plus sec que la veille, rebelote! Encore des kilomètres en Chicken bus sur des routes de montagnes pour perdre les deux mille mètres d’altitude que nous avions gagné la veille. Nous arrivons finalement dans la petite ville frontière de Tecun Uman, un coin vraiment tranquille où pullulent les bureaux de change. La douane se trouve à deux kilomètres du terminal de bus. Comme c’est une frontière un peu sensible, nous n’osons pas y aller à pied avec nos sacs de peur d’attirer l’attention. Nous négocions un pousse-pousse pour 20 quetzales (2,35€ ou 2,30CHF) qui nous a déposé juste devant le bureau de l’immigration.

La sortie du Guatemala n’est qu’une simple formalité. Par contre, pour le Mexique, nous n’avions pas du tout anticipé la taxe d’entrée. Il est vrai qu’en arrivant dans le pays par voie aérienne, elle est comprise dans le billet d’avion et passe complètement inaperçue. Il est possible d’y échapper si on reste moins de sept jours dans le pays. Sinon, elle coûte 680 pesos (35,60€ ou 34,70CHF) peu importe la durée du séjour, jusqu’à 180 jours. Comme nous restons 37 jours dans le pays, nous décidons de la payer et de ne pas jouer aux « visa run » car elle nous coûte moins d’un euro par jour par personne. A la douane, il faut remplir un formulaire, passer au guichet de banque payer la taxe (cartes de crédit acceptées) et faire tamponner le passeport.

Une fois côté mexicain, dans la petite ville frontière de Ciudad Hidalgo, nous prenons notre dernier collectivo de cette longue journée afin de passer une nuit dans la ville un peu plus grande de Tapachula afin de nous reposer un peu avant de continuer nos aventure. Finalement, nous devons y rester une journée de plus car notre bus pour Oaxaca est complet. Mais voir tous les migrants originaires pour la plupart de Cuba, d’Haïti ou du Honduras, errer comme une âme en peine en attendant un très hypothétique voyage vers le nord et les Etats-Unis, ça nous fait bien relativiser et prendre conscience de notre chance de pouvoir voyager librement avec notre passeport européen, de pouvoir prendre n’importe quel transport et de passer pratiquement n’importe quelle frontière quand ça nous chante.

Tuxtla Guttierez

Si vous êtes un peu calés en géographie, vous remarquerez que nous ne sommes finalement pas du tout partis en direction d’Oaxaca. Nous avons changé d’avis un peu à la dernière minute. Nous ne la sentions pas plus que ça de prendre le bus de nuit et nous nous sommes rendus compte qu’au Mexique il faut changer de mentalité par rapport aux « petits pays » d’Amérique Centrale. Le pays est énorme, presque deux millions de kilomètres carrés soit quatre fois l’Espagne! Il faut prendre en compte les distances entre les villes et le fait que nous n’avons pas un temps illimité puisque nous devons prendre notre vol de retour depuis Cancún dans un mois. Rien que le trajet Tapachula – Tuxtla fait plus de quatre cents kilomètres, le double de la traversée du Salvador, et nous n’avons même pas parcouru la moitié de l’état du Chiapas!

Tuxtla Guttierez est la capitale de l’état du Chiapas qui se situe tout au sud du Mexique et qui fait le lien entre l’Amérique du Nord, l’Amérique Centrale et la péninsule du Yucatán. La ville en elle-même n’est pas très intéressante mais c’est un point de passage obligé pour se rendre dans d’autres endroits de l’état. Elle possède tout de même de nombreux parcs, beaucoup de places avec de nombreux arbres, des musées, une vie culturelle très riche et des cafés ou restaurants super sympa.

Parque del Bicentenario

Jusqu’en 2021, ce parc un peu austère construit en 1941 s’appelait tout simplement « Parque de la Independencia » pour, évidemment, commémorer l’indépendance du Mexique vis à vis de la couronne espagnole. Il a changé de nom, comme vous vous en doutez sûrement, l’année du bicentenaire de l’indépendance. Cette place fait un peu trop soviétique à notre goût même si la colonne possède de jolis motifs rappelant les sites mayas.

Au sommet des escaliers, il y a normalement une jolie vue sur Tuxtla. Mais voilà, nous sommes en pleine saison du « haze », cette brume épaisse très humide et un peu suffocante qui diminue fortement la visibilité. Nous pensions que c’était un phénomène typiquement asiatique, nous en avons été victime à Hong Kong, mais apparemment l’Amérique le subit également. C’est dommage car la vue n’est pas trop mal sur les montagnes verdoyantes du Chiapas et sur la ville qui se pare de rouge grâce à toutes les fleurs des flamboyants qui déploient leur magnifique couleur écarlate.

Le jardin botanique

Ce n’est pas le jardin botanique le plus pittoresque que nous avons vu, mais il vaut quand même une petite visite. C’est un parc de 4,4 hectares ouvert en 1951 qui possède plus de 650 espèces végétales dont la plupart sont locales. Nous avons été d’abord surpris de ne pas voir beaucoup d’arbres d’autres continents comme c’est le cas dans la plupart des jardins botaniques mais, après avoir baroudé à pas mal d’endroits du monde, nous devons reconnaître qu’en termes de végétation et de forêts, l’Amérique c’est un peu le graal. Que ce soit en Amazonie, dans la jungle du Petén, à Palenque ou dans toute la cordillère de l’isthme panaméricain, ce continent nous offre les plus belles forêts du monde. Outre la végétation incroyable, le jardin est également un véritable sanctuaire à oiseaux en pleine ville. Nous en avons vu, et surtout entendu, des dizaines de ces petites (et moins petites!) bébêtes de plein d’espèces différentes.

Même si nous avons « triché » sur la moitié du parcours, cette remontée « rapide » de l’isthme panaméricain nous aura quand même pris presque trois semaines! La descente à un rythme normal et entièrement par voie terrestre nous avait pris plus de trois mois. Du vrai slow travel!

Si nous nous sommes arrêtés à Tuxtla, c’est pour consacrer une partie de notre temps au Chiapas. Nous en avons déjà visité une petite partie en 2018 et ça a été un véritable coup de cœur. Nous nous réjouissons d’en découvrir un peu plus avant de remonter sur la péninsule du Yucatan prendre notre vol de retour.

Bilan du Guatemala

C’est un nouveau voyage que nous avons entamé il y a un peu plus d’un mois mais nous gardons les vieilles habitudes, surtout quand il s’agit de notre traditionnel bilan!

Niveau sécurité

Avant de commencer notre bilan, nous allons faire un petit aparté concernant la sécurité. Le Guatemala a mauvaise réputation et beaucoup d’entre vous vous en êtes inquiétés. Ce n’est pas infondé, le pays, comme tout le reste de l’Amérique Centrale se trouve en plein sur la route du narcotrafic ainsi que sur la route migratoire en direction des Etats-Unis. En plus, le tourisme commence vraiment à se développer ce qui peut attirer quelques convoitises dans les couches plus modestes de la population. Mais pour être honnêtes, nous n’avons ressenti aucune insécurité lors de notre séjour, à part sur la route mais c’était plus à cause de chauffeurs un peu fous qu’à cause de la délinquance. Nous avons évité Guatemala City, la capitale qui est vraiment déconseillée et avons observé toutes les règles de prudence de base, les mêmes que nous observons partout ailleurs. Evidemment, une mauvaise expérience peut arriver mais, à notre avis, c’est plus la faute à « pas de chance » qu’à la dangerosité du Guatemala en tant que telle. En ce qui nous concerne, nous n’avons pas trouvé le pays dangereux et nous trouverions dommage que vous renonceriez à un tel voyage à cause de mises en garde un peu trop alarmistes.

Maintenant que vous êtes rassurés, nous pouvons passer à la partie bilan de notre article!

Les chiffres

Durée du séjour

21 jours, soit pile trois semaines. C’est, à notre avis, la durée minimum pour bien profiter de ce pays. Une semaine de plus ne serait même pas de trop.

Budget

8668 quetzales soit 1050€ ou 1045 CHF ce qui fait une moyenne journalière de 412,75 quetzales soit 49,90€ ou 49,65CHF. Ces chiffres comprennent les transports, les logements, la bouffe et les entrées à Tikal.

Nous ne pensions pas être si haut dans le budget. Certes, il y a l’inflation mais le Guatemala reste un pays cher. Nous avons trouvé surtout les transports hors de prix. Bon, il faut avouer que nous nous sommes un peu lâchés dans les cafés même si ce n’est pas le produit le plus onéreux du pays. Nous essaierons de faire mieux plus au sud.

Distance parcourue

1128 kilomètres d’El Ceibo (frontière Mexicaine), Flores, Tikal, Flores, Cobán, Quetzaltenango, San Pedro la Laguna, Panajachel, Antigua et Pedro de Alvarado (frontière salvadorienne). Le tout en shuttle bus, en colectivo (minibus), Chicken bus (les vieux bus scolaires américains) et même en lancha pour traverser le lac Atitlan entre San Pedro la Laguna et Panajachel, ce qui nous a fait économiser quelques heures, une bonne trentaine de kilomètres et une quantité de virages.

Départements traversés.

Onze. Petén, Alta Verapaz, Quiché, Totonicapan, Quetzaltenango, Solola, Chimaltenango, Sacatapéquez, Escuintla, Santa Rosa et Jutiapa. Sachant que le Guatemala compte 22 départements, nous en avons traversé pile la moitié!

Sites inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO

Deux. la cité maya de Tikal et le centre historique d’Antigua Guatemala. Pour la petite anecdote, la cité de Tikal est le tout premier site de l’histoire à avoir été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1979.

Extrêmes d’altitude

113 mètres à Flores au bord du lac Petén Itza et 2650 mètres au sommet du cerro El Baúl en dessus de Quetzaltenango. Nous n’avons finalement pas escaladé de volcan, donc nous n’avons pas dépassé les 3000 mètres, par contre, les deux tiers de notre séjour se sont passés à plus de 1500 mètres. Des altitudes plutôt normales pour l’Amérique Centrale qui est loin d’être plate mais qui n’a pas des sommets vertigineux comme les Andes plus au sud.

Extrêmes de températures.

34 degrés à Flores et Tikal dans l’humidité de la jungle et 16 petits degrés sous la pluie à Cobán. A Quetzaltenango, durant la nuit, la température est tombée à 2 degrés (gla, gla!) mais il faisait bien 25-26 degrés en journée. Vu la latitude et l’altitude des différents endroits visités, nous avons eu des températures tout à fait normales.. Nous avons juste eu trop de pluie pour la saison dans la jungle du Petén.

Litres de café ingurgités

Pas plus qu’à la maison finalement. Nous sommes des amateurs de café sans être de gros buveurs accros à la caféine. Nous avons juste profité que ce soit un produit local, accessible et délicieux. Nous avons quand même parfois dû nous faire violence pour ne pas rentrer dans tous les cafés sympas que nous rencontrions sur notre route.

Coups de gueule / Coups de cœur

Comme le Guatemala ne nous a pas laissés indifférents, nous allons vous faire par de tout ce que nous avons aimé, ou pas. Bien entendu, nous finirons par le positif, comme toujours!

Pas top

La pollution dans les villes de montagne

L’Ouest du Guatemala est constitué d’une grande chaîne de volcans avec des hauts plateaux. Les différentes civilisations mayas, puis les Espagnols, ont profité du terrain plat et de la terre volcanique super fertile pour y construire des villes. Jusque là, rien de bizarre. Mais le XXe siècle a fini par arriver et avec lui, le développement de l’automobile. Déjà, les ruelles datant pour la plupart du XVIIIe siècle ne sont pas adaptées du tout au trafic moderne. Ensuite, comme elles sont entourées de montagnes, ces villes forment une véritable cuvette qui empêche la pollution de s’évaporer. Cobán, Quetzaltenango et, dans une moindre mesure, Antigua sont presque aussi invivables que le Caire et nos bronches en ont pas mal souffert. Nous avons essayé d’expliquer à certaines personnes au détour d’une discussion le concept de zones piétonnes comme nous en avons en Europe mais il est impensable pour un Américain moyen de se passer de sa voiture ne serait-ce que pour quelques mètres! C’est dommage car les villes sont sympas avec leur patrimoine colonial, leur marché et leurs cafés branchés.

Le manque d’âme autour du lac Atitlan

C’est notre seule déception du Guatemala. Nous ne savons pas si c’est parce que nous en attendions trop ou si parce que nous sommes blasés, nous qui avons grandi autour des lacs alpins. Quoiqu’il en soit, nous n’avons pas vraiment apprécié notre séjour à Atitlan. Certes, le paysage des volcans qui se jettent dans le lac est grandiose mais ça ne suffit pas. Les villages alentours sont vendus au tourisme de masse et y ont laissé leur âme, surtout San Pedro la Laguna. Contrairement à l’avis de beaucoup de voyageurs, le lac Atitlan n’est pas du tout un incontournable du Guatemala à notre humble avis.

Super cool!

Les gens

Bien que les Guatémaltèques partagent la même langue que nous en tant qu’Espagnols, il ne partagent pas notre exubérance toute méditerranéenne. Il nous a fallu réapprendre à briser la glace et à venir d’une manière un peu plus soft. Mais une fois ce petit temps d’adaptation passé, nous avons trouvé des gens super gentils, super serviables et toujours souriants quel que soit l’endroit. Il est vrai que parler la même langue que les locaux est un avantage indéniable, les échanges sont plus spontanés et la discussion ne s’arrête pas à demander où se trouvent les bus. Nous avons eu beaucoup de plaisir à échanger avec eux surtout sur les différences Europe – Amérique et nous avons de la chance qu’ils ne nous en veuillent plus trop sur notre passé colonial. Nous garderons un souvenir ému de toutes les personnes que nous avons rencontré durant notre périple dans ce beau pays.

Les paysages

Et nous n’en avons vu qu’une infime partie! Une jungle incroyable, des lacs de caldera, des volcans majestueux, des forêts de pins d’altitude, des vallées verdoyantes, etc. Il n’y a pas un seul endroit que nous ayons trouvé moche dans ce pays. Les paysages sont incroyables et assez variés et comme le pays est finalement pas si grand, ça change encore assez vite. C’est un pays parfait pour s’en prendre plein les yeux.

Antigua Guatemala

Une des plus belles villes coloniales que nous ayons visitées. Et nous en avons à notre actif! Une chance qu’elle ait été abandonnée à son triste sort à cause de différents tremblements de terre puis restaurée juste à des fins touristiques, elle n’est pas dénaturée par des quartiers modernes moches. Nous avons adoré ses petites ruelles en pierre volcanique, ses maisons colorées et ses petits cafés dont les terrasses se trouvent dans les patios de superbes bâtisses coloniales.

Le café

Le Guatemala est le premier producteur de café d’Amérique Centrale dont la culture tient une part non négligeable dans l’économie du pays. Il faut avouer qu’il est vraiment excellent! Il faut juste penser à bien demander un espresso si vous aimez les cafés bien serrés car, de base, on sert l’Americano qui, comme son nom l’indique, est du jus de chaussette allongé à l’eau pour Américains. Et comme les bonnes choses n’arrivent jamais seules, on boit le café dans des petits troquets tout mignons et super bien décorés même dans les endroits pas du tout touristiques. A Antigua, les cafés se trouvent généralement dans les plus beaux édifices coloniaux de la ville dont les patios servent de terrasses et c’est souvent pittoresque.

Les transports

A première vue, c’est le foutoir mais en fait non, c’est super bien organisé! Ce ne sont de loin pas les transports les plus confortables que nous ayons pris mais nous sommes chaque fois arrivés à destination, bien que parfois bien secoués. Oui, nous aurions pu prendre les shuttle bus touristiques beaucoup plus aseptisés, nous en avons d’ailleurs pris un une fois, mais l’expérience n’aurait pas été la même. Les Chicken bus, les fameux vieux bus scolaires américains à la carrosserie rutilante , ne sont pas là que pour le folklore. Ils desservent une bonne partie du pays sur des lignes bien définies. En plus, à chaque arrêt ou changement, il y a toujours quelqu’un pour nous renseigner et nous rediriger vers le bon véhicule sans rien demander en échange. Nous n’avons rien à redire sur l’état des routes qui est plutôt bon. Il ne faut juste pas être pressé car nous passons notre temps sur les lacets des routes de montagnes et ça n’avance pas très vite. C’était parfois épique mais dans l’ensemble ça reste super pratique et une occasion de plus de parler avec les locaux.

La dolce vita de Flores

En raison de sa proximité avec le site de Tikal, le sud du Mexique et le Belize, Flores se trouve au cœur des gros circuits touristiques depuis la péninsule du Yucatán. Autant vous dire que nous y sommes allés à reculons. A tort! La ville a gardé son charme un peu suranné et une vraie douceur de vivre que ne renieraient pas certains villages andalous. Son climat tropical humide est le plus chaud du pays, ça expliquerait la torpeur et le calme dans lesquels se complait la ville. Ce fut une très belle surprise en ce qui nous concerne.

Bizarreries made in Guatemala

L’emplacement des prises

Avec nos smartphones et nos différents appareils électroniques, nous avons besoin de prises. Eh bien au Guatemala, elles ne sont pas évidentes à trouver. Elles sont parfois en hauteur, par terre sous le lit ou même à la salle de bain! Ce n’est pas toujours évident quand nous devons travailler sur l’ordi mais heureusement nous avons des câbles assez longs, un peu d’imagination pour aménager notre espace de travail et beaucoup d’humour! Ces petites excentricités mises à part, le Guatemala est un bon pays pour travailler en ligne. Nous avons toujours eu du bon wifi dans les hostals et même dans les cafés ou restaurants et n’avons pas eu besoin d’acheter une carte SIM locale.

Cancelar

En Espagne, cancelar signifie annuler. Imaginez donc notre incompréhension en arrivant à un de nos logements quand la propriétaire nous a annoncé que notre chambre a été « cancelada ». Après quelques minutes de discussion un peu houleuse il s’est avéré qu’au Guatemala, cancelar signifie payer. Ouf, nous avons eu notre chambre et nous avons tous fini par bien rigoler!

A gauche : une maison colorée de Flores, à droite le bâtiment de l’ancien Ayuntamiento (la mairie) d’Antigua Guatemala

En 2018, lors de notre tour du monde, nous avions comme plan de venir faire une petite incursion au Guatemala depuis le Mexique. Mais Van a chopé une pneumonie à Mérida et nous avons été immobilisés presque deux semaines compromettant notre projet. Nous avions déjà notre vol pour Hong Kong et ne pouvions donc pas prolonger notre séjour dans la région.

Suite à cette mésaventure, le Guatemala est toujours resté dans un coin de notre tête, un peu comme un rêve avorté. C’est en partie pour cette raison que nous sommes venus ici cette année. Par contre, nous ne nous attendions pas à avoir un si gros coup de cœur pour le pays. Nous avons été littéralement scotchés par tout ce que nous avons vu et vécu. Peut-être que rien n’arrive par hasard et qu’à l’époque, nous n’étions pas mûrs pour ce pays. Van a également un bien meilleur niveau de castillan et a particulièrement apprécié échanger avec les gens, malgré le fait qu’elle ait zappé ses cours à Atitlan . (Elle a zappé ses cours tout court d’ailleurs #mauvaise élève!) Bref, nous sommes tombés amoureux de ce petit coin du monde. C’est une destination que nous vous recommandons chaudement et une bonne alternative à un Mexique peut-être un peu trop américanisé.

En parlant de rêve avorté… Toujours en 2018, nous étions en Equateur et nous avions également renoncé à parcourir l’Amérique Centrale pour des raisons que nous expliquions à la fin de cet article. Si vous avez lu notre précédent post jusqu’au bout vous le savez déjà mais nous avons décidé d’enfin parcourir l’isthme panaméricain du nord au sud et nous découvrirons une partie du Costa Rica en compagnie de la famille de Van. Nous sommes super excités par les perspectives de ce voyage et nous espérons trouver quelques surprises aussi belle que celles que nous avons trouvées au Guatemala!

Antigua, le joyau colonial du Guatemala

Malgré la courte distance pour rejoindre Antigua depuis le lac Atitlan, (80 kilomètres environ) tout ne s’est pas fait sans heurts. En effet, il y a plusieurs mouvement sociaux qui bloquent les routes du côté de Guatemala City, la capitale, et de ses environs dont Antigua. Nous avons encore eu de la chance parce que nous nous sommes retrouvés à un endroit où il fallait changer de bus juste au moment de la réouverture des routes. Le hic c’est que plein de gens sont là depuis bien plus longtemps que nous à attendre la fin de la grève. Nous nous retrouvons donc dans des colectivos et des Chicken Bus bondés soit assis par terre soit avec quelqu’un sur nos genoux. Malgré cette situation un peu particulière, l’ambiance est restée bon enfant et nous avons quand même fini par arriver à destination sans avoir totalement perdu notre journée.

Antigua Guatemala

Vous vous en doutez sûrement, si la ville s’appelle Antigua (la vieille), c’est qu’il y a une nouvelle quelque-part qui l’a remplacée. Bien vu! Son nom initial était Santiago de los Caballeros de Guatemala et c’était la capitale de la capitainerie générale du Guatemala sous domination espagnole entre 1540 et 1776. Le territoire de la capitainerie à l’époque comprenait les actuels territoires de l’état mexicain du Chiapas, du Guatemala, du Belize, du Honduras, de la côte Pacifique du Nicaragua et de la péninsule de Nicoya au Costa Rica. Rien que ça! Mais avec tous les volcans à proximité, la ville se trouve sur une zone sismique très active et a été bien amochée voir détruite par plusieurs tremblements de terre au cours de son histoire. C’est pourquoi Antigua a été lâchement abandonnée à son triste sort et a été remplacée par une nouvelle ville appelée Nueva Guatemala de la Asunción qui correspond à la ville actuelle de Guatemala City et qui est toujours, à notre époque, la capitale du pays.

Centre historique

Avec un passé aussi prestigieux, le centre historique promet de fabuleux trésors. Nous n’avons pas été déçus! Ce sont de magnifiques petites ruelles en damier, comme c’était la coutume dans les villes coloniales espagnoles, bordées de maisons colorées toutes mignonnes. Les pavés des rues qui sont constitués de basalte, la pierre volcanique très noire, font ressortir les couleurs des façades. Et il n’y a pas que l’extérieur qui est superbe! Les maisons possèdent souvent de magnifiques patios. Il vaut la peine de prendre le temps de jeter un coup d’œil par les portes ouvertes où les fenêtres dans le but des les apercevoir, exactement comme à Cordoue. Mais discrètement quand même! Nous avons même écumés certaines boutiques de souvenirs juste pour admirer l’intérieur de certaines bâtisses et, franchement, ça vaut le coup, même si on essaie de vous refourguer de la camelote made in China.

Arco de Santa Catalina

C’est le monument le plus connu et le plus emblématique d’Antigua. C’est tout ce qu’il reste du couvent de Santa Catalina qui a été détruit par un tremblement de terre en 1773. La vue est super connue avec le volcan Agua en arrière plan mais monsieur a préféré rester caché derrière les nuages.

Convento de la Merced

Ce couvent, inauguré en 1767, a tellement abusé du baroque qu’on le dit de style « ultra baroque ». De loin, il en jette avec sa peinture jaune ocre mais de près les fioritures baroques sont too much à notre goût, même si elles sont d’une finesse remarquable. Pourtant, en général, nous apprécions le baroque. Nous n’avons pas le droit de photographier l’intérieur mais il paraît bien sobre comparé à la façade extérieure surchargée. Mais bon, à l’époque Antigua était la capitale d’un énorme territoire, il fallait bien un couvent à la hauteur!

Parque Central o Plaza Mayor

Waw, elle en jette cette place centrale! C’est le tout premier lieu qui a été emménagé en 1541 lors de la construction de la ville. C’est de là que partent toutes les rues en damier du centre historique. La place est agréable et, chose non négligeable, elle possède plein d’arbres sous lesquels il fait bon de se poser sur un banc à profiter de l’ombre qui peut être bienvenue quand le soleil tape fort. Elle est bordée par de magnifiques bâtiments à arcades comme l’Ayuntamiento (la mairie) ou le palais royal de la capitainerie générale ainsi que de la cathédrale San José. Une magnifique fontaine monumentale datant de 1738 marque le cœur de la place.

Cathédrale San José

Cette cathédrale baroque sans prétention domine la Plaza Mayor avec sa façade blanc immaculé. Si elle paraît sobre comparé à d’autres bâtiments « ultra baroques » de la ville, c’est parce qu’elle a vraiment souffert à cause de tous les tremblements de terre qui ont secoué Antigua durant les siècles (1773, 1874 et 1918 notamment). Elle a été construite en 1680 mais il ne reste de cette époque-là que la principale façade avec ses colonnes baroques. Le reste est le fruit d’une restauration du XIXe siècle. L’intérieur n’est plus que ruines. Tout ce qui a pu être sauvé comme des sculptures ou des tableaux a été déménagé à la cathédrale de Guatemala City lors du transfert de capitale.

Un lieu que nous fréquentons que très rarement

Connaissez-vous cette grande chaîne de cafés américaine au logo vert avec une sirène qui sert des boissons hors de prix et des blueberry muffins à tomber? Oui, celle-là! En général, ce n’est pas trop notre lieu de prédilection, encore moins au Guatemala où on cultive du café et où on peut le boire dans d’innombrables petits troquets bien sympas. Mais là, nous avons fait une exception et, en regardant nos photos, vous comprendrez très vite pourquoi! Le local se trouve dans un superbe édifice du XVIIe siècle doté d’un patio à faire pâlir de jalousie les Andalous. Ou pas, car ce sont quand même eux qui l’ont construit!(#chauvinisme andalou!) Il faut reconnaître que la chaîne en question s’est donnée au niveau déco sans dénaturer l’historique de la maison. Les fresques sur les murs valent également la peine qu’on s’y attarde quelques minutes.

Tanque la Unión

Situé au Parque de la Unión, le tanque est un ensemble de puits qui faisaient office de lavoirs publics. De style néoclassique, il a été inauguré en 1853 avant d’être bien amoché par le tremblement de terre de 1976. Il a été restauré quelques années plus tard dans le but de conserver le patrimoine historique. Sur la place, se trouvent également les ruines du couvent de Santa Clara ainsi que la magnifique église baroque de San Pedro datant tous les deux du XVIIe siècle.

Cerro de la Cruz

Ils ne se sont pas foulé pour le nom de la colline! En bons catholiques, ils ont planté une croix puis ont nommé le tout Cerro de la Cruz, colline de la Croix. Mais au moins, ça nous fait notre petite grimpette traditionnelle. Tranquille la grimpette, à peine dix minutes sur un chemin super facile. C’est même plus agréable de monter les escaliers que de marcher sur les pavés inégaux du centre historique. Evidemment, nous y sommes montés pour admirer la vue sur Antigua. On peut s’y rendre compte du plan en damier de la ville et apercevoir les plus gros bâtiments historiques dans leur ensemble. C’est vraiment sympa.

Nous étions également censés apercevoir les volcans qui entourent la ville dont El Agua qui domine Antigua du haut de ses 3760 mètres. Mais Monsieur n’est pas sorti de derrière ses nuages. On y aperçoit juste sa base sur la première de nos photos ci-dessus.

En parlant de volcan, nous nous sommes longuement tâtés pour escalader le volcan Acatenango et ses 3796 mètres. Nous y avons finalement renoncé pour plusieurs raisons. Déjà, le trek a été fermé plusieurs jours pour cause d’incendies de forêt, nous n’étions pas sûrs de sa réouverture et ne voulions donc rien prévoir en avance. Ensuite, Fab ne gère toujours pas son mal des montagnes, le pauvre. Van aurait bien évidemment pu y aller seule mais, troisième raison, nous devons commencer à gérer notre timing qui va devenir serré si nous nous attardons trop longtemps dans le coin. Si vous lisez cet article jusqu’au bout, vous saurez pourquoi.

Pour finir notre histoire de volcans sur une note un peu plus positive, nous avons fini par apercevoir le volcan Fuego qui a, pour quelques minutes, consenti à montrer son sommet culminant à 3763 mètres d’altitude. Il porte bien son nom (Fuego signifie feu) car il est en éruption depuis 21 ans provoquant à plusieurs occasions panique, évacuation et même la fermeture de l’aéroport international de Guatemala City. Ce n’est pas très net sur la photo (Sorry!) mais la fumée grise au sommet est ce qui s’échappe du volcan et le blanc, ce sont les nuages. La pointe à droite de la photo est le sommet du volcan Acatenango.

Nous en avons vu des villes coloniales autour du monde mais Antigua va figurer dans notre top 5, et peut-être même dans notre top 3 des plus belles! C’est un véritable musée à ciel ouvert et on ne sait pas où poser nos yeux tellement il y a de détails architecturaux à découvrir! En plus, avec la construction de la nouvelle capitale à seulement vingt-cinq kilomètres, Antigua est restée dans son jus et n’a pas été agrandie. Elle n’a donc pas de quartier moderne tout moche. La seule difficulté que nous avons eue a été de ne pas nous arrêter à tous les petits cafés et restos, tous plus sympas les uns que les autres dans un environnement historique incroyable, afin de ne pas y passer trois semaines et de ne pas exploser le budget.

Si nous avions suivi le plan initial que nous avions en tête lors de notre départ d’Espagne, Antigua aurait été notre point de départ pour remonter vers le nord, en direction de l’ouest du Mexique pour terminer notre voyage. Mais comme vous le savez, nous ne suivons jamais les plans! Nous avons décidé de ne pas retourner au Mexique pour cette fois. La raison principale est la saison du Spring Break qui va commencer et voir des Américains complètement bourrés et shootés à des substances pas très nettes, ce n’est vraiment pas notre kif. Et puis maintenant que nous avons mis un pied en Amérique Centrale autant continuer et parcourir l’isthme panaméricain jusqu’au bout! Oui, vous avez bien compris, nous allons continuer vers le sud jusqu’au Panama, si tout va bien! Et comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, nous avons l’immense plaisir de retrouver en chemin la famille de Van qui va venir découvrir, fin mars, le Costa Rica en notre compagnie. Voilà pourquoi il faut que nous commençons à penser au timing!

Nous sommes super excités et nous nous réjouissons de la tournure que prend notre petit trip! Bien entendu, nous ne manquerons pas de partager nos aventures avec vous!

Le long du lac Atitlan

L’altitude et la pollution à Xela commençant sérieusement à nous peser, nous prenons nos sacs à dos pour les poser dans un endroit moins élevé et plus naturel. Le lac Atitlan nous paraît une bonne option. Il ne se situe « qu’à » 1600 mètres d’altitude et comme nous sommes attirés par les plans d’eau, un lac nous paraît totalement approprié.

Le lac Atitlan est, évidemment, d’origine volcanique et s’est formé il y a environ quatorze millions d’années. La forme actuelle du lac n’a « que » 84’000 ans et est due à l’éruption du volcan Los Chocoyos, une éruption tellement importante que les cendres ont couvert la superficie allant de la Floride jusqu’à l’Equateur. Tiens, ça rappelle une histoire de volcan islandais tout ça, mais à l’époque, il n’y avait pas de trafic aérien à bloquer. A la place d’un gros bordel aéroportuaire, nous avons une superbe caldera lacustre entourée de volcans culminant tous à plus de 3000 mètres.

Autour du lac, on y parle, en plus du castillan, le Tz’utujil qui est de la même famille que le kiché et qui, pour des oreilles novices comme les nôtres, contient les mêmes sonorités. Il y a environ 100’000 locuteurs de cette langue, l’équivalent de la ville de Lausanne, mais chaque village a son propre dialecte. Et dire que nous nous sommes toujours moqués des Suisses Allemands qui sont incapables de se comprendre d’une vallée à une autre!

San Pedro

Nous choisissons le village de San Pedro pour notre lieu de villégiature juste parce-que l’offre hôtelière nous convient. C’est le village le plus connu du lac Atitlan pour son côté chill et ses classes d’espagnol. Ben nous sommes toujours en train de chercher le côté chill. Le tourisme de masse est passé par là et les petites ruelles du centre se sont converties en boutiques de souvenirs, faux restaurants branchés et agences touristiques drainant une foule compacte cherchant à rentabiliser leur voyage en essayant d’escalader tous les volcans et de faire toutes les balades en bateau, sans compter le trafic infernal de moto-taxi dont les chauffeurs sont à l’affut des potentiels clients. Nous avons trouvé cette ambiance particulièrement stressante et pas du tout représentative du Guatemala. C’est le genre d’ambiance que nous nous attendions à trouver à Flores qui s’avère finalement beaucoup plus tranquille et moins portée sur le tourisme de masse.

Pour les classes d’espagnol, nous ne les avons pas testées mais il y a effectivement l’embarras du choix. Fab, qui est bilingue, peut se targuer de ne pas en avoir besoin. A Van, ça ne lui aurait pas fait de mal de prendre quelques cours mais nous commençons à être un peu limite avec le timing, nous vous expliquerons pourquoi plus tard… Elle continuera à apprendre le castillan à l’arrache en discutant de tout et de rien avec les gens. (#pipelette)

Il y a quand même une chose qu’il faut reconnaître. Malgré que le coin ait vendu son âme au tourisme de masse, la population locale est toujours autant souriante, affable et prête à nous aider. C’est ce dernier point qui est important pour nous et c’est ce dont nous allons nous rappeler plus tard.

Le village de San Pedro ne nous plaît pas mais le paysage de volcans entourant le lac Atitlan nous enchante. Nous prenons de la hauteur afin de mieux observer le panorama et puis, il ne faudrait pas que nous dérogeons à notre traditionnelle grimpette! Nous suivons la route qui va à Santiago où, à la sortie de San Pedro, il y a un mirador. Mais nous avons trouvé quelque-chose de plus fou. Il faut monter encore quelques mètres sur un chemin entre les caféiers. Il y a un petit café, judicieusement appelé « Café Panorama » qui offre une terrasse incroyable sur le lac et les volcans et qui sert un excellent café local sans gonfler les prix. La vue est à couper le souffle! Ces volcans qui se jettent à pic dans le lac ne sont pas sans nous rappeler le lac Majeur.

San Juan

Oui, il y a tous les saints de la Bible autour du lac Atitlan, le Guatemala étant un pays où le catholicisme est hyper présent. San Juan est la voisine directe de San Pedro et les deux villages sont facilement accessibles à pied même s’il est possible de s’offrir les service d’un moto-taxi pour 10 quetzales (1,20€ / 1,20 CHF) par personne. San Juan se veut plus artistique que sa voisine et c’est le cas. Il y a pléthore de galeries d’art et le street art décore les ruelles du centre-ville. Malheureusement, les sirènes du tourisme de masse sont également venues troubler la quiétude de ce joli village et c’est une multitude de boutiques de souvenirs « made in China » qui dénature l’âme de San Juan.

La promenade au bord du lac est assez tranquille mais le chemin est inondé juste à cause du vent! Il souffle tellement fort que le lac forme des vagues géantes qui viennent mourir sur la rive. Ce vent sec, violent et désagréable s’appelle le phénomène Xocomil. On dirait le nom d’un médicament mais en réalité c’est une légende locale qui raconte la jolie histoire d’amour entre les masses d’air froides venant du lac et les masses chaudes venant du sud. Leur rencontre est tellement explosive qu’elle forme une belle tempête qui peut durer de quelques heures à plusieurs semaines. C’est l’équivalent d’une tempête de foehn dans la vallée du Rhône ou de mistral en Méditerranée. C’est à dire que ça nous refile une belle gueule de bois sans que nous ayons consommé une seule goutte d’alcool!

Panajachel

Pour pouvoir continuer notre route à la découverte du Guatemala, il nous faut partir depuis l’autre rive du lac Atitlan. Il y a des lanchas qui effectuent la traversée pour 25 quetzales (3€/2,95CHF) et ça dure environ trente minutes. Nous avons eu de la chance car le vent a fini par tomber et le lac est super calme. Les dieux de la navigation sont avec nous sur ce coup-là, surtout que les capitaines ont tendance à prendre la surface du lac pour un circuit de formule 1. Avec les vagues de ces derniers jours, ça aurait été un enfer et, avec nos oreilles internes défaillantes, nos estomacs n’auraient pas tenu le coup!

La ville de Panajachel, affectueusement appelée Pana par les locaux, est super moche et ne présente que peu d’intérêt. Elle a été fondée par des moines franciscains, la ville s’appelle d’ailleurs officiellement San Francisco de Panajachel, encore une référence biblique, mais il ne reste de cette époque uniquement l’église catholique. Par contre, nous la trouvons bien plus agréable à vivre que San Pedro ou San Juan. Les ruelles à boutiques de souvenirs sont plus larges et sans tuk-tuk, on s’y sent moins agressés et le reste de la ville n’est pas du tout touristique. Il y a une petite promenade au bord du lac assez sympa et surtout entièrement piétonne! On y voit les volcans San Pedro et Atitlan qui sont reconnaissables par leur forme en triangle, comme sur les dessins des enfants.

Nous pensions, à la base, rester un peu plus longtemps dans la région mais contrairement à beaucoup de voyageurs qui sont venus au Guatemala, nous n’avons pas eu le coup de cœur pour le lac Atitlan. Certes nous avons été subjugués par les paysages, surtout par les volcans mais nous trouvons qu’il manque un supplément d’âme à l’endroit. Nous en avions peut-être trop attendu ou alors nous sommes un peu blasés, nous qui avons grandi à proximité des lacs alpins dont certains, comme les lacs nord-italiens ou le lac d’Annecy ressemblent fortement au lac Atitlan.

Nous avons largement préféré la région de Flores qui nous paraît sûrement plus exotique avec son environnement de jungle et ses pyramides mayas.

Rassurez-vous, cette petite déception ne va pas nous faire changer d’avis sur le Guatemala en général qui reste un pays vraiment génial et dont nous avons de très bons contacts avec la population locale, même si Van a zappé ses cours d’espagnol!

Quetzaltenango / Xela, la ville au pied des volcans

Le trajet pour venir à Quetzaltenango fut assez épique. Il faut dire que depuis Flores, il y a 678 kilomètres et une grande cordillère montagneuse à franchir. Pour la première partie du trajet, nous avons choisi la solution de facilité qui est également la solution la plus économique. Nous avons choisi un shuttle touristique qui nous a pris directement sur l’île et nous a évité de devoir nous rendre au terminal de bus de Santa Elena. Nous avons fait un premier arrêt à Cobán, la capitale guatémaltèque du café. Nous avions prévu d’y rester un peu mais la ville ne nous a pas plu du tout. La pluie, le froid et la pollution dans cette ville en cuvette ne nous ont pas aidé à apprécier l’endroit. Par contre, le café du Guatemala est vraiment très bon et nous sommes très exigeants en café! Il faut juste penser à demander un « espresso » ou un « corto » sinon on vous servira d’office un « americano », le jus de chaussette pour Américains.

Depuis Cobán, nous l’avons joué plus local. Nous nous sommes rendus au terminal des colectivos mais aucun ne couvrait le trajet jusqu’à Quetzaltenango. Il nous fallait quand même avancer un peu. Nous avons choisi la destination Santa Cruz de Quiché car nous trouvions le nom de la ville joli et qu’accessoirement, c’était dans la bonne direction. Nous avons même eu droit aux places tout devant à côté du chauffeur et étions aux premières loges pour voir les quelques kilomètres de routes non asphaltées au sommet d’un col qui nous ont fait comprendre pourquoi la population locale était si croyante. Blague à part, le reste du trajet s’est fait sur des routes à l’état irréprochable. Il a juste pris des plombes car les colectivos s’arrêtent partout et que le relief est mal plat, nous avons passé notre temps à monter puis à redescendre des vallées mais le paysage de montagnes recouvertes de jungle était superbe. Nous avons mis six heures pour parcourir 160 petits kilomètres!

Pour les derniers cent kilomètres, nous avons vécu l’expérience guatémaltèque ultime : le Chicken Bus! Ce sont d’anciens bus scolaires des Etats-Unis repeints avec des couleurs criardes qui roulent à tombeau ouvert sur les routes de montagne. Heureusement que la route n’avait pas l’air dangereuse car nous avons été bien ballotés par un chauffeur se croyant sur une piste de rallye. Il nous a tellement secoué que notre podomètre s’est mis en route. Au Guatemala, il n’y pas besoin de faire vos 10’000 pas, les Chicken Bus s’en chargent pour vous!

Mais au fait pourquoi ce nom? (bus poulet en français) Tout simplement parce-que la population locale a l’habitude de voyager avec des poules. Et c’est vrai, nous avons déjà eu l’occasion de partager nos sièges avec plusieurs de ces volatiles.

Quetzaltenango

Rassurez-vous! Vous n’avez pas besoin de mémoriser ce nom à rallonge car la ville a un surnom officiel : Xela (prononcer Shella) et c’est tellement plus joli. Ce petit nom provient du nom de la ville à l’époque précolombienne qui était Xelaju. C’est la deuxième ville du Guatemala après la capitale et elle est située à près de 2400 mètres d’altitude sur un haut plateau entouré de volcans. En plus de l’espagnol, on y parle le kiche, du nom de la civilisation qui peuplait le coin avant l’arrivée des conquistadors. Nous l’avons entendu et tout ce que nous pouvons vous dire c’est qu’il y a beaucoup de « ch » comme le portugais mais avec un son très guttural comme l’arabe et les plus jeunes le mélangent beaucoup avec le castillan.

Casco historico

Comme presque toutes les villes coloniales fondées par les Espagnols, le centre historique est construit selon un plan en damier. Les rues sont constituées de pavés de basalte, la roche volcanique noire, et sont bordées de magnifiques petites maisons multicolores. Gros bemol : le trafic infernal! Le centre date du XVIe siècle et n’est pas du tout adapté aux automobiles du XXIe siècle et à leur nombre. En plus, à cause de sa situation fermée entre les montagnes et l’altitude, la pollution se ressent beaucoup plus intensément. C’est vraiment dommage car la ville est vraiment très jolie. En tant qu’Européens, nous voyons tout à fait une piétonisation du centre-ville mais pour les Américains, se passer de voiture pour faire quelques mètres à pied, ce n’est pas du tout dans leur philosophie et, malheureusement, pas prêt à rentrer dans les mœurs.

Iglesia San Nicolas et Parque a Benito Juarez

Voici un monstre néogothique de 1899 qui représente bien la ferveur catholique du Guatemala. Elle n’est malheureusement pas mise en valeur car elle se situe à proximité d’un carrefour saturé de trafic. Heureusement, juste en face, il y a des arbres dans le parc Benito Juarez. Il n’est pas énorme mais ça suffit pour se couper quelques minutes du trafic. Le parc a été construit sur le modèle des jardins à la Française et possède un joli monument dédié à la culture aztèque. Fun fact : nous avons remarqué que la végétation ressemble énormément à celle que nous avons vue à proximité du Teide, sur l’île de Tenerife. La terre volcanique sans doute.

Parque a Centro America

C’est le cœur névralgique de Xela. Nous la trouvons très austère avec ses colonnes et ses bâtiments gris qui nous font penser à Genève qui, en tant que ville calviniste, est par définition austère. La place a été originellement fondée par les Espagnols au XVIe siècle en même temps que le casco historico mais elle a été presque entièrement remodelée dans les années 1940-1950, des décennies du tout béton. Ceci explique cela. Elle possède une rotonde construite en l’honneur des héros tombés pour la patrie. Elle est bordée notamment de l’ancienne banque d’Occident, de la mairie et de la maison de la culture. Même la cathédrale de l’Esprit Saint a été remaniée dans ces horribles décennies architecturales, mais c’est parce qu’elle a été bien abîmée par plusieurs tremblements de terre au cours de son histoire. Heureusement, il reste la façade originale, une magnifique œuvre baroque datant de 1532. Le centre de la place se trouve sur une petite esplanade. Enfin un endroit où les voitures ne peuvent pas accéder!

Cimetière central

On nous avait conseillé d’aller visiter le cimetière. Oui, à nous aussi ça nous a fait bizarre au début, nous ne sommes pas du genre à aller troubler le sommeil des défunts. Mais comme nous sommes ouverts d’esprit et surtout très curieux, nous avons quand même été voir. Et nous confirmons! Il vaut la peine d’aller visiter le cimetière central de Xela. Déjà, il est situé dans un parc verdoyant qui nous éloigne du trafic et de la pollution. Ensuite, il est composé de caveaux familiaux colorés dont certains sont vraiment fantaisistes. Dans la tradition guatémaltèque, on n’apporte pas de fleurs sur les tombes mais à boire ou à manger au cas où les proches décédés auraient un petit creux. Sachant cela, Fab songe sérieusement à se faire inhumer dans le coin!

Un cône volcanique à la forme parfaite veille au repos des habitants du lieu. Il s’agit du Santa Maria, le quatrième volcan du pays. Il domine toute la ville du haut de ses 3772 mètres d’altitude mais c’est depuis le cimetière qu’on l’aperçoit le mieux. Nous avons une chance inouïe avec la météo. Le soleil brille, il n’y a pas un nuage et tout est dégagé, ce qui nous donne une vue incroyable sur l’écrin de montagnes qui entoure Xela.

Cerro Baúl

Ce n’est pas parce que nous nous trouvons de l’autre côté de l’Atlantique que nous allons oublier nos petites grimpettes du jour. Celle de Xela nous emmène au sommet du Cerro Baúl, un dôme de lave volcanique qui domine la ville du haut de ses 2650 mètres d’altitude. Le chemin se fait dans une forêt de pins, plutôt sèche pour la latitude, faisant partie de tout un parc national. Ce n’est pas un sentier difficile mais ça grimpe. L’environnement ressemble encore une fois en tout point à l’île de Tenerife, plus précisément aux forêts de résineux situées en dessus de la ville de la Orotava.

Au sommet, comme dans tout pays catholique qui se respecte, nous sommes accueillis par une croix. Il y a une superbe vue sur la ville de Xela qui nous fait réaliser à quelle point elle est tentaculaire. Nous aurions aimé avoir un dégagement de l’autre côté car le paysage des volcans a l’air magnifique mais c’est obstrué par la forêt. Mais avec tout le CO2 à absorber, on ne va quand même pas couper des arbres juste pour une vue aussi jolie soit-elle!

La faune, notamment les oiseaux est également incroyable. Nous nous excusons pour la qualité de la photo ci-dessous, nous sommes pas équipés de téléobjectif mais nous avons quand même réussi à capturer, en image seulement rassurez-vous, ce superbe oiseau bleu marine. Nous n’avons pas réussi à trouver à quelle espèce il appartient mais il est très beau! Une chose est sûre, ce n’est pas un quetzal, l’oiseau emblématique du Guatemala que nous rêvons d’apercevoir un jour mais qui reste très difficile à observer.

Quetzaltenango / Xela a été une très belle découverte sachant que nous ignorions totalement qu’elle existait avant d’arriver dans le pays. Nous déplorons juste le trafic infernal et la pollution. C’est dommage car c’est une très jolie ville dans un environnement naturel extraordinaire où il fait bon aller tester tous les petits cafés et restos qui peuplent le casco historico.

Bref, encore une découverte guatémaltèque qui nous a enchantés. C’est très différents de la jungle de Petén mais tout aussi pittoresque. Si nous continuons dans cette voie, le Guatemala risque bien de trôner en bonne place sur la liste de nos gros coups de cœur.

Les pyramides mayas de Tikal

Nous ne pouvons pas passer au Guatemala sans aller visiter le site archéologique de Tikal qui est la plus grande cité de ce genre du pays mais aussi une des plus importante de tout le monde maya qui s’étend du Mexique au Honduras.

Comme nous vous l’avions mentionné dans notre dernier article, nous avons choisi comme base le petit village de El Remate sur les rives septentrionales du lac Petén Itza mais il est possible de se rendre à Tikal directement depuis Flores. C’est la même route. Nous voulions juste raccourcir un peu les trajets.

Que ce soit depuis Flores ou depuis El Remate, il y a deux façons de se rendre sur le site : en shuttle exprès pour les touristes ou en colectivo qui s’arrête partout mais qui fait plus couleur locale pour deux fois moins cher. Nous avons évidemment choisi la deuxième option même si nous avons dû faire des arrêts pour qu’untel achète des tacos, qu’un autre passe à l’épicerie du village ou encore que le chauffeur salue quelqu’un de sa connaissance! Les prix des colectivos sont de 50 quetzales (6€ ou 5,90 CHF) depuis Flores ou 25 quetzales (3 €ou 2,95 CHF). Il faut compter le double pour les shuttle.

Pour les billets d’entrée (150 quetzales pour les étrangers soit 17,90€ ou 17,80CHF), on nous avait conseillé de les prendre à l’avance à la Banrural de Flores. Nous y avons trouvé tellement de monde que nous avons préféré faire à l’arrache sur place. Attention, les guichets de Tikal ne se trouvent pas à l’entrée du site mais à l’entrée du parc national 17 km plus bas. Pas de souci, les colectivos s’y arrêtent, il y a un check point à passer de toute façon, et vous attendent. En plus, il n’y avait presque personne! A notre avis, nous avons vraiment eu raison de procéder ainsi.

Parc national de Tikal

Tikal ce n’est pas uniquement une cité maya d’envergure, c’est aussi un parc national de près de 58’000 hectares dans la jungle du Petén abritant une biodiversité incroyable. Le site archéologique ne couvre « que » 1600 hectares. Petit fun fact : c’est le tout premier site au monde à avoir été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, c’était en 1979. Donc nous avons une belle forêt humide protégée depuis 44 ans. En 1990, le site a été englobé dans la réserve de biosphère maya couvrant tout le nord du département de Petén ainsi que le sud de l’état du Tabasco au Mexique et une partie de l’ouest du Belize. Sachant que le Guatemala n’est pas le pays le plus protecteur de la nature, c’est une info qui nous redonne un peu du baume au cœur.

Une fois passé l’entrée du site archéologique, il y a un chemin qui mène directement à l’acropole centrale, point névralgique de Tikal. Nous avons préféré prendre les chemins de traverse pour éviter la foule et pour profiter de la nature luxuriante qui s’offre à nous. A part quelques oiseaux, nous n’avons pas vu beaucoup d’animaux, le site est sûrement trop fréquenté par les humains. Mais nous savons qu’ils sont là, nous les entendons bien, notamment les singes hurleurs qui portent vraiment bien leur nom!

La cité de Tikal n’a pas encore dévoilé tous ses secrets et ne les dévoilera sûrement pas. Les fouilles archéologiques ne seront pas étendues dans un souci de protection de la forêt. C’est super pour la protection de l’environnement mais c’est un peu frustrant pour les archéologues.

Mais on peut plus ou moins deviner où se trouvent d’autres temples, pyramides ou autres complexes archéologiques grâce au relief mal plat et inégal de la jungle. D’ailleurs nous non plus nous n’avons pas découvert le site en son intégralité, il est vraiment immense et nous avons également passé du temps à juste flâner dans la nature. Certaines pyramides sont recouvertes de végétation juste de moitié et se dévoilent seulement en leur sommet. C’est le cas de l’impressionnant temple des Inscriptions qui date environ du VIe siècle et qui, en sa partie postérieure, est recouverte d’inscriptions en maya, d’où son nom.

Palacio de las Acanaladuras

Nous sommes ici dans la zone résidentielle de Tikal. Ce palais qui date de l’époque dite du classique tardif (entre les ans 600 et 900 de notre ère), abrite une trentaine de chambres qui contenaient des lits encastrés dans le mur. La bâtisse était entourée de canaux , c’était le système d’eau courante de l’époque.

Le temple V

C’est, à nos yeux la structure architecturale la plus belle de tout le site de Tikal. Cette pyramide aux proportions quasi parfaites mesure 57 mètres de hauteur et daterait du VIIe siècle de notre ère selon la datation au Carbone 14 même si certains détails architecturaux pourrait laisser penser à une époque antérieure. Ce serait le monument funéraire du roi Hasaw Cha’an Kamil ou d’un de ses fils, on y a trouvé des objets d’offrandes à l’intérieur. Le temple serait dédié à Chaac, dieu de la pluie. Malgré ces théories imprécises, comme c’est souvent le cas en archéologique, nous trouvons cette pyramide vraiment stylée. C’est également ce que doit penser Chaac vu qu’il nous a généreusement arrosé de pluie ces derniers temps alors que nous sommes, selon le calendrier, en pleine saison sèche!

Acropole Centrale

Nos pas ont fini par nous emmener à l’acropole centrale qui est le cœur névralgique de la cité de Tikal. En son centre, se trouve la Gran Plaza qui est entourée d’acropoles nommées selon le point cardinal correspondant et deux superbes pyramides qui se font face. Le centre était dédié à la pelote maya. C’est un jeu où deux équipes s’affrontent avec une balle en caoutchouc, matière sacrée pour les Mayas, qui pèse trois kilos et dont le but est de mettre la balle dans le camp adverse en ne la touchant ni avec les mains, ni avec les pieds.

La pyramide avec la pente la plus raide est le temple du Grand Jaguar. Elle a été construite en 734 de notre ère et culmine à la hauteur honorable de 47 mètres. C’est le monument funéraire du roi Ah Cacao. Si monsieur a sa sépulture dans la meilleure place de la ville, c’est amplement mérité! Il a réussi l’exploit dont tout ses prédécesseurs n’osaient rêver. Il a vaincu la grande rivale Calakmul, située à une centaine de kilomètres plus au nord dans l’actuel état mexicain de Campeche. C’était le lieu de cérémonies rituelles et le temple était même considéré comme la porte pour l’au-delà. Il fut un temps où on pouvait visiter l’intérieur de la pyramide mais il y eut beaucoup de touristes, de guides et même des animaux qui y disparurent inexplicablement. Selon la légende, l’esprit de Kamil III, un autre roi de Tikal, y vit encore à l’intérieur et dévore les visiteurs inopportuns. A ce jour, personne n’a d’explications plus rationnelles à ces disparitions mystérieuses.

L’autre pyramide, plus massive mais plus petite (38 mètres de hauteur) est le temple des Masques. Elle doit son nom aux masques sculptés sur ses escaliers. La construction a été ordonnée toujours par Ah Cacao pour sa chère et tendre épouse. (Ah l’amour…) Elle a été en partie restaurée, c’est pourquoi elle a l’air mieux conservée et toute proprette. Sur la face arrière, il y a un escalier qui permet de grimper sur la pyramide afin de profiter de la vue. C’était blindé de monde et on a préféré y renoncer. On aurait dit que tous les visiteurs se soient retrouvés à cet endroit précis. Certes, c’est un vrai goulet d’étranglement mais c’est à croire que les gens viennent à Tikal juste pour grimper sur le temple, prendre un selfie et basta.

L’acropole nord

L’acropole nord date d’une période bien antérieure à celle de la Gran Plaza. (350 avant notre ère environ) C’est un lieu sacré car c’est ici que sont enterrés tous les rois et autres dirigeants qui ont régné sur la cité de Tikal pendant plus de cinq siècles. Les terrasses sur lesquelles on accède aujourd’hui pour profiter de la vue sur la place étaient dédiées au cérémonies rituelles. On y trouve encore quelques stèles avec des écrits sacrés.

Le rendu ne donne pas très bien sur la photo ci-dessous mais nous avons trouvé une petite merveille! Cette magnifique sculpture de masque en stuc est de style dit de Teotihuacan, une immense cité précolombienne près de la ville actuelle de Mexico. Malgré son éloignement, c’était l’allié le plus fiable de Tikal. C’est difficile de donner un ordre de grandeur de cette œuvre puisque nous l’avons observée depuis en haut mais il y a avait un escalier avec des marches pour géants juste à côté, nous l’estimons donc à trois bons mètres de haut.

A propos d’escaliers, il y a une chose qui nous échappe. Les Guatémaltèques, qui sont presque intégralement des descendants des Mayas, sont de taille plutôt petite. Nous doutons fort que leurs ancêtres étaient plus grands. Pourquoi construisaient-ils donc des marches si hautes? Si vous avez un élément de réponse, loufoque ou plausible, faites-le nous savoir, ça nous intéresse!

L’acropole centrale mais qui se trouve au sud

C’est ici que résidait la famille royale de Tikal. Ce complexe contient plus de quarante-cinq appartements et six patios répartis sur deux ou trois étages. Il y avait également des centres administratifs, ce qui explique, en partie, cette exagération de pièces à disposition.

Il y a également, juste au sud, un autre complexe complétant celui-ci qu’on appelle, à propos, acropole sud. Il vient d’être découvert et les fouilles ne font que commencer. On estime sa surface à 22 hectares (contre 1,5 pour l’acropole centrale) donc les archéologues ont encore du job assuré pour plusieurs années!

Le site est tellement énorme que nous n’avons pas eu le temps de tout visiter en profondeur mais nous sommes déjà subjugués par ce que nous avons vu autant par les pyramides que par la jungle environnante. Nous avons même fini par rencontrer quelques coatis vraiment mignons en quête de nourriture. C’est vrai que nous avons aperçus plus d’animaux à El Remate, moins fréquenté par des humains, que dans la jungle de Tikal, comme des oiseaux, des écureuils et même un serpent qui est venu s’introduire dans notre chambre nous causant une belle frayeur. Il s’est avéré que c’était une pauvre petite couleuvre totalement inoffensive mais on ne prend jamais trop de précautions avec ce genre de petite bebêtes.

Tikal est le quatrième site maya que nous visitons après Chichen Itza, Calakmul et Palenque mais c’est clairement le plus grand, le plus intéressant et celui que nous avons préféré, sans dénigrer les trois autres bien entendu! Plus globalement, c’est du niveau d’Angkor Wat au Cambodge ou de Bagan en Birmanie. Nous n’avons pas vraiment été dérangé par la foule, le site est vraiment espacé et nous y avons été en milieu de matinée, après tout le monde et n’avons pas suivi l’itinéraire standard. Nous nous sommes parfois même retrouvés seuls au monde!

Nous qui craignons parfois d’être blasés après toutes ces visites, sachez que ce ne fut pas du tout le cas avec Tikal et que c’est un lieu que nous vous recommandons chaudement.

Flores et el Remate, les perles du lac Petén Itza

Pour venir au Guatemala depuis le Mexique, il y a plusieurs possibilités. L’une d’entre elles consiste à traverser le Belize. C’est une solution que nous avons tout de suite rejetée car nous avons déjà visité ce pays par le passé et c’est super cher, autant pour la vie sur place que pour les taxes aux frontières. Nous avons privilégié le trajet via le Chiapas, un peu plus long mais plus économique et beaucoup plus intéressant au niveau des paysages.

Depuis Mérida, où nous vous avons laissés la dernière fois, nous avons fait une petite étape à Campeche, déjà visitée lors de notre dernier séjour mexicain mais tellement belle que nous n’avons pas hésité à y retourner. De là, il y a des bus directs pour Palenque, ce qui nous avance déjà un bon bout. Nous y avions déjà visité la cité maya et aurions bien aimé voir les sites naturels aux alentours mais la météo est venue jouer les trouble-fêtes. Tant pis, nous avons profité d’une bonne connexion internet pour avancer dans nos jobs, ce qui nous permettra de mieux profiter du Guatemala ensuite.

Depuis Palenque, il faut prendre un colectivo (un minibus pas très confortable) jusqu’à la ville de Tenosique dans l’état du Tabasco qui nous fait penser un peu à ce que nous imaginons du Texas avec ses ranchs, ses vaches, ses cowboys et ses prédicateurs. C’est juste beaucoup plus verdoyant. Mais nous ne sommes pas encore arrivés, il faut prendre encore un autre colectivo qui parcourt les quarante kilomètres restants jusqu’au petit village d’El Ceibo, le point frontière. Sortir du Mexique nous a pris plus de temps que d’y rentrer, nous sommes tombée sur une douanière particulièrement procédurière. L’entrée au Guatemala a été bien plus simple : « Holá, bienvenidos, un sourire, le tampon et basta! » Il faut juste faire attention de ne pas louper le bureau de l’immigration car il est bien caché mais les gens sont tellement affables qu’il suffit de poser la question aux gens du coin pour le trouver.

Au village d’El Ceibo, il y a de quoi changer de l’argent (à la première boutique à droite depuis la frontière le taux est correct) et éventuellement manger un morceau car les colectivos se font rares et il faut attendre avant de continuer plus loin. La station de bus de Flores se trouve à Santa Elena, sur le « continent ». De là, il y a une bonne quinzaine de minutes à marcher jusqu’au pont qui la relie à l’île de Flores mais il est également possible de prendre un tuk-tuk. Comme nous étions accompagnés de deux amis italiens qui ont été nos compagnons de galère de cette journée interminable, nous avons pris l’option taxi que nous avons réussi à négocier sans peine pour un bon prix.

Flores

Arriver à Flores après un long périple pour traverser la frontière est un bon plan. C’est grand comme un mouchoir de poche et c’est super tranquille. Elle est située sur une petite île sur le lac Petén Itza dont on fait le tour à pied en à peine vingt minutes. Nous sommes tombés sous le charme de ses petites maisons colorées et de ses rives du lac. Etant donné sa situation géographique proche de sites comme Tikal et étant un des principaux points d’entrée du Guatemala, nous nous attendions à quelque-chose de beaucoup plus touristique. Certes, il y a quelques touristes mais nous n’avons pas l’impression d’être constamment pris pour des porte-monnaie sur pattes et il n’y a pas de rabatteurs qui essaient de nous vendre des tours. Ce n’est que notre première impression de ce pays mais nous sommes déjà en plein coup de cœur!

Plaza Central

Comme toute ville d’Amérique latine qui se respecte, Flores a sa place centrale avec son église et quelques bâtiments coloniaux. Elle n’est pas aussi pittoresque que ses consœurs mexicaines ou péruviennes mais elle a une particularité assez sympa. Elle est située en hauteur! L’île de Flores est en fait une petite colline et le seul endroit assez grand pour y construire une place, c’est en son sommet. D’ailleurs, le terrain de basket municipal jouxte la place. Ce n’est pas très harmonieux en termes d’architecture. mais c’est le seul endroit assez grand et assez plat pour y accueillir un terrain de sport.

Le lac Petén Itza

Flores est un bijou mais son écrin, le lac Petén Itza n’est pas en reste. C’est le troisième lac naturel en superficie du Guatemala car, oui, c’est un pays de lacs! Le relief à son bord est très doux et peu élevé, ce sont juste des petites collines mais la végétation est luxuriante et abrite une biodiversité très riche! Nous avons trouvé les berges du lac inondées. Les habitants ne savent pas trop pourquoi. Certes, il a énormément plu depuis décembre alors que nous sommes, selon le calendrier, en pleine saison sèche mais pas au point d’avoir des inondations pareilles. Il n’y a pas de rivière qui s’écoule depuis le lac, ça pourrait, en partie, expliquer ce surplus d’eau. Les poules d’eau, les tortues et les poissons n’ont, eux, pas du tout l’air embêtés par cet état de fait. Ils s’approprient sans problème le rab d’espace à leur disposition. Quoi qu’il en soit, le lac donne une douceur de vivre au lieu et se trouve dans un paysage que nous allons sûrement mettre dans notre top des plus beaux.

El Remate

El Remate se situe à l’extrémité orientale du lac Petén Itza. Il n’y a rien a y faire mais le village est situé à proximité du site de Tikal. Bien que la visite du site archéologique puisse facilement se faire depuis Flores (environ soixante kilomètres), nous avons préféré dormir à El Remate pour raccourcir le trajet de moitié. Les distances ne sont pas très longues et les routes sont en bon état mais les colectivos s’arrêtent absolument partout, au point que faire quelques kilomètres prend vite des plombes. Ici, les berges du lac sont beaucoup plus sauvages et la montée des eaux a formé un superbe paysage de marécages.

A la sortie du village de Remate, sur la rive septentrionale du lac, il y a un petit biotope à visiter avec une petite randonnée à effectuer dans la forêt. Comme nous avions déjà effectué des kilomètres de marche dans la jungle à Tikal, nous avons pensé que ce serait redondant et avons fini par y renoncer.

Normalement, nous aurions dû vous parler du site archéologique de Tikal situé tout près mais cet article commence déjà à être bien long et rajouter notre visite des pyramides en ferait un article interminable et indigeste. Mais rassurez-vous, nous allons vous en parler! Nous allons retrousser nos manches et nous mettre au boulot pour vous concocter un autre post traitant de notre passage dans la cité maya. Pour vous faire patienter un peu, (oui, on sait que vous êtes impatients de nous lire!) nous vous donnons déjà un premier aperçu du site avec la photo ci-dessous.

Nous n’avons fait qu’une première étape dans ce pays mais le Guatemala nous a déjà conquis! Les paysages sont superbes, presque aussi fous qu’en Ouganda et les gens sont un peu timides au début mais adorables. Nous nous réjouissons d’en découvrir un peu plus et bien sûr, nous ne manquerons pas de vous partager nos nouvelles aventures.