Palma, une première découverte de Majorque

Bien que ce soit un des coins les plus connus et les plus visités d’Espagne, l’île de Majorque nous est totalement inconnue. Mais comme nous avions eu une belle surprise avec Ibiza l’année précédente lors d’un week-end avec la sœur à Van et son chéri, nous avons décidé de réitérer l’expérience des Baléares. Nous y sommes allés en octobre, en fin de grosse saison touristique, même si en vrai il y a des touristes toutes l’année qui viennent profiter du climat doux de la Méditerranée. Nous avons eu du bol inouï avec le temps car, pendant que nous profitions d’une météo relativement clémente, la tempête faisait rage chez nous à Sevilla inondant une bonne partie du centre ville. Rassurez vous, nous n’avons pas eu de dégâts et en général, il y eut plus de peur que de mal. Nous voulons juste profiter de ces quelques lignes pour remercier tous ceux qui se sont inquiétés pour nous.

En vrai, Van a un peu triché en y allant quelques jours avant en « repérage » profitant de l’occasion pour aller dire bonjour à sa famille. Non, elle n’a pas de famille majorquine cachée. Nous avons juste décrété que les Baléares était un lieu de rencontre idéal! C’est à mi-chemin entre la Suisse et Séville, l’aéroport de Palma est super bien desservi depuis à peu près partout en Europe, la bouffe est bonne et il y a la mer. (Oui, ça compte!)

Elle profite donc de cet article pour remercier tout le monde pour ces quelques jours passés ensemble!

Palma de Mallorca

Palma est la capitale de Majorque et de toutes les Baléares, c’est également la porte d’entrée de l’île. Elle a été fondée par les Romains puis elle connut à peu près la même histoire et le même sort que beaucoup d’autres villes de la péninsule ibérique. A la chute de l’empire romain, ce sont les Vandales qui prirent possession des lieux avant de laisser la place aux Arabes en l’an 903. Puis en 1229 c’est l’heure de la Reconquista avec comme protagoniste principal Jaime Ier! Vous vous souvenez de lui? Nous en avons longuement parlé lorsque nous étions dans la Communauté Valencienne! Après avoir repris aux musulmans la Catalogne et Valence, notre bon vieux Jaime traversa la Méditerranée pour récupérer les Baléares. C’est pourquoi aujourd’hui la vieille ville de Palma ressemble beaucoup au Barri Gòtic de Barcelone et qu’on y parle le « mallorqui », une variante du catalan.

Plaça Major

Comme (presque) toute ville espagnole qui se respecte, Palma possède sa Plaza Mayor bordée d’arcades. Elle n’est pas très grande (40 mètres sur 90 mètres environ) mais nous trouvons ses façades jaunes trop stylées. C’est une place assez récente (1838) puisque avant se trouvait un couvent ainsi que le siège de l’Inquisition. Nous ne savions pas que l’église catholique poursuivait encore les hérétiques jusqu’à une époque si tardive. Naïfs que nous sommes!

Quand nous sommes passés, c’était rempli de grues et de machines puisque la mairie installait (déjà!) les lumières de Noël, d’où des cadrages photos un peu bizarres. (Sorry!)

Palacio Real de la Almudaina

On l’appelle également Alcazar puisque ce sont les Arabes qui ont édifié ce palais avec vue sur la mer et sur la baie de Palma. Ce que nous voyons aujourd’hui est une refonte complète du palais qui date du XIVe siècle sous l’impulsion du roi de Majorque Jaime II qui n’est autre que le fils de Jaime Ier, encore lui! Il a été réformé selon le modèle du Palais des Rois de Majorque de Perpignan, qui faisait également partie du Royaume de Majorque à l’époque et qui était le lieu de naissance d’Esclarmonde de Foix, épouse de Jaime II et reine consort.

Aujourd’hui, c’est la résidence d’été officielle de la famille royale espagnole même si en vrai, elle séjourne plutôt au palais du Marivent un peu plus en retrait dans la vieille ville.

Cathédrale Santa Maria de Palma

En mallorqui, on l’appelle sobrement la Seu (la cathédrale). Ce monstre gothique surplombe la baie de Palma sur les anciennes murailles romaines de la ville. Elle se trouve bien sur l’emplacement de l’ancienne mosquée mais il n’en reste absolument plus rien aujourd’hui. Jaime Ier (encore lui!) a décidé de la détruire complètement afin de construire une belle cathédrale toute neuve en partant de zéro. C’était en 1229. Mais elle n’a été consacrée que près de 120 ans plus tard en la présence du roi Jaime III, petit-fils de notre Jaime Ier national, les travaux ayant duré tout ce temps.

Une des particularité de cette cathédrale est qu’elle bénéficie d’un super dégagement côté mer, chose très rare en Espagne ou les édifices religieux sont plutôt coincés dans des ruelles d’un centre historique. Elle est super impressionnante, elle surpasse même en taille le palais de la Almudaina situé juste à côté! Pas de bol, ces temps-ci, elle se pare de quelques échafaudages afin de se faire une belle cure de jouvence.

La promenade sur le quai pour apercevoir le palais et la cathédrale est super sympa mais en cette fin octobre l’humidité est palpable et le temps un peu instable nous apportant pas mal de nuages. Mais le soleil méditerranéen n’a pas dit son dernier mot non plus! Cette bataille météorologique nous a apporté un superbe arc-en-ciel que nous avons assez bien réussi à immortaliser.

La Lonja

En continuant notre chemin depuis la cathédrale sur l’esplanade qui longe le bord de mer, nous tombons sur ce superbe bâtiment de style gothique, à nos yeux, encore plus beau que la cathédrale! C’est Sa Llotja ou la Lonja. C’était le lieu où les pêcheurs venaient vendre leurs prises du jour au gros. Elle date du XVe siècle et ressemble à comme deux gouttes d’eau à sa sœur valencienne, de la même époque. On peut pénétrer à l’intérieur pour admirer les impressionnantes colonnes qui soutiennent l’édifice. Lors de notre passage, il y avait une exposition de quelques œuvres de Joan Miró. Bien qu’il soit né à Barcelone, l’artiste à passé une bonne partie de sa vie à Majorque et, à Palma, on le considère un peu comme un enfant du pays. Il y a d’ailleurs une fondation Pilar et Joan Miró en ville que nous n’avons pas visitée par manque de temps.

Es Jonquet

En continuant notre promenade, nous tombons sur un petit quartier plus tranquille, moins touristique, moins propret mais avec beaucoup de charme. C’est Es Jonquet, le plus ancien quartier de la ville et celui des pêcheurs. Le must, ce sont les deux moulins à vent datant du XVe siècle. Ils sont un peu défraîchis mais super jolis. Un coin sympa pour déambuler lors d’une visite de Palma.

Il y a également une superbe vue sur la marina depuis les moulins mais, Palma étant beaucoup plus à l’est que Séville, nous nous sommes fait avoir par la tombée de la nuit qui est arrivée bien trop tôt à notre goût, d’où une lumière pourrie pour la photo. (Sorry!)

Soller

Il y aurait eu encore plein de choses à découvrir à Palma mais nous avons préféré passer notre deuxième jour ailleurs pour voir quelque-chose de nouveau. Nous avons choisi Soller car Fab voulait voir le train historique.

Il y a le train touristique qui part de la Plaça d’Espanya de Palma, à côté de la station intermodale et qui va directement à Soller. (40€ aller-retour par personne). Nous avons choisi la version plus locale, le bus, qui part de la station souterraine de cette même Plaça d’Espanya (départ toutes les trente minutes, 2,70€ par trajet payable directement dans le bus par carte de crédit). A Soller, il y a le village dans la Sierra, et il y a le port. Vous nous connaissez, nous avons été jusqu’au bord de mer!

Le port de Soller se trouve dans une baie quasi fermée au pied des magnifiques montagnes de la Serra de Tramuntana. Le village se développa à partir du XVIe siècle car, avec la baie, c’était plus facile de se défendre des pirates. Aujourd’hui, le port de pêche s’est plutôt transformé en marina de luxe pour yachts et l’industrie touristique y bat son plein mais il faut quand même reconnaître que l’environnement est incroyable!

Nous avons quand même voulu voir à quoi ressemblait le village plus haut dans la Sierra. Pour parcourir les trois kilomètres qui séparent Soller du port, nous avons joué les touristes et avons emprunté le tram historique. (10€ par personne, par trajet) La ligne a été inaugurée en 1913. Le but était de prolonger la ligne de train Palma-Soller jusqu’au port mais il y avait le problème de la traversée du village dont les rues sont super étroites. Voilà pourquoi on a opté pour le tram à l’époque. Aujourd’hui, la vocation est purement touristique mais le matériel roulant est d’époque avec sa lenteur et ses banquettes en bois. Il y a juste les réviseurs qui viennent nous encaisser le prix du billet avec des appareils à cartes de crédit super modernes qui cassent quand même un peu l’ambiance! Par contre, passer au milieu des terrasses des restaurants de la place du village est un peu surréaliste!

Il vaut la peine de déambuler dans les petites ruelles du village de Soller. C’est super chou! C’est fou comme l’ambiance change totalement du bord de mer! Le climat et le caractère des gens sont beaucoup plus montagnards alors que nous aurions pu parcourir la distance depuis le port à pieds!

Les destinations ci-dessous ont été visitées pendant le séjour de Van et de sa famille. Elle a profité de la voiture de location et d’avoir son papa comme chauffeur privé!

Alcúdia

Alcúdia se trouve exactement à l’opposé de Palma, au nord-est de l’île de Majorque. Elle fait partie de l’association des « plus beaux villages d’Espagne » comme Garachico à Tenerife, et franchement, ce n’est pas démérité. Certes, c’est super touristique avec boutiques de souvenirs et restaurants à gogo mais les petites ruelles à l’intérieur des remparts sont superbes. Si la photo du palmier devant la muraille vous rappelle un peu le Maroc, c’est normal! Ce sont les Arabes qui ont édifié la forteresse. D’ailleurs, Alcudia dérive directement du nom arabe « Al Kudia » qui signifie la colline, la localité se trouvant effectivement sur une petite colline. Bien évidemment, Jaime Ier à passé par la et a reconquis le territoire au nom des Rois Catholiques. Il a même changé le nom du village en San Jaime de Guiñent, plus chrétien et plus catalan. Mais tout le monde a continué à utiliser le nom arabe, plus simple. On l’a juste un peu « hispanisé » en Alcúdia.

Il y a également la partie portuaire de Alcúdia, plus balnéaire, en bord de mer. Mais ça ne vaut pas le port de Soller!

Valldemossa

Voilà le coup de cœur de ces découvertes majorquines! Valldemossa se situe en pleine Serra de Tramuntana et constitue un bijou dans un écrin de montagnes pittoresques. Malgré les boutiques de souvenirs, Valldemossa a gardé son âme médiévale et le temps semble s’être bien ralenti. Mention spéciale pour « la cartuja », le monastère du XVIIe siècle avec le toit de son clocher orné d’azulejos verts. Au fil de son histoire, la Cartuja a hébergé des artistes en quête d’inspiration comme Frédéric Chopin ou encore Georges Sand. Rien que ça!

Ce n’était qu’un petit aperçu de Majorque mais de quoi nous en faire une première idée. La légende est vraie : l’île s’est vraiment « germanisée »! Ça se ressent dès l’arrivée à l’aéroport où tout est écrit en allemand et où Germanwings monopolise les portes d’embarquement! Et encore, nous n’avons pas fréquenté les stations balnéaires comme Magaluf et consort ni les Biergarten! En ce sens, nous avons préféré Ibiza où dès que nous quittons la zone des discothèques, l’île est plus sauvage et moins prise d’assaut par les touristes. Malgré ce (gros!) bémol, tout n’est pas à jeter à Majorque, principalement dans les petits villages de la Sierra.

Almería et le Cabo de Gata

Malgré tous ces mois passés en Andalousie, il nous restait une province dans laquelle nous n’avions encore jamais mis les pieds. Cette province, c’est Almería, située à l’extrême sud-est de la région. Nous avons profité de prendre quelques jours dans la douceur du mois de juin pour aller réparer cet « oubli » et découvrir ce nouvel endroit.

Si nous n’y avons pas été plus tôt, c’est parce-que le coin est un peu isolé et assez loin. Entre Séville et Almería, il y a 415 kilomètres! C’est presque l’équivalent d’un Paris-Lyon! Autant vous dire qu’on n’y fait pas un petit aller-retour vite fait! On ne s’en rend pas forcément compte du premier coup mais l’Andalousie est énorme, très montagneuse et les distances très longues. Ce n’est qu’une région espagnole mais elle est plus étendue que certains pays comme l’Autriche ou la Tchéquie!

Le point faible de la province d’Almería, c’est son isolement. C’est un peu un cul de sac et elle ne se trouve pas du tout sur les voies de communication principales de l’Espagne. Les deux villes qui desservent le mieux Almería avec le bus sont Málaga par la côte ou Granada par l’autoroute qui traverse le désert de Tabernas. Depuis Séville, c’est la deuxième option la plus directe. Nous avons donc traversé Tabernas qui peut se targuer d’être le seul désert d’Europe. Les paysages sont superbes et ont été le lieu de nombreux tournages, notamment de westerns spaghettis, dans les années 1960-1970. Parmi les grands films qui y ont été tournés, on peut citer Lawrence d’Arabie, Cléopâtre ou encore Indiana Jones. Aujourd’hui, l’âge d’or de Tabernas a un peu passé mais quelques films récents y ont quand même été tournés comme Assassin’s Creed ou encore le dernier Terminator. Les studios de cinéma se visitent évidemment mais ce sera pour une autre fois en ce qui nous concerne. Le climat de l’Andalousie étant presque infernal à la belle saison, nous gardons cette virée pour un prochain hiver.

Après avoir traversé le désert de Tabernas, nous avons pris la résolution de ne plus jamais nous plaindre que Séville est un désert! Oui, ça nous arrive les mauvais jours! Certes, avec son air sec, ses étés torrides et ses nuits d’hivers glaciales, la plaine du Guadalquivir est officiellement classée en climat semi-désertique. Pourtant, nous avons quand même quelques précipitations en hiver, même si pas assez, de la végétation, des prairies verdoyantes au printemps et parfois un air atlantique plus humide! Rien à voir avec les paysages désolés et les cactus des environs d’Almería.

Almería

Nous allons être francs, Almería n’est pas vraiment ce qu’on pourrait qualifier de jolie ville. Bon, il faut reconnaître qu’en Andalousie on place la barre très haut sur ce sujet. D’ailleurs, nous n’avons pas trouvé Almería très andalouse, elle ressemble plutôt à Alicante avec ses alentours arides, sa forteresse dominant la ville et son ouverture sur la Méditerranée. Elle a juste, à notre avis, un petit air nord-africain en plus.

Almería a été fondée par les Arabes à la fin du Xe siècle et devint même le port le plus important de tout le califat de Cordoue. Elle connut bien entendu la Reconquista et fut incorporée à la couronne de Castille en 1489. Et là, tout est parti en vrille! Entre les tremblements de terre, la peste et les attaques incessantes des pirates, Almería connut une vraie descente aux enfers. Cette disgrâce prit fin à la toute fin du XIXe siècle avec l’essor de l’industrie de l’extraction minière ainsi qu’avec les exportation du raisin de Ohanes, une variété locale. Aujourd’hui, Almería est tristement connue pour ses « océans de plastique », des kilomètres carrés de serres où sont cultivés intensivement fruits et légumes pour être exportés, hors saison, en Europe du Nord.

Ce qui reste du centre historique ce sont plutôt les constructions dues au regain économique du XIXe siècle avec de grands bâtiments d’architecture néoclassique.

Plaza Vieja

Cette place ne se trouve pas facilement. Comme à Guadix, on y accède par un petit passage un peu dérobé entre deux bâtiments. Cette place date du XIXe siècle et a été fondée sur l’emplacement de l’ancien souk de la période musulmane. Malgré sa construction tardive, la place possède de jolis cabildos, ces fameux bâtiments à arcades typiquement andalous qu’on retrouve beaucoup dans les villes coloniales d’Amérique Latine. On y trouve notamment l’Ayuntamiento (la mairie) ou encore le monument aux martyrs de la liberté. Ce dernier est une superbe colonne de marbre de dix-sept mètres de haut. Elle a été érigée en 1868 en l’honneur de quelques combattants qui ont lutté contre le pouvoir despotique du roi Fernando VII avant d’être fusillés. Ce monument a été détruit par le dictateur Franco avant d’être reconstruit en 1988 sous la pression populaire.

Catedral de la Encarnación

Ce n’est pas une cathédrale mais plutôt un gros bloc de pierre posé au milieu de la ville! C’était une d’ailleurs une cathédrale-forteresse, la seule d’Espagne, construite au XVIe siècle dans un style gothique tardif très épuré. A part quelques fioritures baroques rajoutées par après, le tout est très sobre et surtout très massif. Nous ne la trouvons pas très jolie en fait mais depuis que nous habitons dans une ville qui possède une des plus belles cathédrales du monde, nous sommes devenus très pénibles en la matière. Ce que nous trouvons sympa par contre, ce sont les palmiers sur la place qui donnent un côté très « sud profond » au lieu.

Cable Inglés

Encore un héritage de l’âge d’or de l’industrie minière d’Almería! C’est un ancien pont ferroviaire datant de 1904 qui reliait la gare d’Almería au port afin de transporter le fer extrait des mines des montagnes alentours pour le charger facilement sur des bateaux afin de l’exporter dans toute l’Europe. Mais pourquoi l’appeler Ingles (anglais)? Tout simplement parce que les concessions minières de la région appartenaient aux Britanniques. C’est presque le même qu’à Huelva sauf qu’ici on ne peut pas s’y promener dessus et encore moins l’utiliser comme plongeoir!

L’Alcazaba

Ah il nous reste quand même quelque-chose de la période arabe! Cette superbe alcazaba surplombe la ville d’Almería juste de quelques mètres, la grimpette n’est pas trop pénible. Malheureusement pour nous, Madame s’offre une grosse cure de jouvence et est à moitié couverte d’échafaudages. Le chantier bat son plein, beaucoup d’ouvriers s’activent et de grosses grues travaillent à la restauration de cette gigantesque forteresse. Rassurez-vous, on peut quand même accéder à l’intérieur des murailles. C’est même gratuit si vous êtes ressortissants de l’Union Européenne.

Cette alcazaba est une des plus importantes de la péninsule ibérique et comptabilise plus de 1430 mètres de remparts. Elle n’est surpassée que par Badajoz qui, elle, possède la plus grande alcazaba d’Europe. Elle a été construite au IXe siècle avant la fondation de la ville afin de défendre le califat de Cordoue contre les attaques normandes.

La première cour intérieure

Aucun doute, l’ambiance arabe transpire par tous les pores de cette première cour. On y trouve des aljibes (un système de citernes typiquement arabe afin d’assurer l’alimentation du complexe en eau), une reconstitution d’une maison arabe, des portes en forme de serrures, des bains ainsi que des jardins, sortes de mini Generalife, en moins pittoresques bien sûr! Il y a des parcelles de jardins qui paraissent plus proprettes, plus modernes un peu à la française. C’est normal, ça a été aménagé récemment afin de camoufler le bordel engendré par les différentes fouilles archéologiques. C’est plutôt bien fait et ça ne dénature encore pas trop l’endroit.

La cour supérieure

Là, pas de doute, nous sommes passé du côté catholique de la force! Après la prise d’Almería, les rois catholiques commencèrent la construction du château sur l’alcazaba déjà existante afin de répondre au mieux aux besoins de l’époque en matière d’artillerie. Adieu les jolis jardins, ici, tout est fonctionnel : tour de garde, salle des canons, meurtrières, etc. On est dans un vrai château-fort médiéval comme on en trouve beaucoup en Europe Occidentale et dans les films de capes et d’épées. C’est la première partie de la forteresse à avoir été restaurée, nous ne sommes donc pas « dérangés » par le chantier.

Evidemment, la cour supérieure de l’alcazaba nous offre une superbe vue sur Almería. Les montagnes en arrière plan dans la brume appartiennent au Cabo de Gata. Les alentours arides nous rappellent le Maroc et renforcent l’ambiance africaine de la ville.

D’ailleurs en parlant d’Afrique, vous voulez une anecdote? Saviez-vous qu’officiellement Almería est à cheval sur deux continents? Certes, ce n’est pas aussi évident et fou qu’à Istanbul mais ça n’en reste pas moins vrai. Il y a, au large des côtes marocaines près de la ville de Nador, un petit îlot volcanique appelé « Isla de Alborán » qui appartient à la ville d’Almería. Quand nous pensions avoir déjà débarqué en Afrique, nous n’avions pas si tort finalement.

Cerro San Cristóbal

C’est un petit promontoire rocheux en face de celui de l’alcazaba ou on peut encore observer les remparts entourant la ville à l’époque musulmane. La grimpette n’est pas très difficile mais tout est également en chantier par ici, il y a beaucoup de caillasse et de poussière. De là, il y a une superbe vue sur l’alcazaba.

Sur notre première photo ci-dessus, il y a, à droite de la muraille, un monument du « Sacré-Cœur de Jésus » construite en marbre en 1928. Ce qui nous a hallucinés, c’est la ressemblance troublante avec l’ancienne chapelle copte sur la colline de West Bank à Assouan, sans la statue de Jésus dessus.

A gauche, le monument d’Almería, à droite celui d’Assouan.Troublant n’est-ce pas? Nous n’avons juste pas pu nous approcher plus près du monument à Almería pour cause de travaux.

Cabo de Gata

C’était le principal but de notre virée en Andalousie Orientale. Le cap se situe à une trentaine de kilomètres à l’est d’Almería. Depuis la station de bus de la ville, il suffit de prendre le bus pour le Cabo de Gata. Il faut juste bien faire attention aux horaires, surtout pour le retour car il n’y en a pas souvent. Le trajet dure une petite heure et longe la mer, c’est assez joli. Le terminus se trouve à l’entrée du petit hameau de la Fabriquilla où se trouve une jolie petite plage au sable un peu grossier mais aux eaux cristallines. Le paysage désertique, les eaux turquoises et les petites maisons aux couleurs pastels nous ont rappelé la mer Rouge en Egypte. Par contre, avec les courants venant du détroit de Gibraltar tout proche, l’eau reste très froide!

De là, il reste trois kilomètres pour arriver à la pointe du Cabo de Gata. Si vous êtes véhiculés, c’est facile, la route va jusqu’au bout. Sinon, il vous faudra faire travailler vos mollets! Il y a un petit chemin de l’autre côté de la glissière qui suit la route. Si vous ne voulez pas marcher dans la caillasse ou si vous avez peur du vide, vous pouvez aisément marcher sur la route, c’est assez large et il n’y a pas beaucoup de trafic.

Plus nous avançons, plus nous avons l’impression d’être de retour à Tenerife! Il y a d’impressionnantes montagnes arides d’origine volcanique qui se jettent directement dans la mer avec une pointe au bout sur lequel se dresse un phare. C’est un peu la Punta de Teno n’est-ce-pas? La seule différence c’est la mer! A Tenerife c’est un Atlantique généralement déchaîné qui vient s’éclater contre les falaises, tandis qu’ici, c’est une Méditerranée toute calme, mais presque aussi froide, que nous pouvons observer.

A gauche, le Cabo de Gata, à droite la Punta de Teno, là aussi la ressemblance est troublante!

Toute la zone fait partie du parc naturel du Cabo de Gata – Níjar qui couvre, sur presque 50’000 hectares, l’extrémité est de la côte méditerranéenne andalouse. Le parc compte le massif volcanique, quelques salines et une importante réserve marine. Sachant qu’une bonne partie de la province est couverte de ce qu’on appelle « l’océan de plastique », des hectares de serres où on y exploite des personnes précarisées pour envoyer toutes sortes de fruits et légumes au reste de l’Europe et hors saison en plus, ça fait du bien de trouver cet espace naturel protégé et encore sauvage.

Le phare du Cabo de Gata

A l’époque romaine, le Cabo de Gata était appelé Cap de Vénus en hommage à leur déesse de l’amour. C’est mignon n’est-ce-pas? Le nom actuel provient de l’arabe « Al-Qabta » qui signifie tout simplement « le cap ». Il est dominé par le Cerro de la Testa culminant à 343 mètres d’altitude. Venant des Alpes, c’est une hauteur dérisoire, ça correspond grosso modo à l’altitude de Genève, mais quand ça se jette directement dans la mer, c’est déjà beaucoup plus impressionnant! La pointe du cap culmine, elle, déjà à cinquante mètres d’altitude et est surmontée d’un phare haut de dix-huit mètres qui a été mis en service en 1863.

Petit fun fact géographique : le Cabo de Gata est le point le plus au sud-est de toute la péninsule ibérique et sépare la mer d’Alborán (le petit nom donné à la mer entre le Cabo de Gata, le cap Fegalo près de la ville d’Oran, en Algérie et le détroit de Gibraltar) du reste de la Méditerranée. Nous qui sommes des férus de points géographiques nous étions évidemment aux anges

Nous avons beaucoup aimé notre petit séjour à Almería malgré une tempête de vent qui nous a un peu tapé sur le système. Nous avons été impressionnés par l’aridité des environs. Certes, nous connaissions l’existence du désert de Tabernas mais nous pensions que l’office du tourisme exagérait un peu pour se la péter et pour attirer les touristes. Mais non, c’est bien un vrai désert de roches sans aucune végétation! Du coup, il semblerait que le seul environnement naturel qui manque en Andalousie, c’est la jungle!

Même si la ville d’Almería en elle-même n’a rien de vraiment pittoresque les alentours sont assez intéressants, pas trop touristiques et les plages sont mille fois plus belles que sur la Costa del Sol!

Tarifa, dernier point avant l’Afrique

Il y a deux raisons principales pour lesquelles nous voulions nous rendre à Tarifa. La première est sa situation géographique particulière et vous commencez à le savoir que nous sommes férus de géographie. La deuxième, c’est son nom. Tarifa avec ses sonorités arabisantes nous évoque l’âge d’or du royaume d’Al-Andalus et promet une petite incursion dans l’Histoire. Mais est-ce que Tarifa tient-elle vraiment ses promesses? C’est ce que nous allons voir plus bas.

L’arrivée à Tarifa déçoit un peu. Sur la route principale s’alignent des dizaines de magasins de sports dédiés principalement au surf et à ses dérivés. C’est vrai qu’avec la situation privilégiée de la ville sur le détroit de Gibraltar qui reçoit les courants de la Méditerranée et de l’Océan Atlantique, ça promet de belles vagues. Mais il ne faut pas s’arrêter sur le côté très station balnéaire de Tarifa car la localité a bien d’autres choses à offrir comme le château de Guzman el Bueno, une forteresse almohade du Xe siècle qui ceinture encore aujourd’hui une partie de la vieille ville.

Centre de Tarifa

Tarifa n’est de loin pas la ville la plus pittoresque d’Andalousie mais les ruelles du centre historique possèdent quand même un certain charme! A cause de sa position stratégique sur le détroit de Gibraltar, elle a attiré les convoitises de nombreux royaumes même si son histoire reste très similaire aux autres régions du sud de la péninsule ibérique, c’est à dire les Ibères, les Romains / Carthaginois, les Wisigoths, les Arabes puis la Reconquista en 1292. Avec la prise de Gibraltar par les Anglais en 1704, Tarifa devint un poste stratégique pour l’armée et la marine espagnoles. Aujourd’hui, la ville est devenue très touristique mais comme elle attire une majorité de surfeurs et autres sportifs de la mer, l’ambiance est très chill et reste somme toute très bon enfant.

Plazuela del Viento

Elle porte bien son nom cette place puisqu’elle est particulièrement exposée aux courants forts du détroit! Cette jolie petite esplanade a été construite par les Arabes avec la forteresse mais les maisons typiques blanchies à la chaux qui la bordent datent d’après la Reconquista (XVIIe siècle environ) et, avec les bancs en azulejos, nous rappellent que nous sommes bien en Andalousie et qu’il faut encore traverser le détroit pour arriver enfin sur le continent africain.

Mais le clou du spectacle reste la vue côté mer, où par beau temps on peut nettement apercevoir les côtes marocaines de l’autre côté du détroit. Mais être aussi près de l’Afrique (quatorze petits kilomètres seulement) et du désert du Sahara nous soumet à un régime de calima (Ah les bons souvenirs de Tenerife!) et nous brouille un peu la vue. Nous avons quand même essayé de prendre quelques photos mais ce n’est pas très concluant. Nous devrons donc nous sacrifier pour traverser le détroit afin d’aller voir tout ça de plus près. C’est d’ailleurs dans nos projets mais pour un peu plus tard, nous n’en avons pas fini avec l’Andalousie qui est devenue ces derniers mois notre véritable terre de cœur.

La Pointe de Tarifa

Comme nous l’avons mentionné en début d’article, notre principal intérêt pour Tarifa est son emplacement géographique et c’est plus particulièrement cette pointe qui nous intéresse! En réalité c’est une petite île où se trouvent un fort et un phare mais ils ne sont pas accessibles au grand public. Il y a un isthme qui relie cette îlot au continent et il est possible de se promener sur la chaussée d’accès. C’est assez fou car à droite viennent se fracasser les vagues de l’Océan Atlantique tandis qu’à gauche on trouve les eaux plus calmes de la mer Méditerranée. Tarifa est baignée par deux mers bien distinctes! Déjà ça, ce n’est pas rien! Et ce n’est pas tout! L’extrémité du cap est le point le plus méridional de l’Europe continentale*! En tant que grand passionnés de cartes et de points géographiques particuliers nous ne pouvions décemment pas laisser passer ça!!

*Par Europe continentale nous entendons la partie « continent » européen sans les îles. Sinon le point le plus méridional d’Europe se trouve à Gavdos, une petite île grecque située à une quarantaine de kilomètres au sud de la Crète. Tandis que pour l’Union Européenne, le sud extrême se trouve à la Restinga, sur l’île d’El Hierro, dans les Canaries, toujours en Espagne donc. Avec tous ces points, notre liste à idées n’est pas prête de cesser de se rallonger!

Côté terre, la pointe de Tarifa est surplombée par le château de Santa Catalina sur la colline du même nom. Nous ne pouvons pas y accéder à cause de travaux et c’est bien dommage car c’est un beau témoignage de l’histoire de la Guerre Civile Espagnole. L’édifice a été construit comme bâtiment défensif en 1933 avant d’être bombardé par les Républicains en 1936. Il fut reconstruit dans les années 1940 en pleine Seconde Guerre Mondiale et a été affublé des fameux bunkers qu’on peut encore trouver un peu partout en Espagne. Bon, pour ces derniers, nous les avons juste aperçu entre les palissades de chantier, mais ils sont bien là!

La Playa

Pour la playa, c’est du côté Atlantique que ça se passe. Il y en a bien une du côté Méditerranée pour ceux qui n’aiment pas les courants mais c’est vraiment tout mini. Elle se nomme d’ailleurs « Playa Chica », la petite plage. Le côté mer est plutôt réservé aux départs de ferries pour Tanger et au port de pêche, le détroit regorgeant de poissons.

Donc la « vraie » plage borde l’océan et il faut avouer qu’elle en jette! Ce sont presque huit kilomètres de sable fin, un peu malmenés par le vent c’est vrai, qui s’étendent le long d’une eau turquoise presque digne de la Mer Rouge! Et pour ne rien gâcher, le paysage de montagnes surplombant la playa est juste magnifique. Le tout fait partie de la réserve naturelle du détroit de Gibraltar qui abrite quelques espèces de faune et de flore endémiques. En plus, il paraît que plus on se dirige vers l’ouest, plus les plages sont belles! Promis, nous ne manquerons pas d’aller vérifier tout ça de plus près!

Par contre, avec les forts courants du détroit, rester sur le sable peut être désagréable et même dangereux, l’air y est constamment rafraîchi et on ne sent pas forcément les forts rayons du soleil sur la peau. Pour la baignade, ce n’est pas beaucoup mieux, c’est beaucoup plus adapté pour le wind-surf ou d’autres sports avec une planche de surf. En plus, l’eau est glacée, et c’est Fab le même pas frileux qui le dit!

Si vous êtes dans le coin, il peut valoir la peine de s’arrêter une petite journée à Tarifa. Si vous êtes des adeptes de coins pittoresques, préférez plutôt la route des villages blancs. Par contre, si vous êtes des fans de surf, planche à voile, kite-surf, etc.. Foncez! Le coin y est idéal pour la pratique de ces sports et l’ambiance de la station balnéaire est vraiment sympa!

Gibraltar : british style sur Méditerranée

Nous avons beaucoup été du côté de l’Atlantique ces derniers temps pour des raisons purement pratiques puisque l’océan ne se situe qu’à douze petits kilomètres de notre lieu d’habitation à Jerez. Cette fois, nous nous rendons un petit plus à l’est, du côté méditerranéen de la force.

Algeciras

Algeciras ne se situe qu’à une petite centaine de kilomètres au sud-est de Jerez mais les deux villes sont mal reliées entre elles par les transports publics. Nous avons d’ailleurs dû faire le trajet en BlaBlaCar. A propos de la ville d’Algeciras, circulez, il n’y a rien à voir! C’est super moche mais c’est une bonne base pour se déplacer ailleurs dans la baie. C’est le plus grand port d’Espagne et le quatrième d’Europe grâce à sa position stratégique sur le détroit de Gibraltar. Malgré le manque total d’intérêt touristique dans la ville, nous avons adoré le coin, surtout pour l’ambiance marquée par les voyages à travers le détroit. Nous ne sommes plus vraiment en Espagne, pas encore tout à fait au Maroc mais dans un espèce de melting pot où les habitants côtoient les gens de passage qui voyagent en ferry entre les deux continents. Ces différentes cultures, langues et histoires dotent Algeciras d’une âme unique que nous affectionnons tout particulièrement.

Gibraltar

Pour accéder à Gibraltar, il faut passer par la petite ville frontière de la Linea de la Concepcion. Il y a des bus toutes les trente minutes depuis Algeciras qui nous déposent à la station de bus à proximité de la douane. Si vous êtes en voiture, garez-là également du côté espagnol, la ville de Gibraltar n’est pas du tout adaptée aux voitures et les parkings y sont rares. Si vous voulez tout de même y faire le plein d’essence, moins cher côté anglais, il y a un rond-point juste après la station service qui vous permettra de retourner à la Linea pour vous garer.

La ville de la Linea de la Concepcion est aussi inintéressante que sa voisine Algeciras sauf pour sa plage qui vaut vraiment le détour et qui offre une superbe vue sur le rocher de Gibraltar.

Gibraltar appartenant au Royaume-Uni, il faut donc traverser une frontière depuis l’Espagne. Rassurez-vous, depuis le Brexit, le passage en douane s’est bien adouci.

Euh Van et Fab là je crois que le vin de Jerez a bien dû vous monter à la tête car un des but du Brexit est justement de NE PAS adoucir le passage à la frontière!

Eh bien, pour Gibraltar le Brexit a justement eu l’effet inverse, après d’âpres négociations entre Londres et Madrid of course! En effet, Gibraltar aurait perdu l’accès au marché commun de l’UE duquel il dépend énormément vu sa situation géographique. En plus, plus de 15’000 frontaliers passent la frontière chaque jour pour travailler à Gibraltar, plus quelques touristes comme nous, des automobilistes profitant du bas prix de l’essence ainsi que de fins gastronomes voulant profiter de l’exquise cuisine anglaise. Nan, pour le dernier point on déconne, bien sûr!

Un accord a finalement été conclu entre l’Espagne et le Royaume-Uni permettant la libre circulation des personnes et des marchandises entre les deux entités. Du coup, le passage d’un pays à l’autre n’est qu’une simple formalité. Imaginez le bordel à la douane sans cet accord! Oui c’est vrai, ça arrive parfois lorsque les douaniers espagnols font preuve d’excès de zèle à cause des revendications territoriales de leur gouvernement. On nous contrôle quand même nos passeports mais c’est surtout pour s’assurer que nous avons le « bon faciès » et le bon passeport. C’est horrible de dire ça comme ça mais c’est la cruelle vérité!

Une fois passé la douane, il reste une petite formalité à accomplir. Traverser la piste de l’aéroport… à pied! Bon ce n’est pas un gros hub avec plein de trafic non plus, il y a juste quelques vols quotidiens pour Londres et des barrières qui bloquent le passage en cas de décollage ou d’atterrissage d’un avion. Quand on a un territoire grand comme un mouchoir de poche, il faut optimiser l’espace et c’est plutôt bien foutu, à condition d’avoir des pilotes chevronnés car entre le rocher, la baie et la mer Méditerranée, ce ne doit pas être la piste la plus facile à appréhender!

Evidemment, entre la douane et les installations aéroportuaires, nous n’avons pas été autorisés à prendre des photos…

En fait, pourquoi Gibraltar est-il britannique?

A la base, l’histoire de Gibraltar ne diffère pas de celle de l’Andalousie. C’est à dire qu’elle a été sous domination musulmane avant la Reconquista espagnole. Mais, en 1704, pendant la guerre de succession d’Espagne, les Britanniques s’emparèrent de ce petit territoire. Le traité d’Utrecht qui signa la fin de la guerre en 1713 reconnut officiellement le Rocher comme propriété du Royaume-Uni. Bien évidemment, les Espagnols ont essayé à plusieurs reprises, et essaient toujours, de reconquérir le territoire, sans succès. Les habitants, quant à eux, ont toujours souhaité rester britanniques. C’est assez logique : nous avons remarqué que les gens à Gibraltar sont autant espagnols que le pudding.

Mais le Brexit pourrait changer la donne…. Gibraltar a souhaité, à une grande majorité, rester dans l’UE et n’exclut pas totalement une sortie du Royaume-Uni. De là à dire que la couronne espagnole va récupérer le rocher… Affaire à suivre…

Manque de bol, nous avons complètement zappé que le jour de notre virée à Gibraltar coïncidait avec les funérailles de la Reine Elisabeth II. Du coup, nous avons trouvé porte close à peu près partout sauf dans quelques pubs. Sur la place centrale, un écran géant rediffusait la messe d’enterrement de la monarque en direct depuis Westminster. Décidément, nous avons le don des mauvais timings! Ce n’est pas la première fois que ce genre de mésaventure nous arrive.

C’est également pour cette raison que nous avons renoncé à la montée en télécabine sur le rocher. (Et aussi pour les 18 £ soit 20,50€ ou 19,85 CHF) En effet, c’étaitt une des seules choses ouvertes en ville en ce jour de deuil national et c’était blindé de monde. En plus la météo était mitigée : couverture nuageuse le matin et calima l’après-midi, la vue n’aurait de toute façon pas été optimale.

Le centre-ville

La ville de Gibraltar se trouve au pied de son rocher sur la côte ouest, côté baie, donc à l’abri du vent qui peut parfois souffler violemment depuis le détroit. Pas de doute, nous sommes bien au Royaume-Uni avec ses pubs, son architecture victorienne et ses restos de « fish and chips ». Mais les parois abruptes du rocher, les constructions à flanc de coteau, le mini territoire, l’humidité de l’air et la végétation subtropicale nous rappellent Hong Kong qui, rappelons-le, était également une colonie anglaise jusqu’en 1997.

Et s’ils nous reste quelques doutes sur le fait que nous soyons bien au Royaume-Uni, nous avons des preuves ci-dessous! Bon d’accord le « Look left » (regardez à gauche) est un peu louche. Mais c’est parce-qu’à Gibraltar on roule à droite, comme dans le reste de l’Europe continentale.

Alameda Botanical Gardens

S’il y a bien quelque-chose qu’il faut laisser aux Britanniques, ce sont les jardins botaniques! Bon celui de Gibraltar n’est pas le plus pittoresque mais il a fallu composer avec le relief très mal plat du territoire. Et puis, après avoir vu celui de Kuala Lumpur et surtout celui de Singapour (tous deux fondés par les Anglais), il y a de quoi être blasé. Le climat étant très humide à cause des montagnes de la baie bloquant les nuages et également très doux, le jardin se dote d’une très belle végétation subtropicale (plus de 1900 espèces de plantes!) qui nous manque parfois. Nous retrouvons également les fameux dragons des Canaries. A Tenerife, on nous a bassiné avec ces dragons sur le fait qu’on en trouverait jamais ailleurs. Nous n’en avons jamais autant vus depuis que nous sommes en Andalousie!

Catalan Bay

Comme nous n’avons pas grimpé sur le rocher, nous l’avons contourné. Vu d’en bas, c’est un immense monolithe de calcaire haut de 426 mètres. Bien qu’il paraisse isolé, il fait partie des cordillères bétiques, trois chaînes de montagnes qui traversent la péninsule ibérique du sud-est au sud-ouest, en gros d’Alicante à Cádiz. Au sommet, on y trouve des grottes, les restes d’un fort et… des macaques! C’est la seule colonie de singes sauvages en Europe et une légende raconte que tant qu’ils y resteront, le rocher restera britannique.

Au pied de l’autre versant du rocher, se trouve Catalan Bay, surnommée affectueusement « la Caleta ». C’est le côté balnéaire de Gibraltar avec ses petites maisons colorées et sa petite plage plus adaptée à la pratique du surf qu’à la baignade. Malheureusement, ce côté idyllique ne va pas durer. Une marina et des buildings très moches sont déjà en cours de construction, alors qu’il y en a déjà côté baie, laissant les habitants légitimement très en colère!

Si vous avez de très bons yeux, vous pourrez deviner sur la première photo, une partie des côtes africaines. Ce ne sera pas facile car nous n’avons pas un zoom assez performant pour bien les faire ressortir et l’air est un peu flou à cause de la calima. Même nous qui les avons vues « en vrai » et qui savons où regarder, nous avons du mal à les retrouver sur la photo.

C’était sympa d’avoir fait une journée à Gibraltar et d’avoir, pour un temps, changé de pays. Mais nous ne sommes pas des fans du Royaume-Uni en général. Nos précédents séjour chez la Perfide Albion ne nous ont pas du tout enchantés et ce petit bout de territoire n’aura pas changé la donne. Nous n’avons même pas trouvé la douceur méditerranéenne à laquelle nous nous attendions un peu. Nous nous sommes bien marrés avec tous ces clichés « so british » mais ça s’arrête là. Nous ne sommes pas du tout à l’aise avec la froideur des gens et leur air très guindé. Et ils n’ont même pas une gastronomie digne de ce nom pour compenser un peu!

Vous ne verrez donc pas de sitôt d’autres articles sur le Royaume-Uni, à moins que nous ayons l’opportunité une fois de nous prélasser sur le sable fin des plages des Iles Vierges. C’est permis de rêver, non?

Kizkalesi et ses forteresses

Comme nous vous l’avons expliqué dans notre précédent article, notre périple par l’ouest se fera par la côte méditerranéenne. En effet, la Turquie connaît ces temps de fortes chutes de neige totalement inhabituelles pour un mois de mars. Il y a juste le sud qui est plus ou moins épargné par ce retour inattendu de l’hiver. Plus ou moins car la neige n’est pas tombée sur le littoral (mais on la voit bien sur les Monts Taurus pas loin!) mais la région connaît une vague de froid tout aussi inhabituelle avec des températures qui flirtent dangereusement avec zéro degré la nuit et qui ne dépassent pas dix degrés au plus chaud de la journée. Le tout accompagné d’un vent du nord glacial à décorner des bœufs. (Ceux qui connaissent la bise noire savent parfaitement de quoi nous parlons!) Enorme manque de bol : pendant le jour le plus froid, il y a eu une grosse panne d’électricité d’une bonne demi-journée et nous avons été privés de chauffage! Le réveil a été un peu rude ce jour-là, surtout pour Van la frileuse, mais, heureusement, tout a fini par rentrer dans l’ordre. Cette anecdote nous a quand même donné une bonne piqûre de rappel sur le fait qu’en Occident, nous avons quand même beaucoup de chance d’avoir accès à l’électricité et surtout au chauffage pendant l’hiver!

Malgré le temps maussade, nous reprenons quand même la route car notre temps n’est pas illimité et, selon les prévisions météo, nous avons bon espoir que la situation s’améliore les prochains jours. Depuis Adana, nous avons repris le train jusqu’à Mersin et ensuite un dolmus (un minibus local) jusqu’à la petite localité de Kizkalezi. Ce n’est qu’une petite station balnéaire un peu endormie à cette saison mais nous ne nous sommes pas arrêtés pour la baignade même si ces jours avec l’inertie, l’eau est probablement moins froide que l’air. Ce qui nous intéresse ce sont les quelques sites culturels qui se trouvent dans le coin et que nous sommes impatients d’aller découvrir.

Korykos beach et son château.

La ville a été fondée par des Romains au VIIIe siècle. Elle a connu ensuite, comme toute la région, différentes civilisations comme les Arméniens, les Chypriotes, les Mamelouks, les Karamanides, les Ottomans et finalement les Turcs d’aujourd’hui. La forteresse témoigne de toutes ces époques avec des nécropoles romaines, un arc de triomphe, des églises chrétiennes et des fortifications médiévales. Malheureusement, le site est fermé aux visites en hiver. Il se trouve sur une superbe petite plage aux eaux cristallines et, à voir les dépôts blancs sur le sable, bien salées. Côté terre, la végétation a été laissée à l’état sauvage et constitue un petit sanctuaire pour les oiseaux. D’ailleurs, à notre grande surprise, nous avons pu observer des espèces aux couleurs chatoyantes.

Kiz Kalesi

En turc, Kiz Kalesi signifie château de la jeune fille ou de la sirène selon les traductions. Le château en question se situe sur un petit îlot à environ 300 mètres au large de la plage et a donné son nom au village. On y accède en bateau mais seulement pendant la saison touristique. Apparemment, il existait une jetée qui reliait le continent à l’île mais, vu ce qu’il en reste, elle a dû essuyer de belles tempêtes. L’îlot a d’abord été habité par des pirates qui ont été chassés par les Byzantins qui y construisirent un premier fort. La forteresse que nous voyons aujourd’hui date du Royaume Arménien de Cilicie et date du XIIIe siècle. La Cilicie était la province romaine qui constitue aujourd’hui la plaine d’Adana et qui est voisine de la Lycie beaucoup plus connue. Vu depuis le continent, la forteresse paraît de taille modeste. Pourtant l’ensemble s’étend sur 15’000 mètres carrés et est entouré par 192 mètres de remparts.

Prenons un peu de hauteur!

Nous avons enfin une journée à la météo assez clémente pour nous permettre d’effectuer notre petite grimpette traditionnelle. Depuis le village de Kizkalesi, nous montons sur les collines environnantes, qui sont en fait les premiers contreforts de la chaîne des Monts Taurus. Nous marchons sur sept kilomètres entre les oliviers, les citronniers et des garrigues typiquement méditerranéennes. Malgré le vent du nord qui pique un peu, nous sommes ravis de pouvoir enfin crapahuter en nature!

Adamkayalar

Le but de notre balade se situe sur un petit promontoire rocheux haut de 140 mètres d’altitude. Oui, c’était une grimpette de santé! On y retrouve la ville antique d’Adamkayalar datant du IIe siècle, donc de l’Epoque Romaine. Les ruines sont un peu laissées à l’abandon entre les ronces et les pierres. Mieux vaut s’équiper de bonnes chaussures et d’avoir les chevilles bien accrochées pour se rendre sur le site!

Sur les parois de calcaire en face du site, il y a des trous creusés dans la roche. Ce sont des tombes qui datent de la même époque que la cité. Vu où elles se trouvent, les gens de l’époque étaient bien balèzes de creuser une nécropole dans des endroits aussi inaccessibles! De loin, on peut même apercevoir quelques gravures en bas-relief!

NB : Si vous cliquez sur nos photos, vous pourrez les agrandir. Ainsi vous verrez beaucoup mieux les tombes creusées dans la roche.

Nous savons pertinemment que dans l’Antiquité, si les villes étaient construites sur des éperons rocheux, c’était uniquement dans un but stratégique de défense. Mais nous pensons quand même que les Romains ont bien du kiffer la vue qui s’étend sur la côte, sur Kizkalesi (ok le village n’existait pas encore à l’époque!) et sur le magnifique canyon de Kizkalesi au fond duquel coule la rivière Karyagdi. Nous l’avons bien appréciée en tout cas et le paysage, bien que très calcaire méditerranéen, nous a rappelé les nombreux barrancos de Tenerife.

Nous avons bien aimé notre petit arrêt à Kizkalesi. Nous avons pu allier nature et culture et avons enfin retrouvé un peu de soleil, même si les températures ont encore de la peine à grimper. Mais si les prévisions météo sont correctes (spoiler : elles le sont rarement!), le printemps devrait s’installer durablement dans le courant de la semaine.

Qui dit printemps dit temps qui passe et si nous voulons respecter notre timing et rentrer en Espagne comme prévu en avril, il nous faut reprendre la route, toujours en direction de l’ouest où nous sommes sûrs de trouver encore quelques petites pépites qui feront notre bonheur!

Anamur et ses sites archéologiques

Comme nous vous l’avions annoncé dans notre précédent article, notre retour en Europe commence par un crochet par la Turquie car c’était un énorme coup de cœur et parce que nous avions envie d’y repasser encore un peu de temps. Retourner au sud à été motivé par les conditions météorologiques et par la logique de l’itinéraire pour rentrer en Espagne par voie terrestre. C’est pour ça que nous avons atterri à Antalya. Mais notre curiosité maladive nous a motivés à aller voir d’abord un peu plus à l’est avant de prendre la route du retour en Occident.

Gazipaşa

Nous faisons un premier petit arrêt à Gazipaşa située à environ cinquante kilomètres à l’est d’Alanya. La ville en elle-même n’a pas grand chose à offrir et elle n’est même pas tournée vers la mer! Elle est entourée d’un horrible océan de plastique constitué de serres en tout genre. Construite sur une étroite bande côtière au pied des Monts Taurus, elle ressemble à une ville de la plaine du Rhône, impression renforcée en cette saison avec la neige qui recouvre le sommet des montagnes.

Selinus

Si nous nous sommes arrêtés à Gazipaşa, c’est pour une première mise en jambe sur le site de l’ancienne Selinus. C’était une cité grecque fondée par les Phéniciens au VIe siècle avant Jésus-Christ dont il reste quelques ruines aujourd’hui notamment la forteresse sur une colline dominant la ville. Certes, les remparts ne sont pas aussi impressionnants qu’à Alanya, qui est vraiment un site de ouf, mais la petite montée est assez sympa. Selinus est connu pour être le lieu où est mort l’empereur romain Trajan qui, pour la petite histoire, est né à Italica, l’actuelle Santiponce près de Séville dans notre belle Andalousie. Nous avons donc visité son lieu de naissance ainsi que son lieu de décès.

Evidemment, au sommet il y a une superbe vue sur la plage, sur les monts Taurus et sur la mer Méditerranée qui ressemble toujours autant à un lac paisible.

Anamur

Nous continuons toujours notre périple vers l’est via une route vraiment pittoresque à flanc de coteau surplombant la mer Méditerranée et les plantations de bananes. (Ces paysages sont sur nos stories instagram) Malheureusement, la région a connu un épisode de gel il y a quelques semaines et les bananiers ont bien morflé et ont perdu leurs superbes feuilles vertes. Malgré cela, le paysage nous laisse bouche-bée même si notre oreille interne n’apprécie que moyennement tous ces virages. Nous comprenons mieux maintenant pourquoi la route principale Adana – Antalya passe par Konya.

Anamur se situe dans une cuvette au pied des monts Taurus. C’est le seul endroit plus ou moins plat à cent kilomètres à la ronde! La ville en elle-même n’est pas terrible mais elle possède quand même une petite plage, un peu tristounette en hiver, mais sûrement sympa en saison. Il y a un petit parc qui longe la plage en l’honneur de l’amitié entre la Turquie et la République Turque de Chypre du Nord. Non, ne cherchez pas, ce pays n’existe pas! Il n’est reconnu que par la Turquie. C’est la partie nord de l’île de Chypre, distante de seulement 64 kilomètres d’Anamur, qui a été envahie par la Turquie en 1974 et qui l’occupe encore actuellement militairement et qui crée un monstre bordel politique autant à Chypre que dans l’Union Européenne.

Anemurium

Ce site archéologique se situe à douze kilomètres à l’ouest d’Anamur dans la petite localité d’Ören. Il y a un dolmuş (un minibus qui assure le transport urbain) qui s’arrête à un petit kilomètre du site mais quand le chauffeur a su que nous allions à Anemurium, il a fait le détour pour nous déposer à l’entrée du site. Encore une fois, la gentillesse turque n’est plus à démontrer.

Anemurium était une ville fondée par les Grecs au Ier siècle avant Jésus-Christ pour devenir ensuite une ville importante de la province romaine de Cilicie située au sud-est de l’Anatolie. Le site archéologique est énorme, ce qui démontre bien la grandeur de la ville à l’époque. Nous sommes assez étonnés par le nombre de murs qui sont restés debout. Toutes ces ruines ne sont pas sans nous rappeler Kayaköy, le village fantôme de la voie lycienne en dessus d’Öludeniz même si ça ne date pas du tout de la même époque!

Il y a tout ce dont avait besoin d’une ville de cette envergure : un aqueduc, des églises, un théâtre, les petits bains, les grands bains, les bains centraux et les bains publics. Il n’y avait vraisemblablement pas de problème d’hygiène à Anemurium!

Le site est surplombé par une acropole qui signifie ville haute en grec (acro = haut et polis = ville) entourée de remparts. La forteresse est inaccessible sinon nous aurions évidemment effectué la petite grimpette!

Fun fact : le promontoire sur lequel se situe l’acropole est le point le plus au sud de l’Anatolie, appelée Asie Mineure du temps des Romains. Pas de Turquie, car la province d’Hatay, en Méditerranée Orientale, est plus méridionale mais d’Anatolie qui est la péninsule entre le Bosphore, la mer Méditerranée, la mer Egée, la mer de Marmara et la mer Noire. Pour nous, qui sommes passionnés de géographie, cette info a toute son importance et nous sommes contents d’avoir pu voir encore un point géographique intéressant.

La nécropole

Le truc impressionnant d’Amenurium, c’est que la nécropole s’étend sur presque la moitié de la superficie du site! Elle possède sa propre église dont les arcades sont superbement conservées. On peut y deviner différentes époques et différentes cultures car on y trouve des tombes directement creusées dans la roche ou des tombeaux dont certains sont très similaires à ceux que nous avons vu le long de la voie lycienne.

Côté mer

Anemurum était également un port important et la ville était donc tournée sur la mer. Malgré une météo un peu capricieuse et une mer complètement déchaînée, l’eau a une couleur incroyable et fait du site un vrai Tulum sur Méditerranée!

Mamure Kalesi

La forteresse se situe à six petits kilomètres à l’est du centre d’Anamur, elle est donc facilement accessible à pied. On y accède tout simplement par une superbe plage sauvage qui, en cette saison, s’apparente plus à la mer du Nord qu’à la Méditerranée.

L’emplacement idéal sur un petit promontoire rocheux avait déjà séduit les Romains puisqu’ils y construisirent un petit château au IVe siècle afin de se protéger des pirates. La forteresse actuelle a été construite au IXe siècle par les souverains du Royaume Arménien de Cilicie appelé ainsi car composé de réfugiés arméniens. Il a été agrandi au XIIIe siècle par les Seldjoukides puis par les Karamanides (en gros, des montagnards turkmènes). En 1469, les Ottomans annexèrent la région à leur vaste empire et modifièrent plusieurs fois le château pendant leur règne. Durant toute son histoire, le site avait un usage, bien sûr, défensif mais servait également de caravansérail.

Aujourd’hui, le château occupe un espace de 23500 mètres carrés et possède encore 39 tours et bastions reliés entre eux par d’immenses remparts. Nous en avons vu des châteaux mais celui-là restera un des plus impressionnants. Même notre magnifique château de Chillon sur le lac Léman n’est pas aussi pittoresque que celui-là!

Manque de bol, l’intérieur de la forteresse était fermée lors de notre passage. C’est vrai, rien que l’extérieur justifie amplement une visite. Nous avons quand même réussi à jeter un petit coup d’œil à la cour intérieure depuis les grillages.

La météo n’a pas été vraiment de la partie pour notre visite à Anamur, et encore, nous avons eu du bol, nous étions bien à l’abri quand un violent orage de grêle s’est abattu sur nous, mais nous avons quand même bien kiffé notre passage dans ce coin somme toute assez méconnu du sud de la Turquie.

Randonnées et découvertes sur la voie lycienne : de Fethiye à Demre

Pour une raison qui nous échappe, parcourir la côte lycienne en transports publics se fait plus facilement dans le sens ouest-est. Pas de bol, nous sommes du côté est. Depuis Antalya, nous prenons donc un bus qui nous emmène directement à Fethiye, du côté ouest donc. Par directement, nous entendons un bus qui passe « tout droit » dans les terres au lieu de suivre la côte qui s’avance sur plusieurs kilomètres en mer Méditerranée. Mais ce n’est pas si direct que ça, l’arrière-pays est très montagneux, nous roulons sur de petites routes de montagne et il nous faut franchir un col à plus de 1500 mètres d’altitude. Mais le paysage est pittoresque et nous ne voyons presque pas passer les quatre heures de trajet que nous avons mis pour parcourir les 192 kilomètres qui séparent les deux villes.

La côte lycienne, c’est quoi au juste?

C’est une côte de près de cinq cents kilomètres située en mer Méditerranée et en mer Egée. On doit son nom à la Lycie, une région antique de l’Anatolie. Les Lyciens étaient des pirates originaires de Crète qui se sont installés dans la région et se sont rarement assimilés aux grands empires qui dominaient le bassin méditerranéen dans l’Antiquité. Elle a ensuite été une province romaine de la Grèce Antique, puis byzantine avant de passer sous domination ottomane. Malgré les différentes dominations de l’histoire, les villages côtiers sont restés grecs orthodoxes jusqu’en 1923, date du Traité de Lausanne qui définit les frontières de la Turquie actuelle après la chute de l’empire ottoman suite à la Première Guerre Mondiale. Aujourd’hui, il reste pas mal de sites archéologiques de la Lycie et surtout, la voie lycienne, qui est un chemin de grande randonnée de plus de quatre cents kilomètres entre Antalya et Fethiye. Nous n’allons pas parcourir toute la voie à pied, nous ne sommes pas équipés pour de si grandes randonnées, mais nous allons quand même en découvrir quelques tronçons.

Fethiye

Fethiye sera donc notre point de départ de la côte lycienne. Elle se situe au bord de la mer Egée mais dans une baie bien profonde et montagneuse fermée par une île, nous avons plus l’impression d’être au bord d’un lac car nous n’apercevons pas du tout la ligne d’horizon typique des bords de mer. Le paysage nous rappelle d’ailleurs le Bouveret à l’extrémité est du lac Léman. La ville en elle-même n’est pas ouf, le bord de mer est rempli de yachts comme à St-Tropez. C’est la première fois depuis notre arrivée en Turquie qu’un lieu nous laisse un peu sur notre faim. Mais nous avons tellement vu des choses extraordinaires que quand c’est un peu moins bien, ça se remarque tout de suite.

Les tombeaux

Une fois n’est pas coutume, notre grimpette du jour ne nous emmène pas à un château mais à des tombeaux. Ces tombes lyciennes creusées dans la roche datent du IVe siècle et il y aurait même quelques lieutenants d’Alexandre le Grand qui y reposent.

Au sommet, il y a quand même une forteresse ou ce qu’il en reste. Elle date de l’époque des croisades et appartenait à l’Ordre des Chevaliers de Saint-Jean. Le site n’est pas sécurisé et il est strictement interdit de grimper sur le promontoire rocheux pour aller voir ça de plus près.

Ölüdeniz

Ölüdeniz se divise en deux parties : mer et montagne. Côté montagne, c’est un petit village perché à trois cents mètres d’altitude. Venant des Alpes, perché et trois cents mètres ça ne veut absolument rien dire mais dans le sud de la Turquie, ces trois cents petits mètres font la différence par rapport au littoral surtout que le relief est très escarpé. Le village en lui-même n’est pas fou et il est complètement dédié aux touristes anglais. Les prix sont affichés en pounds, les pubs anglais sont disséminés un peu partout dans la localité et, le pire du pire, la plupart des restaurants proposent de la gastronomie anglaise! WTF? C’est un énorme gâchis surtout que la cuisine turque est vraiment excellente! Malgré tout ses défauts, Ölüdeniz village est un point de départ idéal pour randonner sur la voie lycienne.

Côté mer, c’est tout autant touristique mais il y a le lagon bleu, appelé ainsi pour ses eaux calmes et cristallines, qui vaut le coup d’œil.

Nous avons préféré chausser nos baskets et parcourir une partie de la voie lycienne en dessus d’Ölüdeniz. Nous traversons une superbe forêt de pins dans une réserve naturelle à laquelle appartient également le lagon bleu. Nous avons vu une quantité incroyable d’oiseaux dont la plupart des espèces nous est inconnue. Ce sont sûrement des espèces endémiques de l’est méditerranéen. Le clou du spectacle est la vue incroyable depuis le chemin sur la mer Egée et ses côtes très découpées.

Kayaköy

La voie lycienne est plus qu’un chemin de grande randonnée. C’est une région chargée d’histoire de l’Antiquité à nos jours. Kayaköy en est un bel exemple. C’était un village grec appelé Livissi jusqu’à la chute de l’empire ottoman quand tous les grecs chrétiens furent expulsés d’Anatolie dans les années 1920. Le village a été ensuite partiellement repeuplé par les Turcs jusqu’en 1957 quand un séisme en détruisit une bonne partie impliquant l’abandon complet du village. Nous pensions juste trouver quelques ruines disséminées mais c’est un grand village qui s’offre à nous occupant deux flancs de montagnes. Il possédait même un petit château et une jolie église orthodoxe datant du XIXe siècle mais dont l’accès est interdit pour des raisons de sécurité. C’est un peu surréaliste de déambuler dans les anciennes ruelles de cette ville fantôme, nous avons un peu l’impression de débarquer après l’apocalypse.

Kaş

Nous continuons notre exploration de la côte par une superbe route surplombant la Méditerranée et ses îles pour enfin arriver à la petite ville de Kaş (à prononcer comme Cash). Le coin est dédié au tourisme mais à petite échelle, ce n’est pas trop gênant. A cause du relief très escarpé, il n’y a pas de longue plage de sable, ça élimine déjà le tourisme de masse balnéaire. Ici, les visiteurs viennent principalement pour la plongée et pour la randonnée. Il faut dire que le paysage de cette côte très montagneuse et très découpée est juste superbe. Cerise sur le gâteau, toute la zone autour de Kaş est classée réserve marine : la pêche y est interdite, les gros bateaux y sont interdits et la plongée y est autorisée mais à des conditions très strictes.

Théâtre Antiphellos

Il est même possible de trouver un peu de culture à Kaş, à juste cinq cents mètres en dehors de la ville. Cet amphithéâtre daterait du Ier siècle avant Jésus-Christ en pleine période grecque. Il a été restauré afin de pouvoir accueillir diverses représentations théâtrales. Le plus impressionnant est sa situation entre forêt de pins et une des baies de Kaş.

Big Pebble Beach

Il faut creuser un peu pour trouver cette petite merveille car elle se situe à un bon kilomètre du centre-ville de Kaş. Ce n’est pas la plage en elle-même qui est impressionnante car ce sont des galets, comme souvent dans la région, mais les falaises de calcaires qui se jettent dans une eau cristalline que ne renierait pas la mer des Caraïbes. Grâce à sa situation bien protégée dans la baie, la mer est très calme ce qui en fait un lieu idéal pour la pratique du paddle.

Nous profitons de notre passage à Kaş pour tester un autre tronçon de la voie lycienne. Le chemin est un peu scabreux par endroits, il faut escalader des rochers ou s’agripper à une corde. Nous, on adore ça mais nous comprenons aisément que ce n’est pas donné à tout le monde. L’environnement est assez sympa entre baies découpée, falaises de calcaires et forêts de pins. En chemin, nous pouvons observer quelques tombeaux lyciens dont certains sont creusés dans la roche.

Pour changer, nous sommes toujours autant fascinés par la vue qui s’offre à nous! Ce qui rend le chemin encore plus dangereux car comment se concentrer sur nos pas avec un panorama pareil!

Bilal’s Beach

Notre randonnée nous mène à Bilal’s Beach, perdue au fond d’une baie accessible seulement à pied ou par bateau. Une vraie ambiance paisible de bout du monde nous y attend même s’il y a quelques bungalows aménagés pour touristes en quête de calme. L’eau y est tellement claire que nous avons pu distinguer une riche faune marine juste en observant l’eau depuis un des pontons.

Demre

La ville de Demre est beaucoup moins pittoresque que Kaş et elle n’est pas du tout tournée sur la mer, pourtant toute proche. Elle est entourée d’un véritable océan de plastique, l’agriculture sous serre étant la principale ressource économique du coin. Et ça se ressent, la ville est un peu figée dans le temps, un peu conservatrice et il y a très peu de jeunes qui préfèrent émigrer dans la dynamique Antalya. Demre vaut quand même le détour pour ses sites aux alentours.

Demre Kuş Cenneti

Lors de notre arrivée sur Demre par la route, nous avons surplombé une belle zone humide typique de Méditerranée. Il nous fallait absolument aller voir ça de plus près. Le Kuş Cenneti (paradis des oiseaux en turc) se trouve à trois petits kilomètres du centre de Demre et y accéder est très facile, c’est tout plat (pour une fois!) et sur des routes peu fréquentées.

Dans cet Albufera turc, on y compte jusqu’à 149 espèces d’oiseaux. Nous en avons aperçus plusieurs dont des flamands roses, des ibis, des grues et des martins-pêcheurs. Le paysage côtier est complètement différent du reste de la côte lycienne. Le relief y est tout autant découpé mais les montagnes ne se jettent pas directement dans la mer. Il y a une belle zone de lagunes et d’étangs entre les deux.

Andriake

Dans cette superbe zone humide se trouvent les ruines de la cité d’Andriake qui était le port de la ville antique de Myra (Demre à l’époque de la civilisation lycienne) On peut y reconnaître l’agora (l’équivalent grec du forum romain), deux églises et des bains thermaux. Le site n’est pas d’une conservation remarquable mais l’environnement compense totalement cet état de fait.

Myra

Un peu en dehors au nord de Demre, se trouve le site de l’ancienne cité de Myra dont il reste principalement le théâtre et la nécropole. C’était une ville importante autant à l’ère lycienne qu’à l’époque romaine. Le théâtre a été construit par les Grecs, il reste d’ailleurs encore des inscriptions en grec ainsi que des masques de tragédie grecque gravés dans le marbre, mais il a été détruit par un tremblement de terre en l’an 141. Les Romains en construisirent un plus grand sur les ruines de l’ancien. Lors de notre visite, deux femmes ont entamé des chants lyriques afin de tester l’acoustique du lieu et nous avons été impressionnés par la qualité du son qui se répand dans chaque coin de l’édifice.

La nécropole

On date cette magnifique nécropole au Ve siècle avant Jésus-Christ. La plupart des tombes sont directement creusées dans la roche, une vraie prouesse pour l’époque! Les tombeaux étaient décorés par une représentation du défunt, de ses parents et de ses amis. Avec le relief méga accidenté, nous sommes assez scotché par la beauté et la finesse de cette architecture datant de plusieurs millénaires!

C’est avec Demre que se termine notre superbe boucle sur la côte lycienne qui nous a vraiment impressionnés par son paysage et son histoire. Notre coup de cœur a été pour la région de Kaş mais toute la côte mérite une visite. Et nous n’en avons vu qu’une petite partie!

Notre séjour en Turquie touchant gentiment à sa fin, nous retournerons ensuite sur Antalya puis sur Istanbul d’où nous nous envolerons vers de nouvelles aventures. Si tout se déroule comme prévu, ce sera le 3 novembre. Nous profiterons des quelques jours qui nous restent pour préparer la suite et notamment nous soumettre à un test PCR dont le résultat décidera si nous pourrons vraiment nous envoler vers d’autres cieux. Et évidemment, nous vous préparerons notre traditionnel bilan sur notre séjour dans ce magnifique pays.

Alanya, sa citadelle, ses environs et le site archéologique de Sidé

Nos aventures ferroviaires sont déjà terminées mais les trajets en bus sont tout autant confortables et le paysage depuis Konya est, encore une fois, pittoresque! Après cinq heures de voyage, une traversée des montagnes et un gain de plus de dix degrés, nous voici enfin sur la côte méditerranéenne pour notre plus grand bonheur!

Kleopatra Beach

Au premier abord, Alanya n’est qu’une quelconque station balnéaire avec ses alignées d’hôtels, de bars, de restaurants, de chaises longues et ses hordes de touristes russes. Mais elle se situe dans une baie protégée et pittoresque au pied des Monts Taurus

Il paraîtrait que la reine Cléopâtre herself est venue se baigner dans le coin d’où le nom de la plage. Elle a sûrement dû en profiter de se faire un gommage car le sable est vraiment grossier. En plus, le rivage est en pente, ce n’est pas vraiment idéal pour les longues promenades sur le sable que nous affectionnons tant. Par contre, l’eau est vraiment claire et la température est encore bien agréable pour la baignade, et c’est Van la Frileuse qui le dit! Et pour marcher, la municipalité a pensé à tout puisqu’elle a aménagé un long chemin piéton ainsi que des jardins en bord de mer, loin de la grande route et de son trafic.

La citadelle

Evidemment, nous ne nous sommes pas arrêtés à Alanya uniquement pour la playa, mais également pour sa culture. Et puis, ce n’est pas parce-que nous ne sommes plus en Espagne que nous devons renoncer à notre petite grimpette du jour! Mais pour ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas grimper la colline, pas de panique, il y a un télécabine qui vous emmène au sommet! Nous, nous préférons y monter à pied, pas pour des raisons de budget car le prix est encore relativement raisonnable pour ce genre d’attraction (20 TL la montée soit 1,90€ ou 2,05 CHF et 39 TL l’aller-retour soit 3,75€ ou 4 CHF), mais pour le plaisir de faire travailler nos gambettes. La citadelle culmine à 250 mètres et le chemin d’accès est assez facile. Nous marchons à l’ombre des maisons du quartier à flanc de côteau d’Alanya et ensuite dans une magnifique forêt de pins, ce n’est donc jamais en plein cagnard. Déjà, la vue sur la ville et sur Kleopatra Beach est époustouflante

Si nous faisons abstraction des boutiques de souvenirs, la forteresse au sommet vaut amplement l’effort fourni! La muraille date du XIIIe mesure près de sept kilomètres de long en épousant le relief très escarpé de la colline. Ils ont dû rigoler pour construire tout ça à l’époque! Alanya appartenait au sultanat de Roum, le même que celui des mausolées de Konya, dont la ville était un avant-poste sur la Méditerranée. A l’intérieur de la citadelle il y a, outre les fameuses boutiques, un petit musée, une mosquée, quelques cafés et surtout, une vue à couper le souffle! Avec le temps ensoleillé et splendide que nous avons, la Grande Bleue est vraiment super calme et ressemble à un vrai lac sans la moindre petite vaguelette!

Le port et la Tour Rouge

Nous décidons de descendre la colline par l’autre versant, c’est-à-dire à l’est et nous avons trop raison car ce côté-ci est encore plus pittoresque qu’à l’ouest! Nous nous rendons mieux compte de la longueur des fortifications et la vue sur le port et sur les Monts Taurus est vraiment incroyable. La tour au pied de la citadelle fait partie de l’ensemble défensif, elle est juste plus emblématique à cause de sa couleur rouge. Dans le port, nous apercevons de magnifiques galions reconstitués. Ils sont utilisés comme discothèques flottantes pour touristes en mal de divertissements mais nous les trouvons tout de même assez majestueux.

Dim çayi

Nous profitons d’une météo superbe pour nous éloigner un petit peu de la mer (mais pas trop, hein! Juste huit petits kilomètres!) afin de découvrir l’arrière pays et de faire quelques pas. Le Dim çayi est un barrage (oui, en anglais ça fait Dim Dam!) de 134 mètres de haut construit en 2008 sur la rivière Dim afin de fournir de l’électricité à toute la région d’Alanya. Le lac de retenue au sommet du barrage nous offre un paysage magnifique au milieu de montagnes verdoyantes. Malheureusement, toute l’étendue d’eau est entourée par un grillage pour éviter tout accident et les piétons doivent rester sur la route. Au pied du barrage, dans la rivière, se trouvent ce qu’on appellent des « Piknik restaurants » avec des tables basses et des petits fauteuils qui rappellent l’ambiance d’un pique-nique tout en se faisant servir comme dans un restaurant. Nous trouvons le concept un peu kitch mais pas totalement dénué d’intérêt.

Pour y accéder depuis le centre-ville, il suffit de prendre un dolmuz, ce qui signifie minibus en turc même si à Alanya, ça s’apparente plus à un bus urbain.

Sidé

Le système de transports public étant vraiment top et bien organisé en Turquie, nous parcourons les 64 kilomètres qui séparent Alanya de Sidé en dolmuz. Il faut juste effectuer un changement dans la petite ville de Manavgat.

Old town

Side possède un mini-centre historique même s’il a été bien « Disneylandisé » pour l’industrie touristique. Il est quand même tout mignon avec ses petites maisons ottomanes en bois même si les constructions nous rappelle un peu des chalets de montagnes. C’est fou, après des années à parcourir le monde et à prôner la tolérance et l’ouverture d’esprit, notre cerveau reste parfois tellement formaté pour certaines choses même si, ici, il ne s’agit que d’architecture. Elles ont bien le droit de profiter de la douceur méditerranéenne ces maisons-chalets, non mais! Une des particularité c’est que le sol d’une bonne partie du quartier est en verre afin de pouvoir observer les ruines de l’antique Sidé sous nos pieds.

Le site archéologique

Le site antique se situe sur un promontoire rocheux qui s’avance dans la mer Méditerranée. Ce ne sont pas les vestiges les mieux conservés que nous ayons vus mais le décor entre mer et champs d’oliviers vaut le coup d’œil. Se promener entre nature et vieilles pierres est bien agréable surtout que l’espace est grand, nous ne subissons jamais la foule. Quelques bas-reliefs sont encore visibles et nous pouvons en déduire qu’à Sidé, il y avait des sculpteurs hors pair!

On en sait très peu sur la fondation de la ville. On sait qu’elle prit de l’importance pendant l’empire achéménide, un empire perse qui couvrait tout le Golfe Persique ainsi que la Méditerranée orientale avant de se soumettre à Alexandre le Grand, donc à la Grèce antique en 333 avant Jésus-Christ. Elle déclina pendant l’Empire Romain avant de connaître un petit redressement à l’époque byzantine (V-VIe siècles). On y voit d’ailleurs les ruines des toutes premières basiliques chrétiennes. La cité a complètement été abandonnée pendant les raids arabes du VIIe siècle. Voilà pourquoi la conservation du site n’est pas optimale. Cependant, il y a encore des fouilles archéologiques en cours ainsi que des travaux de restauration sponsorisés par un gros complexe hôtelier du coin.

Temple d’Apollon

Le clou de la visite est le temple d’Apollon dont les vestiges dominent la mer Méditerranée. Il doit dater du règne d’Alexandre le Grand puisque, rappelons-le, Apollon faisait partie de la mythologie grecque. C’était le dieu des arts, du chant, de la musique, de la beauté masculine, de la poésie et de la lumière. Les habitants de Side devaient particulièrement aimer les arts s’ils lui ont dédié un temple dans le plus bel endroit de la ville! Athena (la déesse grecque de la guerre) devait également être appréciée puisque son temple y était construit à proximité mais il n’en reste presque plus rien aujourd’hui.

Autant Alanya que Sidé possèdent un musée archéologique. Ils ont l’air intéressant mais nous sommes tellement contents d’avoir du soleil et des températures estivales que nous n’avons pas vraiment envie de nous enfermer dans un musée!

Manavgat waterfalls

Vu que nous sommes dans le coin, nous profitons d’aller jeter un coup d’œil au cascades de Manavgat sur la rivière du même nom. Franchement, nous aurions pu nous en passer! Le coin a été aménagé rien que pour les touristes avec cafés et chaînes de fast-food à gogo et la cascade en elle-même n’est pas très impressionnante. Bon, il est vrai qu’après avoir vu Iguazu, il y a de quoi être blasé! C’est plutôt la clarté et la couleur de l’eau qui nous a fascinés.

Comme il n’y a que trois kilomètres jusqu’au centre ville de Manavgat, nous décidons de rentrer à pied plutôt que de reprendre le dolmuz. Nous longeons la rivière dans un endroit beaucoup plus sauvage. Nous sommes d’ailleurs seuls au monde. Si l’eau est vraiment belle, il est fortement déconseillé d’y nager, les courants sont vraiment forts et dangereux et accessoirement, l’eau est froide (Oui, Van a testé pour vous en y trempant sa main!) Nous marchons également à travers les champs d’oliviers et de grenadiers. Ces derniers regorgent de belle grenades mûrissant au soleil en cette saison.

Ce petit coin de Turquie nous aura donné de la nature, de la culture, de l’histoire, la mer, des températures estivales, des rencontres incroyables et des plats savoureux. Que demander de plus? Nous avons vraiment été enchantés par tout ce que nous avons vu, appris, ressenti ou goûté! Espérons que la suite nous donnera également quelques bonnes surprises….

Pour finir encore plus en beauté, voici un magnifique coucher de soleil sur la Méditerranée vu depuis Alanya!

Málaga, la plus méditerranéenne des Andalouses

Encore une fois, ce n’était pas notre premier choix de nous rendre à Malaga mais comme c’est en partie le budget qui décide, nous avons trouvé des offres de logement plus sympas de ce côté-ci de l’Andalousie. Comme la ville se trouve en bord de mer, nous n’avons pas hésité longtemps à nous y rendre. Comme vous le savez, nous sommes des amoureux de la mer et ça fait quand même une semaine que nous ne l’avons pas vue!

Malaga est également une ville où nous sommes déjà venus auparavant mais aussi en coup de vent. C’était, à l’époque, la seule ville d’Andalousie connectée directement par voie aérienne à l’aéroport de Genève, grâce à la compagnie low coast de couleur orange.

Malaga n’est de loin pas aussi pittoresque que les autres grandes villes andalouses mais elle a une douceur de vivre et un caractère bien à elle. Le fait qu’elle soit tournée vers la mer est un vrai atout et son climat doux lui donne une ambiance presque tropicale. Ses cafés et restaurants branchés, son front de mer, son centre historique très éclectique, ses sols en marbre et sa baie protégée par les montagnes lui donnent un air de riviera italienne, ce qui n’est pas pour nous déplaire.

Centre historique

Après les centres historiques de dingues de Granada et de Córdoba, celui de Málaga fait un petit peu pâle figure à côté mais il n’est pas inintéressant pour autant. La ville a été fondée par les Phéniciens il y a plus de trois mille ans et a connu une histoire similaire à celles des autres villes espagnoles : l’époque romaine, les Wisigoths, les Maures puis les Chrétiens lors de la Reconquista. Au début du XIXe siècle, la ville est envahie par les troupes napoléoniennes. Ensuite, dès 1812, Malaga devint la pionnière de la révolution industrielle en Espagne et la ville connut une certaine prospérité grâce à la sidérurgie et à l’arrivée du chemin de fer. De nombreux bâtiments du centre historique datent d’ailleurs de cette époque.

Le théâtre romain

Superbement situé au pied de l’Alcazaba, le théâtre a été découvert par hasard dans les années 1950 lors de la construction d’une maison. Il date de l’époque d’Auguste et sa situation au pied de la colline lui permettait d’avoir une très bonne acoustique. Les objets trouvés lors des fouilles sont exposés dans le petit centre d’interprétation situé tout à côté. Il vaut la peine d’y aller faire un petit tour surtout que l’entrée est gratuite. Nous ne savons pas par contre si c’est une mesure prise pendant la pandémie ou si la gratuité va se poursuivre à plus long terme.

Cathédrale de l’Incarnation

Bon, après avoir vu les gigantesques cathédrales de Granada et de Murcia, nous commençons à devenir un peu blasés. Pourtant, c’est un très bel édifice Renaissance que nous offre Málaga. Cette fois, pas de mosquée à cet emplacement, l’édifice est original et les travaux ont duré de 1528 à 1782. La cathédrale paraît asymétrique car elle est inachevée, il manque une tour côté sud. Les habitants l’appellent d’ailleurs « la manquita » (la manchote). Nous n’avons pas trouvé pourquoi il manque une tour mais ce n’est apparemment pas dû à une particularité technique vue que les autorités municipales actuelles songent à construire la deuxième.

Colline du Gibralfaro

Après une Córdoba désespérément plate, Malaga nous offre enfin une petite grimpette jusqu’à l’altitude honorable de 130 mètres. Le sentier est très facile mais vraiment sympa au milieu d’une magnifique pinède offrant un peu de verdure et d’ombre au milieu de la ville.

Château de Gibralfaro

La récompense au sommet est cette immense forteresse construite au XIVe siècle sur un ancien site phénicien. Le but de cette fortification était de protéger l’Alcazaba située en contrebas. En 1487, le château fut assiégé par les rois catholiques et Ferdinand II d’Aragon décida de s’y installer. Aujourd’hui, seule la muraille est vraiment bien conservée mais l’intérieur a été aménagé en jardin subtropical et c’est vraiment sympa de s’y promener.

La promenade des remparts

Le clou du spectacle est la promenade sur les remparts d’où on peut profiter d’une superbe vue sur Málaga, la mer Méditerranée et la Sierra Blanca. Automne oblige, le ciel est voilé d’une légère brume mais par temps très clair, il est possible d’apercevoir la chaîne de montagnes du Rif située de l’autre côté du détroit de Gibraltar, en Afrique du Nord.

L’Alcazaba

C’est sûrement le plus beau monument de Malaga et un très bon lot de consolation de ne pas avoir pu visiter l’Alhambra de Granada. L’Alcazaba date du XIe siècle, en pleine époque musulmane mais elle a été bâtie sur un ancien site romain. D’ailleurs elle se situe juste au-dessus du théâtre romain dont certaines pierres ont été utilisées pour sa construction. Elle avait un rôle défensif et était reliée directement aux remparts de la ville, aujourd’hui disparus mais elle faisait également office de résidence du gouverneur. Après la prise de la ville par les catholiques, plusieurs rois y ont habité.

L’intérieur

L’architecture est typiquement arabe avec ses patios, ses fontaines, ses mosaïques et ses arches. L’alcazaba aurait été construite sur le modèle du Krak des Chevaliers, une autre forteresse musulmane de ouf située près de Homs, en Syrie. Oui, il est évidemment sur notre liste mais la Syrie c’est un peu craignos en ce moment…

Aujourd’hui, l’alcazaba est le patrimoine le mieux conservé de tout l’ancien royaume d’Al-Andalus.

Même si l’usure du temps est passée par là, on peut encore admirer le travail d’orfèvre des Arabes qui avaient (et ont toujours) vraiment le sens du détail.

L’enfant du pays

Désolés Mesdames, (ou Messieurs aussi!) si vous vous étiez préparées à vous pâmer devant le bel Antonio Banderas vous allez être déçues car nous n’allons pas parler de l’acteur espagnol, bien qu’il soit natif de Málaga. Nous allons vous parler d’un autre enfant du pays encore plus célèbre : Pablo Picasso. Même les plus incultes en histoire de l’art (comme nous) savent qui est Picasso! Il est né en 1881 sur la place de la Merced dans le centre-ville juste à côté du théâtre romain, où il passera les dix premières années de sa vie avant le déménagement de sa famille en Galice. A part pour quelques séjours à Málaga pour les vacances, Picasso ne vécut plus jamais dans sa ville natale même s’il se revendiquait profondément « Malagueño ». Il refusa même la nationalité française bien qu’il ait vécu la plupart de sa vie en France. La ville de Malaga rend hommage au peintre avec une fondation Picasso située dans sa maison natale et un musée Picasso où sont exposées quelques-unes de ses œuvres. Nous n’y sommes pas rentrés car la capacité maximum de personnes, restreinte à cause de la Covid-19, était atteinte et nous n’étions pas motivés à faire la queue.

Côté mer

Le grand atout de Malaga c’est indéniablement son front de mer! Enfin, nous ne savons pas si nous pouvons vraiment parler de mer car l’eau est tellement calme que ça s’apparente plus à un lac. Grâce à sa position au fond d’une baie surmontée de hautes montagnes Malaga est protégée des courants. Pourtant le détroit de Gibraltar et les forts vents de l’Atlantique ne sont plus très loin.

Playa de la Malagueta

Si Malaga ne brille pas par son centre historique (et encore, ça se discute!), elle se rattrape par sa plage! Franchement, connaissez-vous beaucoup de villes avec une plage urbaine aussi belle? Même la Barceloneta ne lui arrive pas à la cheville et beaucoup de stations balnéaires prisées de la Costa del Sol non plus! La plage de la Malagueta, longue d’un bon kilomètre, est bien protégée des courants et ensoleillée tout au long de l’année, de quoi faire bronzette, même en hiver! (Euh… peut-être pas pour Van)

Parque de Malaga

Ce qui nous a attiré dans ce lieu, c’est la végétation tropicale qui nous rappelle, un peu avec nostalgie, de bons souvenirs d’Asie du Sud-Est. Málaga a un climat très doux et des espèces comme les hibiscus, les frangipaniers ou encore les oiseaux de paradis s’y plaisent bien. Le parc longe le front de mer car c’est l’endroit le plus humide de la ville. Les premières plantation datent de 1899 mais un remaniement complet du jardin eut lieu en 2007 avec l’ajout de 300 espèces de plantes supplémentaires. Des bancs et des fontaines typiquement andalous ornent le jardin.

Les perruches de Malaga

On en trouve par milliers dans tous les espaces verts de la ville. On les entend surtout car elles ne sont pas du tout discrètes! Ces magnifiques perruches sont des cornures veuves et appartiennent à la famille des perroquets. Elles nous viennent tout droit d’Argentine mais se sont parfaitement adaptées au climat méditerranéen au point d’en devenir presque invasives.

Petit tipp spécial backpackers : si vous passez par Málaga le dimanche, les lieux culturels (château, alcazaba, musées, etc…) y sont gratuits l’après-midi dès 14 heures! Attendez vous juste à y voir du monde!

Málaga n’a pas la beauté de ses sœurs andalouses comme Grenade ou Cordoue mais elle a une douceur de vie unique que nous avons vraiment bien appréciée. Le fait qu’elle soit tournée vers la mer lui donne un caractère un peu balnéaire et chill. Un vrai coup de cœur en ce qui nous concerne.

Malaga sera déjà l’avant-dernière étape de notre petit trip au sud de l’Espagne. Nous avons déjà notre billet de train depuis Séville pour notre retour à Valence car pour bénéficier des prix dégriffés de la RENFE, il faut s’y prendre à l’avance. Mais nous allons profiter de nos derniers jours en Andalousie et ensuite, nous pourrons prendre le temps de plancher sur un nouveau projet de voyage pour cet hiver. Ce ne sont pas les idées qui nous manquent mais vu les circonstances actuelles, nous ne savons pas encore ce qu’il sera possible de faire. Mais, sauf nouveau confinement, il y aura quelque-chose de nouveau.

Torrevieja & Murcia

Notre but premier était de continuer le long de la côte afin de rejoindre la ville de Cartagena. Mais l’offre des logements en a décidé autrement. Impossible de trouver un lieu où dormir à Cartagena sans exploser le budget. Il nous a donc fallu trouver un plan B et changer notre itinéraire. Mais nous sommes habitués à ce genre de changements de dernière minute et nous trouverons sûrement d’autres coins sympas à découvrir. Cartagena ne sera pas pour cette fois, à moins que nous trouvons une solution de repli à la dernière minute.

Torrevieja

Torrevieja fait encore partie de notre plan A. C’est notre dernière étape dans la Communauté Valencienne car la ville s’y situe à l’extrême sud. Après il y a … (ceux qui ont répondu Andalousie ont perdu!) la région de Murcia qu’on a tendance, c’est vrai, à oublier tant c’est une toute petite communauté autonome peu connue coincée entre la Communauté Valencienne, la Castille-la-Manche et l’Andalousie.

Nous n’attendions absolument rien de Torrevieja, c’est juste une station balnéaire et une étape idéale avant de continuer en direction du sud. Pourtant, l’ambiance est plutôt sympa. C’est très cosmopolite; beaucoup de ressortissants d’Europe du Nord ou de l’Est y vivent à l’année, mais ça a gardé un caractère très espagnol. Ce n’est ni Majorque, ni Benidorm. Il paraîtrait même que Torrevieja serait la ville de moins de 100’000 habitants la plus cosmopolite d’Europe! D’ailleurs, si nous devions vous recommander qu’une seule station balnéaire en Espagne, ce serait Torrevieja.

Le bord de mer

Le truc de ouf à Torrevieja, c’est le bord de mer! A part une plage de sable, très belle soit dit en passant, il n’y a que des rochers formant des piscines naturelles. L’environnement y est assez grandiose! Et comme le tout forme de petites baies protégées, on peut s’y baigner très tôt au printemps et jusqu’à très tard en automne. Début octobre, la température atteignait les 30 degrés et les plages étaient encore bien fréquentées. Et pas seulement par des Suédois pas du tout frileux! A noter que la qualité de l’eau de la Méditerranée est assez exceptionnelle et, à part la température, elle n’a pas grand chose à envier au Golfe de Thaïlande ou autres mers du sud.

Les salines

A l’instar de Santa Pola, Torrevieja possède ses propres salines. Ce sont d’ailleurs les mêmes! C’est la plus grande saline d’Europe. L’extraction du sel pèse presque autant que l’industrie touristique dans l’économie de la ville. La particularité du lac salé est sa couleur rose qui est due à une bactérie qui y vit et qui libère un pigment rosé qui se propage grâce à la très haute teneur au sel de l’étendue d’eau.

Malgré notre changement d’itinéraire, nous ne regrettons pas d’avoir par passé par Torrevieja, surtout pour sa douceur de vivre.

Murcia

Comme nous n’avons pas pu aller à Cartagena pour les raisons citées plus haut, nous nous sommes rabattus sur Murcia. Nous n’en attendions vraiment rien et même notre hôte nous a averti qu’il n’y avait pas grand chose à voir. Mais vous nous connaissez, il fallait que nous aillons voir ça de nos propres yeux pour nous faire une opinion. Il nous a fallu une bonne heure et demie de bus depuis Torrevieja à travers la Cordillera Sur, une chaîne de montagne aride qui n’a pas beaucoup à envier au paysage d’Oman.

Le centre historique

Effectivement, le centre historique est assez petit, la faute à diverses crues de la rivière Segura. La ville a même été presque entièrement détruite à cause d’une grande inondation au XVIIe siècle. Mais le peu de bâtiments que nous pouvons observer sont vraiment beaux, dans un style mi andalou, mi Renaissance italienne.

Convento San Domingo y Capilla del Rosario

La construction de ce complexe religieux a été entamée dès le XIIIe mais des modifications ont été apportées au fil du temps jusqu’au XVIIIe siècle. Les nombreuses guerres que connut la région mirent plusieurs fois à mal le couvent. Au XIXe siècle, le bâtiment a été donné aux Jésuites qui l’occupent encore aujourd’hui.

Real Casino

Comme son nom ne l’indique pas, ce n’est PAS un casino. Cet édifice complètement ouf à été construit au XIXe siècle et servait de club privé pour les habitants fortunés de Murcia. Son architecture mixe les différents courants artistiques existants en Espagne à cette époque.

Côté arabe

Le patio d’entrée nous emmène tout droit dans un conte des Mille et Une Nuits. Vous aurez reconnu l’architecture islamique. C’est de l’art appelé néonazari (attention ne lisez pas ce mot trop vite pour ne pas faire un amalgame avec un courant de pensée d’extrême droite!) ou tout simplement « art de Grenade« . Ces termes désignent la dernière époque de l’art hispano-musulman en Espagne.

Côté Angleterre

On retrouve un côté so british avec la bibliothèque et la salle de chasse, bien que cette dernière soit décorée avec des tableaux de peintres espagnols du XIXe siècle. Dans ces deux salles, se rencontraient les personnes influentes pour l’économie de la ville de Murcia. Les dames, elles, avaient le droit de se détendre dans le salon de thé.

Côté Versailles

L’époque n’est pas du tout la même mais toutes ces moulures, le mobilier et les lustres ne sont pas sans rappeler Louis XIV et son château de Versailles. Dans ce style, on trouve la salle de bal, son antichambre et le vestiaire des dames.

Côté Renaissance italienne

Dans toutes les sociétés aisées, il était de bon ton d’étaler sa richesse avec des statues, des tableaux et des décoration venues tout droit des ateliers des plus grands artistes italiens. Le Real Casino ne déroge pas à la règle avec sa galerie de statue appelée judicieusement « Pompéi ».

Le Real Casino était une petite visite vraiment sympa et un vrai petit voyage architectural. Il vaut la peine de s’y arrêter et de dépenser les cinq euros d’entrée. Nous y avons d’ailleurs croisé une vieille connaissance : la seule et unique Dame d’Elche.

Cathédrale Santa Maria

Nous en avons vu des cathédrales mais celle-ci peut sûrement prétendre au titre d’une des plus belles cathédrales d’Espagne! Avec presque toutes les autres! Et peut-être une des plus grandes! Nous pouvons aisément deviner les différents courants architecturaux qui ont orné l’édifice à travers les siècles. L’histoire est la même que dans pratiquement toutes les villes du sud du pays. Il y avait à cet emplacement une mosquée et quand le fameux Jaime I (oui, encore lui!) est venu conquérir Murcia, il a ordonné de la transformer en temple chrétien. C’était au XIIIe siècle. La première construction fut de style gothique comme c’était de coutume à l’époque puis se sont ajoutés des détails Renaissance et baroques. Le bâtiment principal est déjà balèze en soi mais le campanile, c’est carrément un truc de malade! C’est une haute tour haute de 98 mètres, la deuxième plus grande d’Espagne après la Giralda de Séville! En 1519, on profita de la présence à Murcia de l’architecte italien Francisco Florentino pour lancer ce projet un peu fou de campanile. Les travaux débutèrent deux ans plus tard pour ne se terminer que deux siècles plus tard! Mais le résultat est à la hauteur des espérances, dans tous les sens du terme!

Heureusement que l’alphabet comporte 26 lettres, ça nous permet de changer quand le plan A ne fonctionne pas, surtout que le plan B (Murcia donc!) était une bonne surprise.

Cartagena ne se fera pas cette fois-ci, nous n’arrivons pas à trouver quelque-chose qui nous convienne. Ce sera pour une prochaine fois… ou pas! Par contre, nous avons déniché quelque-chose qui promet d’être vraiment très cool!