San Agustín, ses trésors précolombiens et sa nature luxuriante

Pour partir de Popayán, il y a une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne c’est qu’il y a la possibilité de changer de vallée, ce qui nous dispense de repasser par Cali. La mauvaise, c’est que c’est une petite route de montagne, en partie non asphaltée, qui passe par un col à plus de 3200 mètres d’altitude et qui n’est desservie que par des minibus. Là, notre oreille interne se réveille et se met en mode « Même pas en rêve! » Mais nous décidons de ne pas l’écouter, de n’en faire qu’à notre tête et nous tentons quand même le coup.

Au terminal des bus, c’est un minibus flambant neuf et super confortable qui nous attend. De quoi nous rassurer jusqu’à ce que nous lisions la notice nous priant de demander des sacs à vomi en cas de mal des transports. Là, notre oreille interne se fâche en mode « Je vous l’avais bien dit bande d’inconscients! » puis se met à bouder nous laissant finalement tranquilles pendant tout le trajet. Il faut dire que nous avons tellement été subjugués par le paysage défilant sous nos yeux que nous n’avons pas eu le temps de nous sentir mal.

NB : Si vous voulez voir à quoi ressemble le paysage le long de la route, nous avons monté un petit réel sur notre page Instagram qui vous en donne un petit aperçu.

La destination finale de notre minibus est Pitalito. La nôtre, c’est San Agustín, un petit village perché plus haut dans la vallée. Mais pas de problème, à la bifurcation des deux routes, un système de taxi est organisé pour les passagers se rendant à San Agustín et c’est compris dans le billet de bus qui coûte 55’000 COP par personne (11,80€ ou 11,05 CHF) Du coup, nous avons été déposés directement devant notre logement et c’est super appréciable!

San Agustín

San Agustín est une petite ville de montagne perchée à 1730 mètres d’altitude entre les sommets verdoyants de la cordillère centrale des Andes. Malgré l’attrait un peu touristique, elle a gardé son âme montagnarde et paysanne. Elle vit principalement des cultures du café et de la canne à sucre. Touristiquement, elle est connue pour ses sites archéologiques datant de 3300 avant notre ère appartenant à la civilisation dite de San Agustín. Avec un nom pareil, très chrétien et hispanique, vous vous doutez bien que ce sont les conquistadors espagnols qui l’ont affublée de ce sobriquet. Mais comme les archéologues n’ont encore aucune idée de son « vrai nom », on continue à l’appeler civilisation de San Agustín.

Après une très blanche Popayán, nous sommes conquis par toutes les couleurs qu’on peut trouver sur les façades des maisons au centre-ville.

Comme toute ville latino-américaine qui se respecte, San Agustín possède son « Parque Central » et sa cathédrale. Mention spéciale pour la maison du curé qui jouxte l’église et qui, avec ses balcons en bois, est juste superbe! Il y a, évidemment, les fameuses lettres où les touristes viennent se prendre en photo. En plus, le nom est trop long! Toutes les lettres ne rentrent pas sur une seule photo! Par contre, elle ont été dessinées sur le modèle précolombien de la région et c’est plutôt original et joli.

Mais San Agustín est surtout très intéressante pour tout ce qui se trouve en dehors de la ville. Elle possède des trésors naturels et archéologiques assez exceptionnels.

NB : Toutes les activités que nous avons effectuées, nous les avons faites en autonomie en partant à pied depuis le centre ville. Si vous ne voulez ou ne pouvez pas marcher, il y a la possibilité de prendre un taxi, une moto-taxi, d’effectuer des balades à cheval ou carrément de contracter des tours. L’office du tourisme ou même votre logement peuvent vous organiser tout ça.

Sentier Masaya

Pour y accéder, il faut prendre la route qui grimpe au nord de San Agustín et après un bon kilomètre, il y a la bifurcation pour le sentier. Tout est super bien indiqué! Attention, ça descend à pic et c’est à flanc de côteau! Mieux vaut s’abstenir si vous avez le vertige! Le sentier descend jusqu’aux rives du Rio Magdalena tout en bas dans la vallée. Nous n’avons pas été jusqu’au bout à cause d’une météo incertaine mais nous avons quand même profité d’une petite balade en forêt et de la superbe vue sur les montagnes verdoyantes des Andes.

Nous avons quand même eu droit à une vue époustouflante sur le canyon du Rio Magdalena qui, avec ses 1540 kilomètres, est le fleuve le plus long du pays. Ici, à San Agustín, nous sommes presque à sa source et il va se jeter dans la mer des Caraïbes. Nous aurons donc sûrement l’occasion de le recroiser durant notre périple colombien.

La Chaquira

Pour y accéder, c’est la même route que pour Masaya sauf que le sentier commence quelques centaines de mètres plus loin. Tout y est également super bien indiqué et, en cas de doute, la population locale vous indiquera le chemin même si vous n’avez rien demandé! Mais c’est fait avec tellement de gentillesse et de bienveillance qu’on veut bien se faire guider même si nous savons parfaitement où nous diriger. Le chemin est assez facile mais il alterne de grosses montées avec des descentes bien raides, de quoi bien nous casser les jambes.

Après quatre kilomètres, nous arrivons enfin au site de la Chaquira. Mais nous ne sommes pas au bout de nos peines, il faut encore descendre 162 marches pour arriver à notre but final. Ce qui nous attend c’est un amas de pierres gravées avec de magnifiques pétroglyphes datant de l’ère précolombienne. Le lieu servait probablement d’observatoire astronomique dans le but d’observer le soleil afin d’établir un calendrier agricole.

Par contre, nous avons dû, par inadvertance, faire un geste ou dire quelque-chose qu’il ne fallait pas car, pile au moment ou nous posions le pied sur la dernière marche, il a commencé à pleuvoir. Nous avons sûrement dû invoquer la colère des dieux qui se sont vengés en nous arrosant copieusement! Heureusement, nous étions équipés et n’avons pas trop été trempés, la pluie ne durant jamais trop longtemps sous ces latitudes.

En bas des marches, il y a une petite plateforme avec une superbe vue sur le canyon du Rio Madgalena et sur les différentes cascades qui découpent les flancs des montagnes au milieu de la végétation tropicale bien verte et luxuriante.

NB : l’entrée au site est gratuite. Si vous voulez quand même laisser quelque-chose à la communauté indigène qui s’occupe du lieu, vous pouvez acheter des boissons ou de l’artisanat à l’entrée. Les prix ne sont pas surfaits.

Cascade El Cinco

A la base, nous étions partis pour une petite promenade de santé pour nous « reposer » de nos deux marches du jour précédent. Au départ, c’était le cas! Nous sommes partis, cette fois-ci, dans le bas du village en direction du sud-ouest sur une route non asphaltée mais carrossable. Facile, n’est-ce pas? Oui mais ça c’était avant de voir les panneaux qui nous ont indiqué la direction d’une cascade que notre curiosité naturelle nous a poussé à aller voir! Après cinq kilomètres de balade tranquille, nous sommes arrivés à l’entrée du site de la cascade. Nous nous enfonçons donc dans la forêt et, là, ça se corse! Le chemin est un peu scabreux, un peu glissant à cause des pluies de la veille et il faut traverser les cours d’eau sur des ponts de fortune! De bonnes chaussures de marches sont indispensables pour accéder à la cascade!

L’entrée du site coûte 5000 COP par personne (1,05€ ou 1 CHF). Cet argent va directement à la petite communauté indigène qui s’occupe du site. Ils sont plutôt sympas les gars, ils vous encaissent le prix d’entrée au pied de la cascade, une fois que vous avez passé la partie la plus difficile du chemin. Comme ça, si vous changez d’avis pour cause de vertige ou autre, vous n’avez pas payé d’entrée pour rien! Malgré sa difficulté, le sentier vaut la peine pour toute la faune et la flore qu’on peut y découvrir.

La rencontre trop mignonne du jour

Depuis que nous sommes arrivée en Colombie (et même au Panama!), nous croisons une faune exceptionnelle, principalement des papillons et des oiseaux. La Colombie peut se targuer d’avoir la plus grande biodiversité au monde en ce qui concerne les oiseaux! C’est vrai que nous en avons déjà aperçus des centaines de plusieurs espèces différentes, tous plus beaux les uns que les autres. Malheureusement, ce sont des animaux qui ont la bougeotte et qui se ne se laissent pas trop prendre dans notre objectif.

Mais parfois, il arrive que certains spécimens se laissent quand même prendre en photo, même si c’est de loin. C’est le cas de ce magnifique « gallo de roca » (coq de roche en français) mâle qui est un oiseau assez courant dans toutes les Andes tropicales.

NB : la photo ci-dessous a été recadrée d’où une qualité un peu douteuse. Sorry!

Après toutes ces (belles!) péripéties, nous arrivons enfin au pied de la cascade El Cinco. Certes, ce n’est pas Iguazu, Chiflon ou encore le Rio Celeste mais nous étions seuls au monde dans cet environnement extraordinaire et ça, ça n’a pas de prix. Par seuls au monde nous sous-entendons bien évidemment sans humains, car nous étions loin d’être les seuls êtres vivants dans cette forêt. Il est possible de se baigner au pied de la cascade mais nous n’avions pas nos affaires de bain puisque, rappelez-vous, nous étions censés juste nous balader un peu à la base.

La cascade se dresse sur trois niveaux et il est possible de l’observer sous toutes les coutures grâce à un sentier latéral qui la longe de bas en haut.

Nous continuons notre balade qui n’en est plus trop une par le haut, en passant par les cultures où nous avons une vue sur un autre versant de la cordillère centrale des Andes. Attention, la grimpette est assez conséquente est ça peut être en plein cagnard en cas de beau temps! Une casquette n’est pas de trop! Nous terminons à l’entrée du parque arqueológico où nous avons l’espoir d’attraper le collectivo (sorte de minibus) qui nous ramènera au centre. Manque de bol, nous l’avons loupé pour quelques petites minutes! Nous avons donc dû finir les trois derniers kilomètres à pied. Une petite promenade de santé qu’on disait!

Et devinez ce qu’on y cultive?

Parque arqueológico San Agustín

C’est le gros highlight de San Agustín! Le parc archéologique est en fait une énorme nécropole, une des plus grande de l’Amérique précolombienne, datant de l’époque archaïque (3000 à 1000 avant notre ère) jusqu’à l’époque dite récente (du IXe siècle à la conquête espagnole). Il se trouve à trois kilomètres à l’ouest du centre de San Agustín. Il est possible d’y aller à pied, c’est facile, au bord de la route et ça ne grimpe pas trop. Si vous avez de la chance, comme ce fut notre cas, vous pouvez choper le collectivo qui vous mènera à l’entrée du site pour la modique somme de 2000 COP (0,45€ ou 0,40 CHF).

Mode super timing on : Une fois n’est pas coutume, nous étions dans un timing pratiquement parfait puisque nous étions sur place le dernier vendredi du mois, jour où l’entrée au parc est gratuite! En vrai, nous avons un peu forcé la chance et prolongé notre séjour d’un jour pour que ça marche mais c’est sûrement quelque-chose que nous aurions de toute façon fait en temps normal tellement le coin est incroyable. Sinon, l’entrée du parc coûte 65’000 COP pour les étrangers soit 13, 90 euros ou 13 francs suisses. Nous ne savons pas si ça les vaut mais ça reste le prix moyen d’un site archéologique. Enfin, sachez que le site est fermé le mardi, ce qui signifie que beaucoup de restaurants, de cafés ou de boutiques en villes sont également fermés.

Bosque de las Estatuas

Il y a un petit musée à l’entrée qui expose quelques pièces trouvées sur le site comme des amphores ressemblant fortement à celles que fabriquaient les Romains en Europe à la même époque. Mais les photos étaient interdites à l’intérieur. Commençons donc par le vif du sujet en empruntant le chemin de la forêt des statues. Comme son nom l’indique, c’est une forêt! Mais pas de panique le chemin est super facile. Il est bordé de trente-cinq statues funéraires datant des différentes époques de la culture de San Agustín. Toutes ne sont pas dans le même état de conservation : certains stèles sont bien érodées par le temps tandis que d’autres conservent superbement leurs gravures. Nous trouvons leur design assez rigolo, on dirait des dessins d’enfants.

Les mesitas

Une mesita c’est une clairière. Il y en a trois dans le parc. Seuls les puissants et les nobles avaient le droit d’être enterrés dans ces mesitas. Là, on se rend bien plus compte du caractère funéraire du lieu avec des dizaines de tombes qui ont été excavées. Certaines possèdent encore leurs statues qui sont beaucoup plus grandes que dans le bosque. On voit qu’on avait affaire à de gens importants par ici!

Fuente de Lavapatas

Cette fontaine est un système de canaux sur des pierres gravées avec des figures humaines ou animales. On ne voit plus trop les gravures à cause de l’érosion de la pierre par l’eau. Elle date de l’époque classique (Ier au IXe siècle) et servait de lieu de rituel pour les funérailles. Ce que nous voyons aujourd’hui n’est qu’environ un tiers de toute la fontaine, le reste est resté enfoui sous la végétation.

Alto de Lavapatas

Littéralement, ça signifie le « haut de Lavapatas » et ce n’est pas un mensonge. Depuis la fontaine, il y a une bonne grimpette pour y arriver, et c’est à découvert, donc il n’y a pas beaucoup d’ombre! C’est la nécropole la plus importante du site puisque c’est ici que reposaient les rois et autres figures importantes de la région. Les statues sont y sont également les plus grandes et sont même plutôt de forme phallique.

La récompense de notre grimpette reste quand même la vue sur la cordillère centrale des Andes. Et nous avons eu du bol avec la météo avec une splendide journée ensoleillée!

Nous avons eu un véritable coup de cœur (encore un!) pour San Agustín. Nous avons particulièrement apprécié l’accès facile à la nature pour y faire quelques randonnées. Les Andes nous impressionnent toujours par leur végétation qui recouvrent les montagnes jusqu’à leur sommet même à très haute altitude. Comme nos Alpes nous paraissent grises à côté!

Nous avons quitté la ville avec pas mal de courbatures dans les jambes mais nous avons été ravis et impressionnés par tout ce que nous avons vu, que ce soit au niveau culturel, naturel et surtout aviaire. Le sud de la Colombie nous aura enchantés avec ses paysages, sa culture et sa douceur de vivre. Espérons que la suite sera aussi prometteuse!

Randonnées et découvertes sur la voie lycienne : de Fethiye à Demre

Pour une raison qui nous échappe, parcourir la côte lycienne en transports publics se fait plus facilement dans le sens ouest-est. Pas de bol, nous sommes du côté est. Depuis Antalya, nous prenons donc un bus qui nous emmène directement à Fethiye, du côté ouest donc. Par directement, nous entendons un bus qui passe « tout droit » dans les terres au lieu de suivre la côte qui s’avance sur plusieurs kilomètres en mer Méditerranée. Mais ce n’est pas si direct que ça, l’arrière-pays est très montagneux, nous roulons sur de petites routes de montagne et il nous faut franchir un col à plus de 1500 mètres d’altitude. Mais le paysage est pittoresque et nous ne voyons presque pas passer les quatre heures de trajet que nous avons mis pour parcourir les 192 kilomètres qui séparent les deux villes.

La côte lycienne, c’est quoi au juste?

C’est une côte de près de cinq cents kilomètres située en mer Méditerranée et en mer Egée. On doit son nom à la Lycie, une région antique de l’Anatolie. Les Lyciens étaient des pirates originaires de Crète qui se sont installés dans la région et se sont rarement assimilés aux grands empires qui dominaient le bassin méditerranéen dans l’Antiquité. Elle a ensuite été une province romaine de la Grèce Antique, puis byzantine avant de passer sous domination ottomane. Malgré les différentes dominations de l’histoire, les villages côtiers sont restés grecs orthodoxes jusqu’en 1923, date du Traité de Lausanne qui définit les frontières de la Turquie actuelle après la chute de l’empire ottoman suite à la Première Guerre Mondiale. Aujourd’hui, il reste pas mal de sites archéologiques de la Lycie et surtout, la voie lycienne, qui est un chemin de grande randonnée de plus de quatre cents kilomètres entre Antalya et Fethiye. Nous n’allons pas parcourir toute la voie à pied, nous ne sommes pas équipés pour de si grandes randonnées, mais nous allons quand même en découvrir quelques tronçons.

Fethiye

Fethiye sera donc notre point de départ de la côte lycienne. Elle se situe au bord de la mer Egée mais dans une baie bien profonde et montagneuse fermée par une île, nous avons plus l’impression d’être au bord d’un lac car nous n’apercevons pas du tout la ligne d’horizon typique des bords de mer. Le paysage nous rappelle d’ailleurs le Bouveret à l’extrémité est du lac Léman. La ville en elle-même n’est pas ouf, le bord de mer est rempli de yachts comme à St-Tropez. C’est la première fois depuis notre arrivée en Turquie qu’un lieu nous laisse un peu sur notre faim. Mais nous avons tellement vu des choses extraordinaires que quand c’est un peu moins bien, ça se remarque tout de suite.

Les tombeaux

Une fois n’est pas coutume, notre grimpette du jour ne nous emmène pas à un château mais à des tombeaux. Ces tombes lyciennes creusées dans la roche datent du IVe siècle et il y aurait même quelques lieutenants d’Alexandre le Grand qui y reposent.

Au sommet, il y a quand même une forteresse ou ce qu’il en reste. Elle date de l’époque des croisades et appartenait à l’Ordre des Chevaliers de Saint-Jean. Le site n’est pas sécurisé et il est strictement interdit de grimper sur le promontoire rocheux pour aller voir ça de plus près.

Ölüdeniz

Ölüdeniz se divise en deux parties : mer et montagne. Côté montagne, c’est un petit village perché à trois cents mètres d’altitude. Venant des Alpes, perché et trois cents mètres ça ne veut absolument rien dire mais dans le sud de la Turquie, ces trois cents petits mètres font la différence par rapport au littoral surtout que le relief est très escarpé. Le village en lui-même n’est pas fou et il est complètement dédié aux touristes anglais. Les prix sont affichés en pounds, les pubs anglais sont disséminés un peu partout dans la localité et, le pire du pire, la plupart des restaurants proposent de la gastronomie anglaise! WTF? C’est un énorme gâchis surtout que la cuisine turque est vraiment excellente! Malgré tout ses défauts, Ölüdeniz village est un point de départ idéal pour randonner sur la voie lycienne.

Côté mer, c’est tout autant touristique mais il y a le lagon bleu, appelé ainsi pour ses eaux calmes et cristallines, qui vaut le coup d’œil.

Nous avons préféré chausser nos baskets et parcourir une partie de la voie lycienne en dessus d’Ölüdeniz. Nous traversons une superbe forêt de pins dans une réserve naturelle à laquelle appartient également le lagon bleu. Nous avons vu une quantité incroyable d’oiseaux dont la plupart des espèces nous est inconnue. Ce sont sûrement des espèces endémiques de l’est méditerranéen. Le clou du spectacle est la vue incroyable depuis le chemin sur la mer Egée et ses côtes très découpées.

Kayaköy

La voie lycienne est plus qu’un chemin de grande randonnée. C’est une région chargée d’histoire de l’Antiquité à nos jours. Kayaköy en est un bel exemple. C’était un village grec appelé Livissi jusqu’à la chute de l’empire ottoman quand tous les grecs chrétiens furent expulsés d’Anatolie dans les années 1920. Le village a été ensuite partiellement repeuplé par les Turcs jusqu’en 1957 quand un séisme en détruisit une bonne partie impliquant l’abandon complet du village. Nous pensions juste trouver quelques ruines disséminées mais c’est un grand village qui s’offre à nous occupant deux flancs de montagnes. Il possédait même un petit château et une jolie église orthodoxe datant du XIXe siècle mais dont l’accès est interdit pour des raisons de sécurité. C’est un peu surréaliste de déambuler dans les anciennes ruelles de cette ville fantôme, nous avons un peu l’impression de débarquer après l’apocalypse.

Kaş

Nous continuons notre exploration de la côte par une superbe route surplombant la Méditerranée et ses îles pour enfin arriver à la petite ville de Kaş (à prononcer comme Cash). Le coin est dédié au tourisme mais à petite échelle, ce n’est pas trop gênant. A cause du relief très escarpé, il n’y a pas de longue plage de sable, ça élimine déjà le tourisme de masse balnéaire. Ici, les visiteurs viennent principalement pour la plongée et pour la randonnée. Il faut dire que le paysage de cette côte très montagneuse et très découpée est juste superbe. Cerise sur le gâteau, toute la zone autour de Kaş est classée réserve marine : la pêche y est interdite, les gros bateaux y sont interdits et la plongée y est autorisée mais à des conditions très strictes.

Théâtre Antiphellos

Il est même possible de trouver un peu de culture à Kaş, à juste cinq cents mètres en dehors de la ville. Cet amphithéâtre daterait du Ier siècle avant Jésus-Christ en pleine période grecque. Il a été restauré afin de pouvoir accueillir diverses représentations théâtrales. Le plus impressionnant est sa situation entre forêt de pins et une des baies de Kaş.

Big Pebble Beach

Il faut creuser un peu pour trouver cette petite merveille car elle se situe à un bon kilomètre du centre-ville de Kaş. Ce n’est pas la plage en elle-même qui est impressionnante car ce sont des galets, comme souvent dans la région, mais les falaises de calcaires qui se jettent dans une eau cristalline que ne renierait pas la mer des Caraïbes. Grâce à sa situation bien protégée dans la baie, la mer est très calme ce qui en fait un lieu idéal pour la pratique du paddle.

Nous profitons de notre passage à Kaş pour tester un autre tronçon de la voie lycienne. Le chemin est un peu scabreux par endroits, il faut escalader des rochers ou s’agripper à une corde. Nous, on adore ça mais nous comprenons aisément que ce n’est pas donné à tout le monde. L’environnement est assez sympa entre baies découpée, falaises de calcaires et forêts de pins. En chemin, nous pouvons observer quelques tombeaux lyciens dont certains sont creusés dans la roche.

Pour changer, nous sommes toujours autant fascinés par la vue qui s’offre à nous! Ce qui rend le chemin encore plus dangereux car comment se concentrer sur nos pas avec un panorama pareil!

Bilal’s Beach

Notre randonnée nous mène à Bilal’s Beach, perdue au fond d’une baie accessible seulement à pied ou par bateau. Une vraie ambiance paisible de bout du monde nous y attend même s’il y a quelques bungalows aménagés pour touristes en quête de calme. L’eau y est tellement claire que nous avons pu distinguer une riche faune marine juste en observant l’eau depuis un des pontons.

Demre

La ville de Demre est beaucoup moins pittoresque que Kaş et elle n’est pas du tout tournée sur la mer, pourtant toute proche. Elle est entourée d’un véritable océan de plastique, l’agriculture sous serre étant la principale ressource économique du coin. Et ça se ressent, la ville est un peu figée dans le temps, un peu conservatrice et il y a très peu de jeunes qui préfèrent émigrer dans la dynamique Antalya. Demre vaut quand même le détour pour ses sites aux alentours.

Demre Kuş Cenneti

Lors de notre arrivée sur Demre par la route, nous avons surplombé une belle zone humide typique de Méditerranée. Il nous fallait absolument aller voir ça de plus près. Le Kuş Cenneti (paradis des oiseaux en turc) se trouve à trois petits kilomètres du centre de Demre et y accéder est très facile, c’est tout plat (pour une fois!) et sur des routes peu fréquentées.

Dans cet Albufera turc, on y compte jusqu’à 149 espèces d’oiseaux. Nous en avons aperçus plusieurs dont des flamands roses, des ibis, des grues et des martins-pêcheurs. Le paysage côtier est complètement différent du reste de la côte lycienne. Le relief y est tout autant découpé mais les montagnes ne se jettent pas directement dans la mer. Il y a une belle zone de lagunes et d’étangs entre les deux.

Andriake

Dans cette superbe zone humide se trouvent les ruines de la cité d’Andriake qui était le port de la ville antique de Myra (Demre à l’époque de la civilisation lycienne) On peut y reconnaître l’agora (l’équivalent grec du forum romain), deux églises et des bains thermaux. Le site n’est pas d’une conservation remarquable mais l’environnement compense totalement cet état de fait.

Myra

Un peu en dehors au nord de Demre, se trouve le site de l’ancienne cité de Myra dont il reste principalement le théâtre et la nécropole. C’était une ville importante autant à l’ère lycienne qu’à l’époque romaine. Le théâtre a été construit par les Grecs, il reste d’ailleurs encore des inscriptions en grec ainsi que des masques de tragédie grecque gravés dans le marbre, mais il a été détruit par un tremblement de terre en l’an 141. Les Romains en construisirent un plus grand sur les ruines de l’ancien. Lors de notre visite, deux femmes ont entamé des chants lyriques afin de tester l’acoustique du lieu et nous avons été impressionnés par la qualité du son qui se répand dans chaque coin de l’édifice.

La nécropole

On date cette magnifique nécropole au Ve siècle avant Jésus-Christ. La plupart des tombes sont directement creusées dans la roche, une vraie prouesse pour l’époque! Les tombeaux étaient décorés par une représentation du défunt, de ses parents et de ses amis. Avec le relief méga accidenté, nous sommes assez scotché par la beauté et la finesse de cette architecture datant de plusieurs millénaires!

C’est avec Demre que se termine notre superbe boucle sur la côte lycienne qui nous a vraiment impressionnés par son paysage et son histoire. Notre coup de cœur a été pour la région de Kaş mais toute la côte mérite une visite. Et nous n’en avons vu qu’une petite partie!

Notre séjour en Turquie touchant gentiment à sa fin, nous retournerons ensuite sur Antalya puis sur Istanbul d’où nous nous envolerons vers de nouvelles aventures. Si tout se déroule comme prévu, ce sera le 3 novembre. Nous profiterons des quelques jours qui nous restent pour préparer la suite et notamment nous soumettre à un test PCR dont le résultat décidera si nous pourrons vraiment nous envoler vers d’autres cieux. Et évidemment, nous vous préparerons notre traditionnel bilan sur notre séjour dans ce magnifique pays.

Randonnée dans le parque rural et massif de l’Anaga

Lorsque nous étions en train d’étudier la carte de Tenerife avant notre arrivée sur l’île, une grosse tâche verte a tout de suite attiré notre attention sur la pointe nord-est. C’était le Parque Rural Anaga. Les renseignements que nous avions glanés à ce sujet laissaient présager un truc sympa. Mais voilà, le hasard a fait que nous avons passé la première partie de notre séjour canarien dans le sud de l’île et nous avons laissé notre projet en stand-by jusqu’à notre déménagement à Puerto de la Cruz.

L’Anaga est un massif et une réserve de biosphère grande de 14’500 hectares et recouvre toute la pointe nord-est de l’île de Tenerife dans un paysage de montagnes et de vallées très découpées. Elle contient des dizaines d’espèces endémiques, que ce soit pour la faune ou pour la flore, et est un refuge pour les oiseaux. Nous nous sommes d’ailleurs baladés dans une jolie cacophonie de chants d’oiseaux. Mais ces petites bêtes sont timides et nous avons juste pu les apercevoir furtivement. Vu l’immensité de la réserve et les possibilités presque infinies de randonnées, nous avons dû venir plusieurs fois afin d’en avoir un petit aperçu.

Comme toute réserve naturelle qui se respecte, il y a un centre de visiteurs. La salle d’exposition est actuellement fermée pour cause de Covid-19 mais il y a toujours des rangers à disposition. C’est bien desservi par les guaguas et c’est un bon point de départ pour de nombreuses randonnées. Pays catholique oblige, nous sommes accueillis par une petite église et par une statue de la Vierge Marie.

La laurisylve

La laurisylve est la forêt subtropicale humide typique de la Macaronésie. De la Macaron quoi? Non, la Macaronésie n’est pas une fabrique géante de macarons comme son nom pourrait le laisser penser (dommage!), mais un grand archipel de l’Atlantique auquel appartiennent les Canaries mais aussi les îles portugaises des Açores et Madère ainsi que l’archipel du Cap Vert. Voilà, vous aurez de quoi vous la péter au prochain quizz de géo! Ces forêts ont plus de quarante millions d’années et se situent plutôt sur les versants nord des îles car elles bénéficient de l’humidité apportée par les alizés qui est un vent humide du nord, CQFD. Aujourd’hui, il en subsiste encore à Madère, un petit peu aux Açores, à la Gomera, sur l’île de la Palma et bien sûr au nord de Tenerife, dans l’Anaga. Après quelques mois passés dans le sud presque désertique, nous sommes plus qu’heureux de retrouver nos forêts humides! C’est Bornéo mais en beaucoup plus froid! Dire qu’à environ quarante kilomètres à vol d’oiseau, c’est pratiquement le désert! On ne le voit pas du tout sur les photos mais il faisait un temps splendide, c’est juste que la brume s’accroche désespérément à la montagne. Mais c’est grâce à elle que nous pouvons profiter de cette superbe végétation luxuriante!

NB : Ceci n’est pas le « Bosque Encantado »! Si vous prévoyez de vous rendre à l’Anaga, vous avez peut-être entendu parler du fameux « Bosque Encantado » (forêt enchantée en français). Sachez qu’il faudra demander un permis pour y accéder. Le ranger du centre de visiteurs nous a déconseillé de nous y rendre. Selon lui, ce n’est qu’un attrape-touristes et n’importe quelle forêt de laurisylve du parc peut prétendre au titre de forêt enchantée. (Effectivement!) Et comme il y vit des espèces en danger d’extinction, il préfère dissuader les gens d’y aller. Nous avons décidé de suivre son conseil que nous trouvons très sensé. La forêt dans la galerie photo ci-dessous se situe entre la localité de Carboneras (à un arrêt de guagua du centre de visiteurs) et le Mirador de Pico del Ingles.

Mirador de Pico del Ingles

Nous sommes arrivés au mirador par la forêt depuis Carboneras mais il est également accessible en voiture pour ceux qui ne veulent pas ou ne peuvent pas marcher. Le Pico del Ingles ne s’est pas toujours appelé comme ça. Il s’appelait Pico de las Aguilillas (pic des petits aigles) jusqu’au jour où un Anglais y fit une chute mortelle. Les locaux ont pris l’habitude en parlant de ce sommet de parler « du pic d’où l’Anglais est tombé » pour finalement officiellement s’appeler Pico del Ingles qui signifie tout simplement « pic de l’Anglais » Il culmine à 990 mètres d’altitude et, par beau temps, offre une vue imprenable sur le massif de l’Anaga, Santa Cruz de Tenerife, le plateau de la Laguna et même sur sa majesté le Teide! A notre arrivée, tout était bouché mais la brume circule très vite et nous avons pu tout de même profiter du paysage. Nous y sommes restés environ quinze minutes et la vue a changé une bonne douzaine de fois.

Nous sommes retournés au centre des visiteurs par une forêt à flanc de côteau. On y voit que l’humidité est déjà moins présente mais ça reste quand même une belle forêt comme on les aime!

Fin de balade

Si votre randonnée se termine au centre de visiteurs, il vaut la peine de faire quelques pas supplémentaires pour traverser le parking et se rendre au mirador. Une belle vue sur la Laguna et sur le Teide vous y attend.

Cruz del Carmen – Punta del Hidalgo

Ce n’était pas du tout ce que nous avons prévu comme balade quand nous sommes retournés au centre des visiteurs de l’Anaga. Nous voulions emprunter le chemin des crêtes jusqu’à Tegueste. Mais un samedi matin très ensoleillé, nous n’étions pas les seuls à avoir eu la même idée et le chemin était bondé. Nous avons, sur un coup de tête, bifurqué en direction de Punta del Hidalgo et entamé la descente dans une magnifique forêt de laurisylve.

Après environ deux kilomètres, la forêt cède la place à une végétation plus sèche, beaucoup moins dense et nous pouvons observer la magnifique vue sur le massif de l’Anaga.

Batan

Il paraît fou d’avoir construit un village aussi isolé sur un flanc de côteau très escarpé. A l’époque, c’était un endroit très important grâce à l’industrie textile locale assez florissante. Aujourd’hui, le temps s’y est arrêté. A mi-chemin entre Cruz del Carmen et la Punta del Hidalgo, c’est un endroit pratique pour le ravitaillement. Mais le petit bar a l’air d’avoir fermé ses portes définitivement. Nous avons néanmoins trouvé une fontaine pour remplir nos gourdes.

Barranco del Rio

Nous ne sommes pas au bout de nos peines avec ce barranco del Rio. Il a l’air idyllique au premier abord, et franchement, il l’est mais la descente est raide et assez scabreuse. Il ne faut pas trop se laisser subjuguer par le paysage et se concentrer un peu où on pose nos pieds sous peine de trébucher sur une des nombreuses pierres. On doit ce barranco à « El Morro », un ancien volcan vieux de plus de 100’000 ans et qui a fait un joli boulot de façonnage de relief à l’époque.

Punta del Hidalgo

Après plus de onze kilomètres et une descente de plus de mille mètres, nous voici enfin à la Punta del Hidalgo, plus précisément à la Playa de los Troches. Nous devons également ce cap rocheux à « El Morro ». Trop fatigués par notre descente, nous n’avons pas eu le courage de tirer jusqu’au village surtout que, grâce à un super timing, la guagua nous attendait à l’arrivée. Nous n’avons apparemment rien loupé car le coin s’apparente assez à un « Los Cristianos » local, c’est-à-dire un lieu super touristique que nous n’affectionnons pas vraiment.

Vallée d’Igueste

Nous changeons de versant pour nous retrouver du côté est du massif de l’Anaga, à une vingtaine de kilomètres au nord de Santa Cruz de Tenerife et ça se remarque! Les flancs des montagnes sont beaucoup plus « râpés » et la végétation beaucoup plus sèche. La guagua nous dépose dans le petit village d’Igueste, coincé entre le barranco du même nom et l’océan Atlantique. Il y règne une vraie ambiance de bout du monde. Il est difficile d’imaginer que la dynamique capitale régionale se trouve juste un peu plus au sud!

Nous avons quand même effectué une petite grimpette (environ 200 mètres la grimpette, une petite promenade de santé!) afin de profiter de la superbe vue sur la côte nord est de Tenerife où nous pouvons observer Santa Cruz, la côte jusqu’à la Candelaria, le massif de l’Anaga, l’île de Gran Canaria et même sa majesté le Teide quand il daigne sortir de sous les nuages. Le relief découpé du littoral, la roche volcanique et la route côtière ne sont pas sans rappeler la côte Amalfitaine au sud de Naples.

Las Teresitas

Nous nous sommes arrêtés à la fameuse plage de Las Teresitas située entre Santa Cruz de Tenerife et Igueste. C’est la plage la plus célèbre des Canaries et c’est sûrement celle qui nous a le plus déçus! Il faut savoir que c’est une plage construite artificiellement avec du sable importé du Sahara. Et ça se voit à des kilomètres à la ronde que c’est du fake! Tenerife est une île volcanique, sauvage, soumise aux courants de l’Atlantique avec une mer agitée, des falaises, des plages de cailloux ou de sable un peu grossier mais de couleur noir! Cette plage calme, super accessible, de sable blond et bordé d’un immense parking n’a, à notre avis, rien à faire là! Oui, la situation au pied de l’Anaga est idyllique mais ce n’est pas naturel. En plus, c’est le lieu de mouillage des bateaux de croisières qui desservent Tenerife, ce qui renforce la sensation de tourisme de masse que nous abhorrons! La seule chose vraiment sympa du coin ce sont les maisons du village accrochées à flanc de montagne.

Descente sur Las Mercedes

Décidément, nous sommes un peu maudits avec notre fameuse marche jusqu’à Tegueste! Cette fois-ci, c’est une pluie battante qui nous attend à notre arrivée à Cruz del Carmen. Oui c’est vrai, c’est sous la pluie que la forêt est la plus belle mais Tenerife n’est pas Bornéo et quand il y pleut, il fait vraiment froid. Nous décidons juste de descendre jusqu’à Las Mercedes, le premier village en dessous du centre des visiteurs afin de reprendre une guagua de retour. Finalement, nous continuerons jusqu’à la Laguna, histoire quand même de mériter notre zaperoco à l’arrivée. Notre plan A est tombé à l’eau mais nous avons quand même pu traverser une superbe forêt de laurisylve embellie par la pluie.

Nous avons tout de même eu un peu de chance. Nous sommes arrivés vers un mirador et le temps s’est juste dégagé pour nous laisser entrevoir la superbe vue sur le massif de l’Anaga.

Tegueste

Nous avons finalement réussi à atteindre Tegueste, mais par la guagua, c’est plus sûr!! De toute façon, la météo n’était pas compatible avec la randonnée. Nous avons quand même couplé ça avec un jour de marché, histoire de joindre l’utile à l’agréable et de faire le plein de fruits et légumes locaux. Tegueste est dominée par les montagnes du massif de l’Anaga. C’est un petit village de montagne sympa avec un mini centre historique. L’ambiance rappelle certains coins d’Italie du Nord.

Nous décrétons officiellement que l’Anaga est notre coin préféré de Tenerife! La forêt humide de laurisylve y est pour beaucoup dans cette nomination! Nous qui nous languissons des Tropiques et de leur végétation luxuriante, ce massif est un petit lot de consolation. Une vie ne suffirait pas pour découvrir tous les trésors de ce coin de paradis mais nous il n’est pas impossible que nous succomberons encore à l’appel de la forêt pour quelques petites randonnées sympas dans cet endroit magique!

Puerto de la Cruz, la perle du nord de Tenerife

Nous vous l’avions annoncé en grande pompe dans notre dernier article et sur les réseaux sociaux et, voilà, c’est fait, nous nous sommes enfin installés au nord de Tenerife. Ce déménagement était un souhait de notre part car nous voulions découvrir quelque-chose de nouveau et surtout de moins désertique que le sud. Après quatre mois au même endroit, nous avions envie de changement et le fait de savoir qu’il nous reste beaucoup de choses à découvrir dans ce nouveau coin nous motive à fond et nous fait un peu oublier notre sédentarisme forcé.

Puerto de la Cruz est située au nord-ouest de Tenerife et, de ce fait, reçoit beaucoup plus les influences de l’océan Atlantique que du Sahara! C’est beaucoup plus verdoyant que le sud et surtout, il y a un taux d’humidité acceptable! Quel bonheur! Nous avons appris par hasard grâce à un jeu télévisé de la télé locale canarienne que c’est la plus petite commune de tout l’archipel, ce qui risque d’être bien embêtant en cas de confinement périmétral. A la base, c’était juste le port de la ville d’Orotava, située plus haut dans les montagnes. Le port le plus important de la côte nord-ouest se trouvait à Garachico. Mais ce dernier a été enseveli sous une coulée de lave en 1706 et Puerto de la Cruz dut prendre le relais des activités portuaires et, par conséquent, prit de l’importance. Le tourisme se développa à partir du XIXe siècle avec l’arrivée des Anglais. Aujourd’hui, c’est une petite ville qui mixe joliment histoire, culture, playa, nature et, malheureusement, usines à touristes.

Casco historico

Nous n’avions plus déambulé dans les rues d’un vrai centre historique depuis bien longtemps et ça nous avait manqué. Celui de Puerto de la Cruz n’est pas très grand mais vaut le détour. Si les couleurs et quelques détails architecturaux vous rappellent les villes coloniales d’Amérique latine, c’est normal car tout date de la même époque. (XVIe – XVIIe siècles) Les iles Canaries étaient une étape importante sur la route maritime atlantique qu’empruntaient les conquistadors espagnols pour se rendre au Nouveau Monde, donc ils y construisirent des villes et des ports. Par contre, les persiennes en bois, les balcons-galeries en bois également et les angles en briques de basalte (la pierre noire d’origine volcanique) sont typiquement canariens. Mais il y a, ici, un grand avantage par rapport à l’autre côté de l’océan, les rues du centre sont presque toutes entièrement piétonnes!

Parroquia Matriz de Nuestra Señora de la Peña de Francia

Quel nom grandiloquent pour une cathédrale qui ne l’est pas! Surtout que c’est un nom qui nous vient tout droit de la région de Salamanca (nord-ouest de l’Espagne) et nous ne savons pas trop pourquoi il a atterri à Tenerife. L’église a été construite en 1697 avec du basalte, d’où sa couleur sombre. Elle a subi une rénovation au XIXe siècle où une bonne partie des détails architecturaux comme des balcons ont été enlevés et c’est bien dommage car ça lui aurait donné un certain charme qui lui manque actuellement. Après avoir vu des dizaines d’édifices religieux en Espagne, nous trouvons cette église bien quelconque. Par contre, nous trouvons le petit parc avec les palmiers et les dragons à l’entrée bien sympa mais, comme nous avons été cruellement en manque d’arbres dans le sud, nous ne sommes sûrement pas objectif.

Ermita de San Telmo

Cette petite chapelle, qui date de 1870, fait office d’OVNI dans le quartier de San Telmo car le coin s’est converti en véritable usine touristique avec des grands hôtels, des bars et des restaurants internationaux avec des menus écrits en allemand et… en finnois! Oui, Puerto de la Cruz est un vrai fief pour les Finlandais mais nous ne pouvons pas les blâmer de préférer le climat tempéré de Tenerife à celui, moins agréable, de leur pays. Heureusement, l’Ermita de San Telmo a résisté aux promoteurs immobiliers et se dresse fièrement, entouré de bananiers (oui, nous faisons une petite fixette sur les arbres tellement nous sommes ravis d’en revoir!) sur un promontoire rocheux dominant l’océan Atlantique.

Castillo de San Felipe

Vivre sur un archipel qui appartient au royaume européen le plus puissant du moment et qui a conquis une bonne partie de l’Amérique c’est super cool! Mais il y a un revers de médaille : ça attire les convoitises et les attaques de pirates! Les Espagnols étant doués pour la construction de châteaux et autres fortifications y bâtirent ce fort au XVIIe siècle dans un style, cette fois, purement colonial afin de défendre la ville. Outre son usage défensif, le fort fit également office d’infirmerie, de lieu de quarantaine, de dépôt, et de bureau pour différentes sociétés locales. Aujourd’hui, c’est un centre culturel avec une petite salle de concert. Evidemment, avec la situation sanitaire actuelle, tout est fermé. Si l’édifice a été rénové de fond en comble durant le XXe siècle, le canon qui se trouve devant l’entrée est d’origine.

Le front de mer

Si les touristes accourent à Puerto de la Cruz c’est en partie grâce à son front de mer incroyable! Il y en a pour tous les goûts. Il y a une belle plage, Playa Jardin, de sable volcanique bien noir qui nous provient directement du Teide himself! Elle est abritée des courants et propice à la baignade à condition de bien aimer l’eau froide. Les surfeurs peuvent s’en donner à cœur joie à la Playa de Martianez, au nord-ouest de la ville, où les vagues sont au rendez-vous. Quant aux plus téméraires, ils peuvent se baigner dans les piscines naturelles entre les rochers du côté de la Punta Brava. C’est magnifique et l’eau y est super claire mais il faut tout de même être un nageur aguerri et ne pas avoir peur des énormes crabes qui peuplent les lieux. Sinon, pour une baignade tranquille, il y a les piscines de Manrique sur le front de mer du centre mais tout est actuellement fermé pour cause de crise sanitaire.

Punta Brava

C’est l’ancien quartier de pêcheurs de Puerto de la Cruz et le temps s’y est presque arrêté. Il est situé sur un promontoire rocheux qui forme une petite péninsule s’avançant dangereusement dans l’océan Atlantique. On y trouve enfin une petite ambiance africaine avec des petites maisons colorées un peu défraîchies et une vrai douceur de vivre. Car, même si administrativement les Canaries appartiennent à l’Espagne, donc à l’Europe, elle sont situées en Afrique au large des côtes marocaines et du Sahara Occidental. C’est dans ce quartier que nous avons posé nos sacs à dos pour quelques temps et il faut bien reconnaître que nous ne sommes absolument pas à plaindre.

Los Roques

Cet endroit, situé juste au sud de la Punta Brava, porte bien son nom puisqu’il signifie « les rochers ». Les pics rocheux qui émergent de l’océan faisaient auparavant partie intégrante de l’île de Tenerife mais l’érosion a tellement bien fait son travail qu’elle a tout grignoté sur son passage. On peut accéder à la plage par un joli sentier à flanc de côteau mais il est actuellement fermé pour cause de chute de pierres.

Bon puisque le sentier n’est pas praticable, il faut bien en trouver un autre au prix d’une bonne grimpette. Mais la vue une fois en haut vaut amplement l’effort.

Rambla de Castro

C’est un sentier qui traverse une réserve naturelle de 46 hectares. A certains endroits, il surplombe l’océan et à d’autres, il traverse une magnifique végétation luxuriante composée notamment d’espèces endémiques comme le dragon ou le palmier des Canaries. Le chemin est souvent bordé par de la lavande sauvage et ça sent super bon! Après des mois passés dans le sud désertique, nous sommes super contents de revoir du vert et des arbres!

Elevador de Aguas de Gordejuela

En chemin, nous pouvons apercevoir ce bâtiment en ruines qui surplombe l’océan. C’est une ancienne station de pompage qui a été construite en 1903. Elle abritait la toute première machine à vapeur de Tenerife. Mais l’usine a été assez vite abandonnée car impossible à entretenir à cause de la difficulté d’accès dû au terrain escarpé.

La Casona

C’est le but de la promenade par la Rambla de Castro. C’est la maison de la famille à qui appartenait une grande plantation de bananes et de canne à sucre au XVI siècle. Aujourd’hui, les champs ont été rendu à la nature, et il reste juste la maison, superbement restaurée, se dressant fièrement au milieu des palmiers.

Madre de Agua

Il fallait bien arroser toutes les plantations de la Casona! Pour cela, on utilisait l’eau qui provenait des sommets et qui ressortait par la roche poreuse. L’eau était ensuite amenée dans les champs grâce à un système d’irrigation qui ressemble fortement à nos bisses valaisans.

La balade est vraiment sympa et très belle mais le clou du spectacle reste la vue incroyable sur les falaises qui se jettent dans l’océan Atlantique.

Ce n’est qu’une première impression mais il nous semble que nous avons touché le gros lot en choisissant Puerto de la Cruz comme lieu de villégiature. Surtout que toute la région à l’air de regorger de coins idylliques à découvrir! Nous avons hâte d’aller explorer tout ça!

La réserve naturelle de Malpais de la Rasca et son phare

Encore une fois, nous nous sommes dirigés vers l’océan pour la balade du jour. La faute, encore, à la météo. Les Canaries n’ont pas été directement touchées par la tempête Ernest mais cette dernière nous a quand même apporté de forts vents et des nuages qui s’accrochent désespérément aux sommets des volcans. Mais, il faut avouer, qu’en grands amoureux de la mer, nous n’avons pas vraiment été gênés de devoir nous contenter du littoral. Nous voulions également profiter de nous rendre encore une fois du côté du sud, sud-ouest de Tenerife car, la semaine prochaine, nous déménageons. La famille de la fille qui nous loue l’appartement débarque d’Allemagne pour les fêtes de fin d’année et nous avons dû leur laisser la place. Mais pas de panique, nous avons rapidement trouvé quelque-chose d’autre pour nous loger. Nous serons à San Isidro, juste en dessus de El Medano. Finalement, nous nous en sortirons gagnants car le village, beaucoup plus grand que Las Chafiras où nous logeons actuellement, est beaucoup mieux desservi par les guaguas. Nous serons également mieux placés pour visiter l’est de l’île que nous ne connaissons pas encore.

Las Galletas

Nous commençons notre petite balade au port de Las Galletas, au sud de l’île. Si le nom du lieu signifie littéralement « les biscuits », le village n’a rien de très alléchant. C’est une petite station balnéaire datant des années 1970 et qui a très mal vieilli. Il y a juste un petit port de pêche et une marina qui sont sympas. Depuis là, nous mettons le cap sur l’ouest.

Playa de los Enojados

A la sortie de las Galletas, nous longeons la petite plage de los Enojados. C’est une petite plage de sable longue de 80 mètres. Elle est située dans une petite anse qui l’abrite un peu des forts vents qui soufflent souvent sur la région. Elle est fréquentée principalement par des naturistes.

Punta Negra

Nous faisons un petit détour de quelques centaines de mètres par la Punta Negra. Elle porte bien son nom de « Pointe Noire » puisqu’elle est composée principalement de basalte, la fameuse roche noire volcanique. Cette pointe a été formée par une éruption volcanique sous-marine et possède des fossiles de mollusques tropicaux qui datent d’il y a plus de 100’000 ans. Oui, à cet époque là, le climat des Canaries était beaucoup plus chaud et humide qu’actuellement. Nous ça nous arrangerait bien le retour du climat tropical sur l’archipel!

El Banco

Toujours en direction de l’ouest, nous longeons le littoral dit d’El Banco. Nous y trouvons de superbes piscines naturelles mais nous trouvons le courant vraiment trop fort pour la baignade. Et Van trouve l’eau beaucoup trop froide!

L’avantage des courants de l’Atlantique, c’est qu’ils apportent un peu d’humidité. Pas beaucoup, on reste dans un climat semi-aride, mais assez pour faire pousser de la végétation. Nous avons d’ailleurs été assez étonné de trouver autant de vert dans le sud, même si on le doit surtout à des cactus!

Réserve naturelle Malpais de la Rasca

Après toutes ces merveilles, nous arrivons enfin à notre but du jour : la réserve naturelle de Malpais de la Rasca. Nous en avions déjà pris plein les yeux dans la première partie de notre balade. Eh bien, nous n’avions encore rien vu! Malpais est un nom qui ne se traduit pas en français (Ceux qui ont traduit « mauvais pays », sortez tout de suite!) et qui signifie un accident de relief caractérisé par la présence de roches volcaniques peu érodées dans un milieu aride. Ce sont pratiquement les seuls endroits volcaniques où la terre n’est pas fertile. Cette particularité géographique n’existe qu’à Tenerife et au Nouveau-Mexique.

Le Malpais de la Rasca est une réserve naturelle de 315 hectares et contient une partie côtière avec le basalte se jetant dans l’océan et une partie terrestre avec une végétation typique de cap aride. C’était un territoire occupé par les Guanches, proches cousins des Berbères qui habitaient l’archipel canarien avant l’arrivée des Espagnols. Avec une pluviométrie moyenne annuelle d’à peine 62 millimètres, la réserve est le coin de plus sec de toutes les Canaries, et ça se voit!

Faro Punta de Rasca

Sur la côte de la réserve se dresse un phare haut de 32 mètres et contrôlant la navigation au large de toute la côte sud de Tenerife. Il date de 1978 mais il existait déjà un ancien phare depuis le milieu du XIXe siècle. S’il n’y avait pas les cactus aux alentours, nous nous serions vraiment cru sur les côtes bretonnes.

Montaña Grande

Non ce n’est pas Uluru, la fameuse montagne rouge au milieu de l’outback australien même si nous devons reconnaître qu’il y a un petit air de famille. Ce volcan qui domine la réserve naturelle s’appelle simplement Montaña Grande et culmine à 278 mètres. Il y aurait un superbe point de vue au sommet. En tout cas, ce volcan a éveillé notre curiosité et nous allons l’ajouter à notre liste à idées déjà très longue!

La balade se termine à Palm-Mar, à l’autre extrémité de la réserve. C’est un coin qui a déjà été une arrivée d’une de nos randonnées depuis Los Cristianos, la Montaña Guaza.

En pratique

  • Itinéraire : Las Galletas – Palm-Mar par la côte. Si vous utilisez les transports publics, sachez que le dernier guagua part de Palm-Mar vers 16h30, prévoyez donc d’y arriver avant! Le sentier suit l’océan tout le long. Il n’est pas indiqué mais bien tracé.
  • Distance : environ dix kilomètres
  • Temps de parcours : nous avons mis trois bonnes heures mais nous avons pris le temps de faire quelques détours vers les piscines naturelles
  • Dénivelé : quasi nul
  • Difficulté : facile, c’est presque tout plat. Il faut juste avoir de bonnes chaussures car le sentier est fait de caillasse.

C’est clairement une de nos plus jolies balades sur Tenerife, et pourtant, nous avions déjà mis la barre très haut! Nous espérons, après Clément et Ernest, que les tempêtes hivernales atlantiques nous laissent un peu tranquilles et nous permettent de profiter des activités outdoor dont des randonnées en montagne qui commencent quand même à nous manquer. Nous allons également découvrir ce qu’il sera possible de découvrir depuis San Isidro, notre nouveau lieu d’habitation depuis la semaine prochaine.

El Medano et la Montaña Pelada

La météo ne nous a pas gâtés ces derniers jours. Tempêtes et pluies se sont succédé dans l’archipel compromettant nos activités à l’extérieur. C’est le revers de la médaille de vivre au milieu de l’océan Atlantique Nord connu pour ses bourrasques hivernales. Heureusement, les températures sont tout de même restées assez clémentes même si le Teide, du haut de ses 3718 mètres, s’est paré d’un magnifique manteau neigeux.

Evidemment, dès que le soleil est revenu, nous avons vite rechaussé nos baskets et sommes partis à la découverte d’un nouveau coin de Tenerife. Seul bémol, il y a un vent à décorner des bœufs formant des mini tempêtes de sable. Nous avons littéralement « bouffé du sable ». Mais tout ce qui ne tue pas rend plus fort et ça ne nous a pas empêché de profiter d’une jolie petite balade dans un superbe paysage, une fois de plus.

Playa de la Jaquita

Comme la météo en montagne est encore mitigée, nous nous sommes, encore une fois, rabattus sur le littoral. Mince alors! Comme pour la Montaña Roja, notre point de départ est la station balnéaire d’El Medano. Mais cette fois, nous partons en direction du nord en longeant la superbe plage de la Jaquita qui possède quelques dunes. Elle ressemble à une plage de rêve, surtout à Tenerife ou les longues plages de sables sont assez peu nombreuses, mais attention, les courants marins peuvent être très forts et la baignade est plutôt dangereuse. Par contre, c’est un véritable paradis pour pratiquer le kite-surf!

Montaña Pelada

Notre but du jour est la boucle de la Montaña Pelada. Elle se situe juste après la playa de la Jaquita. On doit la formation de ce volcan à une éruption volcanique il y a plusieurs millions d’années. Le phénomène d’hydromagmatisme, c’est-à-dire l’interaction violente entre la lave brûlante et l’océan plutôt froid, a créé ce cône volcanique d’un kilomètre et demi de diamètre. Nous ignorons l’origine du nom « Montaña Pelada » (montagne pelée en français) mais nous imaginons que c’est dû à ses flancs complètement « pelés », dépourvus de végétation car constamment balayés par les forts vents de l’océan Atlantique.

Nous entamons l’ascension du volcan par le côté océan ce qui, par fort vent, n’est pas l’idée du siècle. Nous sommes près du bord et les rafales jouent dangereusement avec notre équilibre, surtout celui de Van qui, avec sa petite taille, ne pèse pas bien lourd. Mais qui dit vent dit également érosion et cette dernière a façonné un paysage extraordinaire, presque lunaire, depuis des millénaires.

Playa de la Montaña Pelada

Si nous avons pris le chemin côtier pour monter, c’est pour pouvoir observer d’en haut, entre deux bourrasques, la magnifique plage de la Montaña Pelada qui, comme son nom l’indique, est située juste au pied du volcan. Cette plage est superbe coincée dans sa petite baie. Mais ne vous y trompez pas! Elle est vraiment déconseillée pour la baignade, les courants sont forts et les rochers dangereux!

C’est après cette magnifique grimpette que nous arrivons, finalement assez facilement au sommet qui culmine à l’altitude très honorable de 67 mètres! La vue sur El Medano et la Montaña Roja est magnifique. De l’autre côté, c’est moins glamour, il y a l’institut technologique des énergies renouvelables avec ses éoliennes et ses panneaux solaires. Ce n’est pas très joli pour le paysage mais c’est important. Les Canaries veulent à tout prix cesser de dépendre des énergies fossiles qui sont très polluantes et qui doivent être importées. Et comme, il y a du vent et du soleil à volonté dans l’archipel, autant en profiter! Nous saluons en tout cas l’effort fourni par la région pour essayer de créer une énergie propre!

Barranco de la Rajita

Comme la plupart des reliefs à Tenerife, la Montaña Pelada possède aussi son barranco, cette grande faille façonnée par l’érosion. Il est assez impressionnant et descend directement sur l’océan où il débouche sur une petite plage naturiste.

La caldera

Nous avons grimpé au sommet de la Montaña Pelada… pour mieux nous plonger dans la caldera (ou cratère si vous préférez). On y distingue plusieurs sortes de roches, résultat des diverses phases de l’hydromagmatisme. Nous arrivons mieux à apercevoir les différentes couleurs de roches que sur la Montaña Colorada pourtant réputée pour ses différentes couches géologiques colorées. Il y a juste quelques buissons, qu’on appelle ici « tabaidal dulce » qui résistent à l’acidité du sol et au fort vent, même s’il est un peu plus modéré à l’intérieur de la caldera.

Nous redescendons par le chemin à l’intérieur des terres, plus abrité. C’est moins pittoresque qu’à l’aller mais la végétation s’y plait beaucoup mieux.

Antena de Central

A la fin de notre promenade, nous sommes tombés sur cette énorme antenne parabolique abandonnée, semble-t-il, depuis des années. Pourtant, elle ne date que de 2008! Elle faisait partie d’un grand projet de centrale thermique fonctionnant à l’énergie solaire. Mais voilà, la centrale n’avait pas reçu l’autorisation de construire dans la zone protégée de la Montaña Pelada et le proche voisinage s’est empressé d’aller dénoncer ce vice de forme aux autorités compétentes. Les Espagnols sont sympas et chaleureux mais ce sont également les rois de la délation, ce qui les rend insupportables! Donc la centrale a dû être laissée à son triste sort créant ainsi un site abandonné complètement surréaliste.

En pratique

  • Trajet : Boucle depuis El Medano pour la Montaña Pelada. A la sortie du village, côté nord, longer la plage de la Jaquita. Ensuite, le chemin n’est pas indiqué mais il est bien tracé.
  • Distance : Environ douze kilomètres (boucle depuis le centre du village de El Medano)
  • Temps de parcours : deux heures et demies
  • Difficulté : facile, le chemin est bien tracé. Il faut juste éviter le versant côté océan en cas de vertige.
  • Dénivelé : Environ 80 mètres

Finalement, devoir composer avec la météo nous a fait découvrir encore un coin sympa. Bonne nouvelle, les basses pressions venues de l’océan Atlantique devraient être derrière nous et laisser la place à un temps beaucoup plus clément! Nous allons donc pouvoir repartir à la découverte de coins sympas!

Sentier côtier El Medano – Los Abrigos – Golf del Sur

Nous qui étions venus aux Canaries pour avoir un hiver pas trop froid nous avons été servi ces jours! Une belle vague de chaleur, avec des températures dépassant allègrement les trente degrés, s’est invitée sur l’archipel pour notre plus grand bonheur! Petit revers de la médaille, l’absence de vent et, par conséquent, de nuages ainsi que de l’air qui nous vient tout droit du Sahara nous laisse une sècheresse de l’air à la limite du supportable. Nous sommes donc redescendu côté mer pour aller chercher un petit peu d’humidité avec cette petite balade côtière au bord de l’Atlantique.

El Medano

C’est le point de départ de notre promenade du jour. A la base, c’était un petit village de pêcheurs qui s’est transformé en station balnéaire avec l’arrivée du tourisme. Mais El Medano est restée modeste, il n’y a pas de grands blocs de béton qui font office d’hôtels ni de grands centres commerciaux. Elle a gardé son ambiance village où les habitants et les visiteurs vivent au rythme des différents vents afin de pratiquer le wind-surf ou le kite-surf. Il y a également une plage de sable, un luxe à Tenerife, assez abritée ou l’océan est un peu moins froid qu’ailleurs. L’Atlantique est froid pour nous qui nous sommes parfaitement habitués aux mers chaudes du sud mais les Européens du Nord s’en donnent à cœur joie pour la baignade!

Reserva natural de la Montaña Roja

Depuis El Medano, nous suivons la plage en direction du sud. C’est facile car nous avons la Montaña Roja comme point de repère. Nous arrivons vite dans une zone plus sauvage de dunes où se trouvent plus de 136 espèces végétales dont certaines endémiques. Elles ont quand même du mérite de pousser et de vivre dans cet endroit semi-aride soumis aux forts vents de l’Atlantique!

La Montaña Roja

Ce promontoire rocheux qui domine l’océan du haut de ses 171 mètres est en fait un cône volcanique qui s’est formé assez récemment. Il a quand même plusieurs milliers d’années mais pour un volcan, c’est encore jeune! C’est grâce à lui s’il y a des plages de sable à proximité. Son nom, qui signifie « montagne rouge » en français provient évidemment de la couleur de sa roche. Nous ne sommes pas montés au sommet pour des raisons de timing, nous ne voulions pas louper notre guagua de retour mais sachez qu’il y a un chemin pour y aller. Il faut compter un peu plus d’une heure pour l’aller-retour. Nous, nous sommes juste contentés de la contourner, mais ce n’est que partie remise.

Playa la Tejita

Au pied de la Montaña Roja se trouve une des plus longues plages de sable de Tenerife et une des plus belles! Ne vous emballez pas! Elle ne fait qu’un petit kilomètre mais pour une île volcanique, c’est tout à fait respectable. Le relief est plutôt escarpé avec des rochers se jetant dans la mer, donc les plages de sable ne sont pas légion sur l’île. Elle est assez éloignée des urbanisations, ce qui lui donne un côté un peu sauvage. Elle est prisée pour le kite-surf, le wind-surf ou encore le naturisme. Nous, nous la trouvons juste très belle!

Bunker Allemand de la Seconde Guerre Mondiale

Peu après la Playa Tejita, nous sommes tombés sur ce bâtiment visiblement d’utilité militaire. Nous en avons basiquement déduit qu’il datait de la Guerre Civile Espagnole. Perdu! Cette guerre n’a pas atteint les Canaries, elles en ont juste beaucoup souffert économiquement. Ce bunker est un blockhaus construit par les Allemands pendant la Deuxième Guerre Mondiale. L’Espagne n’a pas participé au conflit mondial et est restée officiellement neutre mais le Général Franco a plus ou moins donné son soutien à l’Allemagne nazie qui en échange a construit plusieurs bunkers dans l’archipel afin de défendre les côtes d’attaques éventuelles, qui n’eurent jamais lieu.

Très vite, nous retrouvons un paysage un peu plus commun de Tenerife, c’est-à-dire de la caillasse et des rochers. Mais nous ne nous plaignons pas, c’est ce qui donne à l’île un caractère unique.

Les falaises de Los Abrigos

Le chemin continue ensuite sur les falaises de Los Abrigos qui surplombent de magnifiques piscines naturelles. Le sentier est large et le sommet des falaises est plat, il n’y a aucun souci pour les personnes souffrant de vertige.

Los Abrigos

Après la superbe balade sur les falaises, nous arrivons dans la petite localité de Los Abrigos. Pour ceux qui parlent espagnol, vous aurez remarqué que le nom du village signifie « Les Manteaux », pourtant il y a rarement besoin d’en porter ici! L’ambiance change complètement de El Medano et le coin a gardé son âme de village de pêcheurs. C’est un lieu de villégiature pour des vacanciers un peu plus âgés loin de la vie nocturne trépidante de Los Cristianos.

Los Abrigos est connu pour ses magnifiques piscines naturelles. La roche volcanique et les anciennes coulées de lave rencontrent une eau cristalline et c’est superbe! La baignade y est possible mais non surveillée. Avec les courants forts de l’Atlantique et les cailloux, nous vous conseillons fortement d’être des excellents nageurs avant de tenter d’y faire trempette.

Et voici un petit aperçu depuis le bas des falaises sur lesquelles nous sommes venus depuis El Medano.

La marche peut parfaitement se terminer à Los Abrigos mais nous avons poussé le vice un peu plus loin pour des raisons de transports publics. Nous empruntons donc un chemin bien aménagé pour longer une magnifique plage de galets.

Golf del Sur

C’est notre terminus du jour. Là, nous changeons encore une fois complètement d’ambiance et pourtant, nous ne sommes qu’à une petite demi-heure de marche de Los Abrigos. Ici, c’est une station balnéaire cinq étoiles pour vacanciers fortunés. Si le lieu s’appelle ainsi c’est parce qu’il y a un golfe et qu’il est situé tout au sud de l’île de Tenerife. Quelle originalité! A part des grands hôtels avec piscine et, bien sûr, un golf, il n’y a vraiment rien d’intéressant. Il y a juste une jolie vue sur Los Abrigos et la Montagne Rouge derrière.

En pratique

  • Trajet : El Medano – Los Abrigos – Golf del Sur. Tout à fait faisable en sens inverse. Depuis El Medano suivre la plage en direction de la Montaña Roja. Ensuite, le chemin est bien délimité avec des pierres, le but étant d’empêcher les marcheurs de piétiner la réserve naturelle. Après la Playa Tejita, il suffit de suivre la côte
  • Distance : 12,5 kilomètres
  • Temps de parcours : deux heures et quarante-cinq minutes
  • Dénivelé : quasiment nul, c’est presque tout plat
  • Difficulté : facile, c’est plat et les sentiers sont bien marqués

Avec un temps aussi splendide et un ciel sans nuage, nous avons eu un compagnon de route qui nous a suivi tout le long du parcours du haut de ses 3718 mètres d’altitude. Nous parlons évidemment du Teide, le point culminant de Tenerife, et de toute l’Espagne. (C’est le pic sous la flèche sur la photo) Il est, comme souvent, surmonté d’un nuage qu’ici on surnomme affectueusement « El sombrero ».

En plus gros… (C’est la même photo recadrée, d’où la qualité douteuse)

Nous ne nous lassons pas des paysages extraordinaires de Tenerife même si nous devons nous adapter à la météo. Mais le soleil est, en principe, généreux, les températures sont agréables et nous pouvons profiter de belles sorties dans la nature. Que demander de plus?

Randonnée côtière à Tenerife : Montaña Guaza et Mesas de Guaza

Ce qui nous a attiré à Tenerife, ce sont les paysages de ouf ainsi que les volcans et toutes les possibilités de randonnées qu’ils offrent. Mais l’île a un atout encore plus irrésistible : l’océan Atlantique, même s’il est souvent déchaîné dans le coin. Et, cerise sur le gâteau, il y a la possibilité de profiter de ses trois facettes en même temps grâce à de superbes sentiers côtiers. En voilà déjà un premier que nous allons essayer de vous faire découvrir dans cet article.

Los Cristianos

Ce n’est clairement pas notre endroit préféré de Tenerife mais c’est très bien desservi par les guaguas et c’est un bon point de départ pour randonner au sud de l’île. C’est une station balnéaire créée de toutes pièces lors du boom touristique des années 1960-1970 avec de gros immeubles en béton, des alignées d’hôtels, des bars, des fast-foods américains et tout y est écrit en allemand. Et encore, nous sommes en pleine période de Covid, il n’y a pas beaucoup de touristes. Nous n’osons pas imaginer comment c’est blindé de monde en temps normal! C’est dommage car l’environnement entre océan Atlantique et pics volcaniques est vraiment sympa.

Evidemment, nous ne nous attardons pas à Los Cristianos et sortons vite de la ville en direction de l’est pour entamer notre balade côtière. Mais ce ne sera pas si simple car le littoral ressemble à ça :

La Montaña Guaza

Vous l’aurez compris, si nous voulons profiter de rester près du bord de mer, il va falloir grimper. Cette falaise, la Montaña Guaza, est un dôme volcanique exogène, c’est-à-dire que les roches ont été formées en surface après une éruption. Elle fait partie d’une zone protégée de 725 hectares et contraste bien avec l’urbanisation galopante de Los Cristianos. C’est un sanctuaire à oiseaux et il est vrai que nous en avons aperçus beaucoup mais la seule espèce que nous avons réussi à reconnaître est la mouette.

La montée n’est pas très difficile car le sentier est bien sinueux à flanc de côteau et la pente est très douce.

Dans notre précédent article, nous vous faisions découvrir les barrancos, ces fameuses failles formées par les mouvements des plaques tectoniques. La Montaña Guaza en possède également quelques-uns (cinq ou six, nous ne les avons pas comptés) qu’il faut évidemment traverser. Mais ils ne sont pas très profonds et les sentiers sont très faciles.

Notre chemin passe à proximité de cratères de trachytes. Mais qu’est-ce le trachyte? C’est un type de roche volcanique un peu grise et très visqueuse. En général, on trouve ce type de roche vers un volcan dit explosif, c’est à dire que, pendant l’éruption, le volcan explose littéralement projetant des cendres, des scories et beaucoup de gaz. Grâce à notre séjour à Tenerife, (et surtout grâce à Wikipédia!) nous allons bientôt être experts en vulcanologie!

Evidemment, durant notre petite grimpette, nous ne sommes pas restés constamment la tête dans les cailloux! Nous en avons également profité pour admirer la vue sur Los Cristianos qui est bien plus sympa vu d’en haut.

Mesas de Guaza

Une fois notre grimpette terminée, nous arrivons sur un vaste plateau nommé Mesas de Guaza, littéralement « tables de Guaza ». C’est l’éruption du volcan situé un peu plus au nord qui a formé ce plateau, ainsi que les falaises en contrebas, en crachant une lave visqueuse en direction de l’océan. Avec la terre très fertile et l’humidité venant directement de la mer, la végétation est un peu plus fournie qu’ailleurs dans la région. Mais elle est tout de même constituée principalement de cactus car les précipitations sont rares et ne dépassent pas cent millimètres par an.

De l’autre côté de la falaise se trouve le petit village de Palm-Mar mais y descendre est un peu plus scabreux que le reste du chemin. La descente est à pic, sur de la caillasse et vraiment à flanc de falaise. Pas idéal si vous avez le vertige.

La balade pourrait s’arrêter là mais nous utilisons les transports publics et notre guagua de retour part depuis l’entrée de la petite localité voisine d’El Fraile. Pour nous y rendre, nous passons par une partie de la réserve naturelle de la Montaña Grande. C’est vraiment tranquille pour une fin de randonnée et, une fois n’est pas coutume à Tenerife, c’est tout plat!

En pratique

  • Trajet : Los Cristianos – Palm-Mar – El Fraile. Nous vous conseillons de le faire dans l’autre sens, la descente sur Los Cristianos est beaucoup plus douce. Nous ne le savions pas et nous nous sommes fait avoir. Depuis Los Cristianos, le sentier part juste après la Playa de los Tarajales, depuis Palm-Mar, il part à l’extrémité de la plage de la Arenita. Le chemin n’est pas balisé mais il est bien marqué et bien reconnaissable et il n’y en a qu’un, impossible de se tromper!
  • Distance : 8,5 kilomètres
  • Dénivelé : du niveau de la mer à 140 mètres d’altitude, plus quelques barrancos à traverser. Environ 250 mètres et, en général, en pente douce.
  • Temps de parcours : environ deux heures et quarante-cinq minutes
  • Niveau : moyen, c’est un sentier de caillasse. Difficile si vous faites la descente Mesas de Guaza à Palm-Mar. Vraiment facile de Palm-Mar à El Fraile. Si vous avez le vertige, faites la rando dans le sens Palm-Mar – Los Cristianos pour éviter la grande descente sinon le sentier est assez loin du bord des falaises, ça ne devrait pas poser de problème.

Ce n’était pas vraiment une grande randonnée mais c’était une petite balade bien sympa qui nous a permis de rester près de l’océan, un rêve pour nous qui sommes de grands amoureux de la mer!

Nous allons évidemment poursuivre nos aventures au gré des restrictions Covid et surtout de la météo car, bien qu’il y ait un climat généralement doux et clément, Tenerife connaît une multitude de microclimats et le temps change à peu près toutes les heures!

Granadilla de Abona et l’impressionnant barranco de la Orchilla

Notre dernière petite balade dans la région de San Miguel de Abona nous a bien motivé à continuer d’aller découvrir cette belle région. Cette fois, nous avons pris la même guagua que la dernière fois mais nous avons poussé jusqu’au terminus de la ligne : Granadilla de Abona.

Granadilla de Abona

Nous ne sommes pas vraiment enchantés de notre arrivée à Granadilla, les alentours de l’arrêt de guagua sont vraiment sans charme. Mais il suffit de faire quelques pas pour découvrir un magnifique petit centre historique. Si les maisons vous rappellent le Portugal, c’est normal. Comme l’archipel des Canaries était une étape maritime importante pour l’Afrique australe puis, plus tard, l’Amérique, les Portugais et les Espagnols se sont disputés le territoire pendant des dizaines d’années. Finalement, c’est l’Espagne qui l’emporte en 1479 grâce au traité d’Alcaçovas. Le Portugal se consolera avec Madère et les Açores.

Notre but de notre visite, c’est la rando, plus précisément rentrer à pied jusqu’à notre appartement. Pour accéder au sentier, il faut se rendre au sommet du village et ça côte pas mal. De quoi se faire un bon échauffement pour la suite.

Une fois arrivés au sentier, c’est une petite promenade de santé qui nous attend à flanc de côteau au milieu des cultures.

Charco del Pino

Après environ deux kilomètres, nous arrivons au petit village de Charco del Pino. Il est moins pittoresque que Granadilla de Abona mais l’ambiance est vraiment tranquille et la vie se déroule au rythme des récoltes de pommes de terre et de patates douces.

Chiñama

Nous avons fait un petit détour (une petite centaine de mètres l’aller-retour le détour, vraiment rien) pour grimper sur le point culminant du village, la Chiñama. Comme dans tout pays catholique qui se respecte, le sommet est orné d’une croix. Mais, comme vous vous en doutez sûrement, c’est surtout pour la vue que nous avons fait ce détour.

Et si vous regardez attentivement l’image suivante, vous pourrez apercevoir l’île voisine de Gran Canaria. Ce n’est pas totalement net à cause d’une légère calima, un phénomène de scirocco venant directement du Sahara et qui nous laisse des grains de sable en suspension dans l’atmosphère.

Le mirador de Chiñama est vraiment magnifique mais si nous passons notre temps à faire des pauses nous n’allons pas beaucoup avancer dans notre rando! Nous reprenons donc notre chemin, toujours à flanc de côteau sauf que le paysage se fait plus sauvage. Nous avons laissé les cultures bien organisées pour une végétation diffuse qui essaie de se faire une place dans cet environnement un peu plus hostile.

Barranco de la Orchilla

Attention! Si vous êtes sujets au vertige, passez directement au chapitre suivant! Mais qu’est-ce un barranco? C’est un brusque dénivelé de terrain comme une entaille causé par l’érosion ou par le mouvement de plaques tectoniques. En français, on utilise parfois le mot ravine pour définir ce genre d’accident géologique. Tenerife, comme toutes ses voisines des Canaries, est une île volcanique située sur la plaque africaine et dans une zone sismique active. Les barrancos sont donc légion dans la région. Le phénomène est accentué par le climat sec car, peu habituée à recevoir de l’eau, la roche s’érode plus facilement lors des rares pluies.

Pour traverser le barranco, il n’y a pas trente-six solutions : il faut y descendre au fond avant de remonter sur l’autre versant. Tant mieux, nous en avions marre de notre petite promenade de santé. Nous sommes donc contents de trouver quelque-chose d’un peu plus technique surtout que certaines pierres du sentier ne sont pas stables. Avant de s’adonner à la contemplation de ce paysage incroyable, il faut d’abord regarder où nous mettons les pieds sous peine de dérocher. Le barranco fait office de limite entre les communes de Granadilla de Abona et de San Miguel de Abona. Ici, il n’y aucun risque de revendications territoriales, la frontière est assez claire!

Après la montée, nous avons eu droit au comité d’accueil! Ces petites bébêtes travaillent activement pour nous donner du bon fromage! Le fromage de chèvre étant très répandu dans les Canaries.

San Miguel de Abona (encore!)

Notre chemin repasse par San Miguel de Abona, ce qui nous permet de découvrir le quartier de l’église, également d’influence portugaise, que nous avons zappé la dernière fois car nous avions trop traîné à la Casa del Capitan en prenant le café avec les deux adorables potières.

Camino las Lajas

Nous avons trouvé un itinéraire bis pour rejoindre Aldea Blanca depuis San Miguel, c’est le Camino las Lajas. Il est plus direct mais bien plus raide que le chemin royal du sud que nous avons emprunté la dernière fois. Le sentier servait pour les transhumances et pour l’entretien des anciens systèmes d’irrigations qui ressemblent fortement à nos bisses valaisans. Seule une toute petite partie des canaux est encore en service aujourd’hui.

Barranco las Lajas

Juste en dessus d’Aldea Blanca, le sentier longe un barranco qui porte le même nom que lui. Il n’est pas aussi impressionnant et pittoresque que le barranco de la Orchilla mais il nous permet quand même de terminer notre rando en beauté.

En pratique

  • Trajet : Granadilla de Abona – Charco del Pino – San Miguel de Abona – Aldea Blanca. Les guaguas desservent tous les villages donc il est possible d’adapter le trajet à votre convenance. Depuis Granadilla, il faut monter jusqu’au sommet du village puis suivre le balisage vert et blanc. Depuis San Miguel le sentier s’appelle « Camino las Lajas » ou TF-231.1
  • Distance : 9.5 kilomètres
  • Dénivelé : 191 mètres en positif dont les trois quarts au tout début de la marche. 687 mètres en négatif.
  • Temps de parcours : environ trois heures en descente, il faut compter un peu plus en sens inverse.
  • Niveau : facile de Granadilla à Charco del Pino, c’est plat avec peu de cailloux. Moyen sur le reste du parcours. La descente par le camino las Lajas est assez raide et technique. Empruntez le chemin royal du sud si vous préférez quelque-chose de plus doux.
  • Autre recommandation : Le barranco de la Orchilla est un peu limite pour les personnes souffrant de vertige.

Voilà encore une marche bien sympa sur une île qui nous émerveille de plus en plus chaque jour. Si vous êtes en confinement, nous espérons vous avoir un peu changé les idées et nous pensons fort à vous! Mais confinés ou pas, prenez tous bien soin de vous! Quant à nous, nous allons profiter de cette liberté de mouvement qui nous est encore accordée (pour l’instant!) pour continuer nos découvertes.

Puçol, ses réserves naturelles et randonnée sur le Monte Picayo

Lors de notre étude très sérieuse de la carte de la Communauté Valencienne, nous sommes tombés sur plusieurs étendues vertes tout près de chez nous. Evidemment, il n’en a pas fallu plus pour éveiller notre curiosité et nous avons, de ce pas, chaussé nos baskets pour aller voir de quoi il en retournait exactement.

Puçol

Puçol, c’est notre voisine du sud, à un arrêt de Cercanias de la gare de Sagunto. Si l’orthographe du nom vous interpelle avec le « ç », c’est parce-que ce n’est pas de l’espagnol mais du valencien. C’est comme du catalan mais avec plein de « x »! Certains petits villages, notamment dans l’arrière pays côtier, pratiquent encore beaucoup le valencien même si dans les grandes villes, sur le littoral et près de la frontière aragonaise, c’est le castillan qui prime. Puçol n’a pas vraiment d’intérêt mais c’est un point de départ intéressant pour nos balades dans la nature environnante.

La Huerta

Puçol, comme les villages alentours, fait partie de ce qu’on appelle la Huerta. Littéralement, ça signifie verger. C’est une grande plaine côtière très fertile et un des greniers de l’Espagne. On y cultive du riz (le fameux riz pour la paella vient d’ici!), des citrons, des figues, des grenades, des olives, etc… et surtout des oranges. Une bonne partie des récoltes part pour l’exportation via le port de Valence.

Marjal del Moro

C’est une réserve naturelle de zone humide méditerranéenne, étendue sur plus de trois cents hectares, située entre Puçol et Puerto de Sagunto. Elle est composée essentiellement de marais et de lagunes d’eau douce. A la base, cette zone couvrait toute la surface littorale entre Valence et Sagunto mais une bonne partie de ce territoire a été utilisée pour la culture du riz, pour l’horrible zone industrielle de Puerto de Sagunto et pour l’urbanisation. L’Espagne est connue pour être vraiment un très mauvais élève dans l’aménagement et la protection de ses côtes. Mais concentrons-nous sur ce qui reste, car ça vaut vraiment le coup d’œil! Le site est fameux pour être un sanctuaire d’oiseaux, migrateurs ou non. Et c’est vrai, des oiseaux, nous en avons aperçu des centaines! Mais trop loin et pas assez statiques pour notre zoom malheureusement. Parmi ceux que nous avons pu reconnaître, il y avait des hérons, des cigognes, des grues, des hirondelles, des flamands roses et, en bord de mer, des mouettes. Il paraîtrait qu’au printemps, il y a foule, tous les oiseaux migrateurs s’y donnent rendez-vous. Si la Covid nous coince encore en Europe, il faudra que nous aillons vérifier! L’environnement et la végétation valent également le détour. Le climat méditerranéen étant plutôt sec, il n’est pas très habituel de croiser des étangs bordés de roseaux.

Une partie du sentier longe une plage avec de superbes galets où seuls quelques naturistes viennent s’y aventurer. Mais la mer est un des dangers que court la réserve naturelle. Avec le réchauffement climatique et la montée des eaux, l’eau salée risque d’inonder les lagunes d’eau douce et y abîmer cet écosystème si spécifique.

Grau Vell

Notre promenade se termine dans la minuscule localité de Grau Vell caché derrière la zone industrielle de Puerto de Sagunto dont c’était le port au Moyen-Age. (Grau Vell signifie d’ailleurs vieux port en valencien) De cette époque, ne subsiste que le donjon qui date du XVe siècle. Aujourd’hui, c’est un petit village endormi dont l’ambiance nous rappelle l’Afrique du Nord. De là, il nous reste une petite heure de marche pour rentrer mais le paysage est beaucoup moins idyllique. Nous devons traverser l’horrible zone industrielle avant d’arriver à bon port.

Réserve du Mont Picayo

Le Marjal del Morro était magnifique et incontournable mais un peu trop plat à notre goût, surtout que les premiers reliefs de la Sierra Calderona sont bien visibles depuis Puçol. Il nous faut juste patienter car les températures du mois d’août (près de quarante degrés!) sont vraiment trop élevées pour des grimpettes de ce genre. Mais septembre a fini par arriver entraînant avec lui une petite baisse des températures (28-30 degrés environ). Pour nous, c’était idéal, mais si vous souffrez du chaud, attendez encore un mois de plus avant d’entamer la montée car il n’y a que très peu d’ombre fournie par quelques pins parasols.

Le GR10

Un GR est un chemin de grande randonnée, exactement comme en France. Le GR10 espagnol part justement de Puçol et parcourt la péninsule ibérique sur près de 1600 kilomètres pour terminer à Lisbonne, au Portugal. Nous l’empruntons seulement sur son premier kilomètre afin de nous rendre au Mont Picayo.

Notre première idée était de rejoindre la Reserva Costera mais ça nous paraissait un peu court. Nous étions vraiment motivés a une grimpette un peu plus compliquée. Mais nous gardons le lieu sur notre longue liste à idée pour une balade ultérieure.

Montée au mont Picayo

Nous abandonnons le GR10 pour entamer la montée à proprement parler. Le chemin est bien pierreux et le soleil cogne malgré l’heure matinale mais nous sommes bien équipés, avons de bonnes réserves d’eau et surtout, nous sommes motivés d’en venir à bout de cette petite montagne. Nous traversons une réserve naturelle, celle du Mont Picayo, où diverses espèces d’oiseaux viennent nous honorer de leur présence dans ce magnifique sanctuaire où peu d’humains ont le courage de venir s’y aventurer.

Le sommet

Comme chaque sommet en pays catholique qui se respecte, celui du Mont Picayo est doté d’une croix chrétienne qui domine toute la Huerta à ses pieds à une altitude honorable de… 373 mètres! (Oui, c’est l’altitude de Genève!) Mais ne vous y trompez pas! L’altitude peut sembler ridicule, surtout pour ceux qui vivent dans les Alpes, mais le sentier d’accès n’a rien à envier aux chemins de haute montagne de nos régions. Nous on s’en fiche de l’altitude! Nous avons effectué une jolie randonnée et trouvé un coin idyllique sur les rochers que nous élirons sûrement « Place de pique-nique de l’année »!

La vue

Comme vous devez sûrement vous en douter, la vue depuis le sommet est vraiment à couper le souffle. Elle s’étend sur la Huerta Norte et la mer Méditerranée à l’est, jusqu’à Almenara au nord et le port de Valence au sud. A l’ouest, ce sont les magnifiques reliefs de la Sierra de Calderona et la vallée de la Palancia qui s’offrent à nous.

Le GR10, encore lui!

Comme nous n’aimons pas vraiment prendre le même chemin au retour qu’à l’aller, nous empruntons le versant ouest du Mont Picayo pour rejoindre, encore une fois, une petite portion du GR10. Nous aurions pu continuer et emprunter le col de Borregos, mais nous n’étions pas sûrs de nos réserves d’eau et nous avions déjà pas mal de kilomètres efforts dans les jambes.

Pico de Aguila

Nous préférons donc contourner le Pico del Aguila qui nous domine durant presque toute la marche de retour en plaine du haut des 466 mètres d’altitude. La descente se fait plus douce mais le paysage reste enchanteur. La roche rouge, le climat semi-aride et les montagnes escarpées, façonnées par l’érosion ne sont pas sans nous rappeler les paysage du sud-ouest américain. Nous vous disions déjà dans notre précédent article que la Communauté Valencienne était un peu l’Arizona espagnol, ça se confirme encore une fois ici!

Gilet

Gilet est le but de notre descente depuis le Mont Picayo. Comme son nom ne l’indique pas, on n’y fabrique ni des gilets, ni des rasoirs. (oui, le jeu de mots est pourri mais après une randonnée pareille, on a le droit à des blagues douteuses! Non?) Le village est encore moins intéressant que Puçol, c’est plutôt le Beverly Hills local avec ses villas huppées possédant chacune une grande piscine. Ici, nous sommes dans le commencement de la vallée de la Palancia, la fameuse qui relie Valence à l’Aragon.

Nous rentrons en train jusqu’à Sagunto, bien fatigués mais heureux de notre journée avec plein d’idées supplémentaires à rajouter sur notre liste, déjà très longue!

Si le beau temps reste au rendez-vous, nous aurons de quoi user nos baskets ces prochaines semaines, ce ne sont pas les sentiers qui manquent! Nous avons également un petit projet pour changer de région quelques jours et découvrir d’autres trésors hispaniques. Bref, plein de petites aventures en perspectives que nous ne manquerons pas de partager avec vous!