Hanoi, la capitale trépidante à l’histoire complexe

Voilà, nous sommes partis pour de nouvelles aventures au nord du Vietnam, accompagnés de Raymond et Angela, les parents de Fab que nous avons récupérés à l’aéroport après deux heures d’attente dues aux vacances du Têt. Vu qu’ils sont là pour une courte période, c’est un programme chargé qui nous attend ces deux prochaines semaines. Ce n’est pas du tout notre façon de voyager en général mais, puisque nous avons de la visite, nous allons nous adapter et surtout profiter du temps en famille.

Sans réelle surprise, Hanoi est encore plus désordonnée, plus anarchique, plus polluée et plus infernale qu’Hô Chi Minh Ville. En plus, nous avons atterri dans un brouillard à couper au couteau digne d’un hiver londonien (ou du Nord Vaudois pour ceux qui connaissent). Difficile dans ces conditions d’avoir une bonne première impression du lieu. Par contre, elle a plus à offrir culturellement. La ville a moins souffert de la guerre que sa rivale du sud, elle a donc pu mieux conserver son patrimoine historique.

French touch

Hanoi a été la capitale de l’Indochine française entre 1902 et 1945. Elle conserve un riche patrimoine colonial dans un bon état de conservation. Malheureusement, entre les rues hyper circulantes, les fils électriques et les enseignes de mauvais goût, ce trésor historique n’est vraiment pas mis en valeur.

L’opéra

Construit en 1910 dans un style purement néoclassique, le bâtiment est fortement inspiré de l’opéra Garnier à Paris. Sa grande salle peut accueillir jusqu’à 600 personnes. C’est clairement le plus beau bâtiment de Hanoi. Il est juste dommage que le rond-point lui faisant face soit en permanence congestionné par le trafic.

Têt market

En ce mois de Têt, les ruelles du centre-ville se sont transformées en un gigantesque marché dédié aux festivités du nouvel an vietnamien. Les rues se sont parées de fleurs, de rouge et d’or et la frénésie n’a rien à envier à la période du shopping de Noël en Occident.

Lac Hoan Kiem

Enfin un havre de paix où les scooters ne peuvent pas accéder! On y trouve le pont du soleil levant, symbole de la ville et un îlot sur lequel repose un stupa appelé tour de la Tortue qui rend hommage à l’animal sacré du même nom. Elle fut construite en 1886, pendant l’époque coloniale, et mélange l’architecture européenne et chinoise. Le lac regorge de légendes concernant un roi, une épée et des tortues géantes. Au fond du lac, repose un Bombardier américain depuis la guerre du Vietnam. A ce jour, Américains et Vietnamiens ne sont toujours pas parvenus à se mettre d’accord sur la récupération de l’épave.

Marché Dong Xuan

Ce marché a également été construit pendant l’époque coloniale, en 1889. C’est le plus grand et le plus ancien marché de Hanoi. Il est constitué principalement de stand de grossistes qui revendent leurs produits, majoritairement du « made in China » à des petits marchands. Nous qui allons au marché juste pour admirer les beaux étals de fruits et légumes, nous sommes restés sur notre faim sur ce coup là car, hormis quelques épices et confiseries, il n’y a que des babioles sans intérêt.

Pagode Trân Quoc

C’est une vieille pagode construite au VIe siècle située sur une île du lac de l’Ouest, qui est le plus grand lac de Hanoi. C’est un grand centre du bouddhisme au Vietnam. Le point le plus marquant du temple est son immense stupa de onze étages et haut de quinze mètres érigé à la mémoire de Bouddha. La situation au milieu du lac en fait un lieu très paisible.

Mausolée de Hô Chi Minh

Mais qui est donc ce mec qui a donné son nom à la plus grande ville du pays et qui repose dans un mausolée digne de Lénine? Déjà, Hô Chi Minh n’est même pas son vrai nom, il s’appelait Nguyen comme presque n’importe quel vietnamien. Mais ce n’est pas pour son surnom qu’il est connu. Pour faire bref, il a fondé le parti communiste vietnamien sur le modèle marxiste-léniniste, il a proclamé l’indépendance du Vietnam face aux Français et il a été président de la République Démocratique du Vietnam c’est à dire le Vietnam du Nord de l’époque. Rien que ça! Voilà pourquoi on lui a construit un mausolée en forme de lotus, la fleur nationale du Vietnam. Euh… de lotus?? Apparemment, pour les communistes, un lotus c’est gris, moche et carré digne de l’URSS.

A proximité du mausolée se trouve le parlement vietnamien dans un bâtiment tout aussi stalinien qui réussit l’exploit d’être encore plus moche!

En face de ces horreurs architecturales se dresse le palais présidentiel qui se trouve, lui, dans une superbe bâtisse coloniale. C’était le palais du gouverneur d’Indochine. Hô Chi Minh a refusé d’y séjourner pendant son mandat présidentiel en préférant une maison plus modeste.

Une demeure plus modeste signifie pour Hô Chi Minh un superbe parc résidentiel d’architecture coloniale, un garage pour ses trois voitures et un centre médical personnalisé. Nous qui pensions naïvement que le communisme prônait le fait d’être tous égaux…

La pagode au pilier unique

Comme son nom l’indique, c’est une pagode qui repose sur un seul pilier. Elle date du XIe siècle mais les Français la détruisirent complètement. Le gouvernement vietnamien décida de la reconstruire en remplaçant en pilier qui à l’origine était en teck, par du béton.

Temple de la littérature

Cette fois, nous changeons du bouddhisme, du catholicisme et du taoïsme pour découvrir le confucianisme, la troisième philosophie chinoise. A l’origine, ce complexe n’avait rien de religieux, il a été construit en 1070 dans le but de fonder une académie confucéenne. Le temple de la Littérature est donc la plus ancienne université du Vietnam. Aujourd’hui, c’est un des temples dédiés à Confucius les plus importants du pays.

Hanoi est une ville qui regorge de trésors historiques et culturels. Malheureusement, le trafic infernal et la pollution rendent les visites pénibles. Nous avons également souffert du froid : il n’a fait que quatorze petits degrés sous un vent rempli d’humidité. Sachant que le record de froid de notre périple est de treize degrés, nous sommes dans des limites basses.  Angela et Raymond, qui ont quitté la Suisse avec cinq petits degrés, se sont beaucoup mieux adaptés au climat et ont bien rigolé quand ils nous ont vus débarquer avec un équipement digne d’une expédition au Pôle Nord.

La suite devrait se passer loin de l’enfer urbain dans un endroit plus naturel…

Kampot ou la douceur du sud du Cambodge

A Phnom Penh, nous nous sommes levés aux aurores afin de pouvoir prendre le train en direction du sud qui part une fois par jour à sept heures tapantes. Malheureusement, d’autres personnes plus prévoyantes ont été sur le pied de guerre bien avant nous car, à notre arrivée à la gare, le train était déjà archi complet. Ce n’est pas très grave, nous irons prendre le bus surtout que la station d’autobus est à courte distance à pied de la gare, pour le plus grand malheur des chauffeurs de tuk-tuk qui, malgré leur insistance, ne pourront pas nous transporter. Si le bus a l’avantage d’être bien plus confortable que le train, il n’est pas plus rapide, au contraire! Nous avons bouclé 152 kilomètres en six heures! La faute, notamment, à une sortie de Phnom Penh bien bouchée et à des routes à peine en meilleur état qu’en Birmanie.

Nous finissons tout de même par rejoindre notre but du jour, c’est-à-dire Kampot sans avoir totalement perdu une journée. C’est une petite ville très tranquille mais quand même vivante au sud du pays. La ville a connu son essor durant l’époque coloniale française grâce au commerce du poivre. Aujourd’hui encore, le poivre de Kampot est connu dans le monde entier. Il est d’ailleurs tout à fait possible d’aller visiter les plantations dans les alentours à prix plus que corrects. Mais ce sera sans nous : nous avons été carrément traumatisés par l’excès de poivre au Sri Lanka, nous sommes donc réticents à tout ce qui touche de près ou de loin à la saveur poivrée! Mais nous avons quand même pris sur nous pour surmonter ce traumatisme afin de goûter à LA spécialité locale et nous avons finalement dû reconnaître que quelques pincées de poivre moulu de Kampot (mais pas plus hein!) peut rendre un plat vraiment exquis.

Durian Roundabout

C’est un peu bizarre de commencer la visite par un rond-point mais c’est la première chose que nous avons aperçue en arrivant en ville! En quittant la Malaisie, nous pensions laisser derrière nous la fascination de la population locale pour le durian, le fruit dont l’odeur de pourriture et d’égouts est tellement insupportable qu’il est interdit d’en transporter dans les lieux publics. Raté! Les Cambodgiens en ont fait une énorme rond-point à son effigie qui se voit depuis presque toute la ville. Il a quand même l’avantage d’être un excellent point de repère pour s’orienter quand on n’est pas du coin.

Malgré l’originalité un peu wtf du rond-point, nous devons reconnaître qu’architecturalement, ce n’est pas si moche.

Centre historique

Kampot possède sûrement le plus beau centre colonial du Cambodge! Il y a de magnifiques maisons de l’époque française, souvent bien restaurées. Elles sont reconverties en cafés, restaurants ou boulangeries françaises donnant à la ville une vraie french touch bien sympathique. En tout cas, nous avons adoré y trainer! Et, cerise sur le gâteau, le trafic est très faible en centre-ville, il est donc très agréable de s’y promener à pied. Il y règne ici une vraie douceur du sud qu’on peut retrouver dans certains villages méditerranéens.

Les diverses administrations comme la mairie ou encore certains musées de la ville ont également pris leurs quartiers dans de magnifiques édifices coloniaux superbement restaurés. C’est parfait pour donner une belle image de marque de la cité.

Teuk Chou

Encore une ville qui s’est construite en bord de rivière. Celle-ci s’appelle Teuk Chou et nous vient tout droit du massif du Bokor, célèbre pour ses plantations de thé et de poivre et dont on peut apercevoir les magnifiques montagnes depuis la ville. Contre toute attente, le Cambodge possède les villes parmi les plus piétonnes d’Asie, pour notre plus grand bonheur. Kampot n’échappe pas à la règle avec sa large promenade sur les rives du Teuk Chou bordée d’édifices coloniaux et de cafés. Une vraie douceur de vivre toute méditerranéenne! Plus loin, l’atmosphère se fait moins urbaine avec un petit quartier de pêcheurs où le temps s’est vraiment arrêté.

Le magnifique pont en fer, sur notre photo ci-dessus, qui traverse la rivière s’appelle sobrement « Old Bridge » soit vieux pont en français. Ce sont les Français qui l’ont construit à la fin du XIXe siècle. Il a d’ailleurs un style un peu « à la Eiffel », vous ne trouvez pas? Il a été complètement détruit par le régime de Pol Pot puis fut reconstruit à l’identique dans les années 2000.

Lac Secret

Ce lac ne porte pas vraiment bien son nom puisqu’il est situé en plein centre-ville. Mais il est vrai que nous ne l’avons découvert qu’après deux jours et plusieurs balades en ville. C’est un lac artificiel où poussent des lotus, même s’ils ont un peu grise mine en saison sèche comme maintenant. Il est agrémenté de petits îlots où des statues dominent les lieux. Encore un autre havre de paix et un paradis pour piétons.

Kampot a vraiment été un gros coup de cœur pour nous. C’est une ville pleine de charme où il est possible de flâner sans but précis, de s’asseoir en terrasse prendre un café, super bon dans la région, goûter la délicieuse gastronomie locale ou encore faire le plein de culture et aussi, il faut l’avouer, craquer pour une délicieuse pâtisserie digne de ce nom sur une terrasse ombragée d’une des nombreuses boulangeries françaises de la ville.

Il y a également plein de possibilités d’excursions depuis Kampot, notamment dans le massif de Bokor ou dans les plantations de poivre. Il y a plein d’agences en ville dans lesquelles vous trouverez sûrement votre bonheur. Nous avons passé notre tour car nous avons un programme chargé qui nous attend au Vietnam. Nous voulons, en attendant, juste profiter du calme et de la douceur de vivre à la Cambodgienne.

Malgré sa modestie par rapport à ses grands voisins, le Cambodge nous enchante un peu plus chaque jour. Nous ne regrettons aucunement d’avoir donné une deuxième chance à ce petit pays et nous nous réjouissons d’en découvrir un peu plus les quelques jours qui nous restent.

Galle, un joyau colonial au bord de l’Océan Indien

Notre séjour à l’intérieur des terres était vraiment sympa et très instructif mais il nous tardait de retrouver l’océan. Même si nous sommes nés dans les Alpes, nous ne pouvons renier notre côté méditerranéen très prononcé. Il nous faut donc revoir la mer assez régulièrement pour ne pas sombrer dans une profonde déprime. Oui, nous sommes vraiment graves!

Nous embarquons à bord du train Express, qui porte le nom d’Express juste pour faire joli, pas pour sa rapidité! Nous passons six longues heures à être secoués de toutes parts mais nous voyons quand même des paysages sublimes par la fenêtre. Depuis Colombo, la ligne de chemin de fer longe toute la côte de l’océan Indien et, au coucher du soleil, nous en prenons plein les yeux! Il a juste fallu oublier notre carrière passée dans la sécurité ferroviaire sinon nous n’aurions jamais osé monter dans le train et encore moins y rester!

Nous débarquons d’abord à Bentota, une petite station balnéaire sur la côte sud-ouest afin de profiter de la plage et de la douceur de vivre. Le village n’a pas vraiment d’intérêt et est beaucoup trop germanophone à notre goût. Nous n’avons rien contre les Allemands à part leur côté trop carré, mais quand tout est écrit dans la langue de Goethe, ça nous rappelle les traumatismes des cours d’allemand que nous avons dû endurer pendant nos années scolaires. Par contre, la longue plage de sable fin vaut vraiment le détour et la température de l’océan est vraiment agréable.

Galle

A une bonne heure de train de Bentota, se trouve Galle (il faut prononcer Goal, à l’anglaise) à l’extrême sud-ouest du pays. Les Portugais (encore eux!) ayant découvert l’emplacement idéal du lieu ont décidé d’y installer un comptoir et en firent le plus grand port de l’île de l’époque. Le nerf de la guerre était toujours la cannelle pour les pasteis de nata! Puis les Hollandais (encore eux!) ont chassé les précédents afin de s’y installer et enfin, les Anglais (encore eux!) s’y sont installés et ont annexé tout le Sri Lanka à l’empire britannique. Grâce à cette histoire très riche et mouvementée, nous pouvons, encore aujourd’hui, admirer le superbe centre-ville colonial ainsi que les remparts de l’ancien fort, le tout inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Centre historique

Le centre-ville dégage une atmosphère toute européenne avec ses cafés et ses maisons coloniales basses, hollandaises pour la plupart même si les influences anglaises et portugaises se devinent également. La ville a été superbement restaurée après avoir été fortement touchée par le tsunami de 2004 qui fit des milliers de victimes et de nombreux dégâts. Heureusement qu’il reste le trafic infernal des rickshaws et les fils électriques tirés de manière anarchique pour nous rappeler que nous sommes bien en Asie du Sud!

All Saints Church

Cette église anglicane a été construite en 1871, en pleine époque britannique. Elle fait très campagne anglaise avec son architecture gothique victorien et se dresse telle un géant au milieu des constructions plutôt basses de la ville. On s’attendrait presque à y voir sortir la famille royale britannique!

Eglise réformée hollandaise

Les Hollandais avaient emmené avec eux le protestantisme et avaient réussi à convertir quelques autochtones à leur confession. Aujourd’hui, cette religion a pratiquement disparu de l’île. Les protestants se sont soit expatriés, soit convertis au catholicisme. Cette église, construite en 1755, dans le style baroque colonial à la mode à l’époque, est un des derniers vestiges du protestantisme au Sri Lanka.

Le fort

Tout le centre historique, situé sur un cap, est entouré de remparts appelés sobrement « le fort ». Nous devons les toutes premières fortifications aux Portugais, en 1588. Au XVIIe siècle, les Hollandais entreprirent de renforcer les remparts. C’est ce que nous pouvons encore observer aujourd’hui. Galle est la plus grande ville fortifiée construite par des Européens en Asie.  Il y a une belle promenade qui fait le tour du fort où nous pouvons observer les murailles qui sont superbement conservées ou restaurées!

Déjà, le patrimoine historique de la ville de Galle est vraiment de ouf! Mais en plus, la ville se situe sur un cap s’avançant dans l’Océan Indien. Imaginez donc un peu la vue sur les eaux turquoises et les récifs de corail lors d’une promenade sur les remparts!

Le phare

A la fin de la promenade sur les remparts, nous arrivons au phare. Relativement récent, il a été érigé en 1938. Pourtant, c’est le phare le plus ancien encore en activité du pays! C’est un des derniers héritages de l’époque britannique puisque le Sri Lanka a obtenu son indépendance dix ans plus tard, en 1948. Avec ses 26 mètres de haut, il est plutôt modeste mais il est quand même situé dans un des endroit les plus ouf que nous ayons visité!

La Playa

En plus d’avoir un fort et un centre-ville exceptionnels, Galle possède une superbe plage! Certes, elle est petite et coincée entre les murailles, mais elle en jette! C’est la typique plage tropicale de carte postale avec le sable blanc, l’eau turquoise et qui est bordée par une superbe végétation luxuriante!

Bonus!

Galle possède un patrimoine historique de ouf, une forteresse de malade, une situation privilégiée sur l’océan Indien ainsi qu’une petite plage de rêve. Nous aurions pu nous arrêter là. Mais non, nous sommes sortis au crépuscule pour admirer un superbe coucher de soleil!

Nous avons eu un vrai coup de cœur pour Galle malgré son côté touristique. Les villes sri lankaises sont construites anarchiquement, sans logique et ne ressemblent vraiment à rien! Trouver un centre historique superbe au milieu de remparts bien conservés et au bord de l’Océan Indien a été une belle surprise pour nous!

Il y a néanmoins un bémol, et pas des moindres! Contrairement à Malacca, les Portugais sont partis avec la cannelle mais sans laisser la recette des pasteis de nata (les fameuses pâtisseries à tomber) et les Hollandais en ont profité pour refiler leur Gouda que seuls eux considèrent comme du fromage! Les Sri Lankais ont vraiment perdu au change sur ce coup-là! Mais Galle est déjà gagnante sur tous les autres aspect qu’il fallait quand même lui laisser un petit point négatif.

Ipoh : entre histoire coloniale, street-art et traditions chinoises

Nous adorons Kuala Lumpur et nous pourrions y rester des semaines sans nous y ennuyer une seule seconde mais nous commençons vraiment à y prendre trop nos aises. Il est donc temps de changer un peu d’horizon et de découvrir encore quelques petits trésors malaisiens. Nous allons donc acheter des billets de train et embarquons dans le convoi à l’heure indiquée sur ces fameux billets à la recherche de nos numéros de siège. Mais nous trouvons deux personnes assises à nos places et, après moult délibérations, nous nous rendons compte qu’on nous a vendu des billets à une date erronée. Mince alors! Comme nous n’avons pas du tout envie de descendre du train et de négocier un échange de billets, nous trouvons deux autres places et essayons de jouer les touristes perdus au cas où on nous demanderait quelque-chose. Mais personne n’a rien vu et nous avons pu voyager tranquillement jusqu’à notre destination : Ipoh. Pour des anciens cheminots comme nous, voyager sans titre de transport valable est un peu une honte mais comme dit le dicton : ce sont les cordonniers les plus mal chaussés. Et promis, nous vérifierons mieux nos billets la prochaine fois!

Centre colonial

Ipoh a été fondée dans les années 1845, en pleine colonisation britannique, au cœur de la Kinta Valley, une vallée fertile. La ville connut un gros boom économique dans les années 1920 – 1930 avec la découverte de gisements de fer dans les montagnes des alentours. Elle fut ensuite brièvement occupée par les Japonais durant la Seconde Guerre Mondiale mais vite reprise par les Anglais. Dans les années 1970, l’exploitation minière commença à montrer des gros signes de faiblesse et Ipoh connut un fort déclin dont elle ne se relèvera jamais totalement. La ville resta un peu abandonnée à elle-même et loin du miracle économique de Kuala Lumpur malgré son emplacement privilégié à mi-chemin entre la capitale et Penang. Donc, ici il n’y a ni gratte-ciels flambant neufs à l’horizon, ni vie urbaine trépidante mais un superbe centre historique colonial relativement bien conservé, au charme suranné où le temps semble s’être arrêté. Il y a même une tour de l’horloge typiquement anglaise dont le carillon mélodieux nous rappelle les beffrois d’Europe du Nord.

Chinatown

La deuxième communauté de Malaisie mais la première à Ipoh et dans l’état du Perak en général, a pris ses quartiers dans Concubine Street et ses voisines appelées respectivement 2nd Concubine Street et 3rd Concubine Street. C’est très rationnel, à la chinoise! On y trouve les échoppes typiques de babioles Made in China ou de médecine traditionnelle, les incontournables stands de street food, et un temple bouddhiste chinois. La cuisine Hokkien (nom donné à la communauté chinoise de Malaisie et de Singapour) d’Ipoh serait d’ailleurs une des meilleures de Malaisie voire du sud-est asiatique. C’est difficile d’avoir un avis objectif car tout est bon dans ce pays quelle que soit la communauté qui cuisine, mais il est vrai que nous nous sommes régalés durant notre petite étape à Ipoh.

Street Art

Ipoh, à l’instar de Georgetown ou Malacca, est connue pour ses grandes fresques murales peintes sur les façades de quelques rues du centre-ville. On y retrouve des scènes de vie quotidienne des différentes communautés ainsi que des peintures un peu plus abstraites et artistiques. C’est d’ailleurs à Ipoh que nous avons trouvé les plus jolies formes de street-art de toute la Malaisie.

Kinta River

La rivière Kinta coule en plein-centre ville d’Ipoh. C’est un coin privilégié des locaux qui y pratiquent la pêche, le cours d’eau étant très poissonneux. Il est possible de s’y promener sur les petits chemins qui bordent ses rives. C’est une vraie oasis de verdure mais surtout d’ombre de fraîcheur car le soleil tapait fort lors de notre passage. Une multitude d’oiseaux et de papillons multicolores se laissent observer dans le coin. Nous sommes toujours hallucinés de la diversité de la faune en milieu urbain en Malaisie! Un superbe pont datant de l’époque coloniale enjambe la rivière dans le centre historique.

Mosquée Panglima Kinta

Avec ses façades blanches immaculées et ses coupoles bleues, nous pourrions nous croire quelque part dans les Cyclades. Eh non, nous sommes bien en Malaisie devant une mosquée construite à la fin du XIXe siècle par un lord local. Elle se situe sur les rives de la Kinta et porte d’ailleurs son nom. Son architecture mixe différents styles notamment colonial britannique, Mughal (indo-islamique comme le Taj Mahal) et néoclassique. C’est une mosquée plutôt modeste pouvant accueillir environ 400 personnes mais nous l’avons trouvé très jolie.

Ipoh a été une étape vraiment sympa et surtout très calme après la trépidante Kuala Lumpur! Nous vous recommandons chaudement une petite étape à Ipoh afin de déambuler dans les ruelles tranquilles du centre historique ou de Chinatown. Bien sûr, plusieurs arrêts dans les différents food-courts de la ville s’imposent, la gastronomie locale étant, à raison, reconnue internationalement. Par contre, ne vous y attardez pas plus que nécessaire. C’est assez petit, ça se visite facilement en une bonne journée et on s’y ennuie assez vite.

Quant à nous, ce pays nous fascine encore plus à chaque découverte et Ipoh n’a pas dérogé à la règle. Nous allons continuer notre route en direction de l’île de Penang et de la ville de Georgetown afin de découvrir encore plus de trésor de Malaisie.

Campeche : une des seules villes fortifiées d’Amérique et les pyramides d’Edzna

Quand on pense à la péninsule du Yucatan, on pense en premier à Cancun et à la côte de la mer des Caraïbes avec ses plages de rêve. Ensuite on pense à quelques sites historiques comme Mérida et Chichen Itza. La partie située sur le Golfe du Mexique est un peu la grande oubliée des voyageurs. C’est vrai que c’est un peu isolé du reste des highlights de la région et qu’il faut effectuer un détour de presque 500 kilomètres pour s’y rendre. C’est un peu compliqué d’insérer ça dans un circuit logique depuis la Riviera Maya surtout si le but est de continuer vers le sud sur le Belize ou Palenque. Comme vous le savez déjà, nous ne faisons presque rien de logique et absolument rien comme tout le monde donc ce détour, nous l’avons fait! De notre plein gré en plus! La première fois par simple curiosité car ce que nous avions trouvé sur le net avait l’air vraiment cool, les trois fois suivantes en connaissance de cause! Mais qu’a donc Campeche de si bien pour que nous y retournions à chaque fois? Réponse dans l’article ci-dessous.

Les remparts

Campeche peut se targuer d’être une des seules villes fortifiées des Amériques et d’avoir encore une partie de ses remparts ainsi que ses bastions d’une conservation irréprochable. Deux points d’accès sont encore debout aujourd’hui, la « Puerta del Mar » (porte de la mer) qui se situe côté mer (Sans blague!) et la « Puerta de Tierra » (porte de la terre) qui se situe côté terre. (Qui l’eût cru?) Les deux portes sont reliées par la Calle 59, une rue piétonne qui est le cœur du centre historique mais également le coin le plus touristique. La muraille a été construite entre la fin du XVIIe et le début du XVIIIe siècle afin de protéger la ville des pirates qui sévissaient à cette époque là dans le golfe du Mexique.

Le centre colonial

Le nom Campeche nous vient directement du Maya « Kaanpech » qui signifie lieu de serpents et de tiques. Euh, ça ne donne pas vraiment envie de s’y attarder tout ça! Depuis la ville s’appelle officiellement San Francisco de Campeche car son fondateur, un sévillan, (nous le mentionnons uniquement par pur chauvinisme andalou!) s’appelait Francisco de Montejo y León qu’on surnommait « El Mozo », le jeune. C’est vrai qu’il n’avait que 32 ans quand il fonda la ville en 1540 sur ordre direct du roi d’Espagne de l’époque Charles Quint. La ville ne connut jamais un vrai âge d’or. Elle vivotait du commerce maritime tout en essayant de repousser les incessantes attaques de pirates. Pourtant, le centre historique que nous voyons aujourd’hui et qui est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO est d’une richesse incroyable! Nous en sommes tombés amoureux dès les premières minutes passées à arpenter les ruelles en damier bordées de petites maisons colorées toutes plus belles les unes des autres.

Plaza de la Independencia

Campeche n’échappe pas à la règle de la fameuse place centrale, ici appelée Plaza de la Independencia ou plus communément « zocalo » petit nom typiquement mexicain pour désigner la grand place. Elle a été construite également en 1540 comme le reste de la ville sur une place qui était restée vide pendant l’ère précolombienne. Si le centre historique nous a subjugué, cette place nous a carrément laissés sans voix! Elle est bordée de superbes bâtiments coloniaux dont un magnifique cabildo de couleur rouge. Elle est surplombée par la stupéfiante cathédrale de Nuestra Señora de la Purísima Concepción construite à la fin du XVIIe et début du XVIIIe siècle dans le plus pur style baroque – néoclassique espagnol.

Baluarte de San Carlos

C’est le bastion situé au sud-est de la ville fortifiée. Il doit son nom au roi Carlos II d’Espagne. Il date du XVIIe siècle comme le reste des fortifications. Aujourd’hui, il abrite un petit musée gratuit sur l’histoire de la ville. On y trouve une maquette du Campeche du XVIIIe siècle, la clé de la ville, les cachots où on emprisonnait les pirates ainsi que des infos intéressantes sur l’histoire de la conquête espagnole et de la vie quotidienne entre colonisation et piraterie.

Barrio de San Roman

Situé au sud-ouest du centre historique, en dehors de la muraille, le quartier de San Roman est l’ancien quartier de pêcheurs de Campeche. La mer se trouve d’ailleurs à proximité. Aujourd’hui, c’est le quartier le plus populaire de la ville et clairement le dernier à recevoir les fonds de l’UNESCO pour sa restauration. Mais nous avons vu des chantiers se mettre en place, ça sera sûrement pour ces prochains mois ou prochaines années. Le centre du quartier est marqué par l’église du même nom datant du XVIe siècle et qui, bien que magnifique, mériterait une belle cure de jouvence.

Le Malécon

Bien que la ville ne soit pas tournée vers la mer à cause des fortifications, il existe tout de même un malécon qui longe le Golfe du Mexique. Vu que la température est de 37 degrés et qu’il n’y a pas un coin d’ombre, nous ne nous y attardons pas, préférant l’ombre des remparts.

Barrio San Francisco

C’est un quartier qui se situe à l’ouest du noyau historique, en dehors des remparts. C’est le plus ancien quartier de Campeche et il était le plus peuplé pendant l’époque Maya. Pendant l’époque coloniale, ce sont les franciscains qui s’y établirent, d’où le nom et y bâtirent un petit couvent dans le but de convertir les indigènes au culte catholique. Le couvent existe encore aujourd’hui et il est reconnaissable grâce à sa superbe façade rouge tirant sur le bordeaux. Si le centre de Campeche n’est déjà pas étouffé par les touristes, le quartier de San Francisco est carrément boudé. Certes, il n’est pas restauré comme le centre et possède moins d’attraits touristiques mais il fait moins « musée » et est resté dans son jus. Il mérite amplement une visite surtout qu’il n’est qu’à quelques minutes à pied de la Plaza de la Independencia.

Baluarte de Santiago

Il marque la limite entre le quartier de San Francisco et le centre historique. C’est le plus récent de tous les bastions construits à Campeche durant l’époque coloniale puisqu’il ne date que du début du XVIIIe siècle. Mais ce fut un des plus actif dans la défense de la ville contre les attaques de pirates. Aujourd’hui, il abrite un petit jardin botanique. (entrée 15 pesos soit 0,80€ ou 0.75CHF) Il se compose de plantes qu’on trouve dans l’état de Campeche. Ce n’est pas le jardin le plus fou que nous ayons vu et il est assez petit mais nous trouvons l’idée de réaménagement du bastion assez originale.

Edzna

Puisque nous sommes de retour dans le monde maya, nous décidons d’aller visiter quelques pyramides. Le site d’Edzna se situe à 61 kilomètres de Campeche en direction du centre de la péninsule du Yucatan. Il y a des colectivos qui partent du marché et qui nous déposent directement à l’entrée du site (45 pesos par personne et par trajet soit 2,40€ ou 2,35 CHF). L’entrée du site, quant à elle, coûte 90 pesos (4,80€ ou 4,70 CHF).

La ville d’Edzna fut fondée aux environs de 400 avant notre ère par la sous-ethnie des Itza, ceux de Chichen Itza, pour être totalement abandonnée en 1450 à cause des conquistadors, des maladies et de la surpopulation. A son apogée, elle compta plus de 25’000 habitants. Elle survécut pendant ces mille ans grâce à un ingénieux système d’irrigation qui récupérait les eaux de pluie. La cité aurait une surface de près de 25 kilomètres carrés mais il n’y a que la partie centrale qui a été mis au jour. Le site se paie une belle campagne de fouilles et il est peuplé d’archéologues qui fouillent, nettoient des objets, font des moulages, prennent des mesures, débattent entre eux, etc. Tous ces travaux sont autant fascinant à observer que le site en lui-même!

La place centrale

Comme toute cité maya qui se respecte, Edzna possède sa place centrale bordée des bâtiments les plus importants de la ville. Nous avons pu tester encore une fois en tapant des mains que les Mayas savaient gérer l’acoustique, elle est irréprochable. Parmi les édifices les plus notables il y a le palais des Ambassadeurs, le terrain de pelote maya ainsi que la plateforme des Couteaux que nous n’avons pas pu observer de près à cause des fouilles.

L’acropole centrale

C’est une grande place surélevée située au nord de la place centrale. On y accède d’ailleurs par un grand escalier depuis cette dernière. C’était le lieu sacré d’Edzna où on y pratiquait les différents cultes ainsi que les sacrifices. Les bâtiments les plus emblématiques du lieu sont le Temple du Nord et le magnifique Bâtiment aux Cinq Etages qui porte bien son nom puisqu’il possède cinq étages. Il possédait de nombreuses chambres qu’on peut deviner encore aujourd’hui. La forme un peu bizarre en son sommet était un temple.

Même si le climat est plutôt sec, Edzna se trouve tout de même au milieu de la jungle. Certes, ça ne vaut pas celle du Petén au Guatemala mais nous avons quand même pu profiter d’une faune assez riche. Non, il n’y a pas que des iguanes mais ce sont les seuls spécimens à plus ou moins se laisser photographier.

Certes, Edzna n’a pas la grandeur et la richesse archéologique de ses sœurs Tikal, Calakmul ou encore Palenque mais elle contient quand même quelques vestiges intéressants. Nous l’avons préférée à Chichen Itza, que nous avons trouvé beaucoup trop disneylandisée à l’intention des Gringos de Cancun. Nous avons également bien aimé voir les archéologues s’activer sur le site. Leur travail nous fascine.

Nous en avons vu des villes coloniales, toutes plus belles les unes que les autres mais Campeche a un charme spécial avec ses remparts, ses couleurs et sa douceur de vivre. Nous y sommes venus quatre fois et nous en sommes tombés amoureux quatre fois également! C’est, à nos yeux, la plus belle ville de tout le continent américain! Rien que ça! Même Antigua, notre dernier coup de cœur en date ne la surpasse pas. Il faut dire que Campeche a un atout qui compte beaucoup pour nous, elle est située au bord de la mer! Et malgré le fait qu’elle ne soit pas directement tournée vers elle, elle dégage tout de même une ambiance très maritime qu’on adore et que nous retrouvons parfois à Cadiz, une de nos villes préférées d’Andalousie.

Nous savons que se rendre à Campeche peut valoir un détour considérable surtout si votre durée de séjour au Mexique n’est pas extensible mais franchement, réfléchissez-y à deux fois avant de le zapper complètement, c’est un véritable trésor qui vaut amplement qu’on s’y attarde.

Quito et la latitude zéro

Nous quittons à regret la chaude et luxuriante Amazonie pour la très fraîche Quito. Le trajet fut magnifique dans une végétation tropicale fascinante surplombée par de hauts volcans et par chance, nous n’avons pas eu de chauffeur kamikaze cette fois, même si les lacets des routes de montagnes ont mis notre estomac à dure épreuve. Fichue oreille interne! Arrivés dans les faubourgs de Quito, c’est une autre jungle qui nous attend, des kilomètres carrés de béton entassés dans une vallée et prenant de plus en plus de place sur les flancs des montagnes. Après presque une semaine en forêt à ne parler quasiment qu’à des singes, des papillons et des oiseaux, c’est un choc et c’est avec appréhension que nous posons le pied dans cette métropole gigantesque même si, malgré son statut de capitale, ce n’est que la deuxième ville du pays.

Le terminal de bus de Quitumbe se trouve tout au sud de la ville, il nous reste donc une petite heure de bus urbain pour rejoindre le centre-ville. Mais le système de transport public est assez bien fait, facile d’utilisation et très bon marché. Mais les chauffeurs sont de la famille de l’autre kamikaze et les rues de Quito ne sont ni droites, ni plates, ni refaites. Ce n’est donc pas une partie de plaisir de voyager sur la route dans ce pays surtout pour nous qui souffrons à chaque fois d’un mal des transports carabiné.

Centre historique

La ville aurait été fondée autour de 1030 avant notre ère pendant l’empire Inca mais il n’y a pas beaucoup de vestiges qui ont été trouvés qui pourraient confirmer cette théorie. La première date qui est sûre et certaine, c’est 1534, date de l’arrivée des conquistadors espagnols. Le centre historique qui nous reste aujourd’hui serait le plus grand et le mieux conservé de toute l’Amérique latine, il est d’ailleurs inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est d’ailleurs la toute première ville conjointement à Cracovie à y être inscrite. C’est vrai qu’il est agréable de se promener dans ces petites rues en pente au milieu de ces maisons colorées. Malheureusement, sous ces latitudes, la pluie se fait fréquente et, à cause de l’altitude, (2850 m.), les températures chutent dès qu’il n’y a plus de soleil. Mais la ville regorge de petits cafés vraiment sympas où il fait bon d’y rentrer se réchauffer avec une bonne boisson chaude.

Plaza Grande

Egalement appelée Plaza de la Independencia, c’est la place centrale de la ville. Construite comme toutes les grandes places coloniales, elle est notamment bordée par la cathédrale métropolitaine et par l’hôtel de ville. Elle date du XVIe siècle et c’est le seul endroit plus ou moins plat de toute la ville. Nous n’avons malheureusement pas pu nous attarder sous peine de nous faire rincer et congeler par une forte averse.

Basilica del Voto Nacional

Véritable monstre néogothique au cœur de la ville, la basilique fut achevée en 1987 après un siècle de travaux et démontre bien la ferveur catholique encore très présente en Amérique latine. Elle a même été bénie par le pape Jean-Paul II! C’est le plus grand édifice de ce genre sur tout le continent américain. Il est encore plus grand que la cathédrale St-Patrick de New York qui, avec Notre-Dame de Paris, a servi de modèle pour sa construction. Le style gothique est tellement bien respecté que nous ne voyons pas au premier coup d’œil que cet édifice date seulement de la fin du XXe siècle.

Mitad del Mundo

Dans la banlieue nord de Quito, à treize kilomètres du centre-ville, se trouve la petite ville de Mitad del Mundo (milieu du monde) qui a la particularité de se trouver à la latitude zéro, sur la ligne de l’Equateur. Il y a un monument marquant le point zéro mais aussi tout un pôle muséal parlant de la ligne de l’Equateur mais aussi du pays en général.  Le site a été construit pour reconstituer un petit village qui nous rappelle un peu les Outlets en Italie. Bien sûr, il y a les inévitables restaurants à touristes et boutiques de souvenirs mais les parties musées sont très intéressantes et très variées. Nous pensions faire notre petit tour, prendre quelques photos du monument puis rentrer en ville. Finalement, nous y avons passé la journée! L’entrée coûte 5$ et franchement, ça les vaut!

Le monument du milieu du monde se trouve pile au point zéro. A l’intérieur se trouve un musée interactif sur le magnétisme et la gravité de la Terre ainsi que des expositions sur diverses communautés indiennes du pays. Au sommet, se trouve un mirador d’où on peut observer le site ainsi que les volcans alentours.

Un peu partout sur site, se trouvent des flèches donnant la direction de différentes villes du monde ainsi que la distance en miles et en kilomètres. Ce sont juste des panneaux mais comme nous sommes de grands passionnés de géographie et de voyage, nous avons passé une bonne partie de notre temps à rêver des différentes destinations inscrites sur les flèches.

L’Equateur est le premier exportateur mondial du cacao et fabrique même son propre chocolat même s’il ne sera jamais aussi bon que le chocolat suisse! Pour une fois que nous faisons du chauvinisme suisse, laissez-nous en profiter un peu! Une partie du site est consacré à la culture de ce produit. Comme vous pouvez le voir sur notre galerie photo, nous avons surtout été fascinés par les cartes. (#fousdegéo)

La bière artisanale a aussi sa place en Equateur! Mais vu le climat frais des Andes, nous préférons nous rabattre sur des boissons chaudes comme le chocolat.

Un village a été recrée avec diverses habitations traditionnelles de plusieurs communautés indiennes qui, en général, habitent plutôt en Amazonie, à l’est du pays.

Quito est une ville qui vaut largement le détour, d’autant que c’est un passage obligé pour rejoindre la côte depuis l’Amazonie. En tant que passionnés de géographie, nous avons adoré notre visite à la Mitad del Mundo pour traverser la ligne équatoriale. Ce que nous retiendrons surtout, c’est d’avoir posé le pied sur la latitude zéro! Quoique Fab se souviendra également du chocolat!

Malgré notre mini incursion dans l’hémisphère nord, la suite de notre voyage se passera encore un moment dans l’hémisphère sud, nous n’en avons encore pas fini avec ce coin de pays. Après avoir affronté encore une fois l’altitude et des températures fraîches, nous nous réjouissons de retrouver la côte, surtout que nous sommes bien plus portés sur la mer que sur la montagne. (de bons petits Suisses, nous? 😂😂) Ça n’empêche pas le fait que nous avons apprécié notre petit séjour dans la capitale.

Arequipa, la ville blanche au cœur du Pérou

Nous sommes restés plus de temps que prévu à Arica. Nous étions pourtant plus que prêts avec nos sacs empaquetés et nos billets de train en poche. Mais voilà, les soupes de poulets dégueu et à l’hygiène douteuse de Bolivie ont eu raison de notre estomac et nous sommes restés cloués au lit plusieurs jours avec une bonne tourista. Ma foi, c’est le lot de tout voyageur. Heureusement, nous avons fini par nous en remettre et avons pu continuer notre périple en direction du nord.

Sortir du Chili fut bien plus facile et rapide que d’y entrer et les douaniers péruviens n’ont pas fait preuve d’excès de zèle pour nous laisser entrer dans le pays. Il y a juste pour les durées de séjour qu’ils n’arrivent pas à se mettre d’accord : Van a reçu un visa de 60 jours tandis que Fab a eu droit à un visa de 90 jours! Allez savoir pourquoi! En passant la frontière nous avons joué aux Marty McFly puisque nous avons voyagé dans le temps en reculant de deux heures, le fuseau horaire chilien étant bizarrement aligné sur l’argentin.

Notre première étape au Pérou fut Tacna, petite ville sans intérêt mais qui nous aura permis de changer nos premiers soles (oui, on paie en soleils au Pérou!) et de prendre 500 petits mètres depuis le niveau de la mer à Arica avant de remonter dans les hautes altitudes andines. Nous nous sommes quand même arrêtés devant la superbe façade de la cathédrale de Nuestra Señora del Rosario qui, malgré son apparence Renaissance, n’a pas été construite par les Espagnols. Elle date de la fin du XIXe siècle et a été conçue par un bureau d’architectes local directement affilié à la société Eiffel (Oui, ceux de la Tour Eiffel à Paris!)

Nour reprenons un bus tout aussi confortable que ceux que nous avons connu en Argentine. Le trajet nous a pris sept heures mais nous avons traversés les super paysages du désert d’Atacama côté péruvien. Nous n’avons presque pas vu le temps passer!

Arequipa

Arequipa est la deuxième ville du pays après Lima mais elle est beaucoup plus calme que la capitale! Elle dépasse pourtant le million d’habitants! Elle est entourée de volcans que nous peinons à apercevoir à cause des nuages. La ville a été fondée en 1540 par le castillan Garci Manuel de Carbajal dans un lieu déjà habité par les Incas. Son centre-ville, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, mélange d’ailleurs les deux architectures, coloniale espagnole et inca. C’est d’ailleurs un des plus grands centres historiques d’Amérique du Sud (332 hectares!) et son architecture particulière a inspiré d’autres villes comme Cuzco ou Potosi. On parle même d’école architecturale d’Arequipa!

Plaza de Armas

Au Pérou, c’est facile, si tu es perdu dans une ville et que tu en cherches le cœur, demande la Plaza de Armas, toutes les places centrales péruviennes s’appellent ainsi! Celle d’Arequipa est particulièrement belle, toute blanche bordée de superbes bâtiments à arcades appelés en Amérique latine ainsi qu’en Andalousie cabildos. Lors de sa fondation, la place était bordée de bâtiments aux façades colorées, comme dans le reste de la ville mais tout a été bien endommagé en 1844 lors d’un terrible incendie. Lors de la restauration de la place, on laissa les façades blanches. Cette couleur particulière provient du « sillar », une sorte de pierre ponce qui provient directement de la chaîne volcanique qui entoure Arequipa.

La cathédrale est un joyau qui domine la place sur toute sa face nord. C’est le plus grand bâtiment néoclassique de tout le Pérou! Il y a plus de 70 colonnes qui ornent sa façade principale. Elle a été construite à la fin du XVIIe siècle comme le reste du centre historique et restaurée dans un style un peu plus classique après l’incendie de 1844. C’est un des monuments coloniaux les plus impressionnants que nous n’ayons jamais vus!

Couvent Santa Catalina de Siena

Construit en 1579 par le castillan Francisco de Toledo, c’est le plus grand couvent au monde! (plus de 20’000 mètres carré!) Il est, à l’instar de la Plaza de Armas, construit en « sillar », la pierre volcanique blanche ». A l’époque, il accueillait les filles illégitimes, fruit des amours interdits des colons avec les esclaves créoles, qu’on forçait à y entrer afin de les empêcher d’avoir une vie dans la société « normale » et surtout d’avoir des enfants métis! Oui, la colonisation nous laisse des villes historiques d’un patrimoine extraordinaire mais l’histoire est vraiment moche et cruelle! Il pouvait y avoir jusqu’à trois cents femmes et enfants vivant conjointement dans l’enceinte du couvent. Cette pratique a néanmoins été interrompue en 1747 lorsque une nouvelle communauté religieuse y fut fondée. Une quarantaine de sœurs carmélites y vivent encore aujourd’hui dans un relatif isolement. Bien que le couvent se situe au centre-ville, le bâtiment est isolé du reste de l’urbanisation par une immense muraille laissant les habitantes du lieu dans une autarcie quasi totale.

Arequipa n’était, à la base, pas prévue au programme et fait partie de notre itinéraire bis depuis que nous avons quitté prématurément la Bolivie. Nous pensions entrer au Pérou par le lac Titicaca mais la pluie, les grèves et les barrages routiers nous ont fait changer de plans. Mais nous ne regrettons aucunement ce plan B. La ville est superbe, les gens sont sympas et la gastronomie locale est bien meilleure qu’en Bolivie même si nous avons de la peine à comprendre le concept de toujours servir du riz accompagné de pommes de terre. Nous sommes persuadés qu’elle vaut amplement le détour au même titre que Potosi et Sucre que nous avons renoncé à visiter.

Arequipa est le point de départ pour une excursion au Cañon de Colca que nous aurions adoré aller découvrir. Mais voilà, la météo n’est pas beaucoup plus clémente de ce côté-ci des Andes et nous avons dû renoncer à cette visite. Le temps a été tellement gris pendant tout notre séjour que nous n’avons pas aperçu le moindre centimètre d’un volcan. Pourtant, à ce qu’il paraît, il y en a partout tout autour de la ville.

Malgré le temps maussade, Arequipa est une superbe ville à visiter et également un bon palier pour s’acclimater aux hautes altitudes andines puisqu’elle culmine à 2335 mètres.

La ville coloniale de Salta et le nord-ouest andin.

Salta aura une saveur particulière dans notre séjour argentin. Nous y sommes restés près d’un mois en travaillant dans un hostel de la ville où nous avons passé de très bons moments riches en expériences professionnelles et surtout humaines. Nous savons maintenant que si nous devons travailler dans l’hôtellerie, nous sommes tout à fait capables de le faire!

Nous avons quand même pris le temps, lors de notre temps libre, de déambuler dans la ville afin d’en connaître son essence. Idéalement située sur un plateau fertile, au pied des Andes Orientales, Salta est également un point de départ idéal pour explorer le Nord Ouest Andin.

Casco historico

Surnommée, à juste titre,  la linda ou la hermosa (la belle), Salta se targue de posséder le plus grand nombre de bâtiments coloniaux de toute l’Argentine, et en superbe état de conservation! Elle a été, bien sûr, fondée par les Espagnols en 1576 dans le but de chasser les Guaranis, les tribus indiennes indigènes mais aussi pour constituer une ville étape sur la longue route qui reliait Buenos Aires à Lima, les deux plus importantes ville de la vice-royauté du Pérou.

Idéalement située sur un plateau fertile, au pied des Andes Orientales, c’est un point de départ idéal pour explorer le Nord Ouest Andin.

Le cabildo

En Argentine et en Amérique Latine en général, le cabildo désigne un bâtiment colonial espagnol en arcades. On en trouve également en Andalousie où le nom a exactement la même signification.  Celui de Salta, situé sur la splendide Plaza de Nueve de Julio, la place centrale de la ville, est le mieux conservé de toute le pays et abrite le musée historique du Nord que nous avons visité juste pour pouvoir pénétrer dans le bâtiment!

Couvent San Francisco

Véritable emblème de Salta, l’église fut construite en 1625 pour l’ordre des franciscains établi à Salta. Le campanile, construit en 1877, est avec ses 54 mètres, le plus haut d’Argentine. Décidément Salta est la ville de tous les superlatifs! Nous on adore sa façade rouge qui nous rappelle les couleurs de notre belle Séville. Et nous devons reconnaître qu’elle est super impressionnante cette église mais bien trop grande pour pouvoir la photographier correctement! (Sorry!)

Cerro San Bernardo

C’est un petit sommet culminant à 1400 mètres d’altitude (rien du tout à l’échelle andine!) qui surplombe la ville de Salta. Il est accessible par un télécabine partant directement du centre-ville, mais il y a la possibilité de monter à pied par un petit chemin dans la forêt, ce qui, à nos yeux, est beaucoup plus sympa. Surtout qu’avec le climat subtropical humide, la végétation commence à être vraiment très belle. C’est un joli coin de nature en ville et du sommet la vue sur Salta et ses environs est imprenable!

Parque San Martin

C’est un parc urbain construit en 1905 avec un petit lac artificiel donnant à la ville un petit point d’eau, Salta n’ayant pas de cours d’eau naturel au centre ville. C’est un moyen de voir un peu de verdure sans avoir besoin de monter au Cerro San Bernardo.

San Lorenzo

On pourrait qualifier San Lorenzo de banlieue chic de Salta avec ses petites villas bien proprettes, mais ce qui fait vraiment son charme, c’est sa quebrada, même si ce n’est pas la plus impressionnante de la région. Ici nous attend une jolie petite marche en forêt humide de montagne avec, au bout, un mirador qui nous donne une jolie vue sur tout le plateau de Salta. Mais ça se mérite! Déjà, il faut grimper (mais nous on aime ça grimpette!) et il faut se débrouiller pour traverser la rivière sans pont et sans gué et en plus l’eau est super froide! Le climat est tellement humide que l’herbe pousse partout, même sur les arbres! Nous nous serions vraiment crus dans une forêt mythique du genre Brocéliande, ou plus rationnel, dans l’Anaga, en plus chaud. Encore un joli coin de nature à quelques kilomètres en bus depuis le centre ville. San Lorenzo est d’ailleurs accessible avec les bus urbains de Salta.

Excursion dans la Quebrada de las Conchas

Un des avantages de travailler dans un hostel dans un coin touristique c’est d’être en contact avec les Tours Operators du coin pour les excursions aux alentours et lorsqu’il leur manquent juste deux personnes pour remplir leur minibus, ils nous proposent d’y participer gratuitement. Vu la difficulté de se rendre par nos propres moyens et vu le coût exorbitant, nous n’avons pas hésité une seconde quand on nous a proposé une virée à Cafayate même si a la base les tours en groupe ce n’est pas trop notre truc.

Cette petite excursion se mérite, le départ est à sept heures tapantes du matin! Il est vrai que la ville de Cafayate, notre but du jour n’est pas à côté. Elle se situe à 189 kilomètres de Salta et même si, pour les Argentins, cette distance n’est qu’un petit saut de puce, le trajet ne se fait pas en cinq minutes! La route passe par la superbe « Quebrada de las Conchas » et le paysage est tellement grandiose que nous ne voyons pas le temps passer.

Mais qu’est-ce qu’une Quebrada? C’est une immense gorge formée par des milliers d’années d’érosion. Ceux qui ont quelques notions d’espagnol auront remarqué que « conchas » signifie coquillages, alors que nous sommes en plein nord-ouest andin à des centaines de kilomètres de l’océan! Le nom a été donné suite aux nombreux fossiles de coquillages qui ont été retrouvé dans la Quebrada lorsque l’océan arrivait encore dans la région de Salta, il y a quinze ou vingt millions d’années.

Garganta del Diablo

La gorge du diable en français (oui pour ceux qui ont suivi, il y en a aussi une à Iguazu!). C’est une façade rocheuse qui a été formée par une ancienne cascade qui a érodé les rochers. Malheureusement, dans ces tours, on ne choisit pas quand on s’arrête et la façade était en plein contre-jour. (Sorry!)

Anfiteatro

C’est la petite sœur géologique de la Garganta del Diablo et ne se situe que quelques kilomètres plus bas. Elle forme un amphithéâtre naturel (d’où son nom!) et jouit d’une acoustique exceptionnelle!

Cafayate

C’est une petite ville sans grand intérêt architectural. Elle connue surtout pour être le point de départ de la Quebrada et une grande étape de la fameuse route 40 (une partie de la Panaméricaine) pour Cachi. L’économie principale et la viticulture avec des vignobles de montagne dont les plus hauts se situent à 2800 mètres d’altitude.

Les bodegas

Qui dit tour dit visites et ici, culture de la vigne oblige, ce sont les bodegas (caves) qui sont à l’honneur. Si nous n’apprenons rien de nouveau sur la fabrication du vin car nous venons d’une région viticole, la dégustation en fin de parcours est grandement appréciée. Contrairement à Mendoza, le cépage phare n’est pas le Malbec mais le Cabernet Sauvignon, bien meilleur à notre goût! Dans les vins blancs, c’est le Torrontes qui est à l’honneur. Il ressemble fortement au muscat de nos latitudes.

La brea

L’arbre le plus courant de la quebrada est le Parkinsonia praecox, plus connu par son petit nom « brea ». Il a la particularité d’être complètement vert, tronc y compris. Au printemps, pendant la floraison, il déploie une quantité de petites fleurs jaunes. Mais nous sommes déjà trop avancés dans la saison pour pouvoir les observer. C’est un arbre qui se plait particulièrement dans toutes les zones arides du continent américain.

Nous rentrons à Salta par le même itinéraire mais malheureusement le temps se gâte un peu. Mais restons positif, ce ciel gris fait ressortir la roche rouge d’une autre manière que quand il fait beau et que le ciel est bleu! Nous en profitons quand même pour aller saluer nos amis les lamas!

Conclusion

Comme dit plus haut, nous ne sommes pas très fans de ces tours mais celui-là s’est bien déroulé. Il faut dire que nous avions un guide qui savait captiver son auditoire et qui nous a expliqué pas mal de choses intéressantes sur toute la province de Salta sans être trop pompeux. Comme dans tout groupe, il y a une foule de caractères différents mais nous avons trouvé quelques personnes sympas avec qui discuter. Nous avons également apprécié de nous faire conduire car ça nous a fait une journée à près de 400 kilomètres, les distances argentines étant énormes!

Evidemment, le nord-ouest andin ne s’arrête pas à cette quebrada mais les excursions sont tellement chères et les distances énormes que nous préférons nous concentrer sur notre volontariat pour mieux aller découvrir la Bolivie ensuite. Nous sommes impatients de connaître ce nouveau pays qui nous paraît déjà plus roots.

Nous sommes vraiment contents d’avoir passé un mois à Salta car c’est l’endroit que nous avons préféré en Argentine. Pour la première fois depuis notre départ, nous avons vraiment l’impression d’être en Amérique du Sud. La ville est superbe, à taille humaine, mais assez grande pour avoir de quoi s’occuper. Nous sommes enfin arrivés dans les Andes car, après des kilomètres parcourus dans la pampa plate et monotone, les montagnes commençaient vraiment à nous manquer. Nous avons également rencontrés des gens extraordinaires, que ce soit des autochtones ou des voyageurs de passage. Nous sommes donc maintenant remontés à bloc pour la poursuite de notre voyage qui se fera en Bolivie.