Palma, une première découverte de Majorque

Bien que ce soit un des coins les plus connus et les plus visités d’Espagne, l’île de Majorque nous est totalement inconnue. Mais comme nous avions eu une belle surprise avec Ibiza l’année précédente lors d’un week-end avec la sœur à Van et son chéri, nous avons décidé de réitérer l’expérience des Baléares. Nous y sommes allés en octobre, en fin de grosse saison touristique, même si en vrai il y a des touristes toutes l’année qui viennent profiter du climat doux de la Méditerranée. Nous avons eu du bol inouï avec le temps car, pendant que nous profitions d’une météo relativement clémente, la tempête faisait rage chez nous à Sevilla inondant une bonne partie du centre ville. Rassurez vous, nous n’avons pas eu de dégâts et en général, il y eut plus de peur que de mal. Nous voulons juste profiter de ces quelques lignes pour remercier tous ceux qui se sont inquiétés pour nous.

En vrai, Van a un peu triché en y allant quelques jours avant en « repérage » profitant de l’occasion pour aller dire bonjour à sa famille. Non, elle n’a pas de famille majorquine cachée. Nous avons juste décrété que les Baléares était un lieu de rencontre idéal! C’est à mi-chemin entre la Suisse et Séville, l’aéroport de Palma est super bien desservi depuis à peu près partout en Europe, la bouffe est bonne et il y a la mer. (Oui, ça compte!)

Elle profite donc de cet article pour remercier tout le monde pour ces quelques jours passés ensemble!

Palma de Mallorca

Palma est la capitale de Majorque et de toutes les Baléares, c’est également la porte d’entrée de l’île. Elle a été fondée par les Romains puis elle connut à peu près la même histoire et le même sort que beaucoup d’autres villes de la péninsule ibérique. A la chute de l’empire romain, ce sont les Vandales qui prirent possession des lieux avant de laisser la place aux Arabes en l’an 903. Puis en 1229 c’est l’heure de la Reconquista avec comme protagoniste principal Jaime Ier! Vous vous souvenez de lui? Nous en avons longuement parlé lorsque nous étions dans la Communauté Valencienne! Après avoir repris aux musulmans la Catalogne et Valence, notre bon vieux Jaime traversa la Méditerranée pour récupérer les Baléares. C’est pourquoi aujourd’hui la vieille ville de Palma ressemble beaucoup au Barri Gòtic de Barcelone et qu’on y parle le « mallorqui », une variante du catalan.

Plaça Major

Comme (presque) toute ville espagnole qui se respecte, Palma possède sa Plaza Mayor bordée d’arcades. Elle n’est pas très grande (40 mètres sur 90 mètres environ) mais nous trouvons ses façades jaunes trop stylées. C’est une place assez récente (1838) puisque avant se trouvait un couvent ainsi que le siège de l’Inquisition. Nous ne savions pas que l’église catholique poursuivait encore les hérétiques jusqu’à une époque si tardive. Naïfs que nous sommes!

Quand nous sommes passés, c’était rempli de grues et de machines puisque la mairie installait (déjà!) les lumières de Noël, d’où des cadrages photos un peu bizarres. (Sorry!)

Palacio Real de la Almudaina

On l’appelle également Alcazar puisque ce sont les Arabes qui ont édifié ce palais avec vue sur la mer et sur la baie de Palma. Ce que nous voyons aujourd’hui est une refonte complète du palais qui date du XIVe siècle sous l’impulsion du roi de Majorque Jaime II qui n’est autre que le fils de Jaime Ier, encore lui! Il a été réformé selon le modèle du Palais des Rois de Majorque de Perpignan, qui faisait également partie du Royaume de Majorque à l’époque et qui était le lieu de naissance d’Esclarmonde de Foix, épouse de Jaime II et reine consort.

Aujourd’hui, c’est la résidence d’été officielle de la famille royale espagnole même si en vrai, elle séjourne plutôt au palais du Marivent un peu plus en retrait dans la vieille ville.

Cathédrale Santa Maria de Palma

En mallorqui, on l’appelle sobrement la Seu (la cathédrale). Ce monstre gothique surplombe la baie de Palma sur les anciennes murailles romaines de la ville. Elle se trouve bien sur l’emplacement de l’ancienne mosquée mais il n’en reste absolument plus rien aujourd’hui. Jaime Ier (encore lui!) a décidé de la détruire complètement afin de construire une belle cathédrale toute neuve en partant de zéro. C’était en 1229. Mais elle n’a été consacrée que près de 120 ans plus tard en la présence du roi Jaime III, petit-fils de notre Jaime Ier national, les travaux ayant duré tout ce temps.

Une des particularité de cette cathédrale est qu’elle bénéficie d’un super dégagement côté mer, chose très rare en Espagne ou les édifices religieux sont plutôt coincés dans des ruelles d’un centre historique. Elle est super impressionnante, elle surpasse même en taille le palais de la Almudaina situé juste à côté! Pas de bol, ces temps-ci, elle se pare de quelques échafaudages afin de se faire une belle cure de jouvence.

La promenade sur le quai pour apercevoir le palais et la cathédrale est super sympa mais en cette fin octobre l’humidité est palpable et le temps un peu instable nous apportant pas mal de nuages. Mais le soleil méditerranéen n’a pas dit son dernier mot non plus! Cette bataille météorologique nous a apporté un superbe arc-en-ciel que nous avons assez bien réussi à immortaliser.

La Lonja

En continuant notre chemin depuis la cathédrale sur l’esplanade qui longe le bord de mer, nous tombons sur ce superbe bâtiment de style gothique, à nos yeux, encore plus beau que la cathédrale! C’est Sa Llotja ou la Lonja. C’était le lieu où les pêcheurs venaient vendre leurs prises du jour au gros. Elle date du XVe siècle et ressemble à comme deux gouttes d’eau à sa sœur valencienne, de la même époque. On peut pénétrer à l’intérieur pour admirer les impressionnantes colonnes qui soutiennent l’édifice. Lors de notre passage, il y avait une exposition de quelques œuvres de Joan Miró. Bien qu’il soit né à Barcelone, l’artiste à passé une bonne partie de sa vie à Majorque et, à Palma, on le considère un peu comme un enfant du pays. Il y a d’ailleurs une fondation Pilar et Joan Miró en ville que nous n’avons pas visitée par manque de temps.

Es Jonquet

En continuant notre promenade, nous tombons sur un petit quartier plus tranquille, moins touristique, moins propret mais avec beaucoup de charme. C’est Es Jonquet, le plus ancien quartier de la ville et celui des pêcheurs. Le must, ce sont les deux moulins à vent datant du XVe siècle. Ils sont un peu défraîchis mais super jolis. Un coin sympa pour déambuler lors d’une visite de Palma.

Il y a également une superbe vue sur la marina depuis les moulins mais, Palma étant beaucoup plus à l’est que Séville, nous nous sommes fait avoir par la tombée de la nuit qui est arrivée bien trop tôt à notre goût, d’où une lumière pourrie pour la photo. (Sorry!)

Soller

Il y aurait eu encore plein de choses à découvrir à Palma mais nous avons préféré passer notre deuxième jour ailleurs pour voir quelque-chose de nouveau. Nous avons choisi Soller car Fab voulait voir le train historique.

Il y a le train touristique qui part de la Plaça d’Espanya de Palma, à côté de la station intermodale et qui va directement à Soller. (40€ aller-retour par personne). Nous avons choisi la version plus locale, le bus, qui part de la station souterraine de cette même Plaça d’Espanya (départ toutes les trente minutes, 2,70€ par trajet payable directement dans le bus par carte de crédit). A Soller, il y a le village dans la Sierra, et il y a le port. Vous nous connaissez, nous avons été jusqu’au bord de mer!

Le port de Soller se trouve dans une baie quasi fermée au pied des magnifiques montagnes de la Serra de Tramuntana. Le village se développa à partir du XVIe siècle car, avec la baie, c’était plus facile de se défendre des pirates. Aujourd’hui, le port de pêche s’est plutôt transformé en marina de luxe pour yachts et l’industrie touristique y bat son plein mais il faut quand même reconnaître que l’environnement est incroyable!

Nous avons quand même voulu voir à quoi ressemblait le village plus haut dans la Sierra. Pour parcourir les trois kilomètres qui séparent Soller du port, nous avons joué les touristes et avons emprunté le tram historique. (10€ par personne, par trajet) La ligne a été inaugurée en 1913. Le but était de prolonger la ligne de train Palma-Soller jusqu’au port mais il y avait le problème de la traversée du village dont les rues sont super étroites. Voilà pourquoi on a opté pour le tram à l’époque. Aujourd’hui, la vocation est purement touristique mais le matériel roulant est d’époque avec sa lenteur et ses banquettes en bois. Il y a juste les réviseurs qui viennent nous encaisser le prix du billet avec des appareils à cartes de crédit super modernes qui cassent quand même un peu l’ambiance! Par contre, passer au milieu des terrasses des restaurants de la place du village est un peu surréaliste!

Il vaut la peine de déambuler dans les petites ruelles du village de Soller. C’est super chou! C’est fou comme l’ambiance change totalement du bord de mer! Le climat et le caractère des gens sont beaucoup plus montagnards alors que nous aurions pu parcourir la distance depuis le port à pieds!

Les destinations ci-dessous ont été visitées pendant le séjour de Van et de sa famille. Elle a profité de la voiture de location et d’avoir son papa comme chauffeur privé!

Alcúdia

Alcúdia se trouve exactement à l’opposé de Palma, au nord-est de l’île de Majorque. Elle fait partie de l’association des « plus beaux villages d’Espagne » comme Garachico à Tenerife, et franchement, ce n’est pas démérité. Certes, c’est super touristique avec boutiques de souvenirs et restaurants à gogo mais les petites ruelles à l’intérieur des remparts sont superbes. Si la photo du palmier devant la muraille vous rappelle un peu le Maroc, c’est normal! Ce sont les Arabes qui ont édifié la forteresse. D’ailleurs, Alcudia dérive directement du nom arabe « Al Kudia » qui signifie la colline, la localité se trouvant effectivement sur une petite colline. Bien évidemment, Jaime Ier à passé par la et a reconquis le territoire au nom des Rois Catholiques. Il a même changé le nom du village en San Jaime de Guiñent, plus chrétien et plus catalan. Mais tout le monde a continué à utiliser le nom arabe, plus simple. On l’a juste un peu « hispanisé » en Alcúdia.

Il y a également la partie portuaire de Alcúdia, plus balnéaire, en bord de mer. Mais ça ne vaut pas le port de Soller!

Valldemossa

Voilà le coup de cœur de ces découvertes majorquines! Valldemossa se situe en pleine Serra de Tramuntana et constitue un bijou dans un écrin de montagnes pittoresques. Malgré les boutiques de souvenirs, Valldemossa a gardé son âme médiévale et le temps semble s’être bien ralenti. Mention spéciale pour « la cartuja », le monastère du XVIIe siècle avec le toit de son clocher orné d’azulejos verts. Au fil de son histoire, la Cartuja a hébergé des artistes en quête d’inspiration comme Frédéric Chopin ou encore Georges Sand. Rien que ça!

Ce n’était qu’un petit aperçu de Majorque mais de quoi nous en faire une première idée. La légende est vraie : l’île s’est vraiment « germanisée »! Ça se ressent dès l’arrivée à l’aéroport où tout est écrit en allemand et où Germanwings monopolise les portes d’embarquement! Et encore, nous n’avons pas fréquenté les stations balnéaires comme Magaluf et consort ni les Biergarten! En ce sens, nous avons préféré Ibiza où dès que nous quittons la zone des discothèques, l’île est plus sauvage et moins prise d’assaut par les touristes. Malgré ce (gros!) bémol, tout n’est pas à jeter à Majorque, principalement dans les petits villages de la Sierra.

Salamanca, la plus vieille ville étudiante d’Espagne

Après un superbe été passé dans notre belle andalouse et sur les plages de Cádiz, il est temps pour nous d’effectuer notre rentrée et de partir à la découverte d’autres coins de notre beau pays.

Notre curiosité nous a poussés, une fois n’est pas coutume, tout droit en direction du nord dans la communauté autonome de Castille-et-León, une région qui était totalement méconnue pour Van. Le choix de Salamanca ne s’est pas fait au hasard, la ville est reconnue pour son université et son patrimoine architectural médiéval intéressant.

Nous avons choisi le bus pour nous y rendre. Ça nous paraissait logique vu que depuis Séville, l’autoroute va tout droit en direction du nord en empruntant le tracé de l’ancienne voie romaine « Via de la Plata ». Ce que nous n’avions pas prévu, c’est que le bus en question dessert tous les petits bleds d’Estrémadure! Nous n’avons rien contre l’Estrémadure, au contraire, c’est notre deuxième région d’Espagne préférée après l’Andalousie, mais là, nous aurions quand même préféré avancer un peu plus vite! Bref, la prochaine fois nous prendrons le train même s’il faut passer par Madrid et y changer de gare.

Mais nous n’allons pas nous décourager à cause d’un trop long trajet de bus et nous sommes toujours motivés à aller découvrir cette nouvelle ville.

Le centre historique

Salamanca possède une histoire très riche et a été habitée par les Ibères dès le premier millénaire avant notre ère. Elle a été conquise par le carthaginois Hanibal avant d’être prise par les Romains qui l’ont intégrée à leur province de Lusitania avec le Portugal et la Galice. D’ailleurs, la frontière portugaise est à une petite centaine de kilomètres de là à la hauteur de Porto à peu près et les habitants ont déjà, dans leur accent, une façon de bien appuyer les « S » presque comme des « ch » qui nous rappelle les sonorités lusophones de nos voisins.

Ensuite Salamanca fut prise par les Alains, un peuple barbare venu de Perse qui conquit toute la Lusitanie après la chute de l’empire romain. Mais l’endroit ne les intéressa pas, pas plus qu’aux Wisigoths venus après eux. Salamanca fut peu à peu abandonnée à son triste sort. Les Arabes sont passés par là également mais ne montrèrent pas plus d’enthousiasme que leurs prédécesseurs. De toute façon, ces derniers ne restèrent pas longtemps dans le coin puisque la Reconquista eut lieu en 939 déjà. Là, les choses commencèrent à changer et la ville se repeupla gentiment et Salamanca devint rapidement une des villes les plus importantes du royaume de León.

Le centre historique date en partie de cette époque avec ses petites ruelles et ses maisonnettes datant du Haut-Moyen-Age. Le tout est bien concentré dans ce qui reste des remparts, bien conservé et inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est un peu la Córdoba du Nord. C’est une architecture qui n’existe pas dans le sud puisqu’à cette période, la région était conquise par les musulmans qui nous ont laissé leur superbe architecture mudéjar. C’était d’ailleurs le but de notre virée de voir une architecture et une histoire différente de celle que nous voyons tous les jours.

Plaza Mayor

Nous devons avouer qu’elle nous a un peu laissés sur notre faim cette Plaza Mayor. C’est vrai, qu’à notre passage la feria locale était en train de se préparer et une énorme scène était en train d’être montée au centre de la place. Oui, malgré la pause estivale, nous sommes toujours les rois des timings chelous! Ça ne nous a pas aidés à apprécier la place à sa juste valeur. Mais ce n’est pas la principale raison de notre petite déception. Certes, la place est objectivement vraiment jolie avec son style baroque du XVIIIe siècle et ses arcades mais nous la trouvons trop carrée, trop uniforme. Elle a été commandée telle quelle à un architecte local et n’a pas été bordée de bâtiments bâtis à l’arrache au fil des siècles. Ceci explique sûrement cela. Nous préférons les places un peu plus biscornues et WTF comme à Cáceres.

Nous ne pouvons pas mettre non plus cette petite déception sur le compte de notre chauvinisme andalou puisque le concept de Plaza Mayor est typiquement castillan et n’existe pas en Andalousie. Même si en vrai notre Plaza de España reste la plus belle, on est d’accord!

La Casa de las Conchas

En français, elle s’appelle la maison des coquillages et on peut aisément comprendre pourquoi! Ses façades sont recouvertes de plus de trois cents coquilles Saint-Jacques. A part cette fantaisie décorative, le bâtiment est un édifice médiéval typique de style gothique tardif qui a été construit entre 1493 et 1517 pour une noble famille locale. On ne sait pas vraiment pourquoi ces coquillages ont été choisis pour orner la façade mais il y a deux légendes, plus ou moins plausibles, qui circulent en ville à ce sujet. La première est que la famille qui fit construire la maison appartenait à l’ordre de Santiago (Saint-Jacques), un ordre religieux et militaire du royaume de León qui avait pour mission de protéger les pèlerins des chemins de Compostelle mais aussi d’expulser les non-catholiques de la péninsule ibérique et dont l’emblème était la coquille Saint-Jacques. L’autre légende, plus romantique, raconte que le fils du propriétaire de la maison fit poser ces décos par amour pour sa femme dont les armoiries de sa famille contenaient des coquillages. Aujourd’hui, l’édifice appartient à la municipalité de Salamanca et abrite une bibliothèque. Il y a pire comme endroit pour s’adonner au plaisir de la lecture!

La Clerencia

Juste en face de la Casa de las Conchas, se dresse la Clerencia et sa magnifique façade baroque! Construite au XVIIe siècle, elle abritait le collège de la Compagnie de Jésus (les Jésuites). Aujourd’hui, elle abrite l’université pontificale de Salamanca, une université catholique privée. Malheureusement, la Clerencia et la Casa de las Conchas se font face dans une ruelle très étroite et il est difficile d’observer les deux édifices à leur juste valeur. (voir notre première photo de la galerie ci-dessus pour vous faire idée de la proximité des bâtiments)

Les cathédrales

Salamanca possède deux cathédrales une vieille (vieja) et une nouvelle (nueva). Bon, il est très difficile de les différencier parce que la nouvelle à été, en partie, construite sur l’ancienne après que cette dernière ait été bien endommagée par le tremblement de terre de Lisbonne en 1755. En gros, la partie arrière de style roman est la « catedral vieja » qui date du XIe siècle, et le reste, plus grand de style gothico-Renaissance qui date des XVIIe et XVIIIe siècles, est la « catedral nueva ». L’ensemble est vraiment joli avec ses différents styles architecturaux et comme tout a été bâti sur une petite esplanade, on le voit de loin. Ce qui fait un très bon repère quand on se perd dans le dédale de ruelles du centre historique.

L’université

Non, nous ne sommes pas venus à Salamanca reprendre nos études car nous avons un projet encore plus fou que celui d’apprendre de nouvelles choses pour le mois d’octobre! Si nous vous en parlons c’est parce que, déjà, les différentes facultés de la ville se trouvent dans des édifices historiques vraiment remarquables. Ensuite, Salamanca peut se targuer d’avoir la plus vieille université d’Espagne et la deuxième d’Europe après Bologne, en Italie. Elle a été fondée en 1218. Oui, ils sont studieux les gens du sud! Enfin, l’université a reçu de prestigieux élèves comme le navigateur Hernan Cortés ou l’écrivain Miguel de Cervantes, le Molière espagnol. Christophe Colomb y est même venu préparer une partie de son expédition qui le mena à la découverte de l’Amérique. Paradoxalement, c’est également à l’intérieur de ces murs qu’ont été discutés la mise en place de droits pour les indigènes du Nouveau Monde. On y a également accueilli la première femme étudiante du monde, Beatriz Galindo qui était une dame de compagnie de la reine Isabel et on y a crée la première grammaire du castillan en 1492. Rien que ça!

Aujourd’hui, l’université de Salamanca reste très prisée des étudiants locaux et internationaux et la municipalité en tire la plupart de ses revenus. L’ambiance en ville est d’ailleurs très cool, très jeune et très dynamique. Nous avions un peu peur, avant de venir dans le nord, de retrouver l’ambiance de Zaragoza très froide. Heureusement, ça n’a pas du tout été le cas. Certes, les gens n’ont pas l’exagération des Andalous mais ils restent ouverts et très sympas!

Les archives de la Guerre Civile

Nous y sommes rentrés pour nous protéger du froid. Oui, vous avez bien lu, du froid! Le matin de notre départ, il y avait un vent glacial à décorner des bœufs et c’était beaucoup trop tôt pour aller boire l’apéro. Donc nous avons été nous abreuver d’histoire plutôt que de pinard local, très bon soit dit en passant! Nous n’y avons pas pris de photo à l’intérieur, même si c’est autorisé, car les documents de propagande de l’époque que nous y avons trouvés sont super nauséabonds et nous savons que la population espagnole est encore très mal à l’aise avec cette partie de son histoire. Mais ça reste très intéressant même si nous avons été hallucinés par certains écrits de l’époque, de la part des deux camps.

Il y a une partie dédiée à la loge maçonnique de Salamanca qui, comme toutes les sociétés de francs-maçons, a été persécutée par le régime de Franco.

L’entrée est gratuite et il y a des visites guidées à certaines heures. Malheureusement pour nous, elle étaient complètes ce jour-là. Mieux vaut s’y inscrire à l’avance.

Le pont romain

Il faut sortir de l’enceinte de la vieille ville pour observer le seul vestige romain encore visible à Salamanca. Ce magnifique pont date du Ier siècle mais a dû subir plusieurs campagnes de restauration au cours des siècles à cause des crues du Rio Tormes, la rivière qui traverse Salamanca. C’était un important passage de la Via de la Plata, une voie romaine d’Hispanie occidentale reliant Augusta Emerita (Mérida) à Austurica Augusta (Astorga) et qui est aujourd’hui un des itinéraires des chemins de Compostelle. La plus-value de ce pont c’est qu’il donne une vue incroyable sur les cathédrales qui dominent la ville.

Nous avons bien fait de nous bouger à 460 kilomètres au nord de notre belle Séville et de subir un interminable trajet en bus ainsi qu’un vent glacial du nord! Salamanca est vraiment une très belle ville avec un patrimoine historique incroyable. Nous vous recommandons plutôt d’y accéder par Madrid à environ deux heures de bus ou de train. L’Espagne n’a pas que des plages et des bars à tapas à offrir mais aussi ce genre de petites villes où il fait bon d’y passer quelques jours.

Visite de la cathédrale Santa Maria de la Sede de Sevilla et de sa Giralda

Ça fait des mois, voire plus, que nous vous promettons un article sur notre belle ville Séville. Désolés si nous vous avons donné de faux espoirs, mais c’est encore « Work in progress » et ça ne sera pas pour cette fois encore. Rassurez-vous, l’article est en cours d’écriture et il avance, à la sévillane certes, mais il avance quand même. Nous nous sommes juste rendus compte que nous avons tellement de choses à dire sur notre ville que nous n’allons pas pouvoir le faire en une seule fois, ce serait beaucoup trop long et indigeste. Alors nous allons scinder et vous proposer plusieurs articles sur des sujets précis de Séville. Aujourd’hui, nous allons vous emmener en visite dans notre belle cathédrale.

NB : n’hésitez pas à nous dire si vous aimez cette façon de faire ou si vous préférez n’avoir qu’un seul gros article à lire en une fois!

La cathédrale

La cathédrale se trouve en plein cœur du centre historique de Séville juste à côté de l’alcazar. Sa Giralda se voit de loin et le bâtiment est tellement énorme qu’il est impossible de le louper même en ayant abusé de la manzanilla! Non, à Séville une manzanilla (camomille en français) n’est pas une infusion mais un vin blanc local sec mais quand même un peu licoreux très prisé des locaux même si en vrai il vient de Sanlúcar de Barrameda, 90 kilomètres plus au sud, à l’embouchure du Guadalquivir, le fleuve qui traverse notre ville.

Mais revenons à nos moutons ou plutôt à notre cathédrale! De toute façon, il ne faut pas abuser de la manzanilla surtout par les chaleurs estivales sous peine de se retrouver avec un mal de tête carabiné! (C’est du vécu!) Et l’abus d’alcool est dangereux pour la santé!

Ce monstre gothique qui s’étend sur plus de 11’500 mètres carré est la plus grande cathédrale d’Espagne, la deuxième plus grande cathédrale gothique du monde après Milan mais juste à quelques mètres carrés près ainsi qu’une des plus grandes du monde chrétien en général. Oui, on se la pète un peu avec notre cathédrale, mais elle en jette vraiment, n’est-ce pas? Sa construction commença à la fin du XIVe siècle et dura plus d’un siècle. On remarque d’ailleurs bien les évolutions architecturales entre le gothique, le style Renaissance et le baroque. A cet emplacement, il y avait la mosquée principale d’ Ishbiliya, le petit nom de Séville durant le califat almohade, c’est-à-dire, l’époque musulmane. Il en subsiste aujourd’hui la Giralda, le campanile de style mudéjar qui en était le minaret. C’est une tour de 104 mètres de haut, le plus haut clocher du pays, qui a été construite sur le modèle de la mosquée Koutoubia de Marrakech. Ayant été à Marrakech, nous confirmons la ressemblance troublante! Un clocher de style Renaissance a été rajouté au XVIe siècle lors de la conversion de la mosquée en cathédrale.

Notre cathédrale est tellement ouf qu’elle a été inscrite, avec l’alcazar et les archives des Indes, au patrimoine mondial de l’UNESCO!

Notre Giralda a également servi de modèle à la tour Hassan de Rabat. Bon, cette dernière n’a jamais été achevée mais il faut reconnaître qu’il y a un air de ressemblance, ne trouvez-vous pas?

A gauche, notre Giralda sévillane, à droite, la tour Hassan de Rabat.

L’intérieur

Nous avons usé plusieurs fois de nos passe-droits de résidents pour visiter l’intérieur de la cathédrale gratuitement. L’entrée pour les touristes coûte douze euros et nous vous conseillons de prendre vos billets à l’avance sur internet afin de ne pas devoir faire la queue, souvent en plein cagnard, pour accéder à l’intérieur du monument.

Si vous pensez trouver des traces de l’ancienne mosquée, passez votre chemin et allez plutôt visiter la mezquita de Córdoba, qui elle a gardé son architecture mudéjare magnifique. Ici à Séville, c’est du gothique, puis du baroque sur chaque centimètre carré de la cathédrale. Dans la nef principale, il n’y a plus aucun vestige architectural de l’époque musulmane.

La nef centrale est énorme. Elle n’a pas la forme d’abside comme une cathédrale gothique traditionnelle mais plutôt d’un énorme carré. Rappelons-nous, nous sommes dans un ancienne mosquée même si ça ne se voit plus trop, d’où cette forme un peu particulière. La hauteur est impressionnante et le plafond possède les voutes typiques de l’architecture gothique.

Capilla Mayor

La grande chapelle se trouve au centre de la nef centrale et est reconnaissable grâce à son énorme retable doré. Cette magnifique œuvre d’art commencée en 1481 mesure vingt-six mètres de haut, dix-huit mètres de large et cinq mètres de profondeur et serait le plus grand retable de toute la chrétienté. Sa superficie atteindrait les quatre cents mètres carrés et il a fallu plus de 80 ans pour terminer les travaux. Oui, elle se la pète vraiment cette cathédrale! L’accès à la chapelle en elle-même n’est pas possible mais il vaut quand même la peine de s’en approcher le plus possible afin d’admirer tous les détails architecturaux incroyables.

Le choeur

En face de la grande chapelle, se trouve le choeur qui est tout aussi impressionnant. La structure en bois date de 1523 et possède un style déjà plus Renaissance. Quant à l’orgue, il date de 1901 en remplacement de l’ancien qui s’était effondré quelques années auparavant mais le meuble en bois dans lequel il est encastré date de 1724.

Les chapelles latérales

Comme toute cathédrale digne de ce nom, celle de Séville possède une multitude de chapelles latérales toutes plus belles les unes que les autres. Certaines possèdent même des tombeaux de certains monarques espagnols ou de célèbres hommes d’églises. Il y a de nombreux tableaux magnifiques de la Renaissance, parfois de la part de parfaits inconnus, mais plus généralement d’illustres peintres flamands, espagnols comme Francisco de Goya de Zaragoza ou encore plus locaux comme Murillo, notre Michel-Ange local. Pour des vrais amateurs d’art, les tableaux des chapelles doivent être exceptionnels mais nous devons reconnaître que n’avons pas (encore) été sensibilisés à la peinture et que nous sommes très incultes en la matière. Nous sommes juste capables de dire si nous trouvons un tableau joli ou non.

Les sacristies et le trésor

Après avoir traversé un patio qui pourrait nous rappeler la mosquée, on délaisse complètement le gothique pour nous retrouver dans des salles cent pour cent baroques. C’est là qu’est exposé le trésor composé d’innombrables pièces en or et en argent finement sculptées. Ces objets sont magnifiques mais il ne faut pas oublier qu’on les doit quand même au pillage d’or dans les colonies. Séville était la première à se servir puisque c’était le port d’arrivée des navires arrivant depuis le Nouveau-Monde. A ce titre, elle possède donc un des plus beau et plus riche trésor d’Espagne.

Le tombeau de Christophe Colomb

Certes, Christophe Colomb était génois mais il a surtout travaillé pour le Royaume d’Espagne tout au long de sa vie. L’explorateur est mort en 1502 mais ce tombeau ne date que de 1899. Il a d’abord été enterré à Valladolid, une petite ville au nord-ouest de Madrid, qui est le lieu de son décès. Puis, son corps a été transféré une première fois à Séville, puis à Santo Domingo, puis à La Havane. Après l’indépendance de Cuba, les Cubains consentirent à restituer les restes de Christophe Colomb à l’Espagne. Le choix de la cathédrale de Séville se fit assez facilement : la ville étant un avant poste important du Nouveau Monde du temps de l’empire espagnol, il était logique que celui qui l’a découvert soit enterré ici.

Patio de los naranjos

Ce patio est le plus grand espace qui nous reste de l’ancienne mosquée. Nous devons avouer qu’il nous a un peu déçus. C’est vrai que l’intérieur de la cathédrale est tellement grandiose que ce patio fait un peu pâle figure avec sa petite fontaine et son alignée d’orangers. C’est un peu dommage car c’est de là qu’on sort de l’édifice, du coup on laisse le plus décevant pour la fin.

La Giralda

Bon, nous, nous avons un peu triché dans l’ordre de la visite et avons gardé le meilleur de la cathédrale pour la fin : la grimpette sur la Giralda! Nous sommes ici sur le minaret de l’ancienne mosquée qui date du XIIe siècle et qui possède encore quelques vestiges d’architecture mudejar. Par contre, au sommet, c’est un vrai clocher catholique qui nous attend et qui a été rajouté au XVIe siècle. La montée en rampe et en pente douce qui existe encore aujourd’hui est d’époque musulmane et a été conçue pour pouvoir accéder au sommet avec des chevaux.

La vue

Le clou du spectacle reste la vue que nous avons sur la ville et sur le toit de la cathédrale depuis le sommet! Les détails gothiques du sommet du bâtiment sont juste incroyables! Avec le soleil écrasant de l’été et les façades blanchies à la chaux, nous nous imaginons sans peine dans une ville nord-africaine. Seules les coupoles et les clochers des églises nous rappellent que nous sommes en terres catholiques. Voir notre ville d’en haut nous a donné une belle piqûre de rappel sur la chance que nous avons de vivre dans magnifique endroit comme celui-ci.

Malgré son gigantisme, la cathédrale n’est qu’une toute petite partie de tout ce qu’il y a à voir à Séville. Même si nous y passons devant plusieurs fois par semaine, nous sommes toujours impressionnés par ce monstre qui trône fièrement en plein centre historique et encore plus chaque fois que nous pénétrons à l’intérieur et que nous découvrons les œuvres d’art incroyables. A chaque visite, nous découvrons des nouveaux détails.

Nous espérons que cette première petite mise en bouche vous aura donné envie d’en découvrir un peu plus sur notre magnifique ville. Nous allons essayer de ne pas trop tarder avant de publier d’autres articles sur la ville. Mais ce n’est pas évident. Déjà, nous sommes conscients de manquer cruellement d’objectivité. Ensuite, nous avons trop de choses à dire pour que ça reste cohérent et facile à lire. Enfin, à force de connaître la ville, nous commençons à devenir un peu perfectionnistes sur ce que nous voulons vous raconter. Mais promis, nous allons essayer de faire un travail sur nous et vous livrer très bientôt d’autres aventures sévillanes!

Almería et le Cabo de Gata

Malgré tous ces mois passés en Andalousie, il nous restait une province dans laquelle nous n’avions encore jamais mis les pieds. Cette province, c’est Almería, située à l’extrême sud-est de la région. Nous avons profité de prendre quelques jours dans la douceur du mois de juin pour aller réparer cet « oubli » et découvrir ce nouvel endroit.

Si nous n’y avons pas été plus tôt, c’est parce-que le coin est un peu isolé et assez loin. Entre Séville et Almería, il y a 415 kilomètres! C’est presque l’équivalent d’un Paris-Lyon! Autant vous dire qu’on n’y fait pas un petit aller-retour vite fait! On ne s’en rend pas forcément compte du premier coup mais l’Andalousie est énorme, très montagneuse et les distances très longues. Ce n’est qu’une région espagnole mais elle est plus étendue que certains pays comme l’Autriche ou la Tchéquie!

Le point faible de la province d’Almería, c’est son isolement. C’est un peu un cul de sac et elle ne se trouve pas du tout sur les voies de communication principales de l’Espagne. Les deux villes qui desservent le mieux Almería avec le bus sont Málaga par la côte ou Granada par l’autoroute qui traverse le désert de Tabernas. Depuis Séville, c’est la deuxième option la plus directe. Nous avons donc traversé Tabernas qui peut se targuer d’être le seul désert d’Europe. Les paysages sont superbes et ont été le lieu de nombreux tournages, notamment de westerns spaghettis, dans les années 1960-1970. Parmi les grands films qui y ont été tournés, on peut citer Lawrence d’Arabie, Cléopâtre ou encore Indiana Jones. Aujourd’hui, l’âge d’or de Tabernas a un peu passé mais quelques films récents y ont quand même été tournés comme Assassin’s Creed ou encore le dernier Terminator. Les studios de cinéma se visitent évidemment mais ce sera pour une autre fois en ce qui nous concerne. Le climat de l’Andalousie étant presque infernal à la belle saison, nous gardons cette virée pour un prochain hiver.

Après avoir traversé le désert de Tabernas, nous avons pris la résolution de ne plus jamais nous plaindre que Séville est un désert! Oui, ça nous arrive les mauvais jours! Certes, avec son air sec, ses étés torrides et ses nuits d’hivers glaciales, la plaine du Guadalquivir est officiellement classée en climat semi-désertique. Pourtant, nous avons quand même quelques précipitations en hiver, même si pas assez, de la végétation, des prairies verdoyantes au printemps et parfois un air atlantique plus humide! Rien à voir avec les paysages désolés et les cactus des environs d’Almería.

Almería

Nous allons être francs, Almería n’est pas vraiment ce qu’on pourrait qualifier de jolie ville. Bon, il faut reconnaître qu’en Andalousie on place la barre très haut sur ce sujet. D’ailleurs, nous n’avons pas trouvé Almería très andalouse, elle ressemble plutôt à Alicante avec ses alentours arides, sa forteresse dominant la ville et son ouverture sur la Méditerranée. Elle a juste, à notre avis, un petit air nord-africain en plus.

Almería a été fondée par les Arabes à la fin du Xe siècle et devint même le port le plus important de tout le califat de Cordoue. Elle connut bien entendu la Reconquista et fut incorporée à la couronne de Castille en 1489. Et là, tout est parti en vrille! Entre les tremblements de terre, la peste et les attaques incessantes des pirates, Almería connut une vraie descente aux enfers. Cette disgrâce prit fin à la toute fin du XIXe siècle avec l’essor de l’industrie de l’extraction minière ainsi qu’avec les exportation du raisin de Ohanes, une variété locale. Aujourd’hui, Almería est tristement connue pour ses « océans de plastique », des kilomètres carrés de serres où sont cultivés intensivement fruits et légumes pour être exportés, hors saison, en Europe du Nord.

Ce qui reste du centre historique ce sont plutôt les constructions dues au regain économique du XIXe siècle avec de grands bâtiments d’architecture néoclassique.

Plaza Vieja

Cette place ne se trouve pas facilement. Comme à Guadix, on y accède par un petit passage un peu dérobé entre deux bâtiments. Cette place date du XIXe siècle et a été fondée sur l’emplacement de l’ancien souk de la période musulmane. Malgré sa construction tardive, la place possède de jolis cabildos, ces fameux bâtiments à arcades typiquement andalous qu’on retrouve beaucoup dans les villes coloniales d’Amérique Latine. On y trouve notamment l’Ayuntamiento (la mairie) ou encore le monument aux martyrs de la liberté. Ce dernier est une superbe colonne de marbre de dix-sept mètres de haut. Elle a été érigée en 1868 en l’honneur de quelques combattants qui ont lutté contre le pouvoir despotique du roi Fernando VII avant d’être fusillés. Ce monument a été détruit par le dictateur Franco avant d’être reconstruit en 1988 sous la pression populaire.

Catedral de la Encarnación

Ce n’est pas une cathédrale mais plutôt un gros bloc de pierre posé au milieu de la ville! C’était une d’ailleurs une cathédrale-forteresse, la seule d’Espagne, construite au XVIe siècle dans un style gothique tardif très épuré. A part quelques fioritures baroques rajoutées par après, le tout est très sobre et surtout très massif. Nous ne la trouvons pas très jolie en fait mais depuis que nous habitons dans une ville qui possède une des plus belles cathédrales du monde, nous sommes devenus très pénibles en la matière. Ce que nous trouvons sympa par contre, ce sont les palmiers sur la place qui donnent un côté très « sud profond » au lieu.

Cable Inglés

Encore un héritage de l’âge d’or de l’industrie minière d’Almería! C’est un ancien pont ferroviaire datant de 1904 qui reliait la gare d’Almería au port afin de transporter le fer extrait des mines des montagnes alentours pour le charger facilement sur des bateaux afin de l’exporter dans toute l’Europe. Mais pourquoi l’appeler Ingles (anglais)? Tout simplement parce que les concessions minières de la région appartenaient aux Britanniques. C’est presque le même qu’à Huelva sauf qu’ici on ne peut pas s’y promener dessus et encore moins l’utiliser comme plongeoir!

L’Alcazaba

Ah il nous reste quand même quelque-chose de la période arabe! Cette superbe alcazaba surplombe la ville d’Almería juste de quelques mètres, la grimpette n’est pas trop pénible. Malheureusement pour nous, Madame s’offre une grosse cure de jouvence et est à moitié couverte d’échafaudages. Le chantier bat son plein, beaucoup d’ouvriers s’activent et de grosses grues travaillent à la restauration de cette gigantesque forteresse. Rassurez-vous, on peut quand même accéder à l’intérieur des murailles. C’est même gratuit si vous êtes ressortissants de l’Union Européenne.

Cette alcazaba est une des plus importantes de la péninsule ibérique et comptabilise plus de 1430 mètres de remparts. Elle n’est surpassée que par Badajoz qui, elle, possède la plus grande alcazaba d’Europe. Elle a été construite au IXe siècle avant la fondation de la ville afin de défendre le califat de Cordoue contre les attaques normandes.

La première cour intérieure

Aucun doute, l’ambiance arabe transpire par tous les pores de cette première cour. On y trouve des aljibes (un système de citernes typiquement arabe afin d’assurer l’alimentation du complexe en eau), une reconstitution d’une maison arabe, des portes en forme de serrures, des bains ainsi que des jardins, sortes de mini Generalife, en moins pittoresques bien sûr! Il y a des parcelles de jardins qui paraissent plus proprettes, plus modernes un peu à la française. C’est normal, ça a été aménagé récemment afin de camoufler le bordel engendré par les différentes fouilles archéologiques. C’est plutôt bien fait et ça ne dénature encore pas trop l’endroit.

La cour supérieure

Là, pas de doute, nous sommes passé du côté catholique de la force! Après la prise d’Almería, les rois catholiques commencèrent la construction du château sur l’alcazaba déjà existante afin de répondre au mieux aux besoins de l’époque en matière d’artillerie. Adieu les jolis jardins, ici, tout est fonctionnel : tour de garde, salle des canons, meurtrières, etc. On est dans un vrai château-fort médiéval comme on en trouve beaucoup en Europe Occidentale et dans les films de capes et d’épées. C’est la première partie de la forteresse à avoir été restaurée, nous ne sommes donc pas « dérangés » par le chantier.

Evidemment, la cour supérieure de l’alcazaba nous offre une superbe vue sur Almería. Les montagnes en arrière plan dans la brume appartiennent au Cabo de Gata. Les alentours arides nous rappellent le Maroc et renforcent l’ambiance africaine de la ville.

D’ailleurs en parlant d’Afrique, vous voulez une anecdote? Saviez-vous qu’officiellement Almería est à cheval sur deux continents? Certes, ce n’est pas aussi évident et fou qu’à Istanbul mais ça n’en reste pas moins vrai. Il y a, au large des côtes marocaines près de la ville de Nador, un petit îlot volcanique appelé « Isla de Alborán » qui appartient à la ville d’Almería. Quand nous pensions avoir déjà débarqué en Afrique, nous n’avions pas si tort finalement.

Cerro San Cristóbal

C’est un petit promontoire rocheux en face de celui de l’alcazaba ou on peut encore observer les remparts entourant la ville à l’époque musulmane. La grimpette n’est pas très difficile mais tout est également en chantier par ici, il y a beaucoup de caillasse et de poussière. De là, il y a une superbe vue sur l’alcazaba.

Sur notre première photo ci-dessus, il y a, à droite de la muraille, un monument du « Sacré-Cœur de Jésus » construite en marbre en 1928. Ce qui nous a hallucinés, c’est la ressemblance troublante avec l’ancienne chapelle copte sur la colline de West Bank à Assouan, sans la statue de Jésus dessus.

A gauche, le monument d’Almería, à droite celui d’Assouan.Troublant n’est-ce pas? Nous n’avons juste pas pu nous approcher plus près du monument à Almería pour cause de travaux.

Cabo de Gata

C’était le principal but de notre virée en Andalousie Orientale. Le cap se situe à une trentaine de kilomètres à l’est d’Almería. Depuis la station de bus de la ville, il suffit de prendre le bus pour le Cabo de Gata. Il faut juste bien faire attention aux horaires, surtout pour le retour car il n’y en a pas souvent. Le trajet dure une petite heure et longe la mer, c’est assez joli. Le terminus se trouve à l’entrée du petit hameau de la Fabriquilla où se trouve une jolie petite plage au sable un peu grossier mais aux eaux cristallines. Le paysage désertique, les eaux turquoises et les petites maisons aux couleurs pastels nous ont rappelé la mer Rouge en Egypte. Par contre, avec les courants venant du détroit de Gibraltar tout proche, l’eau reste très froide!

De là, il reste trois kilomètres pour arriver à la pointe du Cabo de Gata. Si vous êtes véhiculés, c’est facile, la route va jusqu’au bout. Sinon, il vous faudra faire travailler vos mollets! Il y a un petit chemin de l’autre côté de la glissière qui suit la route. Si vous ne voulez pas marcher dans la caillasse ou si vous avez peur du vide, vous pouvez aisément marcher sur la route, c’est assez large et il n’y a pas beaucoup de trafic.

Plus nous avançons, plus nous avons l’impression d’être de retour à Tenerife! Il y a d’impressionnantes montagnes arides d’origine volcanique qui se jettent directement dans la mer avec une pointe au bout sur lequel se dresse un phare. C’est un peu la Punta de Teno n’est-ce-pas? La seule différence c’est la mer! A Tenerife c’est un Atlantique généralement déchaîné qui vient s’éclater contre les falaises, tandis qu’ici, c’est une Méditerranée toute calme, mais presque aussi froide, que nous pouvons observer.

A gauche, le Cabo de Gata, à droite la Punta de Teno, là aussi la ressemblance est troublante!

Toute la zone fait partie du parc naturel du Cabo de Gata – Níjar qui couvre, sur presque 50’000 hectares, l’extrémité est de la côte méditerranéenne andalouse. Le parc compte le massif volcanique, quelques salines et une importante réserve marine. Sachant qu’une bonne partie de la province est couverte de ce qu’on appelle « l’océan de plastique », des hectares de serres où on y exploite des personnes précarisées pour envoyer toutes sortes de fruits et légumes au reste de l’Europe et hors saison en plus, ça fait du bien de trouver cet espace naturel protégé et encore sauvage.

Le phare du Cabo de Gata

A l’époque romaine, le Cabo de Gata était appelé Cap de Vénus en hommage à leur déesse de l’amour. C’est mignon n’est-ce-pas? Le nom actuel provient de l’arabe « Al-Qabta » qui signifie tout simplement « le cap ». Il est dominé par le Cerro de la Testa culminant à 343 mètres d’altitude. Venant des Alpes, c’est une hauteur dérisoire, ça correspond grosso modo à l’altitude de Genève, mais quand ça se jette directement dans la mer, c’est déjà beaucoup plus impressionnant! La pointe du cap culmine, elle, déjà à cinquante mètres d’altitude et est surmontée d’un phare haut de dix-huit mètres qui a été mis en service en 1863.

Petit fun fact géographique : le Cabo de Gata est le point le plus au sud-est de toute la péninsule ibérique et sépare la mer d’Alborán (le petit nom donné à la mer entre le Cabo de Gata, le cap Fegalo près de la ville d’Oran, en Algérie et le détroit de Gibraltar) du reste de la Méditerranée. Nous qui sommes des férus de points géographiques nous étions évidemment aux anges

Nous avons beaucoup aimé notre petit séjour à Almería malgré une tempête de vent qui nous a un peu tapé sur le système. Nous avons été impressionnés par l’aridité des environs. Certes, nous connaissions l’existence du désert de Tabernas mais nous pensions que l’office du tourisme exagérait un peu pour se la péter et pour attirer les touristes. Mais non, c’est bien un vrai désert de roches sans aucune végétation! Du coup, il semblerait que le seul environnement naturel qui manque en Andalousie, c’est la jungle!

Même si la ville d’Almería en elle-même n’a rien de vraiment pittoresque les alentours sont assez intéressants, pas trop touristiques et les plages sont mille fois plus belles que sur la Costa del Sol!

Guadix, la petite Cappadoce andalouse

Quand nous avons décidé de nous installer en Andalousie, nous avons dû, à plusieurs reprises, effectuer le trajet en bus depuis Valence. A chaque fois, nous avons été subjugué par le paysage de formations rocheuses digne de l’Arizona que nous apercevions à une cinquantaine de kilomètres avant d’arriver à Granada. Nous nous sommes promis de nous y arrêter à une fois pour aller voir ça de plus près. L’occasion s’est finalement présentée par une belle journée printanière. Est-ce-que ça en a valu la peine? C’est ce que nous allons vous dévoiler dans cet article.

Depuis Granada, il y a deux façons de se rendre à Guadix, en train ou en bus. Nous vous conseillons fortement la deuxième option car c’est meilleur marché, il y en a beaucoup plus souvent et le bus s’arrête au centre-ville contrairement au train dont la gare se situe à une bonne vingtaine de minutes à pieds. A Granada, autant la gare ferroviaire que la station de bus sont excentrées mais elles sont toutes les deux bien desservies par le tram. Dans les deux cas, le trajet dure environ une heure mais le bus reste, à nos yeux, une bien meilleure option.

Centre historique

Le bus nous arrête en plein centre de la ville juste à côté de ruines archéologiques. Il s’agit du théâtre romain d’Acci (nom latin de Guadix) qui a été découvert fortuitement en 2007 lors de travaux de construction d’un parking qui, suite à ces découvertes, ne vit jamais le jour. Le théâtre daterait de l’an 25 de notre ère et aurait été construit sur le site d’un ancien oppidum ibère. Le site n’est pas dans un état de conservation terrible, ce n’est pas Italica, mais une partie du site aurait déjà été détruit dès le IIIe siècle et des matériaux auraient été utilisés pour la constructions d’édifices postérieurs. En plus, il resterait des mètres carrés d’excavations à faire pour en découvrir un peu plus mais avec l’imposante cathédrale qui trône juste en-dessus site, ça ne va pas trop le faire.

Après la chute de l’empire romain, la ville fut abandonnée à son triste sort jusqu’à l’arrivée des Omeyyades. Durant l’époque musulmane Guadix connut des moments de splendeur mais aussi de décadence à cause de diverses épidémies, des guerres civiles ainsi que de la sècheresse. Les premiers conquistadors catholiques arrivèrent en 1362 mais les Arabes résistèrent jusqu’en 1490 faisant de Guadix, et du royaume nazari de Granada, le tout dernier bastion musulman sur la péninsule ibérique. Malgré la Reconquista catholique, les populations de différentes confessions (juive et musulmane notamment) purent rester sur place malgré le décret de l’Alhambra signé en 1492 qui ne tolérait que le catholicisme comme religion. Mais, suite aux divers conflits religieux qui durèrent près d’un siècle, les non catholiques furent soit expulsés, soit convertis de force en 1570 par le roi Felipe II. Guadix souffrit ensuite des différents conflits qui eurent lieu sur la péninsule dont la Guerre de Succession d’Espagne et l’occupation napoléonienne. Elle connut un regain économique à la deuxième moitié du XIXe siècle grâce à l’industrie sucrière ainsi qu’à l’arrivée du chemin de fer.

Aujourd’hui, Guadix est une petite ville endormie au pied de la Sierra Nevada qui a un peu de peine à sortir de l’ombre de sa grande voisine Granada. Le centre historique est très bigarré et montre bien les différents styles architecturaux qui ont évolué à travers les siècles.

L’alcazaba

La ville de Guadix est dominée par une superbe alcazaba (forteresse arabe) datant du XIe siècle. Elle a été construite sur les restes d’une ancienne muraille romaine et servait à défendre la ville des différentes invasions notamment chrétiennes. Et ça a plutôt bien fonctionné puisque les Rois Catholiques ne réussirent à conquérir la ville qu’à la fin du XVe siècle! Elle a été légèrement modifiée par les troupes napoléoniennes au XIXe siècle mais conserve tout de même son style très arabisant. Nous n’avons pas pu y accéder car elle est en cours de restauration. C’est dommage car elle est superbe!

Catedral de la Encarnación

Malgré la riche et longue histoire musulmane de Guadix, la cathédrale ne fut pas érigée sur une ancienne mosquée car l’histoire catholique y est encore plus emblématique. En effet, Acci, la cité romaine de Guadix, serait la première ville d’Hispanie (la péninsule ibérique) à avoir été convertie au christianisme. Les rois catholiques avaient donc une bonne excuse tout trouvée pour construire un édifice digne de ce nom pour marquer le coup! Les travaux débutèrent en 1489 en pleine Renaissance espagnole et ça se voit au style architectural. Il fallut plus de deux siècles pour terminer les travaux mais les efforts n’ont pas été vains, cette cathédrale est magnifique et domine presque toute la ville.

La façade orientale de la cathédrale qui est également la façade principale est une magnifique œuvre d’art baroque datant du XVIIIe siècle et contraste avec le reste de l’édifice sans pour autant le dénaturer. Elle bénéficia d’une superbe restauration en 1992 car elle a souffert de dommages durant la Guerre Civile.

Plaza de la Constitución

C’est la place principale de Guadix et malgré son immensité, elle ne se trouve pas facilement. On y accède par un petit portique juste en face de la superbe façade baroque de la cathédrale d’où il est difficile d’imaginer la grandeur de la place qui s’y cache. A l’époque médiévale, les musulmans s’en servaient comme place du marché mais les bâtiments à arcades que nous voyons aujourd’hui datent du XVIe siècle en pleine Renaissance espagnole. On y trouve aujourd’hui l’ancienne prison, le palais de justice, l’office du tourisme ainsi que quelques petits bistrots avec des terrasses bien sympas.

Barrio de las cuevas

Il faut grimper en dessus du centre historique pour accéder à ce « quartier des grottes » mais pas de panique c’est super bien indiqué, c’est sur le trottoir ou des petites routes asphaltées et ça ne grimpe pas tant que ça! Il y a plus de deux mille maisons troglodytiques construites dans la roche constituée en partie d’argile qui fait office d’isolant naturel et qui maintient une température intérieure d’environ vingt degrés toute l’année. Avec le prix de l’électricité qui atteint des sommets en Espagne, c’est le bon plan! Pas besoin de chauffage pendant les froids mordants de l’hiver et pas besoin d’air conditionné pendant les grosses vagues de chaleurs estivales! Par contre, il ne faut pas aimer les grandes baies vitrées, c’est plutôt claustrophobique comme ambiance à l’intérieur!

Ces maisons sont habitées depuis l’époque mauresque même si la plupart d’entre elles datent des XVe et XVIe siècles. Elles sont encore habitées aujourd’hui même si elles servent souvent d’appartements touristiques via la plateforme Airbnb. Nous en avons même trouvé en vente sur « Idealista », le site espagnol d’annonces immobilières. Il vous faudra débourser entre 12’000 et 13’000€ pour en acquérir une.

Les miradors

Le clou du spectacle reste les trois miradors du Barrio de las Cuevas. Il sont super accessibles, il n’y a pas trop de grimpette et ils sont également bien indiqués! De là, nous pouvons profiter de la superbe vue sur les maisons troglodytiques, le centre historique ainsi que de toutes les formations rocheuses qui donnent à la région un paysage incroyable!

Nous avons même pu apercevoir de la neige! En effet, Guadix se situe juste au pied de la Sierra Nevada, le deuxième plus haut massif montagneux d’Europe Occidentale après les Alpes. Grâce aux précipitations qui nous ont bien arrosés durant la Semana Santa, les sommets se sont parés d’un magnifique manteau blanc.

Si vous regardez bien nos photos ci-dessus, il y a un pic qui dépasse un peu tous les autres. C’est le Mulhacén qui, avec ses 3479 mètres d’altitude, est le plus haut sommet de la péninsule ibérique et le deuxième de toute l’Espagne. Le premier n’est autre que sa majesté le Teide, le volcan qui trône fièrement sur l’île de Tenerife.

Nous aurions vu un peu de neige cette année, même si, paradoxalement, nous avons dû attendre le printemps à cause d’un hiver bien trop sec. De toute façon, nous sommes plutôt tournés vers l’été et avons déjà subi les hivers rigoureux des Alpes suisses qui ne nous manquent absolument pas. Donc apercevoir une couche neigeuse de loin nous suffit amplement!

Si vous êtes du côté de Granada pour quelques jours, nous vous recommandons chaudement une petite excursion à Guadix. Ça vaut vraiment le détour et une journée de visite suffit amplement! Si vous avez votre propre véhicule, sachez qu’il y a des maisons troglodytiques et des formations rocheuses dans toute la région, pas seulement dans le village.

Nous avons adoré Guadix même si nous devons mettre un petit bémol. Nous n’avons pas du tout trouvé la chaleur andalouse dans les gens. Ils sont aussi froids et fermés que leurs grottes. Mais l’Andalousie est grande et des gens chaleureux, il y en a partout ailleurs. Il faudra juste se contenter du paysage et des monuments pour Guadix.

Jaén, un avant-goût d’Amérique du Sud

Quand on parle d’Andalousie, ce n’est pas Jaén qui nous vient en premier à l’esprit. Et à raison! Ce n’est pas dans les habituels circuits touristiques, c’est loin de la mer, l’offre hôtelière n’est pas ouf et ça ne se trouve pas en bonne position sur les différentes voies de communication de la région. Ce sont justement tous ces petits défauts qui nous ont donné envie d’en découvrir un peu plus.

Afin de mener à bien notre projet, nous avons posé nos sacs à Granada, une ville que nous adorons et qui ne se trouve qu’à une petite heure de bus au sud de Jaén. Nous aurions pu prendre un train « media distancia » directement depuis Séville mais c’est long, c’est cher et nous avons trouvé de meilleures offres hôtelières à Granada.

Grâce au cerro Santa Catalina qui domine la ville, Jaén fut habitée très tôt dans la préhistoire. Les Ibères en firent un important oppidum qui fut, plus tard, largement disputé entre les Carthaginois et les Romains. A la chute de l’empire romain, la ville fut complètement boudée par les Visigoths. Ce sont les Arabes qui firent de Jaén une ville renommée grâce à la fabrication de tapisseries qui furent exportées dans tout le royaume d’Al-Andalus et même jusqu’au Maghreb! En 1225, la ville fut attaquée par les troupes du roi Fernando III mais les musulmans se défendirent férocement jusqu’en 1246 où Jaén fut finalement reconquise par les rois catholiques. La cour royale espagnole s’y installa même pendant la conquête du Nouveau Monde. Mais les différentes guerres qu’à connu la péninsule ibérique les siècles suivants laissèrent la ville exsangue et sans aucune ressource.

Aujourd’hui, Jaén est une petite capitale provinciale qui vit principalement de la production de l’huile d’olive, véritable or vert pour la région. Le centre historique a souffert des différentes mises à sac de la ville notamment par les troupes napoléoniennes mais il reste quelques petites ruelles toutes mignonnes qui correspondent grosso modo à l’ancienne Juderia (quartier juif). L’architecture est plutôt du style de la Mancha (centre-sud de l’Espagne) C’est normal car nous sommes ici tout au nord de l’Andalousie et la frontière avec la région Castilla-la-Mancha se trouve à quelques encablures dans la Sierra de Andújar.

Catedral de la Asunción

C’est le clou du spectacle du centre historique de Jaén! Il y avait, comme souvent en Espagne du sud, une mosquée à cet emplacement mais elle fut totalement détruite par les rois catholiques. La construction de la cathédrale commença en 1249 et dura plus de cinq siècles. L’édifice mélange d’ailleurs les styles architecturaux des différentes époques. Ce que nous voyons aujourd’hui date des XVe et XVIe siècles et est un pur exemple du baroque espagnol. Nous la trouvons juste majestueuse, magnifique et très « latino-américaine ». Elle nous rappelle d’ailleurs un peu Cuzco.

En parlant d’Amérique Latine, la cathédrale est candidate pour être inscrite au Patrimoine Mondial de l’UNESCO sous prétexte qu’elle servit de modèle à plusieurs cathédrales du Nouveau Monde dont celles de Mérida (au Mexique pas en Estrémadure!), Lima, Cuzco et Antigua Guatemala que nous avons eu l’occasion de voir.

Ci-dessous, voici des images de la cathédrale de la Virgen de la Asunción de Cuzco, de la cathédrale San Idelfonso de Mérida (Mexique) ainsi que de la cathédrale métropolitaine de Lima que nous avons prises lors de nos différents voyages. Il faut reconnaître qu’il y a effectivement un air de famille avec la cathédrale de Jaén!

La grimpette du jour

Jaén se situe au cœur de la cordillère Subbétique, celle qui se situe au milieu des trois cordillères bétiques qui traversent toute l’Andalousie. Ce qui renforce la ressemblance avec des villes andines comme Cuzco. Le relief est donc tout indiqué pour nous permettre d’effectuer notre traditionnelle grimpette. Nous montons donc sur le cerro Santa Catalina qui domine la ville de Jaén du haut de ses 820 mètres d’altitude. Il y a une route qui rejoint le sommet et nous avons même vu un minibus à la station de bus qui dessert le château. Mais nous avons choisi de faire travailler nos gambettes. Le chemin est un peu scabreux dans la caillasse, c’est raide, un peu vertigineux et il y a plein d’herbes piquantes qui nous ont offert une séance d’acupuncture gratuite. Mais le jeu en vaut la chandelle : la paroi est impressionnante et nous avons eu la chance d’apercevoir deux chamois se promenant dans le coin et que nous avons même pu immortaliser en vidéo sur nos stories instagram.

Castillo de Santa Catarina

Au sommet du cerro Santa Catalina se dresse le château du même nom. Ce que nous voyons aujourd’hui date de l’époque castillane donc après 1246 même si ce sont les Arabes qui ont, en premier, érigé une forteresse à cet endroit. Ce qui restait de l’époque musulmane a été complètement détruit au XIXe siècle par les troupes napoléoniennes. Aujourd’hui, l’édifice abrite un parador, c’est-à-dire un hôtel de charme dans un bâtiment historique.

Le 25 novembre, jour de Santa Catalina (ou Sainte-Catherine en français), la tradition est de monter à pied jusqu’au château et d’y griller des sardines. Nous ne comprenons pas trop le pourquoi des sardines car Jaén n’a pas d’accès à la mer mais nous trouvons la tradition des grillades plutôt sympa.

Après une grimpette pareille, nous pouvons nous attendre à une jolie vue n’est-ce-pas? En effet, nous n’avons pas été déçus. La cordillère nous offre un paysage incroyable et avec les pluies de la Semana Santa, tout est bien vert et c’est magnifique! Il y a également une belle vue sur la ville de Jaén dans la cuvette avec la cathédrale qui se détache tellement elle est énorme! Le climat frais du printemps vient renforcer l’ambiance très andine du lieu. Il y a juste les champs d’oliviers qui nous rappellent que nous sommes bien en Andalousie.

Pour redescendre en ville, nous empruntons le chemin qui longe la muraille nord. C’est tout aussi raide mais c’est beaucoup moins scabreux et vertigineux qu’à l’aller. Ces remparts, en cours de restauration, sont les derniers vestiges de l’époque califale de toute la forteresse de Jaén.

On nous avait conseillé d’aller visiter les bains arabes et effectivement ils ont vraiment l’air de valoir le coup mais nous n’avons malheureusement pas eu le temps d’aller les voir.

Jaén n’est effectivement pas la ville la plus pittoresque d’Andalousie mais nous avons adoré sa douceur de vivre, son ambiance un peu montagnarde, ses champs d’oliviers à perte de vue et sa cathédrale de ouf qui nous a rappelé de très bon souvenirs d’Amérique latine.

Zafra, la plus andalouse des villes d’Estrémadure.

Lors de notre retour d‘Amérique Centrale, nous nous sommes arrêtés quelques jours en Estrémadure, petite région un peu oubliée d’Espagne, pour laquelle nous avons eu un véritable coup de cœur! Le printemps arrivant apportant avec lui l’envie de sortir de notre hibernation pour aller découvrir le monde, nous nous sommes dit que nous pourrions y retourner faire un tour surtout que depuis Séville, le sud de la région n’est pas si loin.

Zafra

N’ayant pas beaucoup de temps à disposition, nous avons choisi Zafra pour sa proximité avec Séville et sa facilité d’accès. En effet, la petite ville se situe à 135 kilomètres au nord de la capitale andalouse et se rejoint facilement avec le bus de Mérida. Il faut compter une heure et demie de trajet environ. Zafra est communément surnommée la « Pequeña Sevilla » (petite Séville) parce que son centre historique rappellerait notre belle andalouse. Mérite-t-elle-vraiment ce surnom? C’est ce que nous allons découvrir dans cet article.

Centre historique

L’histoire de Zafra ne diffère pas beaucoup du reste du sud-ouest de la péninsule ibérique. La ville a été fondée par les Romains et faisait partie de la Bética, province romaine correspondant grosso modo à l’actuelle Andalousie. Pendant la période arabe, elle était pile sur la frontière qui séparait les taïfas de Séville à celle de Badajoz. Voilà pourquoi elle est encore tiraillée entre les deux cultures aujourd’hui! Elle a été reconquise par les rois catholiques en 1241 avec le reste de l’Estrémadure à laquelle elle a été rattachée. Zafra a été très active dans la conquête du Nouveau Monde et y a envoyé plusieurs de ses habitants notamment à la conquête de l’Amazonie et du Yucatán.

Aujourd’hui Zafra est une petite ville tranquille qui profite toute de même de sa situation privilégiée entre les deux capitales régionales. Le centre historique est plutôt assez pittoresque pour sa taille très modeste. Les petites ruelles sont super mignonnes bordées de maisons blanchies à la chaux que ne renierait pas n’importe quelle village blanc andalou.

Arco de Jerez

C’est la seule porte d’entrée qui nous reste de l’ancienne muraille de la ville. Les fortifications datent de 1030 en pleine période almohade mais cette porte a totalement été remaniée en 1426 par les rois catholiques. Ils y ont notamment ajouté un clocher de style Renaissance et à l’intérieur, ils y ont construit une petite chapelle dédiée à Notre Dame de la Charité. Le nom Jerez n’a rien à voir avec la belle andalouse Jerez de la Frontera mais avec une autre ville, Jerez de los Caballeros située à l’ouest de Zafra, point cardinal où se situe cette porte.

Plaza Chica

Son nom signifie « petite place » et c’est vrai qu’elle n’est pas bien grande. Pourtant, elle ne manque pas de charme avec ses colonnes en marbre et ses arcades. C’est la plus ancienne place de Zafra et date de l’époque romaine. Elle était utilisée par les commerçants, locaux et itinérants, comme place du marché. En plus de cafés et bars à tapas super cool, la place est bordée aujourd’hui de la mairie et du palais de justice.

Plaza Grande

On l’appelle Plaza Grande par analogie à la Plaza Chica. Elle a été construite au XVIe siècle à la place de l’ancienne cathédrale et de l’ancien cimetière de la ville. Certains portiques bordant la place dateraient d’un siècle plus tôt. La place est séparée en deux : une partie très épurée où peuvent se garer quelques voitures et une deuxième partie, un peu surélevée, où on y a mis des palmiers, des fontaines, des bancs ainsi que des terrasses où il fait bon traîner pendant les chaudes soirées d’été.

Les deux places sont contigües et reliées entre elles par l’Arquillo del Pan (arche du pain) appelé ainsi parce que c’est là que les boulangers installaient leur étal les jours de marché.

Iglesia de la Candelaria

Impossible de louper ce mastodonte gothique qui domine Zafra surtout avec son clocher de couleur rouge sang! L’édifice a été construit dans les années 1540 et remplace une plus ancienne qui a été détruite lors de la construction de la Plaza Grande. La cathédrale est dédiée à la Candelaria (oui, la chandeleur, comme pour les crêpes!) connue pour être la patronne des Canaries. Malheureusement, comme c’est souvent le cas dans les centres historiques espagnols, l’église est coincée entre les petites ruelles médiévales et nous avons de la peine à nous faire une idée de sa grandeur, respectivement d’avoir un cadrage correct pour les photos. Sorry!

Palacio de los Duques de Feria

La construction de ce palais date d’après la Reconquista (1437 environ) et a été ordonnée par les ducs de Feria, une famille seigneuriale locale. Non, là le nom Feria n’a rien a voir avec les fêtes traditionnelles du sud de l’Espagne mais avec la ville de Feria située non loin de Zafra. C’est un château assez typique de l’époque médiévale, d’architecture gothique avec quelques touches Renaissance. Aujourd’hui, il abrite un parador, c’est à dire un hôtel de charme située dans un bâtiment historique.

Vous avez peut-être remarqué sur nos photos que certains balcons étaient ornés de tapisseries brodées. Ce sont tout simplement les décorations de la Semana Santa (semaine sainte, avant Pâques) qui est très importante pour la ville de Zafra même si elle n’atteint pas des sommets comme celle de Séville!

NB : Si vous voulez voir à quoi ressemble les processions de la Semana Santa, rendez-vous sur notre page Instagram @vanfab_in_sevilla. Il y a des stories à la une de quelques-unes d’entre elles à Séville. Malheureusement, toutes n’ont pas pu avoir lieu à cause des fortes pluies qui nous ont arrosés cette semaine là.

Pierres sacrées

A première vue, ce ne sont que quelques pierres perdues dans la végétation printanière de ce mois de mars. Pourtant, elles étaient le lieu de rites sacrés dans la Préhistoire notamment pour des fêtes de la fécondité. Ces quelques pierres sont juste une petite part de tous les sites sacrés et autres dolmens qu’on peut rencontrer en Estrémadure. Voilà encore de quoi rallonger notre liste à idée déjà bien longue! Aujourd’hui on y célèbre encore les solstices d’été.

Les pierres se trouvent à un petit kilomètre à l’ouest du centre historique. Le chemin est facile mais le site n’est pas indiqué, sûrement pour limiter l’afflux touristique. Les pierres sont encore aujourd’hui considérées comme sacrées. Mais n’importe quelle application Maps vous aidera à les trouver.

Embalse de Zafra

Puisque nous étions déjà en route pour aller voir les pierres sacrées, autant pousser le vice plus loin! Nous nous promenons dans les superbes paysages de la Sierra de Castellar qui est en fait le prolongement de la Sierra de Aracena au nord de Huelva. Le printemps est vraiment la meilleure saison pour les balades car la végétation est verdoyante et les montagnes sont couvertes de magnifiques tapis de fleurs multicolores. Malheureusement, le ciel est un peu voilé car nous avons droit à un épisode de calima, le sable du Sahara en suspension dans l’air, qui est un phénomène assez courant en cette saison.

L’embalse de Zafra est un lac de retenue de trente-huit kilomètres carré construit en 1975 sur la rivière Alconera afin d’alimenter la ville de Zafra en eau douce. L’Estrémadure, qui subit plus les influences de l’océan Atlantique que l’Andalousie, est plus pluvieuse que sa voisine du sud et les niveaux d’eau ne sont pas encore trop bas même si ce n’est pas encore optimal pour ne pas se soucier de la sècheresse qui guette. Nous avons juste trouvé les paysages incroyables et avons trouvé le coin idéal pour un pique-nique avec vue sur le lac.

Nous avons bien aimé cette petite excursion à Zafra. Ça nous a sorti un peu de notre grande ville tout en nous permettant quand même de faire quelques découvertes culturelles.

Alors, Zafra mérite-t-elle son surnom de Pequeña Sevilla?

En tant que Sévillans, nous aurions tendance à dire non. Nous voyons plus les différences que les similitudes. Mais objectivement, il y a quelques points communs : la Semana Santa, les façades blanches et jaunes, la douceur de vivre et l’histoire. Par contre, la gastronomie, les places bordées d’arcades, le château totalement médiéval chrétien et la cathédrale gothique sont plutôt tournés vers l’Estrémadure. En gros, Zafra a pris des influences d’un peu partout et tient très bien son rôle de trait d’union entre l’Andalousie et sa voisine du nord.

L’Estrémadure reste notre deuxième région préférée d’Espagne. Elle ne détrône pas notre Andalousie chérie mais possède un charme unique auquel nous avons succombé encore une fois. Les beaux jours arrivant, nous allons sûrement en profiter pour venir y découvrir encore d’autres trésors.

Les trésors historiques peu connus de la province de Córdoba

Quand on voyage à travers l’Andalousie, un des gros highlights est, à juste titre, la ville de Córdoba avec sa mezquita, son pont romain et son magnifique centre historique. Malheureusement, on a tendance à oublier que toute la province, à l’instar de l’Andalousie toute entière, regorge de trésors qu’il vaut la peine d’aller découvrir. Nous avons été voir deux d’entre eux situés à quelques encablures du centre-ville.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, nous allons juste faire une petite mise en garde météorologique! Toute la région de Córdoba est surnommée « la olla de España », c’est-à-dire la casserole de l’Espagne. Et ce n’est pas usurpé! En été, il fait des chaleurs torrides, l’air est très sec, le soleil brûle et les températures atteignent souvent les 45 degrés. Ce n’est pas du tout idéal pour les activités que nous allons vous proposer ci-dessous! Nous y avons été début février et avons eu la chance d’avoir des journées quasi printanières mais les meilleures périodes restent quand même le printemps ou l’automne.

Almodovar del Rio

Si vous êtes dans le train entre Sevilla et Córdoba, vous remarquerez à une vingtaine de kilomètres avant d’arriver à Cordoue, sur la gauche dans le sens de marche, un magnifique château sur un énorme promontoire rocheux. C’est le château d’Almodovar del Rio qui surplombe le village du même nom. Bien que la ligne de chemin de fer passe littéralement sous le château, il ne s’y arrête pas. Il faut prendre le bus depuis Córdoba pour accéder au lieu. Le village en lui même n’a rien de ouf. Il est blanc comme n’importe quel village andalou mais sans rien de pittoresque. Il est un peu endormi au milieu de la campagne mais les habitants sont habitués et ravis d’accueillir les touristes venant visiter le château, surtout en hiver où tout est très calme.

Le château

Vous vous doutez sûrement que si nous sommes venus jusqu’ici, c’est pour effectuer la grimpette jusqu’au château! Il faut compter un bon quart d’heure de marche depuis l’arrêt de bus. Certes, ça grimpe un peu mais c’est en pente douce et tout est goudronné, il n’y a rien de difficile. La visite du château en elle-même est plus difficile avec toutes les marches qu’il y a à monter et à descendre mais ça vaut le coup! Le prix d’entrée est de 10 euros.

L’histoire du château est assez similaire à celle du reste de l’Andalousie. Sur le promontoire rocheux qu’on appelle « El Redondo », c’est-à-dire le rond à cause de sa forme circulaire, il y avait déjà un oppidum fortifié du temps des Ibères et des Tartessos, des civilisations antiques du sud de la péninsule ibérique. Le lieu devint vite prospère grâce à la culture des céréales, de l’élaboration de l’huile d’olive et de l’exploitation des mines d’argent. Les Omeyyades (les fondateurs musulmans d’Al-Andalus, l’Andalousie musulmane, originaires de Damas) développèrent encore plus la région depuis l’an 740 même si plusieurs guéguerres internes firent passer Al Mudawar (le nom arabe d’Almodovar à l’époque) du califat de Cordoue à la taïfa de Carmona avant de la faire passer sous contrôle de la cour almohade de Séville.

En 1240, en pleine Reconquista, le château passa sous contrôle du Royaume de Castille et fut la propriété de divers comtes, seigneurs ou marquis locaux avant d’être peu à peu abandonné. En 1901, le propriétaire de l’époque décida de le restaurer avec l’aide d’un architecte local. Malheureusement, ni l’un ni l’autre n’eurent la possibilité de voir l’œuvre achevée pour cause de décès. Mais les travaux continuèrent à titre posthume jusqu’en 1936, date de l’éclatement de la Guerre Civile. Aujourd’hui, le château appartient à un marquis local mais est mis à la disposition de la municipalité pour permettre les visites à des touristes lambdas comme nous, certains tournages de films ou encore l’organisation de joutes médiévales.

Il faut compter une bonne grosse demi-journée de visite pour pouvoir profiter pleinement du château. Il est possible de monter sur toutes les tours et la promenade sur les remparts prend du temps. Nous n’avons pas compté les marches que nous avons montées respectivement descendues mais il y en avait beaucoup! Les salles intérieures sont très intéressantes et contiennent quelques objets archéologiques de différentes époques trouvés sur le site. Nous sommes bien évidemment descendus dans les cachots où Van a même essayé d’y oublier Fab mais celui-ci, malin, a réussi à s’échapper!

Avec une grimpette pareille et la promenade sur les remparts, vous imaginez bien la vue que nous avons pu avoir! En effet, il y a un superbe panorama sur la plaine agricole, le village d’Almodovar del Rio et les montagnes de la Sierra Morena. Le promontoire sur lequel se dresse le château se trouve dans un méandre du Rio Guadalquivir, oui le même qui traverse Córdoba, Séville et qui va se jeter dans l’Atlantique à Sanlúcar de Barrameda. Mais malgré cette météo splendide, nous sommes quand même en hiver et le fleuve se drape d’un magnifique nuage de brume.

Si vous êtes fans de châteaux et de tout ce qui touche au Moyen-Age, Almodovar del Rio peut être un but de visite vraiment sympa. Si en voyant nos photos, vous avez eu l’impression de reconnaître un lieu familier, c’est normal surtout si vous avez suivi assidument la série Game of Thrones. En effet, une partie de la septième saison y a été tournée et le château a donné vie au décor de Highgarden, le siège de la maison des Tyrell.

Madinat az-Zahra

Madinat az-Zahra se situe encore plus près de Córdoba qu’Almodovar del Rio. Le site ne se situe qu’à huit petits kilomètres du centre ville. Il y a deux moyens de s’y rendre par les transports publics. Il y a un bus spécial pour le site qui part devant l’Alcazar et qui coûte neuf euros l’aller-retour. Pour les horaires et les billets, il faut se rendre à l’office du tourisme qui se trouve devant la Mezquita. Nous avons choisi l’option plus locale et plus économique avec le bus urbain qui part de la Avenida de America. Chaque trajet nous a coûté quarante centimes mais nous sommes titulaires de la carte des transports d’Andalousie. Mais même sans la carte, ça reste très avantageux.

Le bus touristique vous déposera dans le parking du centre des visiteurs tandis que le bus urbain vous déposera quelques centaines de mètres plus bas sur la grande route à l’intersection de la petite route de campagne qui mène au site. Il vaut la peine de s’arrêter au centre des visiteurs où les explications sur l’histoire de Madinat az-Zahra sont très intéressantes. Le site archéologique en lui-même se situe à deux kilomètres de là juste au pied de la Sierra Morena. Des bus font la navette pour trois euros l’aller-retour mais il est tout à fait possible de s’y rendre à pieds. Quant à l’entrée du site, elle est gratuite si vous êtes citoyens de l’Union Européenne. Elle vous coûtera 1,50€ le cas échéant.

La particularité de Madinat az-Zahra est que son histoire est à cent pour cent arabe. Elle n’existait pas avant l’arrivée des Omeyyades et a été abandonnée avant la Reconquista. La construction de la ville date des années 936-940. Mais l’histoire commence presque deux siècles plus tôt à plus de cinq mille kilomètres plus à l’est. A Damas, les Omeyyades se font vaincre par les Abassides qui prirent le contrôle de tout l’empire musulman depuis leur nouvelle capitale Bagdad. Suite à cela, le sultan Abderraman Ier, un Omeyyade, proclama l’indépendance de l’émirat de Cordoue faisant de sa capitale la ville la plus prospère et la plus avancée d’Europe à l’époque. Au même moment à Ifriqiya (la Tunisie et le nord-ouest de la Lybie), les Fatimides, grands ennemis des Omeyyades d’Andalousie, fondèrent leur propre califat tout aussi prospère. Afin de montrer leur supériorité, les califes de Córdoba décidèrent de fonder une nouvelle ville avec des palais, des jardins, une grande mosquée et des bains. Voilà comment est née Madinat az-Zahra.

Ce projet a tellement bien fonctionné et la ville devint si prospère qu’elle commença a faire de l’ombre à sa grande sœur Córdoba. Tous ces petits conflits interne mena à une terrible guerre civile entre 1010 et 1013 avec comme conséquence la dislocation de l’émirat de Cordoue en petites taïfas régionales ainsi que la destruction de la ville de Madinat az-Zahra. Le site a été laissé à l’abandon jusqu’en 1911 où on y commença une campagne de fouilles archéologiques. Depuis 2018, le complexe archéologique est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Le grand portique

On accède au site par le nord mais la vraie porte d’entrée de la ville se trouve à l’est avec ce grand portique qui donnait accès à l’alcazar. A la base, il y avait quinze arches sur deux niveaux qui s’élevaient à près de dix mètres de haut. Aujourd’hui, il n’en reste plus que quatre et le deuxième étage à complètement disparu mais nous pouvons déjà imaginer la grandeur de l’édifice! Le but de Madinat az-Zahra était d’en mettre plein la vue et il semblerait que l’objectif ait été atteint avant même de franchir l’entrée de la ville!

La maison de Yafar

Vu que la ville a été détruite, le site n’est pas dans un très bon état de conservation et il est rare d’y voir des façades encore debout. Il y a une exception avec la maison de Yafar et ses superbes arches mauresques même si on doit, en partie, sa beauté à une minutieuse restauration dans les années 2000. La maison appartenait à Yafar al-Siqlabi, d’où son nom, qui était premier ministre de la ville. Elle possédait trois patios, un espace officiel et un espace privé avec plusieurs chambres et salles de bains ainsi que des espaces pour les domestiques. C’était le plus grand édifice d’habitation de la ville même si aujourd’hui, il est difficile de s’en faire une idée de la grandeur avec juste ce tas de ruines qui reste.

Ce n’est évidemment pas la seule maison de Madinat az-Zahra mais c’est la plus reconnaissable de toutes avec sa façades. Les autres sont soit dans un état déplorable ou soit inaccessibles pour cause de danger, de travaux de restaurations ou de fouilles archéologiques.

La basilique supérieure

Eh non, ce n’est PAS une basilique malgré son nom. On l’appelle ainsi parce qu’elle a été construite en croix, comme une basilique et parce que les archéologues n’ont pas encore trouvé quelle était la fonction exacte de cet édifice. Pour l’instant, les théories penchent pour une fonction plutôt militaire ou alors pour un palais de vizirs. Quoi qu’il en soit, c’est le bâtiment le plus beau et le mieux conservé de tout le site. Il surplombe le reste de la ville en étant presque accroché aux premières pentes de la Sierra Morena. Mention spéciale pour les superbes arches typiquement mudéjars qui se tiennent encore fièrement debout après toutes ces années.

Madinat az-Zahra est une visite qu’il vaut la peine de faire depuis Córdoba et c’est, à notre connaissance, le seul site uniquement d’influence arabe de toute l’Europe. Evidemment, si notre affirmation est fausse et que nous trouvons un autre endroit de ce genre, nous nous empresserons d’aller le découvrir!

Si vous aimez randonner, la Sierra Morena est très accessible est propose plusieurs itinéraires de balades. Nous y avons été dégourdir nos gambettes mais nous retournerons explorer tout ça ultérieurement.

Evidemment, la province de Córdoba ne s’arrête pas à sa capitale et aux deux sites que nous venons de vous faire découvrir mais c’est déjà une belle première approche. En ce qui nous concerne, nous avons été conquis et ça nous donne une belle alternative aux provinces plus touristiques tournées vers la mer comme Cádiz ou Málaga.

Santiponce et la cité romaine d’Italica

La première fois que nous avons entendu parler de Santiponce et du site archéologique d’Italica, c’était en 2020 lors de notre petit trip en Andalousie en pleine période de Covid-19. Nous avions pris un Bla-Bla Car entre Málaga et Séville et notre conductrice, en bonne andalouse fière de sa terre natale, nous avait conseillé de nous y rendre. Conseil que nous avons évidemment suivi surtout que le village se trouve dans la banlieue proche de Séville et qu’il est super facile de s’y rendre en bus local depuis la station de Plaza de Armas.

Depuis notre installation à Séville, il nous arrive parfois encore de nous y rendre de temps en temps pour profiter des ruines romaines et d’un peu de calme sans trop nous éloigner de la ville.

Santiponce est un petit village typique andalou un peu endormi avec ses maisons blanchies à la chaux. Il est entouré de champs d’orangers, d’oliviers et de tournesols et il y règne un calme absolu. Difficile à croire que le cœur de la trépidante Séville n’est distante que de sept petits kilomètres!

Monastère San Isidoro del Campo

La première chose que nous apercevons en arrivant à Santiponce par la route, c’est le monastère de San Isidoro del Campo qui domine le village. Ici, contrairement à beaucoup d’endroits en Andalousie, pas de trace d’art mudéjar en vue. L’architecture est plutôt gothique et les peintures nous proviennent à cent pour cent de la Renaissance. Le monastère a été fondé au début du XIVe siècle par Alonzo Pérez de Guzman, un seigneur de Medina Sidonia dont la famille est également la fondatrice du comté de Niebla près de Huelva. Il servait de mausolée familial. Au XVe siècle, il a été cédé aux cisterciens, des moines qui observent une discipline ascétique et très stricte de la religion. Ils occupent encore le site aujourd’hui faisant du site le monastère cistercien le plus méridional du monde.

Ayant visité le monastère en pleine crise du Covid, nous y avons trouvé un calme absolu! Nous avons été impressionnés par le décorum et par les magnifiques peintures qui ornent les murs et les plafonds.

Italica

Pour se rendre a Italica il suffit de prendre le bus pour Santiponce qui continue jusqu’au site archéologique. Impossible de se tromper, l’arrêt de bus se trouve devant l’entrée! Pour les citoyens de l’Union Européenne, l’entrée est gratuite sinon, le prix d’entrée est de 1,50€.

Le site est à découvert, nous vous déconseillons fortement de vous y rendre pendant les grosses chaleurs de l’été. A notre avis, il est idéal de visiter Italica pendant les belles journées ensoleillées d’hiver. Il y a peu de monde, la végétation est bien verte et la lumière est très belle.

Italica n’est PAS la ville romaine de Séville. Cette dernière existait déjà à l’époque romaine et même depuis l’ère des Phéniciens sous le nom d’Hispalis.

Italica a été fondée en 206 avant notre ère sur un site déjà occupé par une civilisation locale appelée Tartessos. C’était la première cité romaine fondée en Hispanie (la péninsule ibérique) et hors de l’actuelle Italie. La ville atteignit son apogée dans les deux premiers siècles de notre ère sous les règnes de Trajan et d’Hadrien car les deux empereurs étaient natifs d’Italica et furent particulièrement bien disposés envers leur ville natale. Après la chute de l’empire romain, les Visigoths s’y installèrent puis plus tard les Arabes qui rebaptisèrent la ville Taliqa avant de l’abandonner à son triste sort au XIIe siècle lors de leur défaite face aux rois catholique pendant la Reconquista.

Le site archéologique en lui-même n’est pas le plus pittoresque au monde mais il est quand même intéressant avec quelques vestiges de voies romaines dont la fameuse « Via de la Plata » (route de l’argent) qui reliait Hispalis (Sevilla) à Asturica Augusta (Astorga, province de León dans le nord de l’Espagne) et qui fait aujourd’hui partie des chemins de Compostelle. Comme toute ville romaine qui se respecte, Italica possédait divers temples, des termes et des villas. Les ruines que nous pouvons voir aujourd’hui ne correspondent qu’à une toute partie de la cité antique, les fouilles archéologiques étant loin d’être terminées sur le site.

En 2024, Italica est officiellement devenue candidate pour être inscrite au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Nous espérons que sa candidature sera retenue car ça permettra de bien préserver le site et peut-être de reprendre les fouilles.

Les mosaïques

Italica vaut le déplacement rien que pour ses mosaïques! Ce sont les plus belles et les mieux conservées de toutes celles que nous avons vues jusqu’à présent. Encore mieux qu’à Pompéi qui est pourtant un site archéologique de ouf! Chaque maison possède sa propre mosaïque voire plusieurs. Les plus anciennes datent du Ier siècle avant notre ère mais l’âge d’or des mosaïques correspond à celui de la ville, c’est-à-dire les deux premiers siècles de notre ère sous les règnes des empereurs Trajan et Hadrien.

L’Amphithéâtre

C’est grâce aux deniers envoyés par l’empereur Hadrien directement depuis Rome qu’Italica possède ce superbe amphithéâtre. Avec ses trois étages de gradins et sa capacité à accueillir plus de 35’000 personnes, c’était, à l’époque de sa construction (IIe siècle) le deuxième plus grand amphithéâtre de l’empire après le Colisée de Rome. En plus des traditionnels spectacles de gladiateurs, le théâtre était également utilisé pour des rituels dédiés à Némesis, la déesse de la justice, de la solidarité, de la vengeance, de l’équilibre et de la chance.

La lagune

Le site archéologique se trouve à proximité d’un cours d’eau appelé Arroyo de San Nicolas et qui a une fâcheuse tendance à déborder pendant les pluies de l’hiver. Afin de protéger les vestiges des crues, les autorités ont décidé de créer ce lac artificiel juste en dessous de l’amphithéâtre. Quelle bonne idée! Non seulement les ruines romaines sont préservées mais le lac est devenu un sanctuaire pour des centaines d’oiseaux!

Italica est un site où nous aimons bien nous rendre de temps en temps car c’est tout près de Séville et ça nous permet aussi de comprendre un petit peu l’histoire de notre région.

Petit fun fact

L’empire romain étant énorme, ce n’est pas la première fois que nous rencontrons des vestiges en rapport avec les empereurs Hadrien et Trajan lors de nos voyages. Hadrien possède sa propre porte dans la ville turque d’Antalya construite en son honneur lors d’une visite en grande pompe. Quant à Trajan, nous avons vu le site de Sélinus, le lieu de son décès. Il se trouve également en Turquie, sur la côte méditerranéenne dans l’actuelle Gazipasa, au sud d’Alanya.

Image de gauche : la porte d’Hadrien à Antalya, image de droite : Sélinus

L’époque romaine étant une période qui nous fascine, nous allons prospecter si nous trouvons d’autres sites archéologiques, que ce soit en Espagne ou ailleurs sur le pourtour méditerranéen. Nous avons, évidemment, déjà une liste pleine d’idées!

Cordoue, la petite Jérusalem andalouse

Avant d’attaquer cet article, nous allons juste faire une petite mise au point linguistique sur notre titre. En effet, nous préférons généralement utiliser le nom des villes dans leur langue originale, surtout si elle est latine, mais comme nous avons déjà un article intitulé Córdoba, sur la ville du même nom en Argentine, nous voulions éviter toute confusion.

Voilà, ces considérations linguistiques étant réglées, nous pouvons entrer dans le vif du sujet : la visite de la belle ville de Cordoue (ou Córdoba si vous préférez).

Córdoba, c’est la carte postale typique de l’Andalousie : des maisons de type andalou blanchies à la chaux, de l’architecture mudéjare à chaque coin de rue, une juderia (quartier juif), un climat semi-désertique, des patios fleuris et un centre historique de ouf.

Cette fois, nous inversons les rôles par rapport à Grenade, c’est Van qui avait visité la ville en coup de vent, toujours en 2006 (on ne rajeunit pas!) tandis que Fab avait pris plus de temps sur place et eut un véritable coup de cœur pour Córdoba.

Le Centre historique

Le centre historique, un des plus grands d’Europe et le deuxième d’Espagne après Séville, est un véritable musée à ciel ouvert! Pour cause, Córdoba a été la capitale d’Al-Andalus, le royaume arabe de la péninsule ibérique, au temps de sa splendeur. La vieille ville a d’ailleurs été inscrite au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Il suffit juste de déambuler à travers les petites ruelles bordées de maisons blanchies à la chaux pour découvrir des milliers de trésors architecturaux ou décoratifs. Par contre, ayant visité la ville en temps de Covid-19, beaucoup d’édifices sont fermés ou ouvert sur rendez-vous avec des horaires très restreints.

Plaza de la Corredera

Et non, ce n’est pas la Plaza Mayor de Madrid même si la ressemblance est troublante! C’est une énorme place de 113 mètres de long et de 55 mètres de large qui date du XVIIe siècle. C’est un architecte de Salamanca (Castille-et-León, nord de l’Espagne) Antonio Ramos Valdés qui conçut les dessins de la place. Voilà pourquoi, elle ressemble beaucoup à certaines grandes places de villes du nord de la péninsule ibérique. Aujourd’hui, elle est principalement utilisée pour des manifestations festives (hors Covid, évidemment!)

Le temple romain

Déjà à l’époque romaine, Córdoba était une ville importante puisqu’elle était la capitale de la province d’Hispanie Ultérieure qui couvrait grosso modo l’actuelle Andalousie ainsi que l’Algarve. (sud du Portugal) A la place de ces superbes colonnes corinthiennes en marbre devait se trouver la mairie. Mais lors de sa construction dans les années 1950, les vestiges d’un temple romain apparurent faisant stopper les travaux. Le temple date de l’époque des empereurs Claude et Domitien. Córdoba regorgerait de ruines romaines mais elles n’ont pas encore fait l’objet de fouilles archéologiques.

Le musée archéologique

En plein cœur du centre historique, à l’emplacement même de l’ancien théâtre romain, se trouve le musée archéologique complètement rénové entre 2020 et 2021. On y trouve de superbes pièces datant de la préhistoire (les Ibères), de l’époque romaine, de l’époque d’Al-Andalus ainsi que des premières années de la Reconquista. C’est super intéressant et ça retrace une bonne partie de l’histoire de la province de Córdoba. En plus, l’entrée est gratuite pour les ressortissants de l’Union Européenne!

Petit fun fact : une partie des pièces ont été récupérées à la suite d’un coup de filet de la police locale qui a démantelé un grand réseau de recel de pièces historiques dans toute la région!

Le pont romain

Le pont d’origine date, comme son nom l’indique de l’époque romaine, plus ou moins de l’an 45 avant notre ère. Mais il fut détruit au Xe siècle. Les califes maures (les musulmans donc) le reconstruisirent quasiment à l’identique. Le pont eut droit à plusieurs rénovations à travers les siècles depuis la Reconquista (la conquête catholique du sud de l’Espagne dès le XIIIe siècle) jusqu’en 2008. Il traverse le Guadalquivir, le cinquième fleuve de la péninsule ibérique et le plus important d’Andalousie. Sur la rive gauche, on accède au pont par la Torre Calahorra, une superbe tour fortifiée datant du XII. Lors d’une rénovation au XVIIIe siècle, les catholiques y ajoutèrent une statue de l’archange Raphael. En plus d’être vraiment beau, cet ouvrage offre un superbe point de vue sur la Mezquita, le centre historique et la Sierra Morena en arrière-plan.

Les moulins du Guadalquivir

Le long du Rio Guadalquivir, dans toute la province de Córdoba, se trouvent les vestiges de quelques moulins datant de l’époque romaine jusqu’au XVe siècle. Vu le climat aride de la région, la farine était considérée comme l’or blanc à l’époque. Certains moulins ont été restaurés mais la plupart ont volontairement été privés de rénovations car diverses espèces d’oiseaux en ont fait leur lieu de villégiature et les autorités ont décidé de reconvertir ces lieux en réserves naturelles.

Côté Arabe

Pendant la période musulmane, Córdoba prit encore de l’importance en devenant la capitale du califat de Cordoue qui, du temps de sa splendeur, comprenait les territoires actuels du sud de la Catalogne, l’Aragon, la Castille-la-Manche, la Communauté Valencienne, la région de Murcia, l’Andalousie, l’Estrémadure, les Baléares, la partie sud du Portugal depuis Porto, toute la pointe de Tanger ainsi que Melilla. De quoi bien se la péter! Les califes de Cordoue appartenaient à une branche des Omeyyades, des gars de Damas qui ont régné sur tout le monde arabe pendant des siècles! Rien que ça!

Aujourd’hui, une bonne partie du centre historique garde des témoignages architecturaux de cette époque faste.

La mezquita

C’est le bâtiment emblématique de Córdoba! Mezquita signifie mosquée en espagnol. Donc c’est encore une cathédrale construite sur une mosquée. Mais pas seulement! A la base, c’était un temple romain dédié au dieu Janus qui était le dieu des commencement, des fins, des choix et des portes. (Oui, les Romains avaient un rapport particulier avec les portes!). A la chute de l’empire, les Wisigoths (des espèces de barbares germaniques venus conquérir la péninsule ibérique) en ont fait une cathédrale catholique dédiée à St-Vincent vers 584. Ce n’est qu’en 714 que l’église fut transformée en mosquée et de manière plutôt pacifique puisque les musulmans signèrent un accord avec les Wisigoths leur permettant d’exproprier la cathédrale. La première mosquée fut achevée en 786 mais fut agrandie trois fois jusqu’en 987. Elle devint alors la deuxième plus grande mosquée du monde après celle de la Mecque! Lors de la Reconquista, en 1236, le roi Ferdinand III de Castille en refit une cathédrale de culte catholique qui est encore en vigueur aujourd’hui même si des commissions islamiques revendiquent le droit aux musulmans d’y prier, ce qui est, pour l’instant, formellement interdit.

Ce qui est vraiment fou avec ce bâtiment, c’est que l’architecture arabe n’a pas été détruite ou cachée durant la Reconquista, les catholiques y ajoutèrent juste quelques détails baroques typiques de l’époque. On peut y observer le mélange de ces deux styles totalement différents comme, par exemple, une porte de forme islamique ornée d’une fresque de la Renaissance racontant un passage de la Bible.

Le patio des orangers

C’est la cour intérieure de la mezquita et on y trouve, comme son nom l’indique des orangers, mais aussi des cyprès. A l’époque musulmane, c’était la salle des ablutions mais elle était également utilisée comme medersa (sorte d’école coranique) pour les enseignements islamiques ainsi que pour les jugements de la charia. C’est du patio qu’on a la plus belle perspective sur le clocher haut de cinquante quatre mètres. Oui, c’est l’ancien minaret de la mosquée mais comme il a été en partie détruit au XVIIe siècle lors de la transformation de l’édifice en cathédrale, ça ne se voit plus trop contrairement à la Giralda de Séville.

L’accès au patio se fait librement, il n’y a pas besoin d’acheter les tickets d’entrée pour la mosquée.

L’intérieur

Malgré plusieurs séjours à Córdoba, nous n’avions pas eu l’occasion de visiter l’intérieur de la mezquita avant cet hiver 2024. Soit c’était fermé pour cause de feria, soit c’était en pleine rénovation, soit c’était limité pour cause de Covid-19. Nous sommes toujours les spécialistes des mauvais timings!

Bref nous avons finalement découvert ce joyau architectural de l’intérieur pour un prix d’entrée de 13 euros.

L’intérieur est une grande salle hypostyle (salle couverte soutenue par des colonnes) comme une grande partie des temples égyptiens. A Cordoba, rien ne nous rappelle les pharaons mais plutôt les émirs, les souks, les épices et les appels à la prière. Toutes ces colonnes et arcades en forme typique de serrure sont impressionnantes et donnent une perspective incroyable. La salle est énorme et doit être bien fraîche durant les grosses chaleurs estivales. Lors de notre visite hivernale, nous avons eu froid malgré des températures très douces à l’extérieur. Si vous venez en hiver, pensez à prendre une couche supplémentaire!

L’ensemble possèderait plus de 850 colonnes qui formeraient pas moins de onze nefs. Nous n’avons pas compté mais nous confirmons que c’est immense!

Malgré cet héritage musulman bien présent vous devez quand même vous douter que les catholiques n’ont pas laissé cette mosquée telle quelle lors de la Reconquista! Effectivement, au XVIIe siècle, la mezquita a subi quelques transformations, et pas des moindres! Le baroque était à la mode et les architectes de l’époque en ont, à notre avis, un peu abusé! Pourtant, nous adorons le baroque! Certes, un peu partout en Europe, la Renaissance a un peu exagéré avec les fioritures et les peintures mais là c’est vraiment abusé! Le contraste est vraiment saisissant et nous n’étions pas prêts!

Objectivement, c’est quand même superbe et certains détails sont dignes de travail d’orfèvre. Nous avons juste eu l’impression de visiter deux édifices complètement différents. Sachant que plusieurs rois de Castille ont leur sépulture à l’intérieur des chapelles, nous imaginons que les artistes aient dû mettre le paquet pour la déco!

N’oublions pas les juifs!

Nous pourrions presque comparer Córdoba à Jérusalem tant les trois religions monothéistes ont joué un rôle important dans la culture de la ville. Les juifs séfarades (ceux originaires de la péninsule ibérique) étaient installés à Cordoue depuis l’époque romaine déjà. Ils ont vécu en plus ou moins bonne entente avec les musulmans mais c’était chacun son quartier! Les juifs étaient alors repoussés à l’extérieur du centre-ville. Ils ont pu regagner leurs anciens quartiers du centre-historique, appelés la Juderia, avec l’arrivée de Ferdinand III de Castille et la Reconquista. Mais le couperet tombe en 1492 avec le décret de l’Alhambra où les rois catholiques signent le bannissement de toutes les communautés juives (et toutes les autres non catholiques) de leur royaume. Décret qui ne fut abrogé qu’en 1967! Aujourd’hui, il ne reste juste quelques vestiges de la communauté juive dont la synagogue.

La synagogue date du XIVe siècle et a été construite dans le style mudéjar. D’ailleurs, si ce n’était pas indiqué, jamais nous n’aurions deviné que c’était une synagogue! Après l’expulsion des juifs, le bâtiment fut utilisé comme hôpital pour les patients atteints de la rage. C’est une des trois seules synagogues d’avant le décret de l’Alhambra encore existante en Espagne, les deux autres se trouvant à Toledo.

L’Alcazar des rois chrétiens

Il y avait une ancienne forteresse mauresque à cet emplacement mais il n’en reste pratiquement plus rien. L’alcazar actuelle date complètement de l’époque catholique (1328 environ) et a été renforcée pendant les diverses guerres qu’a connu le royaume d’Espagne. Sous le règne d’Isabelle la Catholique, le palais sert de tribunal à l’Inquisition et des salles d’interrogatoire et de torture y sont aménagées. C’est également dans ce bâtiment que Christophe Colomb s’est entretenu, à la même époque, avec le couple royal au sujet de l’expédition qui devait l’emmener en Amérique. (Et dire qu’à ce moment, il pensait rejoindre les Indes!) Au XIXe siècle, l’édifice devint une prison avant de devenir un bien historique sous la dictature franquiste.

Les patios

S’il y a bien quelque-chose dont Córdoba est fière, en plus de tout ce que nous venons de parler, ce sont ses patios! Un patio, c’est une petite cour intérieure, souvent avec une fontaine dans son centre, ornée d’arcades, de mosaïques et de fleurs. C’est typique de l’architecture de Cordoue et c’est un vrai havre de fraîcheur lors des températures caniculaires qui sont fréquentes dans la région.

S’il y a une activité à faire à Córdoba (mais avec discrétion!), c’est de jeter un coup d’œil furtivement dans chaque ouverture de porte ou de fenêtre car il y a souvent un magnifique patio à l’intérieur même si la maison paraît modeste au premier abord.

La fiesta de los patios

Chaque année pendant la deuxième semaine du mois de mai, se déroule la fête des patios. Plus d’une cinquantaine de maisons du centre historique ouvrent leurs patios au public pour cette occasion. Il y a même un concours du patio le mieux décoré et le mieux fleuri de Córdoba. Nous ne savons pas sur quels critères se base le jury pour l’attribution des prix car, à nos yeux, ils sont tous plus beaux les uns des autres. La plante star est le géranium planté dans des petits pots traditionnels accrochés à la paroi mais il y a également un grande variété de fleurs qui y est représentée.

Cette fête attire beaucoup de monde. L’UNESCO l’a d’ailleurs inscrite sur le site de son patrimoine culturel immatériel. Nous vous conseillons d’y aller pendant les jours de semaine et pendant l’ouverture du matin soit entre onze et quatorze heures. La visite des patios est gratuite mais vous pouvez laisser quelques pièces de monnaie si ça vous a particulièrement plu.

Gastronomie locale

Córdoba a un centre historique de ouf et une histoire richissime mais ça ne lui suffit pas. Il faut en plus qu’elle ait sa propre gastronomie! Il a bien fallu que nous aillions voir ça de plus près surtout qu’elle a l’air plus créative que la cuisine espagnole. Nous avons testé pour vous :

– Le salmorejo córdobes : c’est une variante du gazpacho andalou (oui, Córdoba doit avoir son propre gazpacho). C’est une soupe de tomate froide à l’ail et à l’huile d’olive épaissie par de la mie de pain qui lui donne une texture crémeuse. On la sert en général avec des miettes d’oeufs durs et des petits carrés de jamon ibérico. (le jambon cru espagnol). C’est super bon et super frais pour les chaudes journées d’été qui dure presque toute l’année à Córdoba.

– La mazamorra cordobés : le houmous local sauf que les pois chiches sont remplacés par des amandes. C’est servi avec de l’huile d’olive et des raisins secs. Ça se marie parfaitement bien avec les « picos » andalou qu’on vous sert avec le pain dans chaque restaurant d’Andalousie.

– Le pastel de Córdoba : une pâtisserie qui nous rappelle les saveurs du Moyen-Orient avec sa farce de fruits confits et sa cannelle. En général, elle se mange le 17 novembre lors de la fête patronale de la ville. C’est un régal pour nos papilles gustatives mais, pour notre indice glycémique, euh… mieux vaut ne pas savoir!

Nous n’avons pas tout goûté mais à Córdoba, on peut trouver des aubergines du calife (caramélisées au miel), du flamenquin (une sorte de cordon bleu) et, quelque-chose qui ne nous attire pas trop, du rabo de toro (oui, c’est bien de la queue de taureau!)

Waw! Nous en avons pris plein les yeux et les papilles durant nos différentes visites de Córdoba! Ce n’est pas aussi grandiose que Séville ou pittoresque que Granada (quoique!) mais la ville mérite amplement qu’on s’y arrête quelques jours. Voire plus pour découvrir les alentours, mais ça, nous vous en parlerons plus tard.

Córdoba est une visite à faire lors d’un séjour en Andalousie. Elle se visite parfaitement à la journée depuis Séville ou Málaga grâce aux trains à grande vitesse qui la relient à ces deux villes en moins d’une heure. Elle a un caractère plus de l’arrière pays et plus villageois comparé à ses deux grandes sœurs mais elle ne manque pas de charme et d’histoire.