Aracena et sa Sierra

Vivre dans une grande ville bouillonnante comme Séville c’est génial, nous n’avons pas le temps de nous ennuyer, nous avons une vie sociale de ouf et notre grande soif de culture y est étanchée mais, parfois, nous aimons la quitter quelques temps pour aller voir un joli coin de nature et une ambiance un peu plus rurale, plus tranquille. C’est ce que nous avons fait un dimanche. Nous avons embarqué deux amis assez fous pour être sur le pied de guerre à neuf heures du matin à la station de bus de Plaza de Armas et nous sommes partis tous les quatre à l’aventure.

L’Andalousie, ce n’est pas que la mer et des palais mudéjars, c’est également très montagneux! Pour cause, elle est traversée par trois cordillères! Nous n’avons pas été en montagne depuis notre retour d’Amérique Centrale à cause, entre autres, des gros risques d’incendie de l’été. En vrai, l’automne n’est pas vraiment arrivé dans notre région mais il y a quand même eu quelques pluies au mois de septembre qui ont été bienvenues et qui ont un peu atténué les risques. Même si dans les faits, il nous faudrait des mois de pluie continue pour atténuer la sécheresse.

Aracena

Il faut compter environ une heure et demie de bus depuis Séville pour arriver à Aracena. Nous sommes ici dans le nord de la province de Huelva, à quelques kilomètres de l’Estrémadure dans une région naturelle appelée Sierra de Aracena mais que, dans la culture populaire, on appelle, à tort, Sierra de Huelva (qui signifie les montagnes de Huelva) car ce sont les seules montagnes de toute la province qui est composée principalement de plaines et de lagunes. Le village d’Aracena est « perché » à 682 mètres d’altitude. Ça peut paraître modeste pour des natifs des Alpes comme nous mais nous vivons dans la plaine du Guadalquivir à sept petits mètres d’altitude. Nous avons donc quand même pris un peu de hauteur.

Aracena n’a pas l’importance historique qu’ont d’autres localités andalouses même si elle a vu passer les différents peuples qui ont conquis le sud de la péninsule ibérique allant des Phéniciens aux Visigoths. Elle prit un peu d’essor au VIIIe siècle lors de la conquête arabe et l’âge d’or de la taïfa de Niebla de laquelle elle dépendait directement. La Reconquista catholique ne s’est pas faite par les rois d’Aragon mais par Sancho II du Portugal en 1231. Il est vrai que nous sommes bien plus proches de nos voisins lusitaniens que de Zaragoza! Les siècles qui ont suivi l’ont vu passer alternativement sous les règnes des couronnes de Castille et du Portugal jusqu’au XVIe siècle où Aracena fut rattachée définitivement au Royaume de Séville. En 1831, lors de la nouvelle administration territoriale qui perdure encore aujourd’hui, Aracena fut rattachée à Huelva car il fallait bien donner quelques montagnes à cette pauvre petite province lagunaire! Nan, en vrai ce n’est pas tout à fait pour ça mais nous on la trouve cool comme raison!

Même s’il n’est pas sur la liste officielle, Aracena pourrait prétendre sans vergogne au titre de Pueblo Blanco avec ses petites ruelles bucoliques et ses façades blanchies à la chaux.

Gruta de las Maravillas

Si nous avons pris des photos promotionnelles de la ville d’Aracena ou de l’office du tourisme d’Andalousie pour illustrer cet article, ce n’est pas par flemme mais parce qu’il est strictement interdit de prendre la moindre photo ou vidéo à l’intérieur de la grotte pour des motifs de conservation. Et c’est THE grosse frustration de notre journée car la grotte elle est juste WOW et n’a pas volé son nom! (Maravillas signifie merveilles en espagnol) Mais nous comprenons aisément les raisons de cette interdiction et n’avons même pas essayé de voler quelques clichés en cachette.

L’accès se fait par une petite maison médiévale juste derrière l’Ayutamiento (la mairie) en plein centre historique. Le dernier endroit où on imagine trouver une grotte! Et pourtant il y a plus de deux kilomètres de galeries souterraines réparties sur trois étages. La partie ouverte au public fait environ 1,2 kilomètre. A l’intérieur, c’est un enchantement de stalagmites, de stalactites et de pierres superbement façonnées par l’érosion. Les lacs contiennent une eau cristalline, riche en minéraux et propre à la consommation qui alimentaient le village en eau potable jusque dans les années 1970. Nous sommes restés tous les quatre bouche bée devant une telle merveille de la nature.

La température intérieure est de 19 degrés environ toute l’année. C’est une parfaite climatisation naturelle pour les étés torrides d’Andalousie. Même au début octobre, nous y avons apprécié la fraîcheur (oui, même Van la frileuse!) car nous vivons un veranillo de San Miguel (l’équivalent de l’été indien) particulièrement chaud.

Aussi fou que ça puisse paraître, il ne faut pas souffrir de vertige pour visiter la grotte. Non, nous n’avons pas abusé de la manzanilla (le vin blanc local de la région de Séville) et avons bien écrit le mot vertige en toute conscience! En général, grotte rime plutôt avec claustrophobie. Mais celle-ci est super haute et bien large à part à quelques petits passages, mais c’est vraiment minime. Van, qui n’aime pas du tout les espaces clos, n’a pas du tout été incommodée durant sa visite. Par contre, il y a des escaliers et des passerelles qui surplombent les lacs et ça peut effectivement être vertigineux et très impressionnant pour les personnes qui ont peur du vide.

L’entrée de la grotte se trouve derrière l’Ayutamiento, il suffit de traverser les arcades. Il y a des panneaux indicatifs dans tout le village. Nous avons pris le billet qui inclut également les entrées au château et au musée du jambon. (15€ soit 14,45CHF le week-end ou 12,50€ soit 12,05CHF en semaine). Etant tributaires des transports publics, nous n’avons pas eu le temps de visiter ce dernier. En vrai c’est parce-que nous avons préférer aller le manger le jambon dans un bistrot! La Sierra de Aracena produit un délicieux jambon sous l’appellation d’origine contrôlée Jabugo, qui est un des villages de la Sierra.

A l’achat de vos entrées, on vous indiquera une heure de visite. Vous serez accompagnés obligatoirement d’un guide et dans un petit groupe d’une vingtaine de personnes, souci de conservation oblige. Pas de panique si vous ne maîtrisez pas le castillan : il y a des visites en anglais et même dans notre belle langue de Molière grâce à des audioguides.

Fuente del Concejo

La structure actuelle de cet ancien lavoir date de 1923 mais des vestiges trouvés sur les lieux nous laissent penser qu’on y lavait déjà ses vêtements au Moyen-Age. Si l’eau paraît si claire c’est parce qu’elle provient directement de la Gruta de las Maravillas. Donc oui, elle est potable! Mais nous n’avons pas osé la boire car nous y avons vu des gens y tremper leurs pieds juste avant (Beurk!). De toute façon, il est déconseillé de trop en consommer car elle est hyper calcaire et risque donc de nous donner de jolis calculs rénaux.

Iglesia de Nuestra Señora del Mayor Dolor

Vous ne pensiez quand même pas que nous allions échapper à notre traditionnelle grimpette du jour? Ce à quoi nous pensions échapper, c’est aux températures du mois de juillet! Loupé! Mais nous commençons à nous habituer aux étés interminables que finalement nous aimons bien et nous nous sommes équipés en conséquence.

La colline sur laquelle nous montons est celle qui abrite la Gruta de las Maravillas. Toute cette hauteur qui nous a impressionnés à l’intérieur, il faut la grimper maintenant! Après avoir passé la porte surplombée d’un clocher-mur typique du XVIe ou XVIIe siècle nous tombons sur cet immense mastodonte de style gothique tardif du XVe siècle. Comme presque toute église qui se respecte en Andalousie, elle a été construite sur une ancienne mosquée datant du XIIe siècle dont on peut encore observer aujourd’hui la tour mudéjar dont les détails ne sont pas sans nous rappeler notre merveilleuse Giralda. Malheureusement, le minaret est mal orienté et se trouve à l’ombre une bonne partie de la journée. Difficile d’y faire ressortir les détails architecturaux.

Château de Aracena

Nous sommes en Espagne donc même s’il y a des grottes et des églises gotico-mudéjars, il y a toujours un château sur la colline! Ou au moins, les restes d’un château! Celui d’Aracena conserve une belle muraille d’enceinte mais pour le reste, c’est bien en ruines même si on peut quand même deviner le donjon grâce à une paroi qui est vaillament restée debout. Nous devons cette fortification du XIIIe siècle aux musulmans. Après la Reconquista, elle fut brièvement cédée à l’ordre des Templiers. Aracena n’a jamais été un endroit stratégique à défendre, le château à donc été laissé gentiment à l’abandon, d’où un état de conservation pas terrible.

Nous avons particulièrement apprécié la promenade sur les remparts car elle donne une vue magnifique sur le village d’Aracena.

Il y a également une superbe vue sur la Sierra de Aracena qui fait partie de la réserve de biosphère de Dehesa de la Sierra Morena, un espace protégé qui s’étend sur plus de 424’000 hectares sur trois provinces andalouses. Nous avons été étonnés de voir un paysage si vert qui contraste avec la sécheresse de la plaine du Guadalquivir. Aussi fou que ça puisse paraître, la Sierra reçoit des précipitations parmi les plus importantes de la péninsule ibérique, ce qui permet à de magnifiques forêts de s’épanouir. Ce climat méditerranéen tempéré par les pluies permet l’élevage des porcs pour le fameux « jamon de Jabugo », la culture des oliviers et celle des chênes-lièges car il faut bien des bouchons pour les bouteilles de manzanilla! Ce ne sont pas les montagnes les plus impressionnantes que nous ayons vues et les sommets y dépassent rarement les 1000 mètres d’altitude mais ce relief doux et vallonné ainsi que toute cette verdure nous ont quand même enchantés.

Ce qui, à la base, ne devait être qu’une petite promenade dominicale s’est avéré être une véritable découverte! Il y a encore trois mois, nous ne connaissions rien de la province de Huelva! Cette pauvre petite région coincée entre l’Algarve super touristique et les coins hyper connus et tout autant touristiques de Séville et de Cádiz a été un peu oubliée, y compris par nous qui, pourtant, aimons sortir des sentiers battus. Certes, elle n’a pas le pittoresque de ses voisins mais possède quand même quelques trésors dignes d’être découverts. Nous allons évidemment essayer de réparer ce lamentable oubli lors de prochaines aventures.

Niebla et le règne des Guzman

Lors de nos trajets en train pour Huelva, nous avons aperçu par la fenêtre une superbe forteresse dans la localité de Niebla, à environ vingt-six kilomètres de la capitale provinciale. Evidemment, ça a titillé notre curiosité et nous n’avons pas pu nous empêcher de nous y arrêter pour aller voir ça de plus près!

Si aujourd’hui, Niebla est un petit village andalou de peu d’importance, ça n’a pas toujours été le cas dans le passé. La localité fut fondée à l’Age de Bronze par les Tartessos, une civilisation du Ier millénaire avant Jésus-Christ qui occupait l’ouest de l’Andalousie actuelle. Les Romains développèrent la ville qui passa sous l’influence directe d’Italica, dans l’actuelle Santiponce en banlieue de Séville. Ensuite, l’histoire est exactement la même que dans tout le sud de la péninsule ibérique : les Wisigoths chassèrent les Romains et furent eux-mêmes chassés par les musulmans. Niebla devint alors un taïfa indépendant avant d’être englobé dans celui de Séville. La ville fut reconquise par les catholiques sous l’égide d’Alphonse X de Castille en 1262 après neuf longs mois de siège. A cette époque, Niebla devint un comté riche et important. Mais tout se gâta en 1508 quand le roi d’Espagne, Fernando II réclama le duché voisin de Medina Sidonia. Niebla, en tant qu’allié de ce dernier, refusa et se mis à le défendre. En représailles, le roi y envoya 1500 hommes et ordonna l’assaut de la ville. Mais heureusement, le massacre attendu n’eut finalement pas lieu car le duc a fini par abdiquer et céder son duché à la couronne de Castille. Mais cet épisode marqua le début du déclin pour Niebla qui fut aggravé par le grand tremblement de terre de Lisbonne de 1755 qui fit beaucoup de dégâts dans toute l’Andalousie.

Niebla ne redevint jamais prospère. Aujourd’hui, c’est un village andalou endormi, qui sert de cité-dortoir pour la population qui va travailler à Huelva ou même à Séville. Seuls quelques monuments historiques d’envergure rappellent ce passé glorieux dans une des provinces les plus oubliées d’Espagne et qui porte le titre peu enviable de parent pauvre de l’Andalousie.

Les remparts de Niebla

Niebla peut se targuer d’avoir une muraille d’une conservation remarquable. Ce que nous voyons aujourd’hui nous vient tout droit de l’époque almohade, c’est-à-dire musulmane, mais la base avait déjà été construite par les Tartessos, à l’Age de Bronze. Il en reste six portes dont certaines ont la fameuse forme en serrure des portes islamiques. C’est la muraille la plus ancienne la mieux conservée d’Europe.

Le château des Guzman

Bien qu’on y ait trouvé des restes wisigoths, romains et mudéjars, ce château en question est un pur produit de la Reconquista. Il fut construit en 1368 lors de la création du comté de Niebla qui allait grosso modo de Sanlúcar de Barrameda jusqu’à la frontière portugaise mais en passant par l’arrière-pays. Le château appartenait à la noble famille Guzman, qui malgré la consonnance un peu germanique, est un nom typiquement castillan. La famille appartenait à la maison de Medina Sidonia et donna même une reine du Portugal (Luisa de Guzman, femme de Jean IV du Portugal) ainsi qu’une impératrice (Eugenia de Montijo, femme de Napoléon III). Elle reçut ses titres de noblesse directement du roi pour services rendus à la couronne de Castille. C’est grâce aux Guzman qui maîtrisaient l’art des alliances et du commerce que Niebla connut une époque très prospère pendant la Renaissance. Le lignage de la famille existe toujours et il y a encore aujourd’hui un comte de Niebla même si son rôle se limite à parrainer des fondation et à donner des conférences dans diverses universités du pays.

Le château se visite pour quatre euros. L’avantage des petites structures telles que celles-ci, c’est que le personnel, super sympa, a le temps de vous accueillir, de vous faire un brin de causette et de répondre à toutes vos questions concernant la région ou le patrimoine historique. C’est le château-fort typique avec sa ceinture extérieure, son donjon, ses tours, son chemin de ronde, ses mâchicoulis, ses cachots, etc… Malgré son côté calme et un peu oublié, le château de Niebla grouille d’activités. Il y a déjà les archéologues qui cherchent des vestiges antérieurs à la construction de l’édifice. Ensuite, il y a les restaurateurs qui font un boulot de dingue depuis des années car avec le tremblement de terre de Lisbonne de 1755, la mise à sac par les troupes napoléoniennes lors de la Guerre d’Indépendance (1808-1814) et l’abandon qui en découla, l’édifice a bien morflé! Enfin, outre la mise à disposition des touristes pour les visites, l’enceinte du château accueille un festival de théâtre renommé dans la région. Ça nous fait plaisir de voir qu’on bichonne ces bijoux historiques et qu’on les fasse vivre à travers diverses activités culturelles.

Iglesia San Martin

Même si l’intérêt principal de Niebla reste son château, il vaut la peine de faire quelques pas dans le village pour accéder aux ruines de l’église de San Martin. On y voit clairement l’ancienne mosquée avec sa porte en forme de serrure (à gauche) sur laquelle a été construite, au XVe siècle, une énorme cathédrale gothique dont il nous reste l’abside ainsi que le clocher. Mélange des cultures oblige, la mosquée a été transformée en chapelle dont la déco est on ne peut plus catholique.

Niebla n’est pas un incontournable en Andalousie mais elle a le mérite de nous offrir une petite halte culturelle hors des grands circuits touristiques. En plus, elle est facilement accessible depuis les stations balnéaires de la côte atlantique pour ceux qui en auraient marre de se dorer la pilule à la playa.

Ayamonte

Dans notre conquête de l’ouest, nous avons décidé de pousser le bouchon encore plus loin et de nous rendre au bout du bout, à l’extrême sud-ouest de l’Espagne péninsulaire, à la frontière portugaise : Ayamonte. Ce petit village de pêcheurs fondé par les Phéniciens connut une histoire similaire à toute la région avec les Romains, les Wisigoths et les Arabes tout en ayant une forte influence portugaise qui ne se ressent plus trop aujourd’hui. Elle eut de grandes relations économiques et commerciales avec l’empire colonial espagnol en Amérique qui lui assura assez de ressources pour connaître la prospérité. Aujourd’hui, c’est une petite ville andalouse agréable et néanmoins assez animée grâce au tourisme des plages atlantiques proches comme la Isla Canela ou la station balnéaire portugaise de Vila Real de Santo Antonio qu’on peut rejoindre en ferry.

En transports publics, Ayamonte est accessible en bus depuis Huelva, et parfois, directement depuis Séville.

Plaza de la Laguna

Difficile de faire plus andalou avec cette magnifique place au centre d’Ayamonte. Tout y est : les maisons blanchies à la chaux, les palmiers, une pergola pour faire un peu d’ombre, une statue en marbre (dans ce cas la statue de l’Immaculée Conception datant de 1954) ainsi que les bancs ornés de mosaïques. Seuls quelques azulejos bleus nous rappellent que nous ne sommes qu’à deux pas du Portugal. La place date du XVIIIe siècle mais a été remaniée au moins une fois par siècle depuis sa construction. Elle est bordée par l’Ayuntamiento (la mairie) et par de jolies terrasses à l’ombre bienvenue dans cette chaleur estivale.

Bom dia Portugal!

Ayamonte se trouve sur la rive gauche du Rio Guadiana pratiquement à son embouchure dans l’océan Atlantique. Si le nom de ce fleuve vous dit quelque-chose, c’est normal, nous vous en avons déjà parlé puisqu’il traverse également la ville de Badajoz avant de tracer la frontière entre l’Espagne et le Portugal jusqu’à la mer. Vous l’aurez compris, sur la rive droite, ce sont nos voisins et amis portugais. Pour aller leur dire bonjour, il y a deux solutions. La première consiste, si vous avez une voiture, de prendre l’autoroute A22 et d’emprunter le magnifique pont international du Guadiana qui traverse la rivière. Cet impressionnant pont suspendu de 666 mètres de long, le troisième plus long du Portugal après les deux ponts qui traversent le Tage à Lisbonne, fut inauguré en 1991 après vingt-huit ans de travaux. Si ça a pris si longtemps, ce n’est pas parce que les ouvriers ont trop fait la sieste comme le disent souvent les préjugés venus du nord, mais à cause du Rio Guadiana trop large (plus de cinq cents mètres) et trop profond (une bonne dizaine de mètres) ce qui posa de grands défis techniques aux constructeurs.

La deuxième solution pour rejoindre la localité portugaise de Vila Real de Santo Antonio est d’emprunter le ferry. Il part sur le quai du Guadiana tout proche du centre-ville, la traversée coûte 2,30€ et il y en a toutes les trente minutes. Par contre, nous ne l’avons pas testé pour vous. Etant tributaires des transports publics, nous étions pris par le timing. Mais ce n’est pas l’envie qui nous a manqué!

Malgré ces jolies petites découvertes, nous n’avons pas renouvelé notre abonnement gratuit pour Huelva pour ce dernier quadrimestre de 2023. Nous avons préféré prendre celui pour Cádiz que nous adorons et dont la province nous coupe le souffle à chaque fois. Mais ce n’est pas pour autant que nous allons abandonner la province onubense (oui, c’est comme ça qu’on appelle les gens de Huelva!) à son triste sort. Il y a toute la Sierra de Huelva, mieux accessible depuis Séville et idéale pour des balades automnales sans risque d’incendie, que nous mourrons d’envie d’aller découvrir!

Huelva et la découverte de l’Amérique

Le gouvernement espagnol a renouvelé ses mesures anti inflation en nous offrant des abonnements pour les trains régionaux et moyenne distance. Comme nous sommes basés à Séville même, nous avons choisi la destination d’Huelva pour l’été car c’est un coin que nous ne connaissons absolument pas. L’autre raison de ce choix, c’est la proximité avec l’océan Atlantique, ce qui nous permet de perdre quelques degrés par rapport à la capitale andalouse pendant les grosses vagues de chaleurs qui sont monnaie courante dans la plaine du Guadalquivir. Ça nous permettra également de profiter un peu de la playa.

Nous allons être honnêtes, Huelva, ce n’est pas Cádiz! Néanmoins, la région possède quelques petits lieux dignes d’intérêts ainsi qu’une riche histoire conjointe au reste de l’Andalousie.

Nous n’avons pas du tout accroché avec la ville de Huelva. Elle fait un peu pâle figure si on compare avec les autres capitales provinciales d’Andalousie qui sont vraiment pittoresques et, manque de bol, la place centrale qui a l’air assez jolie et qui possède une statue de Christophe Colomb est en travaux. C’est assez difficile de s’en faire une idée. Par contre, nous avons adoré son environnement dans les marismas del Odiel, une réserve de biosphère de marais et de lagunes composée par les deltas des rivières Odiel et Tinto. Un truc sympa à faire, si le soleil ne tape pas trop fort, c’est de se balader dans la ria (un terme portugais mais également utilisé à Huelva ou en Galice pour désigner un delta) sur l’ancien pont de chargement des minerais qui a été reconverti en promenade et, pour les plus téméraires, en plongeoir. Ce pont qui date de la fin du XIXe siècle et qui représente parfaitement l’architecture industrielle de cette époque était en fait un pont ferroviaire. Le port de Huelva se trouvait à cet emplacement jusqu’au milieu du XXe siècle et ce quai de chargement permettait de faire passer les marchandises directement du train au bateau.

Palos de la Frontera

Palos de la Frontera se situe à quatorze kilomètres à l’est de Huelva et est facilement accessible en bus depuis cette dernière. Le hic c’est que la gare de Huelva se situe de l’autre côté de la ville par rapport à la station de bus. Il faut compter bien vingt minutes de marche entre les deux, à prendre en compte lorsque vous regardez les horaires des transports. Ancien village de pêcheurs, la ville est aujourd’hui tristement célèbre pour sa culture intensive de fraises qui assèche les lagunes protégées du parc national de la Doñana. Malgré ce gros bémol, Palos est typiquement andalouse avec ses maisons blanchies à la chaux, ses mosaïques, ses petites places, ses anciens remparts arabes et sa douceur de vivre dans la torpeur estivale.

Iglesia de San Jorge

Ce n’est de loin pas la cathédrale la plus pittoresque d’Andalousie mais elle est très intéressante d’un point de vue architectural. Elle est construite sur une acropole (nom grec qui signifie le point le plus haut d’un ville) qui domine les lagunes de la ria de Huelva. Elle est du plus pur style gothique-mudéjar et pourtant, il n’y a jamais eu de mosquée à cet emplacement. Au XIVe siècle, lors du début de sa construction, il était courant de construire des édifices en prenant comme modèle le style musulman déjà présent, même après la Reconquista. Puis le XVe siècle arriva et on continua les travaux en gothique cette fois-ci. Le clocher, quant à lui, est du plus pur style Renaissance avec son corps baroque et son toit de mosaïque typiquement andalou sans oublier l’indispensable nid à cigognes!

Cette église a également une importance historique puisque c’est à l’intérieur de celle-ci que se sont déroulés les préparatifs et les discussions autour de la première expédition de Christophe Colomb qui devait le mener en Amérique.

Palos de la Frontera a le privilège, ou le fardeau selon comment on voit l’histoire, d’avoir été le point de départ du premier voyage de Christophe Colomb qui le conduira, sans qu’il le sache, à la découverte de l’Amérique. Aujourd’hui, la configuration des lieux est un peu différente avec le retrait de l’océan mais au XVe siècle, la ville se trouvait en bord de mer et possédait un port. Il y a plein de panneaux explicatifs, en mosaïques of course, qui retrace cette histoire fascinante.

La Rábida

Pour se rendre à la Rábida depuis Huelva, il faut également prendre le bus pour Palos (ou Mazagon) et s’arrêter avant, à l’université puis traverser la grande route.

Le monastère qu’on trouve sur la place a la même histoire architecturale que sa copine l’Iglesia de San Jorge au centre de Palos de la Frontera. Christophe Colomb himself y a logé quelques années au XVe siècle et c’est là qu’il eut l’idée saugrenue (ou pas) de mettre le cap à l’ouest pour tenter de rejoindre l’Inde.

Avenida de las Americas

Bien que le monastère soit magnifique, ce n’est pas lui qui nous a attiré dans ce coin de pays par une chaude journée d’été. Nous voulions comprendre l’histoire autour de la découverte de l’Amérique. Pour cela, rien de tel que de parcourir la bien nommée Avenida de las Americas! Pour la trouver, c’est facile, il suffit de repérer l’immense monument érigé en l’honneur des explorateurs. Cette colonne haute de presque 55 mètres à été inaugurée le 12 octobre 1892, le jour du quatre centième anniversaire de l’arrivée de Christophe Colomb, en Amérique, sur une île des Bahamas. Quant à l’avenue en elle-même, il n’y a rien d’inoubliable mais l’ombre des palmiers est bienvenue par cette chaleur et les mosaïques des différents emblèmes des pays américains sont très belles. Le calendrier aztèque, cadeau du Mexique à l’Espagne, est également très sympa. Nous qui venions de rentrer de notre trip en Amérique Centrale, ça nous a fait de jolis souvenirs.

Les caravelles

Voilà la vraie raison pour laquelle nous avons vu un monastère, une colonne un peu mégalo et les emblèmes des anciennes colonies espagnoles : les fameuses caravelles empruntées par Christophe Colomb himself et son équipage lors du voyage de découverte de l’Amérique. Bon d’accord, ce ne sont que des reproductions car les vraies, après une traversée de l’Atlantique, se sont sûrement retrouvées dans un état déplorable.

Le musée des caravelles se trouve dans les lagunes à quelques centaines de mètres de la fin de la Avenida de las Americas. D’après nos recherches, l’entrée devrait coûter trois euros mais, pour une raison que nous ignorons, nous ne l’avons payée qu’1,50€ . C’est le genre de surprise que nous aimons bien mais, vu la qualité de l’exposition, nous nous serions quand même acquittés des trois euros sans broncher.

La reproduction des caravelles date de 1992, année des cinq cents ans de la découverte de l’Amérique et également année de l’Exposition Universelle de Séville où les trois embarcations ont été exposées avant de couler une retraite tranquille comme musée dans la ria de Huelva.

Trois embarcations ont été affrétées pour cette fameuse expédition en 1492. Les deux petites s’appellent la Niña et la Pinta et servaient principalement de transport de matériel, d’armes et de vivres. La plus grande, la Santa Maria, transportait Christophe Colomb himself qui y avait un bureau avec tous les instruments nécessaires à la navigation qui se résumaient, à l’époque, à un compas, une carte plus ou moins précise et aux constellations dans le ciel.

Les caravelles ont été aménagées pour une visite à l’intérieur. Si vous avez une imagination débordante ça peut être impressionnant car les bateaux ne sont pas très grands, en bois et d’un confort très spartiate. Pourtant, ils ont traversé l’Atlantique dont on ne connaissait que très peu de choses en 1492, sur une route qui n’avait jamais été empruntée avant, en essuyant sûrement quelques tempêtes avant d’arriver dans un lieu complètement inconnu! Rien que d’y penser, ça nous file le mal de mer!

Visiter les cuisines nous a remis un peu de baume au cœur car on ne lésinait pas sur la bouffe à l’époque! Et encore moins sur le vin de Jerez dont les tonneaux prenaient les trois quarts de la place disponible! Bon l’eau n’était pas potable à l’époque, quitte à devoir boire du vin, autant que ce soit du bon! Heureusement que la Cruzcampo, la bière sévillane qui n’est objectivement pas très bonne mais dont il est interdit de dire à Séville qu’elle n’est pas bonne sous peine de se faire bannir de la ville, n’existait pas encore à l’époque sinon ils auraient dû en embarquer! Pas sûr qu’elle leur aurait permis de mener à bien l’expédition!

Nous avions auparavant visité l’Archivio de Indias à Séville qui compile tous les documents en rapport avec les explorations espagnoles et la colonisation qui s’en est suivi. Nous y avons vu les registres des marchandises qui ont été embarquées sur ces trois caravelles ainsi que sur les expéditions suivantes. Le thème du vin y était pris très au sérieux. Chaque cave devait fournir tant de tonneaux de tel type de vin. Il y a dix types de vins de Jerez différents et chacun devait y être représenté! Et tout était consigné dans les registres avec un sceau officiel! Nous ne sommes pas sûrs que les gilets de sauvetage soient gérés avec la même rigueur aujourd’hui.

NB : Pour les archives de Séville, c’est à côté de la cathédrale, c’est gratuit et dépend quels documents ils exposent au public (ça change tous les mois), ça peut être vraiment intéressant. N’hésitez pas à aller y faire un tour si vous êtes dans le coin!

Isla del Encuentro

En face des caravelles, il y a une petite reproduction de l’île de San Salvador (aujourd’hui Guanahani, aux Bahamas) sur laquelle a débarqué Christophe Colomb ainsi que ses acolytes après la traversée de l’Atlantique. Nous avons bien aimé retrouver des espèces tropicales qui poussent sans problème sous le climat andalou. Par contre, notre visite est tombée pendant un jour de calima, un vent du sud qui nous amène de l’air sec ainsi que du sable du Sahara et l’ambiance n’y était pas du tout! Ca nous a plus rappelé Tenerife que l’humidité tropicale de la mer des Caraïbes!

Christophe Colomb effectua quatre voyages jusqu’en Amérique, pensant à chaque fois débarquer en Asie Orientale. Ce n’est qu’au XVIe siècle qu’Amerigo Vespucci, un cartographe et explorateur florentin, comprit qu’il s’agissait en fait d’un nouveau continent lorsqu’il débarqua sur les côtes brésiliennes.

Nous sommes totalement conscients que l’histoire qui a découlé des voyages de Christophe Colomb est particulièrement horrible et cruelle. Il y a eu la colonisation, le massacre des indigènes, la traite des esclaves, le pillage des ressources et encore d’autres choses toutes plus moches les unes que les autres. Le nier, l’occulter ou ne pas s’y intéresser ne va pas, à notre avis, faire changer le cours des choses. Nous sommes fascinés par les explorations à cause, bien sûr, du côté voyage et découvertes de nouveaux lieux mais nous sommes évidemment horrifiés par tout ce que ça a impliqué ensuite. Quoi qu’il en soit, ça fait partie de l’histoire de l’Andalousie, de l’Espagne et même de toute l’Europe et nous allons continuer de nous y intéresser.

Nous allons terminer cet article par une note un peu plus festive et positive, celle de la playa! Avec sa côte atlantique, Huelva possède de jolies longues plages où il fait bon passer quelques journées d’été loin de la chaleur accablante de Séville.

Nous avons testé pour vous :

  • Mazagon : très sympa avec des chiringuittos (des bars de plages servant à manger) vraiment cool mais c’est un peu la galère avec les bus.
  • Punta Umbria : super bien desservi mais c’est un peu le Benidorm local. C’est également la plage la plus fréquentée.
  • El Portil (images ci-dessous) : notre préférée. Un peu plus sauvage avec les pins directement sur la plage. Située à l’embouchure du Rio Piedras, elle est protégée des courants mais il peut être difficile de s’y baigner à marée basse.

Nous avons adoré nos visites en rapport avec Christophe Colomb, c’était vraiment intéressant. En tant que globe-trotters, tout ce qui touche aux explorations nous fascine, évidemment! La région est sympa également mais nous préférons de loin la baie de Cádiz. Mais est-ce vraiment comparable?

Une journée à l’Alhambra de Granada

Souvenez-vous, nous étions déjà venu faire un petit tour à Grenade en automne 2020, en pleine pandémie de Covid 19. A cause des mesures sanitaires en vigueur à l’époque, il fallait organiser bien à l’avance une visite à l’Alhambra car les places étaient super limitées. Ce qu’en tant que voyageurs à l’arrache, nous n’avions absolument pas fait et avons dû renoncer à découvrir ce monument emblématique.

Heureusement, la crise a fini par passer et nous avons pu remédier à ce manquement. Comme nous venions de la région valencienne où nous avons passé un peu de temps avec la famille de Fab, Granada nous paraissait un bon endroit pour un petit séjour avant notre installation à Séville. Surtout que nous adorons cette ville presque autant que la capitale andalouse et que nous adorons nous y perdre dans les ruelles de l’Albaycin!

Pour l’Alhambra, nous avons, cette fois, anticipé un peu plus et assuré le coup en prenant nos billets à l’avance sur internet.

Nous avons acheté les billets sur alhambra-patronato.es. Le prix d’entrée est de 19€ par personne pour un accès à toute l’Alhambra. Il existe également des entrées plus restreintes ou des visites guidées.

Depuis la ville basse, il faut se veiller à prendre la bonne direction et NE PAS se rendre du côté de l’Albaycin car il y a comme un petit canyon creusé par le Rio Darro entre le quartier arabe et l’Alhambra et vous devrez ensuite tout redescendre pour remonter de l’autre côté. Mais rassurez-vous, si vous suivez tous les panneaux qu’il y a en ville, il est quasi impossible de se tromper!

L’Alcazaba

Nous commençons notre visite par l’Alcazaba, le lieu le plus ancien de l’Alhambra. Ce que nous voyons aujourd’hui date du IXe siècle, de la période musulmane donc mais les archéologues pensent que l’endroit était déjà utilisé avant par les Visigoths et même les Romains bien qu’on ne dispose d’aucun vestige attestant ces dires. C’était la première résidence des seigneurs musulmans de Grenade qui fut de plus en plus fortifiée à chaque génération. Après la construction des autres palais de l’Alhambra, l’utilisation de l’Alcazaba devint purement défensif et militaire. Les rois catholiques, qui ne débarquèrent qu’à la fin du XVe siècle dans la région, l’utilisèrent également comme forteresse défensive. Elle fut pourtant laissée à l’abandon pendant des siècles avant qu’on recommence à s’intéresser à elle au début du XXe siècle où on commença à la restaurer dans un but purement culturel et historique.

Mais ces années d’abandon ont laissé des marques. C’est d’ailleurs le monument le moins bien conservé de l’Alhambra malgré les restaurations. C’est également le moins impressionnant. Mais il vaut quand même le coup d’œil et ça reste une sacrée forteresse! C’est une bonne idée de le visiter en premier parce que le reste est tellement ouf que cette pauvre Alcazaba fait un peu pâle figure à côté. Oui, on vient de vous spoiler la suite de notre article!

Si le bâtiment en lui même nous a laissé un peu sur notre faim, (#blasés de la vie!) la promenade sur les remparts nous a enchantés pour la vue qu’elle donne sur l’Albaycin, sur la ville basse et sur la Sierra Nevada. Si vous êtes, comme nous, assez fous pour y venir en été, pensez à prendre de quoi vous protéger du soleil car la muraille est très exposée et le soleil tape fort, même tôt le matin!

Palacio de Carlos V

En face de l’Alcazaba se dresse un énorme bâtiment du XVIe siècle de style Renaissance qui aurait plus sa place dans le centre de Florence qu’au milieu des palais mudéjars d’un ancien royaume musulman. Ce contraste architectural était volontaire et complètement assumé. Quand il ordonna sa construction afin d’en faire sa résidence, l’empereur Carlos V (connu sous le patronyme Charles Quint en français) voulut justement montrer la victoire des catholiques sur l’islam en faisant édifier ce plus pur produit de la Renaissance italienne. Il fit même détruire une partie des palais de l’Alhambra pour ça. Mais, d’après les historiens, c’était la partie la plus moche, ouf!

Si l’extérieur est carré et bien massif (et surtout impossible à bien photographier, sorry!), la cour intérieure est circulaire et ornée de colonnes en marbre que ne renierait pas la place Saint-Pierre de Rome. Lors de notre passage, la cour centrale était équipée pour un festival de musique avec une scène et des chaises très XXIe siècle mais nous avons quand même pu nous rendre compte de la beauté de ce palais que rien ne laisser présager depuis dehors. Il y a également le musée des beaux-arts à l’intérieur mais nous n’y avons pas été préférant visiter les palais.

Ce palais fait un peu figure d’OVNI au cœur de l’Alhambra mais il faut quand même aller y jeter un coup d’œil rien que pour les détails baroques. Avec le marbre, les galeries autour de la cour intérieure restent fraîches même pendant la canicule des étés andalous.

Les palais nasrides

On n’accède pas comme on veut à l’intérieur des palais. A l’achat des billets, on vous demandera de choisir une heure pour visiter ces palais car le nombre de personnes en même temps est limité dans un souci de conservation des monuments. Ne rêvez-pas! Limité ne signifie pas que vous serez tout seul non plus! On reste dans un endroit super connu et super touristique! Nous avons choisi d’y aller à midi et demi car c’est l’heure où tous les touristes du nord vont manger. Oui, c’est vrai ce n’est qu’un préjugé débile et vraiment limite mais notre raisonnement s’est pourtant avéré juste. Nous n’étions que des Méditerranéens à se trouver à l’intérieur des palais à ce moment là!

L’entrée des palais se trouve en contrebas du palais de Carlos V. Assurez-vous d’y être à l’heure! On ne vous laissera pas entrer en cas de retard! Qui a dit que les pays du sud n’étaient pas à cheval sur la ponctualité?

Les palais nasrides sont tout un complexe de palais reliés entre eux par des patios, ces fameuses cours intérieures andalouses. C’étaient les résidences de la dynastie nazarie, la dernière dynastie musulmane dans la péninsule ibérique dont les sultans venaient tous de Grenade qui était, à l’époque, la capitale du royaume du même nom, le dernier à avoir résisté à la conquête des rois catholiques jusqu’en 1492. S’il y a plusieurs palais c’est parce que chaque monarque à fait construire le sien, tout simplement. Nous en avons vu des palais, tous plus beaux les uns des autres, mais ceux-là resteront dans le top du top de tous ceux que nous avons visités!

Mexuar

L’accès se fait par le Mexuar le plus ancien des palais nasrides qui date vraisemblablement du XIIe siècle. A la construction des autres palais, il fut reconverti en palais de justice et en bureaux administratifs. Les salles de l’entrée servaient de salle d’attente à ceux qui venaient demander une audience. Ce qui nous impressionne, ce sont tous les détails ornementaux de style mudéjar, il sont vraiment superbes et d’une finesse incroyable!

Si la déco est indubitablement l’œuvre des Arabes, les azulejos (ces superbes mosaïques pleines de couleurs) ont eux été ajoutés par les rois catholiques après la Reconquista. D’ailleurs, sur l’image ci-dessous, on reconnait aisément une des colonnes d’Hercule représentant le détroit de Gibraltar avec la devise « Plus Ultra » ainsi que la couronne de Castille qui ornent, encore aujourd’hui, le drapeau espagnol.

Palacio de Comares

Ce palais du XIVe siècle est bâti autour d’un joli petit patio appelé Arrayanes., du nom des arbustes plantés en son centre. (Myrte lune en français) Malheureusement, Yusuf I de Granada, le sultan qui ordonna sa construction n’a pas pu voir l’œuvre achevée puisqu’il est mort assassiné avant la fin des travaux. C’est sont fils, Mohamed V, qui eut ce privilège en 1370. Ce palais abritait le salon des ambassadeurs, un hammam ainsi que les appartements privés de la famille royale, au rez-de-chaussée pour l’été, souvent très chaud, et à l’étage pour l’hiver, très rigoureux.

Le palais de Comares est dominé par la tour du même nom qui, avec ses 45 mètres de haut est la plus haute de toute l’Alhambra. On la voit d’ailleurs beaucoup mieux depuis les mirador de l’Albaycin que depuis l’intérieur des palais.

Le patio des Lions

Nous voici maintenant en plein cœur de l’Alhambra et aussi dans son endroit le plus connu et sûrement le plus photographié! Imaginez un peu notre bonheur quand nous avons réussi à tirer une photo sans personne dessus! Bon d’accord, le soleil écrasant nous a un peu aidé en faisant fuir les gens, on avoue.

Le patio, ainsi que le palais alentour, doit son nom à la fontaine entourée de douze lions. Bien que l’édifice date du XIVe siècle, les statues datent du XIe siècle et proviendraient de la maison d’un éminent vizir juif séfarade. Chaque lion représenterait chacune des douze tribus d’Israël. Pour le reste, l’architecture est typiquement nazarie et de son époque. Quand le sultan Mohamed V ordonna sa construction, il prit comme modèle la mosquée de l’université de Fès, au Maroc. Ben voilà, nous serions obligés de nous y rendre pour aller vérifier tout ça!

Edit décembre 2023 : L’université de Fès n’est pas accessible au non-musulmans mais le peu que nous avons pu apercevoir montre en effet une vraie ressemblance avec le patio des Lions.

Certes, c’est le patio qui est le plus connu mais ce palais regorge d’autres merveilles comme la salle des Abencerrajes (une tribu maure du XVe siècle) avec ses stucs colorés qui sont d’époque. Quant aux azulejos, ils ont été rajoutés au XVIe siècle, donc après la Reconquista, et proviennent des fameuses fabriques de céramiques de Triana, à Séville.

La salle des Rois

A la base, c’était le harem. Puis les rois catholiques sont arrivés, ont tout conquis et se sont appropriés les lieux pour s’en servir comme salle de bal. Les œuvres les plus représentatives de la Reconquista sont trois peintures Renaissance en forme d’ellipse accrochées au plafond. Les œuvres sont tellement belles, fines et avec beaucoup de couleurs qu’il a fallu plus de vingt ans pour les restaurer!

Mirador de Lindaraja

C’est ici que se termine la visite des palais nasrides et c’est ce dernier édifice qui a été tronqué par la construction du palais de Carlos V. Nous pouvons quand même admirer depuis quelques jolis balcons la vue sur la vallée du Rio Darro ainsi que sur l’Albaycin. Pour être honnêtes, nous trouvons que les vues sont plus sympas depuis l’Alcazaba.

Et voilà à quoi ressemblent les palais nasrides depuis l’extérieur. C’est beaucoup moins ouf qu’à l’intérieur mais étant donné que les bâtiments avaient également un usage défensif, il n’y avait pas trop la place pour les fioritures.

Couvent San Francisco et ses jardins

Le couvent est le premier édifice construit après la Reconquista sur le site de l’Alhambra. D’après quelques fouilles archéologiques, il aurait été construit sur des anciens bains arabes. Il date de 1494 alors que la chute du royaume musulman de Grenade date de 1492. Autant dire que les catholiques étaient pressés de montrer leur suprématie! Comme son nom l’indique, ce couvent était occupé par les moines franciscains. Aujourd’hui, il abrite un parador c’est à dire un hôtel de charme dans un lieu historique. Ce qui nous a le plus plu, c’est son jardin ,avec son étang à nénuphars, qu’il faut traverser à la sortie des palais nasrides.

Le Generalife

Pour se rendre au Generalife depuis les autres palais de l’Alhambra, il faut bien compter quinze voire vingt minutes de marche. Donc faites attention au timing si vous devez encore vous rendre à l’heure aux palais nasrides!

Le Generalife était le palais d’été des sultans. Ce n’était pas encore la mode de passer ses vacances à bronzer sur les plages de la Costa Tropical à l’époque! Mais c’était quand même l’aventure puisqu’il se situait hors de la muraille bien sécurisante de l’Alhambra. Il a été conçu au XIIIe siècle avec des jardins lui assurant de l’ombre et de la fraîcheur durant les longues et chaudes journées d’été. Les fontaines et autres bassins étaient alimentés directement depuis des ruisseaux de la Sierra Nevada. Nous ne sommes malheureusement pas sûrs que ce soit encore le cas aujourd’hui vu la sécheresse que nous subissons depuis des années.

Le jardin ainsi que le palais sont superbes et nous avons bien apprécié terminer cette chaude journée de visite à l’ombre bienvenue des arbres!

L’Amour des roses

Van s’est un peu lâchée sur les photos de roses car elle est fan des rosiers et, ça tombe bien, il y en a plein dans le Generalife. Des rosiers hein, pas des roses coupées! Elle déteste l’idée de couper les roses pour en faire un bouquet! Par contre, ne lui offrez pas non plus de rosier, c’est un vrai désastre sur pattes en jardinage et cette pauvre plante ne tiendrait pas trois jours entre ses mains! Donnez-lui plutôt des tuyaux pour aller visiter des roseraies à travers le monde, ça lui fera plaisir!

Bref, tout ça pour dire que nous avons photographié des roses…

Le truc vraiment sympa au Generalife c’est que nous avons un point de vue complètement différent sur l’Alhambra par rapport à l’Albaycin. C’est moins LA photo qu’on voit dans toutes les publicités de voyage mais l’angle est intéressant et nous pouvons nous rendre compte, qu’en fait, le complexe est entouré de verdure, d’une petite forêt ainsi que de jardins potagers.

Nous sommes vraiment très contents d’avoir enfin pu consacrer une visite à l’Alhambra. C’est, à nos yeux, un incontournable à Granada et même en Andalousie. Nous pensons qu’il faut y passer la journée : le site est immense et il y a beaucoup de choses à voir. Malgré le potentiel touristique et le prix d’entrée un peu élevé (19€), nous vous recommandons chaudement un passage par les palais. Nous en avons vraiment pris plein les yeux!

Cáceres et Trujillo, les trésors médiévaux d’Estrémadure

Après avoir effectué une première découverte de la province de Badajoz, nous continuons notre périple dans la belle région d’Estrémadure et changeons de province pour arriver à Cáceres, la deuxième ville de la région qui est située en son centre géographique. Cáceres est accessible en train depuis Mérida ou Badajoz sur la ligne qui va à Madrid. La gare est un petit peu excentrée mais il y a une rambla bien ombragée qui la relie au centre-ville. Il faut compter environ quinze bonnes minutes de marche. Il y a des bus urbains mais nous ne les avons pas testés.

L’histoire de Cáceres est super riche! La ville serait habitée depuis la Préhistoire. Durant l’époque romaine, elle fut une des villes les plus importantes de Lusitanie jouissant d’une bonne position sur la via de la Plata, une route romaine reliant Mérida à Astorga (région de León) et qui existe encore aujourd’hui comme chemin de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Elle fut évidemment conquise par les Arabes lors de la période d’Al-Andalus avant d’être définitivement prise par le roi catholique Alphonse IX de Leon où elle devint une ville indépendante rendant des comptes directement au roi à Madrid. La ville fut dirigée par une confrérie de chevaliers agricoles qui bâtirent de nombreux édifices qui constituent encore aujourd’hui une bonne partie du centre historique. Aujourd’hui, Cáceres est le siège de l’université d’Estrémadure et ça se ressent dans l’ambiance jeune et dynamique de la ville. Elle possède également un des centres médiévaux et de la Renaissance les plus complets du monde qui est évidemment inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Nous avons effectivement été scotché devant tout ce patrimoine historique incroyable. Nous y avons trouvé beaucoup de similitudes avec la ville de Sienne, en Toscane, autre centre médiéval de ouf qu’il vous faut absolument visiter une fois dans votre vie!

Plaza Mayor

Quand on arrive au centre historique depuis la gare, on tombe directement sur la Plaza Mayor car elle se trouve en bas du bourg médiéval. Elle est d’ailleurs adossée aux vestiges des remparts dont quelques magnifiques tours sont encore debout aujourd’hui. Elle n’a pas une belle forme rectangulaire car elle a dû s’adapter à la forme du relief et de la muraille. Tiens, exactement comme à Sienne! Mais son emplacement ne doit rien au hasard! Elle a été construite exactement à équidistance des deux quartiers extra-muros de la ville au XIVe siècle afin de donner aux habitants un point de réunion pour la vie sociale et le commerce. Comme quoi la coutume espagnole de se rencontrer sur une place pour discuter et boire un verre ne date pas d’hier! Les bâtiments qui entourent la place sont assez hétéroclites et datent d’une période qui va d’Al-Andalus (dès le IXe siècle) au XVIe siècle. Aujourd’hui encore, elle reste la place principale de la ville et sert toujours au coeur de la vie sociale de Cáceres.

Plaza de las Veletas

C’est un peu l’anti Plaza Mayor puisque la Plaza de las Veletas se trouve à l’opposé géographique de celle-ci, c’est-à-dire sur la partie haute du centre historique. Malgré son architecture typique du Moyen-Age chrétien, la place se trouve à l’emplacement de l’alcazaba arabe mais a été remaniée avec l’arrivée des rois catholiques. Aujourd’hui on y trouve le musée historique de la province de Cáceres ainsi que l’ancienne mairie. La place est surtout connue pour servir de décor à divers films ou séries historiques. Etant donné que le XXIe siècle n’a pas eu l’air d’être arrivé par ici, nous comprenons aisément le choix de certains réalisateurs de faire de cet endroit leur studio de cinéma.

Plaza Santa Maria

C’est le cœur névralgique du centre historique et ce depuis des siècles puisqu’elle a été construite sur l’emplacement du forum romain. Elle est bordée de la cocathédrale Santa Maria de Cáceres, l’édifice religieux le plus important de la ville ainsi que le tout premier de culte catholique à avoir été bâti après la Reconquista au XIIIe siècle. Les autres bâtiments sont des palais ayant appartenu à la noblesse locale jusqu’au XVIIIe siècle. Géographiquement, elle se trouve à mi-chemin entre la Plaza de las Veletas et la Plaza Mayor et, avant la construction de cette dernière, c’était le cœur de la ville dite basse.

Nous avons eu un énorme coup de cœur pour Cáceres, c’est un des centres historiques médiévaux les mieux conservés que nous ayons visités. La partie monumentale est assez petite, assez compacte et se visite facilement en une demi-journée. Donc n’hésitez pas à y consacrer quelques heures si vous êtes dans le coin!

Trujillo

NB : A ne pas confondre avec la ville du même nom, au Pérou!

Lors de nos longues heures passées à dévorer divers magazines de voyage, il y a un nom qui ressort toujours sur les listes des plus beaux villages d’Espagne, c’est Trujillo. Comme il se situe en Estrémadure et que, heureux hasard, nous aussi, nous décidons d’aller y faire un petit détour dans le seul but, évidemment, de vérifier si l’info est juste! Trujillo ne se trouve sur aucune ligne de train, il faut donc prendre le bus depuis Cáceres. C’est facile, la station de bus est juste en face de la gare et le trajet prend une petit heure. A Trujillo, ça se corse, la station de bus se situe dans la plaine, quasi au milieu de nulle part et il n’y a pas de guichet. Pensez à prendre vos billets sur internet si vous ne voulez pas être embêtés pour repartir. Nous avons eu de la chance, les nuages se sont invités à la fête et nous n’avons pas dû monter au village en plein cagnard, comme c’est souvent le cas dans la région en cette saison. Après la chaleur sèche et à la limite du supportable à Badajoz, nous sommes contents de respirer et d’avoir un peu d’humidité pour soulager nos bronches. Certes, les photos sont un peu plus tristounettes du coup mais nous avons bien mieux profité de notre visite.

Trujillo se situe idéalement sur une petite colline culminant à 564 mètres d’altitude, ce qui explique en partie pourquoi nous avons bénéficié d’une météo un peu moins étouffante. Elle vit principalement de l’agriculture pratiquée dans la plaine alentour.

La fondation de la ville date de la préhistoire. Elle fut connue à l’époque romaine sous le nom Turgalium dépendant directement d’Augusta Emerita (Mérida) et connut un petit essor non négligeable en devenant la première étape de la voie reliant cette dernière à Caesaraugusta (Zaragoza). Ensuite, comme pratiquement partout en Espagne, arrivèrent les Wisigoths qui ne laissèrent que peu d’influence et cédèrent rapidement la place aux musulmans qui y construisirent la muraille encore visible aujourd’hui. La Reconquista fut un peu chaotique. La ville fut d’abord prise par les Portugais en 1165 avant d’être conquise par le Royaume de León en 1165 puis reconquise par les musulmans en 1173. Une Reconquista catholique eut lieu en 1186 où Trujillo devint sujet du Royaume de Castille avant d’être, encore une fois, reprise par les Arabes en 1196. Ce sont les forces militaires de l’évêque de Plasencia (ville située à l’extrême nord de l’actuelle Extrémadure) qui reconquirent définitivement la ville pour le compte de Ferdinand III, roi de León et de Castille. Le XVe siècle est l’époque de la découverte de l’Amérique et Trujillo vit naître trois grands conquistadors : Francisco Pizarro et Diego Garcia de Paredes qui découvrirent le Pérou ainsi que Francisco de Orellana qui découvrit, lui, l’Amazone. A cette époque, Trujillo est une capitale de province prospère. Mais cet âge d’or prit fin au XIXe siècle quand les troupes napoléoniennes envahirent la région laissant la ville à genou. C’est également à cette époque qu’eurent lieu les guerres d’indépendance en Amérique Latine qui portèrent un coup fatal à l’économie espagnole. Trujillo ne se releva jamais de ces affronts et perdit son statut de capitale de province au profit de Cáceres. Heureusement, il lui reste un patrimoine historique, principalement médiéval, magnifiquement restauré qui attire aujourd’hui un peu de tourisme.

Plaza Mayor

A l’instar de Cáceres, la Plaza Mayor est le premier lieu qu’on découvre en arrivant dans le centre historique puisqu’elle se situe dans la ville basse au pied des remparts. A l’origine, c’était une simple place de marché avant qu’on y construisit des palais ou autres demeures seigneuriales à partir du XVe siècle. Ce sont ces édifices qui bordent encore la place aujourd’hui avec l’église de Santa Maria la Mayor qui, elle, date déjà du XIIIe siècle et ça se voit par son architecture romane, moins élaborée que le reste des bâtiments de la place. La superbe statue équestre en bronze qui trône fièrement sur la place est celle de Francisco Pizarro, le mec qui découvrit le Pérou. L’histoire de cette statue est assez originale. Déjà, elle est l’œuvre d’un sculpteur américain du début du XXe siècle appelé Charles Cary Rumsey. Ensuite, elle a été sculptée à Paris, ville qui n’a absolument rien à voir avec le conquistador, pour une exposition au Grand Palais en 1927. C’est seulement deux ans plus tard que la statue fut transférée à Trujillo, ville natale de Pizarro. Fun fact : cet œuvre a deux autres sœurs jumelles : une à Lima, ville où est mort Pizarro et… Buffalo, dans l’état de New York! Oui ça n’a rien à voir mais c’est la ville de naissance du sculpteur, il a sûrement pensé que sa ville natale méritait une statue. Quoi qu’il en soit, la place est super belle et elle possède même quelques terrasses sympas où piquer quelques tapas le soir.

Les remparts

Trujillo peut se targuer de posséder encore une bonne partie de ses murailles et autres bâtiments défensifs comme des tours. Elle possède encore quatre portes d’accès sur les sept d’origine. Tout le système défensif date de l’époque arabe, dès le IXe siècle mais ce que nous voyons aujourd’hui date des XVe et XVIe siècles quand les rois de Castille firent renforcer les remparts. On peut y faire le tour à l’extérieur. C’est vraiment sympa, bien conservé, et on a une jolie vue sur la huerta au pied de la colline ainsi que sur les premières montagnes du parc national de Monfragüe, immense réserve naturelle et sanctuaire animal protégé par l’UNESCO que nous n’avons, malheureusement, pas le temps de visiter.

La vue sur les alentours

Le château

Nous voilà au point culminant de Trujillo sur un lieu appelé Cabeza del Zorro (tête du renard). Nous n’avons pas trouvé le pourquoi du comment de ce nom de lieu et, franchement, nous n’en avons aucune idée car rien dans l’environnement ne nous fait penser à un renard même si nous soupçonnons ces petites bébêtes adorables (oui, nous on les trouve adorables!) de peupler la région. Le château, comme le reste de la forteresse, date des IXe et Xe siècles, en pleine période musulmane. De cette époque, il ne reste que quelques portes en forme typique de serrure. Sinon, tout a été remanié au XVe siècle avec le reste du système défensif. Il est vraiment trop stylé ce château dans le plus pur style médiéval. D’ailleurs, nous ne sommes pas les seuls à le trouver cool puisque quelques scènes de la série Games of Thrones y ont été tournées.

Depuis le parvis du château, il y a une superbe vue sur le centre historique et la Plaza Mayor et on peut déjà se faire une belle idée de comment était la ville au Moyen-Age.

Nous confirmons, Trujillo mérite amplement sa place sur la liste des plus beaux villages d’Espagne! Nous avons été conquis par son magnifique centre médiéval et par son château sorti tout droit des films de cape et d’épée. Bien que la ville soit plus petite que Cáceres, son centre historique est plus étoffé et un peu plus étendu. Il faut compter une bonne journée de visite mais nous vous promettons que ce n’est pas du temps perdu!

Nous avons eu un énorme coup de cœur pour ces deux villes médiévales. Ca nous a changé un peu du baroque de l’architecture coloniale d’Amérique latine que nous retrouverons également sous peu en Andalousie. Bien que l’histoire et l’architecture soient similaires dans les deux villes, nous vous conseillons quand même de vous y arrêter aux deux. Chacune a une âme et une ambiance différentes. Nous sommes d’ailleurs incapables de vous dire laquelle nous avons préférée.

Voilà, notre première découverte de l’Estrémadure s’arrête là. Evidemment, la région mériterait une exploration bien plus approfondie que les quelques petits jours que nous lui avons consacrés mais nous sommes attendus de pied ferme par la famille de Fab à Valence. Mais puisque nous allons reprendre très bientôt nos quartiers à Séville, (#spoiler) nous aurons probablement l’occasion d’y revenir. C’est en tout cas ce que nous avons mis sur notre longue liste à idées!

Badajoz, la plus grande alcazaba d’Europe

Lors de notre retour d’Amérique Centrale, nous avons atterri à Lisbonne, au Portugal. Nous avions rendez-vous une semaine plus tard à Sagunto avec la famille de Fab. Nous avions donc quelques jours devant nous pour rejoindre la côte valencienne. En étudiant la carte, une de nos activités préférées, nous nous sommes aperçus que notre route allait passer par l’Estrémadure, une région que Van voulait découvrir depuis longtemps. Nous avons donc profité de l’opportunité pour nous y arrêter quelques jours.

Mais c’est quoi l’Estrémadure?

L’Estrémadure est une des dix-sept communautés autonomes d’Espagne au même titre que l’Andalousie ou la Catalogne. Elle est située à l’extrême ouest du pays et est littéralement coincée entre les deux Castilles, l’Andalousie et le Portugal. Culturellement, c’est un peu un mélange des trois. C’est une région assez pauvre, souvent oubliée de Madrid et principalement tournée sur l’agriculture. C’est d’ailleurs d’Estrémadure que vient le fameux « pimienton de la vera », le paprika espagnol bien meilleur que son homologue hongrois! (#zéro objectivité!) Elle est également en dehors des gros circuits touristiques du pays mais possède tout de même quelques sites dignes d’intérêt. En six jours, nous n’avons pas du tout eu le temps de tout voir, loin de là, mais nous avons déjà pu nous en faire une petite idée en visitant quelques coins.

Mérida

Mérida est une petite ville sans prétention pourtant, elle a le statut de capitale d’Extrémadure. La raison est sûrement historique car Augusta Emerita, le nom romain de Mérida, était la capitale de la province romaine de Lusitanie qui comprenait l’actuel Portugal du Douro jusqu’à l’Algarve, l’actuelle Estrémadure ainsi que l’actuelle province de Salamanca. De cette époque fastueuse, nous restent de superbes vestiges dont le superbe amphithéâtre romain, un des plus grands d’Espagne. Il y a plusieurs sites archéologiques romains à visiter dans la ville, tous inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. Mais nous n’avons pas été les visiter pour des raisons de timing et de météo. La température est montée à 42 degrés et les sites sont très exposés au soleil. Nous avons préféré partir visiter Badajoz, où nous pouvons plus facilement trouver de l’ombre et des terrasses pour nous désaltérer qu’au milieu d’un théâtre romain. L’autre raison de notre choix est que Mérida est plus accessible que Badajoz si nous voulons y revenir depuis un autre coin d’Espagne.

Nous avons quand même pu apercevoir quelques ruines dans la ville comme le superbe Acueducto de los Milagros, un aqueduc à doubles arches datant du IIIe siècle et long de cinq kilomètres ainsi que le Temple de Diana, la déesse de la chasse et protectrice de la nature, qui date, lui, du Ier siècle de notre ère.

Badajoz

Badajoz se trouve aux confins de l’Espagne, à la frontière portugaise à peu près à la hauteur de Lisbonne. Pourtant à part quelques azulejos et quelques mosaïques blanches et noires au sol, l’influence du voisin de l’ouest ne se fait pas trop sentir. Nous sommes bien en terres espagnoles! Badajoz est la plus grande ville d’Estrémadure et le centre économique. C’est également la capitale de la province du même nom à laquelle appartient également Mérida. Malgré son emplacement en cul-de-sac, Badajoz dégage un certain dynamisme et n’a pas du tout cette ambiance de bout du monde qu’on peut trouver dans beaucoup de villes frontière.

Pour accéder au centre ville depuis la gare, c’est facile. C’est tout droit jusqu’au Rio Guadiana, la rivière qui depuis Badajoz fait un coude en direction du sud et qui constitue la frontière hispano-portugaise jusqu’à l’océan Atlantique. Pour traverser la rivière il faut traverser le Puente de las Palmas, le seul pont ancien de la ville qui date de la fin du XVe siècle. Sur l’autre rive, vous serez accueillis par la monumentale Puerta de la Palmas, une porte du XVIe siècle, un des vestiges des remparts qui ceinturaient la ville à l’époque. Aujourd’hui, elle a été rétrogradée en simple rond-point. Eh oui, la vie de porte médiévale au XXIe siècle est parfois ingrate.

Plaza de España

C’est la place centrale de la ville où convergent toutes les ruelles de la ville haute, le centre historique, vers la ville basse plus moderne. La place possède d’ailleurs quelques bâtiments modernistes ainsi que l’hôtel de ville un peu plus baroque. L’ambiance est typiquement castillane sur cette place. L’édifice le plus emblématique est la cathédrale San Juan Bautista construite en 1230 juste après la Reconquista. Elle possède d’ailleurs le style architectural typique de la Renaissance espagnole impulsée par les Rois Catholiques.

L’Alcazaba

Eh oui, les Arabes ne se sont pas contentés de l’Andalousie! Ils sont venu conquérir une partie de l’Estrémadure dont Badajoz où ils sont venus construire la plus grande alcazaba (un château fortifié datant de l’époque musulmane) d’Europe. En effet, elle s’étend sur plus de huit hectares! La muraille l’entourant mesure plus de cinq kilomètres et reste encore aujourd’hui, la plus grande d’Espagne! La construction date du XIIe siècle mais le site était déjà occupé auparavant par les Visigoths dont on peut encore apercevoir quelques ruines à l’intérieur de l’enceinte. A part quelques portes en forme de serrure typiquement islamiques, il ne reste pas grand chose de cette époque. La forteresse a fortement été remaniée par les rois catholiques après la Reconquista, elle a d’ailleurs toutes les caractéristiques d’un château fort médiéval.

Au XVIIe siècle, le Portugal retrouve son indépendance vis-à-vis de l’Espagne, Badajoz devint donc une frontière et une ville qu’il fallait protéger de « l’ennemi portugais ». Voilà pourquoi l’alcazaba a été renforcée et ragrandie à cette époque.

Fun fact : juste au sud de Badajoz, se trouve la petite localité d’Olivenza ainsi que sa voisine Taliga qui appartiennent à l’Espagne mais qui sont revendiquées par le Portugal. Ce sont des territoires gagnés par l’Espagne suite à la Guerre des Oranges en 1801, guerre entamée suite au refus des Portugais de s’aligner sur Napoléon pour un blocus contre l’Angleterre. Cette reprise de territoire a initié un gros différend diplomatique qui n’a toujours pas été réglé en plus de deux siècles. Aujourd’hui, les deux gouvernements respectifs ont d’autres chats à fouetter que de se disputer deux bleds même pas stratégiques et les relations entre les deux pays sont très bonnes. Mais officiellement, il y a toujours un territoire controversé au milieu de la péninsule ibérique et c’est assez fou quand on y pense!

Il vaut la peine d’effectuer la promenade sur les remparts et en plus, c’est gratuit! Il faut juste éviter d’y aller en été en plein cagnard car il n’y a pas un coin d’ombre, sauf dans la partie jardin qui, sans être digne de Versailles, est très jolie.

La Plaza Alta

Située au pied de l’alcazaba, on l’appelle tout simplement « La Plaza » car malgré l’agrandissement de la ville et la construction de la Plaza de España dans la ville basse, elle reste dans le cœur des habitants LA place principale de la ville. Il est vrai que tous les magazines de voyages la classent parmi les places les plus impressionnantes d’Espagne et nous ne pouvons que leur donner raison! Elle est super belle surtout les façades rouges et blanches qui en dominent le côté nord. Au Moyen-Age, c’était tout simplement la place du marché avant de devenir un campus universitaire à la Renaissance. Aujourd’hui, on y célèbre les fêtes patronales.

Cette première découverte de l’Estrémadure fut une très bonne surprise. Malgré sa position de carrefour culturel, la région possède sa propre culture, son propre caractère et sa propre âme. Dommage qu’en tant que parent pauvre de l’Espagne elle soit mal desservie par les transports publics et paraît inaccessible malgré une bonne position géographique entre Madrid et Séville. Mais vous nous connaissez, nous allons bien trouver un moyen de nous adapter afin d’aller découvrir d’autres petits trésors de ce coin un peu méconnu.

Carmona et ses clochers

Les trésors de la province de Séville ont tendance à être éclipsés par la beauté de leur capitale (Séville donc) et par leur éloignement des spots plus touristiques des côtes andalouses. Pourtant, beaucoup d’entre eux valent la peine qu’on s’y attarde un petit peu. Nous vous l’avions démontré la dernière fois avec Osuna, nous allons vous le démontrer à nouveau cette fois avec la petite ville de Carmona.

Carmona est une petite ville sévillane située à une trentaine de kilomètres de la capitale régionale en direction de Córdoba dans la plaine du Guadalquivir. Il y a des bus de la Junta de Andalucia qui partent toutes les heures des gares sévillanes de San Bernardo ou Santa Justa et le trajet dure entre 45 minutes et une heure. Aucune excuse pour zapper le coin lors de votre prochain séjour à Séville!

Il est vrai que ces derniers temps nous nous attardons pas mal dans les environs de la capitale andalouse! La première raison est tout simplement météorologique : il devient de moins en moins agréable à l’approche de l’hiver de se prendre les vents glaciaux de l’Atlantique et accessoirement, l’intérieur de l’Andalousie est presque impossible à visiter pendant les chaleurs estivales. La deuxième raison est que nous profitons des largesses gouvernementales qui nous offrent un abonnement de train gratuit jusqu’à la fin de l’année pour compenser l’inflation. Nous avons choisi le trajet JerezSéville, déjà parce-que nous adorons cette dernière et aussi parce-que ça nous permet d’explorer d’autres coins de notre si belle région.

Casco antiguo

Pour accéder au centre historique, il faut passer par la Puerta de Sevilla. Impossible de la louper, elle est tellement imposante, que c’est la première chose qu’on aperçoit à la sortie du bus! En fait, la porte fait partie de tout un système défensif et d’un alcazar. D’après certaines archives découvertes, les toutes premières fortifications de Carmona dateraient du XIVe AVANT Jésus-Christ et celles qu’on peut encore voir aujourd’hui ont été construites par les Carthaginois (IIIe siècle avant J.-C.!) Imaginez donc toute l’histoire dont est imprégnée la ville! La porte en elle-même date de l’époque romaine mais elle a été transformée par les Omeyyades puis les Almohades (les musulmans andalous entre les IXe et XIIe siècles). On peut d’ailleurs apercevoir la fameuse forme en serrure typiquement arabe. Bref, la porte et ce qu’il reste de l’alcazar sont super impressionnants et c’est un très beau point de départ pour commencer la visite.

Intra-muros, il ne reste plus beaucoup de vestiges de la période musulmane à part quelques petits détails architecturaux. C’est un vrai labyrinthe de petites ruelles qui correspondent à l’ancienne Juderia (le quartier juif). Les maisons, quant à elles, sont typiquement andalouses et datent du XVIIIe siècle et sont blanchies à la chaux comme dans pratiquement toutes les villes de la région. La ville de Carmona est candidate pour une inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO pour son ensemble historique et franchement, elle le mérite amplement, c’est vraiment superbe!

La ville aux mille églises

L’Espagne est un pays catholique, nous ne sommes donc pas surpris de rencontrer des églises mais dans le centre historique de Carmona, il y en a vraiment partout. Nous avons d’ailleurs demandé aux habitants combien il y en a, personne n’a été en mesure de nous répondre, à part un laconique « mucho » (beaucoup!) tellement elles sont nombreuses! C’est sûrement parce qu’ il fallait bien convertir les mosquées lors de la Reconquista et utiliser le budget provenant de l’or pillé en Amérique du Sud lors de la colonisation. Bon, nous parlons du terme générique d’église mais en fait il y a deux couvents, un monastère, des églises paroissiales, des basiliques,… Chaque édifice a une fonction précise au sein du catholicisme mais nous ne sommes pas assez calés, ni assez intéressés par les bondieuseries pour vous en faire un exposé détaillé.

Avec tous ces édifices religieux, la skyline de Carmona est composée essentiellement de clochers et c’est plutôt sympa de les apercevoir au bout d’une petite ruelle. Il y en a pour tous les goûts : des gothiques dans un style bien médiéval ou, nos préférés, des baroques plus colorés qui nous donnent un avant-goût de l’Amérique latine.

Alcazar de Arriba

Son vrai nom est Alcazar del Rey Don Pedro mais on l’appelle plus communément Alcazar de Arriba (Alcazar d’en haut) par analogie à la Puerta de Sevilla qui est « l’Alcazar du bas » à cause de sa situation plus bas dans la ville. L’Alcazar de Arriba se situe effectivement en haut de la ville mais rassurez-vous, nous sommes ici en plein dans la plaine du Guadalquivir le relief est vraiment peu marqué et c’est plus un faux plat constant qu’une vraie grimpette qui vous mènera à la forteresse. Il date évidemment de l’époque musulmane et a été réformé par les Rois Catholiques après la Reconquista dont Don Pedro qui donna son nom à l’édifice. L’extérieur des murailles a été endommagé par deux tremblements de terre successifs et ça se voit encore aujourd’hui, La cour intérieure est, par contre, bien restaurée et abrite un parador, c’est-à-dire un hôtel de luxe dans un cadre historique.

Pour les passionnés de vexillologie (on se la pète avec des termes savants mais en fait nous avons appris ce mot grâce à Sheldon dans Big Bang Theory!), l’étude des drapeaux, l’emblème dans la galerie ci-dessous avec les lions est celui de la région Castille et León qui se situe au nord-ouest de Madrid. Nous n’avons pas trouvé d’explication sur le fait qu’il se retrouve sur un édifice en plein cœur de l’Andalousie mais, à notre avis, vu que la Reconquista s’est faite par les rois castillans, ils ont sûrement voulu poser leur emblème bien en vue après la conquête de la ville.

Iglesia de San Pedro

Encore une église! Celle-ci se trouve extra-muros en face de la puerta de Sevilla et c’est également une des premières choses qu’on remarque à la descente du bus, surtout le campanile qui est bien imposant. L’édifice, de pur style baroque, date du XVe siècle, donc après la Reconquista. Ils ont dû penser à l’époque qu’il n’y avait pas assez d’églises à Carmona et qu’il fallait en rajouter une! Même s’il nous fait penser à un ancien minaret, le clocher date du XVIIIe siècle en pleine époque catholique. On l’appelle la Giraldilla car il a été bâti sur le modèle de la Giralda de Séville qui elle, est effectivement le vestige du minaret de l’ancienne grande mosquée de la ville. Avec la construction de la ville moderne, il est un peu compliqué d’admirer l’église dans toute sa splendeur. C’est dommage car les détails baroques comme la jolie coupole ont vraiment l’air dignes d’intérêt.

La nécropole romaine

A l’ouest de la ville, à environ dix minutes de marche de la Puerta de Sevilla, se trouve une grande nécropole romaine datant des Ier et IIe siècles de notre ère. Ce serait le plus grand monument funéraire romain de la péninsule ibérique, et effectivement, c’est énorme et tout n’a pas encore été découvert. On ne parle pas ici de simples tombes mais de véritables mausolées où on ne se contentait pas seulement d’y enterrer les morts. En effet, les funérailles se célébraient à l’intérieur même du tombeau. Nous parlons de l’époque romaine donc il ne s’agissait pas de simples agapes mais de véritables banquets pour célébrer la mémoire du défunt. Tout était prévu : des salles à manger, des latrines, des cuisines, des salles pour les domestiques, etc…

A noter que le site se trouve dans un joli parc bien arboré et, qu’outre l’intérêt historique, c’est sympa de s’y promener et d’y observer la végétation et les perruches qui s’y abritent. L’entrée au site est gratuit pour les citoyens de l’Union Européenne.

Il y a un bâtiment qui abrite un petite musée exposant les objets trouvés dans la nécropole ainsi que quelques explications intéressantes, notamment sur les banquets. Sur le toit, il y a un mirador qui donne sur un ancien amphithéâtre romain, le premier découvert en Espagne. On ne peut pas y accéder de près et son état de conservation n’est pas top. On peut également avoir un bon aperçu de la ville de Carmona avec ses clochers et ses murailles mais la météo n’était pas vraiment avec nous. On est loin de l’image de carte postale mais il y a quand même certains jours, surtout en hiver, où le soleil ne brille pas en Andalousie!

Nous sommes super contents d’avoir accès à cet abonnement de train gratuit! La province de Séville, bien que très différente que celle de Cádiz où nous vivons, a l’air de regorger de coins sympas! En plus décembre approche à grand pas et les villes andalouses vont s’illuminer pour Noël! Nous avons hâte d’aller découvrir ces symphonies de lumières, même si ce sera un peu limité cette année, sobriété énergétique oblige.

Osuna, le coeur de l’Andalousie rurale

La province de Séville n’a aucun village sous l’appellation officielle « pueblos blancos », c’est à dire, les fameux villages blancs. Pourtant, elle possède également quelques petits trésors perdus dans sa campagne. C’est le cas de la petite ville d’Osuna que nous allons vous faire découvrir dans cet article.

Osuna se situe presque au coeur géographique de l’Andalousie au milieu des champs d’oliviers et la fabrication d’huile d’olive reste sa principale ressource économique. Le paysage qui l’entoure est le cliché parfait de la carte postale du sud de l’Espagne. Elle se trouve à un carrefour stratégique de voies de communication et est facilement accessible par la route ou par le train sur la ligne SévilleMalaga. Nous avons choisi ce dernier moyen de transport pour nous y rendre, déjà par conviction écologique et puis parce-que nous avons reçu des points RENFE (les chemins de fer espagnols) que nous devons utiliser avant la fin de l’année. Nous n’avons pas besoin d’excuse pour partir en vadrouille mais puisque la RENFE a décidé de se montrer généreuse, ce serait bête de ne pas en profiter!

Le Centre historique

Le centre historique date de ce qu’on appelle la Renaissance sévillane. C’est la période qui coïncide avec la conquête du Nouveau Monde (XVIe siècle) et qui a apporté beaucoup de richesse à la ville de Séville, alors siège des colonies, et à sa région. Rien de bien nouveau par rapport aux autres localités andalouses : ce sont toujours les maisons blanchies à la chaux, des édifices religieux et quelques détails baroques. Mais, c’est toujours autant joli et c’est toujours un plaisir de déambuler dans les petites ruelles et de découvrir des détails architecturaux ou de discuter avec les anciens du villages qui sont de vraies encyclopédies vivantes.

Plaza Mayor

Elle est plutôt petite pour une Plaza Mayor (littéralement Grand-Place) mais elle contient quelques-uns des édifices les plus emblématiques d’Osuna. Parmi eux, le couvent de la Concepción, l’Ayutamiento (la mairie) et ses arcades ainsi que le casino de style architectural moitié andalou, moitié art-nouveau. De là, on peut apercevoir la collégiale qui domine toute la place depuis la ville haute.

Calle San Pedro

Du XVIe au XIXe siècle, la ville était dirigée par les ducs d’Osuna, une famille noble très importante en Espagne, et accessoirement très riche. Lors de la Renaissance, il firent construire la calle San Pedro, une rue bordée d’édifices andalous aux détails architecturaux baroques. Ce n’est pas si original pour l’Andalousie nous direz-vous. Sauf que là, ils se sont vraiment lâchés sur le baroque. Tout le faste des villes comme Florence ou Vienne se retrouvent sur quelques bâtiments dans une ruelle au milieu de la campagne sévillane! C’est certes très joli mais quand même un poil chargé parfois. Il y a même la Giralda de Séville qui s’est incrustée dans le décor. Saurez-vous la retrouver dans la galerie ci-dessous?

La ville haute

On l’appelle ville haute car le quartier surplombe un peu le centre historique mais dans les faits, nous sommes dans une plaine bien plate juste arrondie par quelques petites collines. Donc la grimpette pour y accéder s’apparente plus à du faux plat qu’à une vraie montée, c’est vraiment accessible à tous. Les ducs d’Osuna ont profité de ce vague relief à l’époque pour édifier quelques bâtiments emblématiques symbole de leur pouvoir et de leur richesse. On y trouve également les traces d’un passé plus ancien comme l’ancienne muraille romaine, l’ancien château médiéval ou un ermitage mais il n’en reste que de vagues ruines. Il y a également un théâtre romain mais nous n’avons pas pu y accéder parce-que c’était tout simplement fermé. Visiter Osuna un lundi hors saison n’était peut-être pas l’idée du siècle.

Iglesia Colegial de Nuestra Señora de la Asunción

C’est ce mastodonte un peu austère qui domine la Plaza Mayor dans le centre historique. Cet édifice date du XVe siècle, comme la plupart des bâtiments de la ville, mais est construit sur l’ancienne église du château qui avait été détruite par un incendie deux siècles auparavant. Si l’extérieur reste très sobre, il paraît que l’intérieur regorge d’œuvres très baroques d’artistes locaux toutes plus belles les unes que les autres. Mais là aussi nous sommes tombés sur un jour de fermeture. Fun fact : quelques scènes de la cinquième saison de la série Game of Thrones ont été tournée dans l’enceinte de la collégiale. Le musée d’Osuna situé dans le centre historique dédié une de ses salles à une exposition très intéressante sur le tournage de la série dans la ville.

L’Université d’Osuna

Osuna était prospère grâce notamment à la culture des oliviers mais souffrait un peu de sa réputation rurale et paysanne vis à vis de Séville, plus citadine et érudite. En 1548, on décida donc de fonder une université, grâce aux deniers des ducs d’Osuna, pour montrer à la grande ville que les paysans d’Osuna avaient également un cerveau! Le bâtiment a été intégralement construit à cet usage même si les deux minarets peuvent laisser penser à un héritage de la période musulmane. Malgré la Reconquista, il était de bon goût à l’époque d’orner les nouvelles constructions de détails piqués à l’architecture mudéjare. L’université était très prestigieuse et même Cervantes, l’écrivain espagnol le plus connu, en parle dans quelques-unes de ses œuvres. Elle a accueilli des milliers d’étudiants pendant près de trois siècles avant de fermer définitivement ses portes en 1824 où tout l’enseignement supérieur a été centralisé dans les capitales provinciales. En 1995, elle a finalement réouvert ses portes et accueille les facs de commerce et des sciences de la santé de l’université de Séville.

Hors de la ville

Si vous avez un peu de temps, il vaut la peine, depuis la ville haute, de sortir de l’urbanisation et de se promener sur les sentiers alentours. Ce sont des balades très faciles et c’est presque à plat. Avec les champs d’oliviers, c’est LA carte postale typique de l’Andalousie rurale.

La nécropole

Nous allons être honnêtes. Si ce n’était pas indiqué, nous n’aurions jamais deviné que ce site est une ancienne nécropole car l’état de conservation n’est pas top. Les archéologues y ont découverts des objets appartenant indubitablement à l’Epoque Romaine même si certains signes laissent à penser que la nécropole a également été utilisés par leurs successeurs, les Wisigoths. Le site ne serait qu’un petit aperçu de tout un complexe funéraire qui n’a pas encore été découvert.

Coto de las Canteras

Les locaux appellent ce site la Petra de l’Andalousie. Cette comparaison nous paraît un peu surfaite mais comme nous n’y avons pas encore été, nous serons obligés de nous rendre en Jordanie dans le seul but de vérifier cette information. (Arf, l’excuse à deux balles!) En fait, ce sont des carrières dont la pierre a été extraite au fil des siècles pour construire les différents édifices de la ville d’Osuna. Elles ont été actives depuis l’époque des Ibères jusqu’au milieu du XXe siècle. Le bâtiment administratif des carrières avait été construit dans la roche tel une maison troglodytique. Il se visite mais uniquement le week-end.

L’extraction de la roche a laissé un superbe paysage sur le versant des collines du piémont sub-bétique. Avec cette roche couleur ocre, ce paysage taillé au burin et ces cactus, nous aurons plus tendance à comparer tout ça à l’Arizona plutôt qu’à la Jordanie, mais ce n’est qu’un avis personnel. Quoiqu’il en soit, c’est une très jolie balade à faire à pied depuis Osuna.

Même si le relief n’est pas très élevé, monter ces petites collines nous permet quand même de profiter d’une jolie vue sur Osuna et ses champs d’oliviers. Malgré un climat très doux, l’automne est quand même là et le soleil a parfois tendance à se cacher derrière une belle couche nuageuse rendant les photos un peu tristounettes.

Si vous voulez voir le cœur de l’Andalousie, Osuna est une très bonne option. Elle a gardé son caractère très terrien, très rural tout en étant très accueillante envers les visiteurs de passage. Une bonne grosse journée de visite peut suffire, il faudrait en ajouter une deuxième pour bien se promener dans les alentours. Ce fut encore un gros coup de cœur pour nous, c’est une ville très accessible qui a beaucoup à offrir tout en étant légèrement en dehors des grandes routes touristiques. C’est un endroit que nous recommandons chaudement!

Ronda et ses ponts

Ce ne sont pas les villages blancs qui manquent en Andalousie mais il y en un qui a l’air de sortir du lot, c’est celui de Ronda. Comme il est bien desservi par les transports publics, nous décidons d’aller vérifier s’il mérite vraiment sa réputation.

Quelques petits conseils pour visiter Ronda
  • Venez si possible en transports publics. Ronda est très bien desservie par les bus, un peu moins par le train mais tout à fait faisable depuis Algeciras ou Malaga. En voiture, c’est la galère! Il n’y a pas de véritable parking digne de ce nom et circuler dans les ruelles de la ville est un véritable cauchemar.
  • Munissez-vous de bonnes chaussures. Ceci est valable pour toutes les villes d’Andalousie mais plus particulièrement pour Ronda. C’est très mal plat et les ruelles sont pavées de cailloux super mignons mais peu agréables pour la plante des pieds. Enfin, les sentiers pour aller admirer le Puente Nuevo depuis en bas sont en terre battue, raides et un peu glissants.
  • Essayer d’y dormir au moins une nuit. Il y a toute une gamme de logements pour tous les budgets et ça vous permettra de profiter de la ville hors des heures de grande fréquentation touristiques dues aux visites à la journée depuis la Costa del Sol.
  • Sortez de la vieille ville juste de quelques mètres pour vous restaurer. Les bistrots sont moins pittoresques mais les tapas sont à tomber et les prix beaucoup plus raisonnables. Nous avons d’ailleurs l’adresse d’une œnothèque vraiment sympa avec des vins du terroir et de super petits plats. N’hésitez pas à nous contacter, nous vous donnerons le contact avec plaisir.

Une situation géographique particulière

Ronda est située sur les versants est des montagnes de la Sierra de Grazalema, une petite chaîne de montagnes appartenant aux cordillères bétiques, qui sépare les provinces de Cádiz et de Málaga. La ville est située sur une énorme faille appelée Tajo de Ronda. C’est un canyon impressionnant d’une centaine de mètres de profondeur au fond duquel s’écoule le Rio Guadalevin. Une partie des maisons de Ronda se trouve au bord de cette faille et il faut avouer que c’est assez impressionnant. Les falaises sont quasi à la verticale et seuls quelques cactus ou quelques figuiers osent s’y accrocher. D’ailleurs, il est fort dommage qu’il soit impossible de vous transmettre les odeurs car un figuier réchauffé par le soleil sent super bon, à condition d’aimer les figues bien sûr!

Autre fun fact géographique, Ronda se situe aux antipodes exactes de la ville d’Auckland en Nouvelle-Zélande.

Une cité fortifiée

Ce sont les Romains qui, les premiers, construisirent des fortifications après avoir chassé les Carthaginois du lieu. Les murailles qui nous restent aujourd’hui ont été édifiées par les Arabes entre le Xe et le XIe siècles et ont été modifiées par la suite notamment par le roi Charles V. Malgré une longue histoire musulmane, il n’y a pas beaucoup d’autres monuments que les remparts qui nous rappellent cette époque à Ronda.

Barrio San Francisco

San Francisco est le centre historique qui se trouve à l’intérieur des remparts. Il correspond à l’ancienne médina de l’époque musulmane. Ronda appartient à la province de Málaga pourtant beaucoup de choses ici nous rappellent Granada comme les ruelles mal plates pavées de cailloux inconfortables, les maisons blanchies à la chaux ainsi que les vendeurs de thé à la menthe marocain et de pâtisseries orientales. Ce qui est logique vu que la ville appartenait au royaume de Grenade, la dernière partie arabe de la péninsule ibérique ayant résisté à la Reconquista jusqu’à la fin du XVe siècle. Sachant cela, nous nous attendions à découvrir plus d’architecture mudéjare dans le quartier. A part les remparts, un minaret et quelques détails sur quelques bâtiments religieux, il ne reste plus grand chose de cette époque faste. Ceci s’explique sûrement par l’effondrement économique que connut Ronda après la Reconquista et l’intolérance religieuse qui en découla (les musulmans et les juifs durent fuir la ville ou se convertir au catholicisme) fit que beaucoup d’édifices rappelant la religion musulmane furent détruits. La ville ne connut un regain économique qu’au XVIIIe siècle et les maisons andalouses qui bordent les ruelles datent de cette époque.

Malgré cette histoire pas très jolie, le quartier de San Francisco est vraiment pittoresque et ça reste un régal pour les yeux de déambuler à travers ses petites ruelles.

El Mercadillo

Le Mercadillo est le quartier qui se situe sur l’autre rive du Rio Guadalevin par rapport à la ville fortifiée du quartier de San Francisco. C’est la « ville nouvelle » construite au XVIIIe siècle (même si certains bâtiments sont plus anciens) lors du regain économique de la ville dû notamment à l’agriculture et aux richesses rapportées des colonies. Les rues sont plus droites et plus larges que dans la médina mais les maisons andalouses et les différents palais ou édifices religieux sont tout aussi pittoresques.

Plaza del Socorro

Cette magnifique place du Socorro bordée par l’église du même nom est le coeur névralgique du Mercadillo. Les bâtiments sont plutôt modernistes et datent du début du XXe siècle, après la guerre d’Indépendance contre les Français. La statue en son centre représentant Hercule avec ses deux lions ainsi que les couleurs vertes et blanches sont tout simplement l’emblème et les couleurs de l’Andalousie.

El Puente Nuevo

Voici le clou du spectacle de Ronda! On l’appelle Puente Nuevo (pont neuf) par rapport aux autres ponts plus anciens qui traversent le Rio Guadalevin. Cette prouesse architecturale complètement ouf date du XVIIIe siècle (1793) et fut pendant plus d’un siècle, avec ses 98 mètres de haut, le pont le plus haut du monde! Il permet de relier les anciens quartiers de San Francisco avec la ville nouvelle en traversant le Tajo de Ronda. En son centre, on peut apercevoir une petite fenêtre. C’était une prison construite là parce-que, à cette hauteur, c’était très compliqué, voire impossible pour un prisonnier de s’échapper. Aujourd’hui, c’est un petit centre d’interprétation de l’histoire du pont.

Le plus fou est d’emprunter le sentier qui descend dans la gorge afin d’admirer le pont depuis dessous et d’en mesurer l’impressionnante prouesse architecturale, surtout pour l’époque. Attention, la descente n’est pas une sinécure : ce n’est pas un trail de haute montagne mais c’est quand même raide un peu glissant et surtout, il y a des hordes de touristes dont certains ont apparemment oublié de prendre les règles élémentaires de politesse dans leurs valises. Evidemment, nous ne faisons pas une généralité et avec beaucoup d’entre eux, ça se passe merveilleusement bien mais il y en a d’autres qui n’hésitent pas à pousser ou à courir juste pour un selfie et avec le vide, les cailloux et les branches d’arbres, ça peut vite provoquer quelques petites catastrophes.

Mais nous avons réussi à faire abstraction de ces petits désagrément pour profiter de la vue exceptionnelle sur le pont et sur la gorge et il faut avouer que nous avons été très impressionnés.

Au pied du pont, le Rio Guadalevin forme une petite cascade et, même si ce n’est pas Iguazu, c’est super joli.

Jardines de Cuenca

C’est plus une promenade qu’un véritable jardin même si on y trouve quelques palmiers ainsi que des rosiers. La particularité du lieu est d’être suspendu à flanc de falaise sur les gorges du Guadalevin. Si vous êtes sujets au vertige, abstenez-vous de faire la balade, c’est vraiment au-dessus du vide et très impressionnant! Malheureusement, ces jardins ont une réputation un peu macabre. Il y a, chaque année, des dizaines de personnes qui s’y jettent dans le vide afin de mettre fin à leurs jours. Le nom Cuenca vient sûrement de la ville du même nom, en Castille-la-Manche, car elle possède également des maisons suspendues à flanc de falaises. Encore un lieu à rajouter à notre interminable liste d’idées!

Puente Viejo

On l’appelle Puente Viejo (vieux pont) par analogie au Puente Nuevo (pont neuf). Il se situe au pied des jardins de Cuenca. Il a été construit par les arabes comme chemin d’accès à la médina mais certains éléments laissent à penser qu’il y avait déjà un pont romain bien avant. Il est certes moins pittoresque que son homologue plus récent et bien plus impressionnant mais il a l’avantage d’être beaucoup moins fréquenté!

L’autre clou du spectacle

L’avantage d’avoir une ville construite sur des falaises c’est qu’il y a plein de miradors pour observer la vue. Bien entendu, plus on s’éloigne du Puente Nuevo moins ils sont fréquentés! Malheureusement, l’Andalousie a vraiment souffert de la sècheresse cet été et ça se voit mais le paysage sur la Sierra de Grazalema reste époustouflant!

Vu d’en bas

Vu que nous avons pris la peine de descendre les jardins de Cuenca, autant en profiter pour faire une petite balade dans les champs d’oliviers! Plus andalou, tu meurs! Et nous avons bien fait! La vue de Ronda depuis le pied des remparts est tout aussi pittoresque que tout ce que nous avons vu jusqu’à présent dans cette ville incroyable!

Nous avons eu un véritable coup de coeur pour Ronda et c’est une chose à laquelle nous ne nous attendions pas du tout! Nous savions le grand potentiel touristique de la ville et pensions que ce serait infernal et que ça gâcherait une partie du plaisir. A part vers le Puente Nuevo, ce n’est pas le cas. Il y a beaucoup de cars remplis de touristes venant de la Costa del Sol qui s’arrêtent juste le temps de prendre une photo du pont et basta. Le reste de la ville a certes son lot de visiteurs étrangers mais n’est pas complètement étouffé par le tourisme de masse et a réussi à garder son âme typiquement andalouse et nous avons été particulièrement conquis par ce dernier point… et par les vins locaux aussi!

Tarifa, dernier point avant l’Afrique

Il y a deux raisons principales pour lesquelles nous voulions nous rendre à Tarifa. La première est sa situation géographique particulière et vous commencez à le savoir que nous sommes férus de géographie. La deuxième, c’est son nom. Tarifa avec ses sonorités arabisantes nous évoque l’âge d’or du royaume d’Al-Andalus et promet une petite incursion dans l’Histoire. Mais est-ce que Tarifa tient-elle vraiment ses promesses? C’est ce que nous allons voir plus bas.

L’arrivée à Tarifa déçoit un peu. Sur la route principale s’alignent des dizaines de magasins de sports dédiés principalement au surf et à ses dérivés. C’est vrai qu’avec la situation privilégiée de la ville sur le détroit de Gibraltar qui reçoit les courants de la Méditerranée et de l’Océan Atlantique, ça promet de belles vagues. Mais il ne faut pas s’arrêter sur le côté très station balnéaire de Tarifa car la localité a bien d’autres choses à offrir comme le château de Guzman el Bueno, une forteresse almohade du Xe siècle qui ceinture encore aujourd’hui une partie de la vieille ville.

Centre de Tarifa

Tarifa n’est de loin pas la ville la plus pittoresque d’Andalousie mais les ruelles du centre historique possèdent quand même un certain charme! A cause de sa position stratégique sur le détroit de Gibraltar, elle a attiré les convoitises de nombreux royaumes même si son histoire reste très similaire aux autres régions du sud de la péninsule ibérique, c’est à dire les Ibères, les Romains / Carthaginois, les Wisigoths, les Arabes puis la Reconquista en 1292. Avec la prise de Gibraltar par les Anglais en 1704, Tarifa devint un poste stratégique pour l’armée et la marine espagnoles. Aujourd’hui, la ville est devenue très touristique mais comme elle attire une majorité de surfeurs et autres sportifs de la mer, l’ambiance est très chill et reste somme toute très bon enfant.

Plazuela del Viento

Elle porte bien son nom cette place puisqu’elle est particulièrement exposée aux courants forts du détroit! Cette jolie petite esplanade a été construite par les Arabes avec la forteresse mais les maisons typiques blanchies à la chaux qui la bordent datent d’après la Reconquista (XVIIe siècle environ) et, avec les bancs en azulejos, nous rappellent que nous sommes bien en Andalousie et qu’il faut encore traverser le détroit pour arriver enfin sur le continent africain.

Mais le clou du spectacle reste la vue côté mer, où par beau temps on peut nettement apercevoir les côtes marocaines de l’autre côté du détroit. Mais être aussi près de l’Afrique (quatorze petits kilomètres seulement) et du désert du Sahara nous soumet à un régime de calima (Ah les bons souvenirs de Tenerife!) et nous brouille un peu la vue. Nous avons quand même essayé de prendre quelques photos mais ce n’est pas très concluant. Nous devrons donc nous sacrifier pour traverser le détroit afin d’aller voir tout ça de plus près. C’est d’ailleurs dans nos projets mais pour un peu plus tard, nous n’en avons pas fini avec l’Andalousie qui est devenue ces derniers mois notre véritable terre de cœur.

La Pointe de Tarifa

Comme nous l’avons mentionné en début d’article, notre principal intérêt pour Tarifa est son emplacement géographique et c’est plus particulièrement cette pointe qui nous intéresse! En réalité c’est une petite île où se trouvent un fort et un phare mais ils ne sont pas accessibles au grand public. Il y a un isthme qui relie cette îlot au continent et il est possible de se promener sur la chaussée d’accès. C’est assez fou car à droite viennent se fracasser les vagues de l’Océan Atlantique tandis qu’à gauche on trouve les eaux plus calmes de la mer Méditerranée. Tarifa est baignée par deux mers bien distinctes! Déjà ça, ce n’est pas rien! Et ce n’est pas tout! L’extrémité du cap est le point le plus méridional de l’Europe continentale*! En tant que grand passionnés de cartes et de points géographiques particuliers nous ne pouvions décemment pas laisser passer ça!!

*Par Europe continentale nous entendons la partie « continent » européen sans les îles. Sinon le point le plus méridional d’Europe se trouve à Gavdos, une petite île grecque située à une quarantaine de kilomètres au sud de la Crète. Tandis que pour l’Union Européenne, le sud extrême se trouve à la Restinga, sur l’île d’El Hierro, dans les Canaries, toujours en Espagne donc. Avec tous ces points, notre liste à idées n’est pas prête de cesser de se rallonger!

Côté terre, la pointe de Tarifa est surplombée par le château de Santa Catalina sur la colline du même nom. Nous ne pouvons pas y accéder à cause de travaux et c’est bien dommage car c’est un beau témoignage de l’histoire de la Guerre Civile Espagnole. L’édifice a été construit comme bâtiment défensif en 1933 avant d’être bombardé par les Républicains en 1936. Il fut reconstruit dans les années 1940 en pleine Seconde Guerre Mondiale et a été affublé des fameux bunkers qu’on peut encore trouver un peu partout en Espagne. Bon, pour ces derniers, nous les avons juste aperçu entre les palissades de chantier, mais ils sont bien là!

La Playa

Pour la playa, c’est du côté Atlantique que ça se passe. Il y en a bien une du côté Méditerranée pour ceux qui n’aiment pas les courants mais c’est vraiment tout mini. Elle se nomme d’ailleurs « Playa Chica », la petite plage. Le côté mer est plutôt réservé aux départs de ferries pour Tanger et au port de pêche, le détroit regorgeant de poissons.

Donc la « vraie » plage borde l’océan et il faut avouer qu’elle en jette! Ce sont presque huit kilomètres de sable fin, un peu malmenés par le vent c’est vrai, qui s’étendent le long d’une eau turquoise presque digne de la Mer Rouge! Et pour ne rien gâcher, le paysage de montagnes surplombant la playa est juste magnifique. Le tout fait partie de la réserve naturelle du détroit de Gibraltar qui abrite quelques espèces de faune et de flore endémiques. En plus, il paraît que plus on se dirige vers l’ouest, plus les plages sont belles! Promis, nous ne manquerons pas d’aller vérifier tout ça de plus près!

Par contre, avec les forts courants du détroit, rester sur le sable peut être désagréable et même dangereux, l’air y est constamment rafraîchi et on ne sent pas forcément les forts rayons du soleil sur la peau. Pour la baignade, ce n’est pas beaucoup mieux, c’est beaucoup plus adapté pour le wind-surf ou d’autres sports avec une planche de surf. En plus, l’eau est glacée, et c’est Fab le même pas frileux qui le dit!

Si vous êtes dans le coin, il peut valoir la peine de s’arrêter une petite journée à Tarifa. Si vous êtes des adeptes de coins pittoresques, préférez plutôt la route des villages blancs. Par contre, si vous êtes des fans de surf, planche à voile, kite-surf, etc.. Foncez! Le coin y est idéal pour la pratique de ces sports et l’ambiance de la station balnéaire est vraiment sympa!